Première saison et victoire sur le Challenge Open CN/2

Pour sa première saison sur le Championnat de France de la Montagne, Julien Français a marqué les esprits. Auteur d’excellentes performances tout au long de l’année, il remporte à l’issue d’une campagne où il a accumulé les succès, le Challenge Open CN/2.

C’est en 1972 qu’Alain Français débutait sa carrière de pilote en Course de Côte. Durant plus de trente ans, il animera les épreuves de sa région, et participera à de nombreuses reprises à la mythique Course de Côte du Mont-Dore. En 1994, son fils Frédérick suivait le chemin tracé par son père, et prenait le départ de sa première épreuve, toujours en Course de Côte, discipline qui le verra remporter le Trophée FFSA du Groupe N en 2003.

Mais si dans la famille Français, l’année 1994 était concentrée sur les premiers tours de roues de Frédérick, elle sera avant tout marquée, en fin de saison, par la venue au monde d’un petit Julien. Avec un père, un frère, mais également une maman qui aura l’occasion de s’installer derrière le volant, Julien passait son enfance dans les paddocks, au sein de cette grande famille des Montagnards.

La Côte, une passion familiale
Bien évidemment, dès son plus jeune âge, Julien Français ressentait cette envie irrépressible de s’exprimer à son tour derrière le volant. L’occasion lui en sera donnée en 2015, lorsque le jeune pilote de l’Oise prenait part à la Course de Côte de Bagnols-Sabran, au volant d’un Speed Car GTR. Une première participation qui se soldait par une deuxième place, derrière le TracKing de Fabien Bourgeon… Le ton était donné !

En cette année 2015, c’est par la suite sur les circuits que l’on retrouvait Julien Français : « J’ai obtenu cette année-là ma sélection pour le ’’Challenge Ellip6 Yvan Muller’’. Cela me permettait de disputer une saison en circuit au volant d’une Mitjet, et de me familiariser un peu plus avec le pilotage. » Là encore, Julien fera preuve d’une rare maitrise, récompensée par plusieurs victoires et une succession de podium. Malheureusement deux abandons sur problèmes mécaniques l’empêchaient de remporter le Challenge en fin de saison.

Si à l’issue de cette saison 2015 Julien Français n’avait pas obtenu le titre, il avait eu l’occasion à maintes reprises de démontrer un énorme potentiel et un réel talent. Mais passionné par la Course de Côte, c’est vers sa discipline de cœur qu’il revenait en 2016, en intégrant le Team Petit CroisiEurope pour prendre part au Mont-Dore. Au volant d’une Norma 2 litres, il se mettait une nouvelle fois en avant en terminant deuxième de sa classe, derrière un pilote auvergnat bien plus expérimenté, Yannick Latreille : « C’était la première fois que je roulais avec une Norma, et je n’avais aucune prétention au départ de cette course. Terminer deuxième c’était juste génial et ça m’a donné envie de ne pas m’arrêter là », confie Julien.

C’est d’ailleurs ce résultat obtenu sur les pentes du Col de la Croix Saint Robert, qui incitait Julien à s’engager cette année sur le Championnat de France de la Montagne, dans le cadre d’un Challenge Open. Mécanicien au sein du Team Petit CroisiEurope, avant de prendre le volant de la Norma pour le Mont-Dore, c’est en toute logique qu’il se tournait vers cette même structure pour disputer sa saison 2017 : « Le feeling était super bien passé avec Seb (Petit), il est rapidement devenu un grand frère, et il ne m’est même pas venu à l’idée que j’aurais pu courir autrement qu’au sein de son équipe. »

Le peu d’expérience accumulée par Julien Français à l’heure de prendre part à sa première campagne sur le Championnat, l’incitait à ne pas afficher de réelles ambitions, si ce n’est celle d’apprendre : « Je n’avais, au départ, que deux épreuves à mon actif, il me paraissait logique d’aborder cette saison comme une année d’apprentissage. »

Un apprentissage qui allait s’avérer aussi violent que bénéfique pour le jeune Julien. Sur le Col Saint-Pierre, son premier rendez-vous de la saison, il réalisait des prouesses lors des essais, et plaçait sa Norma au cinquième rang, premier des pilotes évoluant en CN/2. Une performance de tout premier ordre, à l’issue de laquelle Julien se laissait envahir par un excès de confiance. Dimanche, sur la première montée de course, il sortait violemment de la route et endommageait passablement sa Norma : « A 22 ans on est parfois un peu fougueux, c’était mon cas lorsque j’ai pris part à cette première épreuve de la saison », reconnait Julien. « En fait, j’ai grillé les étapes. Samedi, à l’issue des essais, j’avais le sentiment que j’avais course gagnée avant l’heure. Dimanche, la dure réalité m’a remis rapidement les idées en place », avoue Julien en toute humilité.

