Avec un premier titre de Champion de France

Après sept titres de Vice-champion de France, Sébastien Petit décroche cette année le Graal en montant sur la plus haute marche du podium. Une consécration méritée pour un pilote qui, dans l’adversité n’a jamais lâché prise.

Fin 2016, pour la septième fois de sa carrière, Sébastien Petit terminait la saison sur la deuxième marche du podium du Championnat de France de la Montagne. Une situation pour le moins frustrante pour un tel compétiteur, d’autant que s’il ne conteste en rien les aptitudes et la vaillance de ses adversaires, le pilote du Team Petit CroisiEurope avait le sentiment que sa Norma à moteur 4 litres ne lui offrait pas l’ensemble du potentiel qu’il pouvait en attendre.

Fort de ce constat, Sébastien faisait appel à la compréhension des instances fédérales, en demandant la libéralisation de l’électronique, ce qui permettait à chacun de pouvoir confier la mise au point de son moteur à un préparateur de son choix : « Nous avons enfin été entendus… On pensait avoir un problème de gestion électronique depuis que nous disposons de ces moteurs. Nous avions pris très rapidement conscience, Cyrille (Frantz) et moi-même, que nous avions un déficit de performances en comparaison avec la voiture de Nico (Schatz). L’acceptation par la FFSA de libérer l’électronique nous a permis de nous appuyer sur EFI Technology en Italie », explique Sébastien.

Impossible toutefois d’assumer le coût d’une révision générale. Le budget dont disposait Sébastien l’obligeait à faire un choix : « Contrairement à l’année précédente, nous n’avons absolument rien fait sur la partie mécanique en termes de révision. Nous avons concentré nos efforts exclusivement sur l’électronique… En clair sur la gestion moteur, la gestion de l’accélérateur et celle de la boîte de vitesse. »

Les premiers essais permettaient à Sébastien de s’apercevoir que la voiture était nettement plus « gérable », notamment dans le dosage de l’accélérateur et dans le comportement de la voiture. Un changement qui allait se confirmer sur la première épreuve de la saison, la Course de Côte de Bagnols-Sabran : « Même si durant le week-end nous n’avons pu disposer que d’une seule montée sur le sec, j’ai pu approcher le record détenu jusqu’alors par Nico Schatz. Sur la deuxième manche, au Col Saint Pierre, je bats le record de Nico de plus d’une seconde, cela tendait à prouver que nous disposions enfin d’une auto réellement compétitive, et que nous avions travaillé dans le bon sens. »

Le coup d’envoi de la saison sera marqué par un coup de théâtre, avec le forfait du septuple Champion de France Nicolas Schatz, qui décidait de consacrer sa saison au circuit et donc de ne pas remettre son titre en jeu. Sébastien Petit perdait là son principal adversaire, celui avec qui il avait croisé le fer les années précédentes, ce qui n’était pas sans le décevoir : « Je comprends parfaitement la décision de Nico. Il n’empêche que ça ne pouvait être que frustrant pour moi, car mon objectif premier était de me battre contre lui, dans la mesure où il était détenteur du titre. J’avais la ferme intention de démontrer que nous avions fait de réels progrès et que nous étions capables de le devancer. »

La confrontation attendue n’aurait donc pas lieu, mais Sébastien devait malgré tout impérativement conserver la motivation pour partir à la quête du titre : « Heureusement, les performances de Cyrille Frantz et de Geoffrey Schatz m’interdisaient d’aborder les épreuves en dilettantes, car je savais qu’ils ne manqueraient pas de venir me chercher. Et puis je me suis lancé un nouveau challenge, qui était de battre les records détenus par Nico. Il était important pour moi de prouver que, même si Nico avait été là, ça n’aurait pas été facile pour lui, car nous étions en mesure de réaliser des performances similaires à celles qu’il avait signées lors des précédentes éditions. »

L’absence ou la présence de Nicolas Schatz ne changeait toutefois rien à l’approche se Sébastien, dont le seul objectif était au départ de cette saison de conquérir la couronne de Champion de France de la discipline.

