Plus de quarante ans d’implication dans le sport automobile

Les obsèques de Jean-Paul Cocquelet auront lieu le mardi 25 octobre à 10h45 au crématorium de Monaco, situé 14 boulevard Pasteur. A cette occasion, une quête permettra de reverser les fonds récoltés à la Ligue contre le cancer.

En guise d’hommage à Jean-Paul Cocquelet, disparu ce mardi 18 octobre, cfm-challenge vous propose de retrouver l’interview qu’il nous avait accordée au mois de mai de l’année dernière.

Jean-Paul Cocquelet, le Directeur promu Président
A la Commission du Championnat de France de la Montagne

A la demande de Nicolas Deschaux, Président de la Fédération Française du Sport Automobile, Jean-Paul Cocquelet assure la fonction de Président de la Commission du Championnat de France de la Montagne à compter du 20 avril 2015.

Homme d’expérience, Jean-Paul Cocquelet fait l’unanimité auprès des Montagnards. Réputé pour son sérieux et ses qualités d’écoute, il peut se targuer d’avoir la confiance des différents acteurs de la discipline, qui reconnaissent la justesse de ses jugements et l’exactitude de ses décisions. Et si beaucoup sont déçus de ne plus voir Jean-Paul à la direction de course, tous sont rassurés et satisfaits de le retrouver à la présidence de la discipline.

Diplômé de l’Ecole Nationale de la Santé Publique de Rennes, Jean-Paul Cocquelet a fait l’ensemble de sa carrière professionnelle dans des établissements de santé. On le retrouvera ensuite au poste d’administrateur de la DDASS de Monaco, avant de se tourner vers la direction de divers centres de santé à travers la France. Une vocation, plus qu’une profession, qui lui a permis d’être au contact de ceux que la vie n’a pas toujours épargné.

Educateur spécialisé, puis directeur d’établissements Médico-sociaux, Jean-Paul a vécu comme un sacerdoce la mission qui lui était confiée auprès des jeunes, des écorchés de la vie, et par la suite de nos aînés. L’humain était au centre de ses préoccupations, il le sera encore à l’heure de prendre des responsabilités dans le sport automobile.

Membre actif de l’Automobile Club de Monaco
Pourtant, s’il est un homme de passion, celle du sport automobile semblait ne pas l’avoir touché. Et c’est un peu par hasard qu’il allait découvrir ce monde fait de vrombissements de moteur et d’odeurs d’essence brulée : « Dans les années 70, en tant qu’éducateur, j’organisais pour les jeunes des courses sur un circuit Scalectrix, des modèles réduits électriques qui évoluaient sur un circuit installait sur une table de salle à manger. Ensuite, j’amenais ces jeunes découvrir le Grand Prix de Monaco, lors des essais du jeudi », se souvient-il. « Au fil des ans, à force d’observer les commissaires, j’ai eu envie de franchir le pas et de devenir à mon tour commissaire de piste. »

« J’ai débuté comme commissaire en 1975, au sein de l’Automobile Club de Monaco. J’ai par la suite gravi les échelons pour occuper divers postes : Formateur tant sur le Grand Prix de F1 que sur le Rallye de Monte-Carlo, Chef de Poste lors du Grand Prix, Chef Sécurité sur le Rallye, avant de m’impliquer dans l’organisation de ces deux épreuves qui jouissent d’une renommée internationale. »

Bien évidemment, Jean-Paul mettra à profit son nouveau statut pour former des jeunes en échec scolaire, les amener vers le sport automobile où, par la suite, ils officieront à leur tour comme commissaires. L’implication de Jean-Paul Cocquelet au sein de l’A.C.M se poursuivra jusqu’à la fin du siècle dernier, et lui vaudra d’être décoré de la Médaille Jeunesse et Sports de la Principauté, et d’être membre à vie du prestigieux Automobile Club de Monaco.

Si son statut d’officiel au sein de l’A.C.M lui permettait d’assouvir sa passion naissante pour la compétition automobile, une petite frustration naissait, due au fait que l’entité monégasque n’organisait qu’un nombre limité d’épreuves : « D’où l’envie d’intégrer la FFSA, afin de pouvoir officier sur les épreuves françaises », explique Jean-Paul. Licencié à partir de 1976, il allait assumer, au fil des saisons et des épreuves, les diverses missions que la FFSA propose à ses officiels. Directeur de Course depuis 1986, il sera également observateur à partir de 1989.

Mais pour pouvoir diriger ou observer des courses, rien de mieux que d’être impliqué dans l’organisation d’autres épreuves. Jean-Paul Cocquelet faisait alors le choix d’apporter sa contribution dans l’organisation de différents rallyes de la Côte d’Azur : Rallye de Nice, Jean Berha, Grasse-Alpin, Antibes… Il exportera également ses compétences de l’autre côté du globe, en devenant une des chevilles ouvrières du Tour Auto de La Réunion et du Tour Auto de l’île Maurice.