« Ça m’a fait ouvrir les yeux sur énormément de choses. Sur mon comportement, mon approche de la course, le travail à réaliser. Cette sortie de route fut finalement un mal pour un bien, car elle m’a fait réellement grandir », confie-t-il en toute lucidité.

Dans l’esprit de Julien Français, sa saison était terminée avant même d’avoir pu confirmer son potentiel : « Ma seule préoccupation alors était que l’on puisse réparer la voiture qui m’avait été confiée par le Team Petit CroisiEurope. A ce moment-là, j’avais confié à Sébastien que, peut-être un jour je reprendrai le volant. Mais pour lui il était hors de question que je jette l’éponge. Il m’a motivé pour que je remonte immédiatement dans l’auto, dès qu’elle serait réparée. Je l’ai bien évidemment écouté, et j’ai vraiment bien fait. »

La fulgurante campagne de l’Ouest
Les membres du team mettront les bouchées doubles pour que Julien puisse disposer de sa Norma au moment où débutait la campagne de l’Ouest. Il était donc au départ de Thèreval – Agneaux, où il allait marquer les esprits en accrochant la quatrième place au scratch, premier des 2 litres : « Ce n’était pas gagné d’avance, loin d’en faut. Sur la dernière montée, je me fais arrêter sur un drapeau rouge alors que je venais de faire un bon début de parcours. Je vois alors que je suis deuxième et qu’il va falloir que je fasse une excellente dernière montée pour reprendre la tête du CN/2. Je suis alors parvenu à établir le nouveau record de la classe, bien évidemment j’étais ravi du résultat. Ce fut un grand moment, qui m’a fait énormément de bien. Après la sortie du Col Saint-Pierre, s’imposer pour mon retour, je ne pouvais pas rêver de mieux. »
 
Quatrième au scratch derrière les deux Norma CN+ de Sébastien Petit et Cyrille Frantz et la F3000 de Geoffrey Schatz, Julien ne pouvait prétendre à mieux et on pouvait alors pensait que cette prouesse serait difficile à rééditer. Il ne faudra pourtant pas attendre longtemps pour que le sociétaire du Team Petit CroisiEurope réitère. A La Pommeraye, on retrouvait une nouvelle fois sa Norma au quatrième rang, en tête des 2 litres : « C’était la première fois que je disputais cette épreuve, et je retrouvais de plus en plus ma confiance. On a beaucoup bossé sur les caméras embarquées avec Sébastien, j’ai fait apparemment ce qu’il fallait faire et ça a payé. »

Julien n’allait pas s’arrêter en si bon chemin. Il allait définitivement marquer cette campagne de l’Ouest de son empreinte en plaçant sa Norma au quatrième rang de la Course de Côte de Saint Gouëno. Après avoir devancé Yannick Latreille le week-end précédent, il venait cette fois à bout du jeune et talentueux Belge Corentin Starck : « Je n’avais pas le budget pour acheter des pneus pluie, et compte tenu des conditions météorologiques, j’ai rapidement pensé que celle-là elle n’était pas pour moi. Avant la dernière montée, j’étais devancé par Corentin Starck et David Guillaumard, mais la piste a séché avant qu’une averse ne fasse son apparition. Pour moi c’était terminé… Et c’est alors que la famille Tourillon m’a prêté des pneus pluie, grâce à eux je remporte cette victoire, je me dois de les remercier vivement. »

La Course de Côte de Marchampt s’avérait plus compliquée pour Julien Français qui avait un peu de mal à trouver ses marques avant de comprendre qu’il lui serait difficile de se mettre en avant : « J’ai vraiment tout donné et je me retrouvais quatrième. On ne comprenait pas ce qui n’allait pas, avant de se rendre compte que j’avais un problème moteur. Je n’arrivais pas prendre la même vitesse de pointe que mes adversaires », explique Julien qui termine au quatrième rang du CN/2.