Vainqueur des six premières manches
C’est avec une marge d’avance assez conséquente que Sébastien Petit allait imposer sa Norma à moteur 4 litres sur les six premières épreuves inscrites au calendrier de cette saison 2017 : « J’avoue que de ce fait, sans perdre de ma motivation, je n’ai pas vu la nécessité de beaucoup travailler sur le développement de la voiture. J’étais opposé à Cyrille qui était un peu perdu dans les réglages de sa Norma, et à Geoffrey qui même s’il réalisait des prouesses, devait composer avec une F3000 moins performante que nos Protos CN+. Je suis rentré dans un certain confort, en ne prenant plus tous les risques et en gérant avant tout mes courses, car je savais qu’en étant propre et sans commettre d’erreur, je devais être en mesure d’assurer la victoire. »

A l’occasion de la Course de Côte de Marchampt, septième épreuve de la saison, une nouvelle donnée allait un tant soit peu bouleverser la routine qui semblait s’installer. Geoffrey Schatz délaissait le volant de sa F3000, pour s’installer dans le cockpit de la Norma au volant de laquelle son frère ainé avait conquis le titre les années précédentes. Pour sa première apparition au volant du Proto, le jeune Bourguignon s’imposait dans le Beaujolais, en devançant Sébastien Petit d’un dixième : « J’avoue que lorsque j’ai appris qu’il s’engageait au volant de la Norma, cela m’a déstabilisé. Je savais que l’équipe Schatz avait fait de bons calculs, que Geoffrey avait marqué de gros points avec la F3000, et que sans gagner toutes les courses, il pouvait prendre l’avantage en fin de saison, alors que pour l’heure j’avais fait le job. »

Avec un adversaire tel que Geoffrey Schatz, Sébastien savait qu’il ne lui serait plus possible de gérer, mais qu’il allait devoir cravacher pour lui tenir tête : « En termes de pilotage, j’avais à l’esprit que Geoffrey était tout aussi rapide que son frère, et qu’il disposait à mon sens de la meilleure voiture du plateau tant du côté des réglages que de la gestion moteur. J’avais donc tout pour me remettre la pression. »

Les observateurs de la discipline attendaient donc avec impatience la Course de Côte de Vuillafans, théâtre de la deuxième confrontation entre les deux pilotes, aux volants de voitures identiques. Mais les caprices de la météo en décidaient autrement. Victime d’une sortie de route lors des essais chronométrés, Sébastien Petit n’avait pu être crédité d’un chrono. Et comme le stipule la réglementation, il devait donc s’élancer en tête de la Série A (Sport), bien avant ses principaux adversaires. Et alors que le sociétaire du Team Petit CroisiEurope bénéficiait d’une route sèche lors de ses tentatives face aux chronos, ses rivaux devaient affronter une route détrempée, ce qui leur faisait perdre un temps considérable.

Sébastien Petit accrochait donc à son palmarès cette édition de Vuillafans, sans vraiment combattre : « Je dois reconnaitre que Geoffrey, compte tenu du chrono qu’il a signé lors des essais, méritait la victoire. Pour ma part, suite à cette épreuve, je tenais à ce que ce résultat ne rendre pas en compte dans l’attribution de mon premier titre. J’ai donc mis un point d’honneur par la suite à m’imposer au Mont-Dore et à Chamrousse, afin d’effacer des tablettes ma victoire de Vuillafans. Si on refait les comptes en me retirant la première place à Vuillafans, je suis tout de même sacré Champion en fin d’année, et c’est bien mieux ainsi. »

