Retour gagnant au volant de la Mitjet

Pilote moto dans les années 70, Jean-Michel Lestienne s’est éloigné par la suite de la compétition, sans pour autant la délaisser, venant en aide à de nombreux pilotes. C’est derrière le volant d’une Mitjet qu’il faisait son retour en 2015, avant de consacrer sa saison 2016 au Championnat de France de la Montagne, et à l’apprentissage de ses épreuves. Un retour gagnant, puisqu’à l’issue de la saison, il pointe à la troisième place du Challenge Open GTTS/1, mais leader de la catégorie au classement du Championnat.

L’automobile, une passion familiale
La passion pour les belles mécaniques est apparemment née chez les Lestienne, quasiment avec l’automobile. Dans la première partie du siècle dernier, ses grands oncles, puis ses oncles se portaient acquéreurs de voitures de légendes. Le père de Jean-Michel ne dérogeait pas à la tradition familiale, puisque lui-même aura l’occasion de rouler aux volants de Versailles et autre Chambord, autos de prestiges s’il en est. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que, dès l’enfance, avec ses trois frères, Jean-Michel n’ait comme unique distraction que des jeux ayant un rapport avec l’automobile.

Lorsque, aux débuts des années 70, on est attiré par les sports mécaniques et que l’on n’a pas l’âge de s’installer derrière un volant, c’est sur deux roues que l’on tente d’assouvir son goût immodéré pour les trajectoires. Jean-Michel Lestienne décidait donc de prendre part à ses premières courses, en Solex, machine hybride entre la bicyclette et le vélomoteur. Un grand frère mécanicien, qui courait déjà en rallye avec une Simca 1000, préparait avec soin la monture de son cadet, qui connaissait alors ses premières sensations au volant d’un engin aussi peu puissant que difficile à manier.

A 16 ans révolus, Jean-Michel abandonnait le Solex pour s’attaquer, au guidon d’une moto, au Championnat Promosport. Les courses se disputaient alors sur des circuits dédiés à l’automobile, en cette période aujourd’hui révolue, où on ignorait les principes de précautions et autres normes drastiques de sécurité. Les années 70 ont vu bon nombre de pilotes perdre la vie sur des circuits, Jean-Michel Lestienne se souvient que, pour plusieurs de ses amis, la passion de la vitesse sera fatale.

Jean-Michel poursuivra sa carrière sportive en participant aux Championnat de France de la discipline, aux guidons de 50 cm3 et de 125 cm3. Il sera l’un des premiers à courir avec une Yamaha disposant d’un moteur inversé, avec les carburateurs disposés à l’avant. Cette mécanique avait été créée en fonderie par un artisan dont la société arborait le logo ’’LJM’, petit clin d’œil sympathique pour Jean-Michel Lestienne qui affichait les mêmes initiales. Le jeune Jean-Michel accumulait alors les podiums avant d’être appelé sous les drapeaux, et de devoir mettre la compétition entre parenthèse.

Une parenthèse que Jean-Michel laissera ouverte durant de nombreuses années, puisque de retour du service national, il fondait une famille, et dans la foulée sa société, et ne pouvait plus consacrer son temps à sa passion pour les sports mécaniques. Mais s’il n’évoluait plus derrière le volant, l’Assureur de Champigny ne délaissait pas pour autant la compétition. C’est par le biais de différents partenariats et de mécénat auprès de jeunes pilotes, qu’il s’est impliqué depuis de nombreuses années dans les sports mécaniques : « J’aide pas mal de pilotes, que ce soit en circuit, en rallye ou en course de côte, et j’investis également dans les aides que l’on peut apporter aux organisateurs. Cette année j’ai notamment soutenu le jeune Thomas Baudoin qui s’est illustré dans le cadre de la Peugeot 208 Rally Cup, j’aide également François Guillemin qui, avec son Opel Kadett, a signé de très bons résultats sur le Championnat de France des Rallyes VHC. Du côté de la moto, j’apporte mon soutien à des pilotes qui participent au Bol d’Or, et puis bien évidemment je suis aux côtés de Nicolas Schatz sur le Championnat de France de la Montagne. »

Jean-Michel ne se cantonne pas aux sports mécaniques, les Assurances Lestienne sont également partenaires du Club de Tennis de Table de Metz, qui est Vice-champion d’Europe en Ligue des Champions. Et c’est toujours par le biais de son cabinet d’assurance que Jean-Michel soutient les Phénix, l’équipe de Hockey sur Glace de Reims.