Avant de rejoindre le Mont-Dore, course légendaire dans l’esprit de Julien, qui a toujours vu son père considérer cette épreuve comme un rendez-vous incontournable, le team décidait de refaire le moteur de la Norma. C’est donc avec un proto à nouveau compétitif que Julien Français se présentait dans le Massif du Sancy : « Depuis ma dernière participation en 2016, mon seul et unique objectif était de m’imposer un jour au Mont-Dore. C’était un rêve de gosse. Gagner cette année, à l’issue de la dernière montée de course, devant Yannick (Latreille) qui est chez lui, c’était juste génial ! C’est certainement un des plus beaux souvenirs de cette saison. Ce succès est d’autant plus important que je n’avais pas le budget pour ajouter une épreuve à mon calendrier, et qu’après la sortie du Col Saint-Pierre je ne disposais plus de joker. A l’heure où se dessinait la possibilité de remporter le Challenge Open, il fallait impérativement que je m’impose. »

La saison de Julien Français se concluait à Turckheim où, pour s’assurer du titre, il se devait de signer un nouveau résultat probant. Il s’acquittait parfaitement de sa mission, en remportant un nouveau succès en CN/2, au terme d’une lutte acharnée face à Corentin Starck : « Celle-là je suis vraiment allé la chercher… Turckheim est une épreuve longue, difficile à assimiler, et pour une première participation, ce n’était pas évident de me familiariser avec le tracé. Corentin avait déjà eu l’occasion de courir à Turckheim à trois reprises, je savais donc que ce serait difficile, d’autant que je n’avais plus les moyens de monter des pneus neufs. Là encore, Sébastien m’a donné d’excellents conseils qui me permettent de gommer les erreurs et de réaliser une dernière montée quasi-parfaite. »

Vainqueur du Challenge Open CN2
Excepté Bagnols-Sabran, Hébécrevon qu’il avait déjà eu l’occasion de disputer en régional, et le Mont-Dore, Julien découvrait l’ensemble des épreuves inscrites à son calendrier. Des conditions loin d’être optimales pour se mettre en valeur, ce qui ne l’empêche pas de remporter le Challenge Open CN/2, un succès assorti d’une dixième place au Championnat : « En toute franchise j’espérais bien évidemment signer quelques bons résultats, mais je n’aurais pas pensé remporter le Challenge dès ma première saison. Le bilan est largement positif. »

Un bilan que Julien veut partager avec ceux qui ont permis cette fulgurante ascension : « Un grand merci à tout le Team Petit, à CroisiEurope, à Philippe et Christian Schmitter, à Sébastien Petit qui m’a accordé sa confiance et qui m’a amené à prendre part à ce Championnat. Je veux remercier mon père qui est présent sur toutes les épreuves, ma famille, ma sœur Morgane et ma copine, Fiona, qui supporte de me voir partir tous les week-ends. »

Les excellents résultats enregistrés cette année par Julien Français devrait le motiver à étoffer son programme pour la saison prochaine. On devrait donc le retrouver, avec une auto flanquée du numéro 10, sur les épreuves du Championnat de France de la Montagne : « Le programme n’est pas encore définitivement bouclé, mais je devrais prendre part à une saison plus complète toujours au volant d’une 2 litres, qui serait une nouvelle auto », explique Julien qui a pour cette discipline un véritable amour : « Si tu me proposes de faire du rallye ou du circuit, je te dirais oui, mais ça n’est pas ma tasse de thé. Je suis vraiment un passionné de course de côte, c’est viscéralement ancré en moi. Je m’épanouie pleinement dans ce contexte familial qu’offre cette discipline, et puis j’adore les montées d’adrénaline que l’on peut ressentir et qui n’ont rien de commun avec ce que l’on peut connaitre en circuit. » Gageons que Julien Français anime durant de nombreuses années encore notre Championnat. Il pourrait très rapidement en devenir l’un des acteurs majeurs.

Propos recueillis par Bruno Valette


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