Devancé par Geoffrey Schatz à Dunières, Sébastien s’imposait par la suite sur le Mont-Dore, en établissant un nouveau record de la piste, pour ce qui est de l’épreuve comptant pour le Championnat de France : « C’est d’autant plus important pour moi que le Mont-Dore est la seule course du Championnat que je n’avais jamais gagné. Aujourd’hui, j’ai donc la satisfaction de m’être imposé sur toutes les épreuves du Championnat », confie-t-il. « Et puis le Mont-Dore c’est mythique. Je me souviens y être venu gamin, lorsque mon père courrait en régional, c’était alors le rendez-vous de l’année. Ce succès et le record est un moment très fort pour moi. »

Une deuxième place aurait suffi à Sébastien Petit pour s’assurer du titre à l’issue de la Course de Côte de Chamrousse. Mais son âme de compétiteur ne pouvait se contenter de la couronne, il se devait d’y ajouter le panache. Au prix d’un combat acharné, il sort donc vainqueur de la confrontation iséroise : « J’avais vraiment à cœur d’effacer des tablettes le résultat de Vuillafans, et je voulais profiter de la dynamique du Mont Dore. Et puis il était important d’arriver à Turckheim avec le titre en poche, débarrassé de toute pression, afin d’offrir à CroisiEurope un succès à domicile. »

Le rendez-vous alsacien n’allait malheureusement pas se passer comme Sébastien l’espérait. Samedi, la pluie l’empêchait de réaliser les tests initialement prévus. Dimanche matin, c’est un problème de transmission sur la Norma qui le retenait dans les paddocks, le privant de la première montée de course. « Sur la deuxième montée, disputée l’après-midi, j’ai fait le choix de ne pas chausser des gommes neuves car je sais que ce n’est pas toujours la montée la plus rapide. Et je me suis élancé sur la dernière montée, en pneus neufs. Mais avec le manque de luminosité, chaque fois que les voyants de mon volant s’allumaient, la réverbération diminuait encore la visibilité. Chaque changement de vitesses m’aveuglait, et dans ces conditions il m’était impossible de signer un bon chrono. Pour moi qui est pour habitude de franchir un « step » sur la dernière montée, je n’ai pas réussi cette fois à être aussi performant que je l’aurais voulu. Je veux d’ailleurs tirer un grand coup de chapeau à Geoffrey qui signe un nouveau record dans ces conditions. »

Difficile de trouver la motivation à l’heure de se rendre à Limonest, dernière manche de la saison. Mais le nouveau Champion tenait à honorer ses engagements, et estimait qu’il se devait d’être présent sur cette épreuve qui faisait cette année son retour au Championnat : « Je ne le regrette pas car nous avons eu un excellent accueil de Gilles Mondésir et de son équipe que je tiens à remercier. Pour le reste, au niveau sportif, j’avais déjà l’esprit tourné vers 2018 et je voulais avant tout mener à bien des essais. Il aurait été ridicule de prendre des risques et d’endommager la voiture, j’ai donc géré ma course. Et puis le titre de Vice-champion Production se jouait entre Christian et Philippe (Schmitter), la priorité au sein de l’équipe était logiquement donnée à leur duel. J’ai donc voulu faire acte de présence, faire quelque chose de bien et terminer sur le podium, mais je n’avais pas pour prétention de battre Geoffrey qui était motivé et libéré de toute pression, le titre étant joué. »

Un titre pour remercier son équipe
Après être monté à sept reprises sur la deuxième marche du Championnat, Sébastien Petit connait cette année la consécration en remportant un titre tant convoité : « C’est un aboutissement pour moi, pour mon équipe, pour CroisiEurope qui croit en moi depuis de nombreuses années, mais également pour tous ceux qui nous accompagnent, mon père (Gérard Petit), Angelo (Ferretti), Gillou (Gilles Simon), Francis Miller, Julien, Simon, Jessy, et bien évidemment Axel et Kevin et tous ceux qui sont soudés autour de nous. Je profite de l’occasion qui m’est donnée pour remercier également nos partenaires, avec en premier lieu CroisiEurope, mais également Motul, Arepa, Hydrotech, Setreal, Avon Sodipneu, GT2i, Norma Auto Concept et D.A. Compétition. »
 