Son implication dans le sport automobile ne lui faisait pas oublier sa vocation première. Lui qui tout au long de sa carrière a tendu la main aux jeunes les plus démunis, intégrera logiquement les Opérations Rallye Jeunes et Kart Jeunes, structures ayant pour but de trouver parmi le vivier de jeunes talents, les champions de demain : « En tant qu’éducateur spécialisé, tout au long de mon parcours, j’ai toujours voulu donner la priorité aux plus jeunes. Mon objectif était qu’ils puissent s’épanouir, trouver leurs voies. Rallye Jeunes et Kart Jeunes étaient pour moi des vitrines extraordinaires, et je m’y suis impliqué durant vingt ans. »

Le Directeur de Course des Montagnards
Membre de la Commission du Championnat de France de la Montagne depuis 1995, Jean-Paul s’est tourné vers cette discipline pour devenir le principal Directeur de Course des épreuves du championnat : « Depuis une dizaine d’années, je dirige neuf ou dix épreuves par an, et la majorité des Finales de la Coupe de France », rappelle Jean-Paul.

Lorsqu’il s’est vu proposer la Présidence de la Commission du Championnat de France de la Montagne, cet homme de terrain s’est trouvé devant un choix cornélien. La décision n’a pas été simple à prendre : « Depuis de longues années, je traine dans les paddocks afin de discuter avec les pilotes, les mécaniciens, les organisateurs, et l’ensemble des acteurs de notre sport. Ces échanges me permettent de mieux cerner les attentes de chacun, et d’en faire une synthèse lors des commissions », confie-t-il. « Il est inenvisageable pour moi de ne plus être sur les épreuves. Je ne pouvais accepter la présidence qu’à la condition de ne pas renoncer au terrain. Je veux continuer à rencontrer l’ensemble des intervenants, à m’imprégner de l’ambiance des courses. Je me dois d’accompagner les jeunes directeurs de course qui vont me succéder, tout en les laissant bien évidemment libres de leurs choix et de leurs décisions. Je veux absolument être présent, au cœur de l’action, comme je l’ai toujours été. »
 
Plus de rigueur pour une meilleure image
Terminer la direction de course, Jean-Paul Cocquelet devient donc le nouveau Président des Montagnards. Une fonction qu’il prend particulièrement à cœur, avec l’espoir d’apporter sa pierre à l’édifice, et de mettre en pratique des idées venues au gré de sa longue expérience.

« J’ai acquis de mon implication au sein de l’Automobile Club de Monaco une rigueur dans l’approche de la compétition, et une conscience de l’image que doit refléter une discipline. Au sein de la FFSA, j’ai eu la chance de diriger bon nombre d’épreuves, de parfaire ma connaissance des différents paramètres à prendre en compte. La pratique permet de corriger les erreurs, de mieux cerner les problématiques, et d’être donc plus réactif lorsque l’on doit prendre une décision », analyse le nouveau Président.

C’est cette rigueur que Jean-Paul Cocquelet souhaite insuffler au championnat, afin d’en améliorer l’image, et rendre la discipline plus attractive pour les médias et plus représentative pour les partenaires : « Il faut trouver une harmonie, une homogénéité, un sérieux dans le travail que l’on doit entreprendre. Nous devons proposer des actions qui seront à même d’offrir à la course de côte la renommée qu’elle mérite. Cela passe par une prise de conscience de chacun, pour que la Montagne ne soit pas considérée comme le parent pauvre du sport automobile, mais comme une discipline illustrant ce qu’est réellement la compétition. »

Rigueur certes, mais pour Jean-Paul l’aspect humain reste, comme toujours, la priorité. Bien évidemment, hors de question pour lui que l’évolution de la discipline se fasse au détriment de la convivialité, et de l’esprit qui règne actuellement parmi les Montagnards : « Les acteurs me connaissent, je pense ne pas me tromper en disant que j’ai su installer un climat de confiance. Je garde à l’esprit que depuis que la direction de course, et les vérifications techniques, sont assurées par les mêmes personnes, il n’y a plus de réclamation, alors qu’auparavant c’était monnaie courante. Je pense que nous avons fait preuve de vigilance pour ce qui est du respect de l’équité sportive, et cela semble aller dans le bon sens. J’ai le sentiment que nous avons acquis une certaine sérénité, et que la convivialité en découle. Il faut impérativement conserver cet esprit, en y ajoutant un peu plus de rigueur. »

Educateur spécialisé, Directeur d’Etablissements Médico-sociaux, Directeur de course et aujourd’hui président de commission, c’est toujours avec le même état d’esprit que Jean-Paul Cocquelet a abordé les missions qui lui étaient confiées. D’ailleurs, il a gravé dans le marbre une phrase qui, selon lui, reflète parfaitement l’approche qui a toujours dicté son parcours : « Décider, c’est choisir parmi plusieurs actes possibles, le plus pertinent, susceptible de conduire au résultat voulu, au moindre coût, dans un délai jugé souhaitable et possible, en utilisant au mieux les informations et les compétences disponibles », déclare-t-il. « J’avais mis cette phrase en exergue lorsque j’ai passé ma thèse de Directeur National de la Santé Publique, et elle m’a guidé tout au long de ma vie. »

Propos recueillis par Bruno Valette


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