Seb peut donc tirer un bilan largement positif de cette saison 2017 : « Je pense que nous avons démontré notre compétitivité, tant sur le plan national qu’à l’étranger. Quand on voit ce que nous sommes parvenus à faire en Europe face à des pilotes d’usine tels que Simone Faggioli ou Christian Merli qui sont des références dans notre discipline, nous n’avons pas à rougir. Le titre de Champion de France est non seulement une consécration, mais également un soulagement car j’avais peur de rester le Poulidor de la Course de Côte. Marquer mon nom auprès de grands champions comme Marcel Tarrès, Daniel Boccard, Lionel Régal, Bernard Chamberod ou Nico Schatz, m’apporte évidemment une grande satisfaction. J’estime que grâce à mon équipe, j’ai pu marquer de mon empreinte cette discipline qu’est la Course de Côte. »

Sébastien veut associer l’ensemble de son équipe à ce bilan, estimant qu’il n’est pas le seul à avoir porté haut les couleurs du Team petit CroisiEurope : « Je pense que notre structure est aujourd’hui unanimement reconnue comme un Team important tant en France qu’au niveau européen. On le doit à mes résultats mais également à ceux de Christian et Philippe, qui terminent sur le podium du Championnat Production dans le sillage d’un Pierre Courroye intouchable cette saison, et devant des pointures telles que Nicolas Werver ou Yannick Poinsignon, à Julien Français qui a réalisé d’excellentes performances et qui remporte un Challenge Open CN/2 particulièrement disputée, et à mon frère Kevin qui a fait des débuts particulièrement prometteurs en Formule Renault. »

L’an prochain, c’est au volant d’une Norma à moteur 3 litres en configuration européenne que l’on retrouvera Sébastien Petit sur un programme qui n’est pas encore totalement défini : « Le but serait de participer à des épreuves des Championnats de France et d’Europe au volant de la même voiture. Maintenant, nous attendons la parution des calendriers, car si des épreuves françaises et européennes se déroulent le même week-end, il faudra nécessairement faire des choix. Bien évidemment je vais essayer de remettre mon titre en jeu, mais il est clair que l’on peut donner la préférence à des manches européennes qui proposent des tracés de plus de cinq kilomètres, plutôt qu’à des épreuves de notre championnat national bien plus courtes. Après, il faut garder à l’esprit que nous sommes une équipe, que je ne suis pas le seul décisionnaire, et que nous établirons nos calendriers en fonction des choix de chacun. »

S’il est le fer de lance du Team Petit CroisiEurope, Sébastien ne veut pas oublier ceux avec qui il partage sa passion et les victoires : « Nous aurons comme objectif de faire progresser le team. Christian et Philippe (Schmitter) seront au départ du Championnat de France, Christian au volant de la Porsche avec laquelle il évoluait cette année, Philippe certainement avec une nouvelle voiture. Julien (Français) devrait à nouveau évoluer au sein du team, sur un Proto 2 litres avec un programme peut-être plus étoffé, pour lui permettre de viser non seulement la victoire en CN/2, mais également la première place confondue de l’ensemble des 2 litres au Championnat. Après une première saison prometteuse Kevin (Petit) devrait repartir soit au volant de sa Formule Renault soit dans le cockpit d’une Formula Masters. »

On peut donc avoir la certitude de revoir l’an prochain Sébastien Petit sur les épreuves du Championnat de France de la Montagne, avec l’envie d’en découdre. En véritable champion, son souhait le plus cher est d’avoir face à lui des adversaires de poids : « J’espère sincèrement que si Nico revient, Geoffrey trouvera une solution pour disposer d’une auto à la mesure de son talent, et que nous pourrons nous livrer de belles bagarres », conclut le Champion de France.

Propos recueillis par Bruno Valette


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