Partenaires de Nicolas Schatz, Jean-Michel Lestienne suivait de près les résultats du multiple Champion de France de la Montagne. Et le pilote de Mâcon l’incitait à plusieurs reprises à s’installer derrière le volant d’une Mitjet. Jean-Michel finissait par céder à la tentation, et comme l’on pouvait s’y attendre, tombait sous le charme de cette auto si attrayante. En 2015, il participait au Trophée Mitjet en circuit, et faisait quelques apparitions sur des épreuves du Championnat de France de la Montagne.

Une saison consacrée à la côte.
Pour 2016, il décidait de se consacrer à la côte, avec toutefois deux participations en circuit sur des tracés de renom, Magny-Cours et le Paul Ricard. Pour un garçon qui a vécu une époque où l’adrénaline était poussée à son paroxysme, ou le risque était permanent, les courses en circuit lui apparaitront aseptisée : « J’ai rapidement pris conscience que le circuit ne m’offrait pas énormément de sensations, alors qu’en Montagne, les vibrations étaient bien là, et que c’est avant tout ce que je recherchais. Plus je roule dans des endroits improbables, plus je me fais plaisir », confie Jean-Michel qui a conservé au fond de lui, les réminiscences des sensations éprouvées lorsqu’il a débuté en moto.

L’objectif de Jean-Michel Lestienne, sur cette campagne 2016, était avant tout de découvrir et de se familiariser avec les tracés du Championnat : « J’abordais cette saison comme une année d’apprentissage et mon but était avant tout de me faire plaisir. »

De Bagnols-Sabran, Jean-Michel Lestienne se souvient uniquement qu’il s’élançait juste derrière Jérémy Avellaneda, Rémi Courtois et Steve Cabelo, et qu’il sera l’un des témoins d’un drame qui a bouleversé la grande famille des Montagnards : « Bagnols devait être une fête, ce sera une tragédie qui affectera tout le monde, et il est clair que Rémi, Jérémy, et moi-même avons été particulièrement marqués. »

C’est à Abreschviller que l’on retrouvait ensuite Jean-Michel Lestienne pour son deuxième rendez-vous de la saison. Une deuxième participation qui se soldait par un premier succès, le pilote de Chatillon sur Marne imposant sa Mitjet en GTTS/1 devant celle de Pascal Léonard : « Ce fut pour moi un tournant. Jusqu’alors Pascal me devançait, et là je suis parvenu à terminer devant lui. J’ai trouvé ça sympa, et j’avais le sentiment d’avoir évolué », explique-t-il. « J’ai beaucoup apprécié que Pascal accepte de prendre part, comme moi, à la dernière montée disputée sous la pluie. Nous étions peu nombreux à nous élancer sur cette ultime montée qui ne pouvait rien nous apporter, si ce n’est que l’on se devait à mon sens d’être là, pour assurer le spectacle, par respect pour les spectateurs et les commissaires. »

Seul engagé en GTTS/1 sur la Course de Côte d’Hébécrevon, c’est sans vraiment forcer que Jean-Michel Lestienne s’imposait dans sa classe : « Je découvrais ce tracé, et j’ai vraiment apprécié cette épreuve. Plus que tout, je retiendrais l’accueil qui nous a été réservé par les organisateurs et les habitants du village, qui sont vraiment sympathiques. J’ai passé un excellent week-end. »

A La Pommeraye, s’il retrouvait son acolyte Pascal Léonard, Jean-Michel devait également se mesurer dans la classe GTTS/1, à la M3 Silhouette d’André Heinrich. Et c’est ce dernier qui aura le dernier mot : « J’avais fait le choix de garder mes pneus neufs pour la troisième montée. Tout laissait à penser que c’est sur cette ultime confrontation que se ferait le chrono. Mais la pluie a fait son apparition, et en ayant trop assuré sur les montées précédentes, j’ai dû me contenter de la deuxième place », explique Jean-Michel. « C’est dommage, mais je suis malgré tout content de terminer à nouveau devant Pascal. »

Trois Mitjet se présentaient au départ de Saint-Gouëno. Jean-Michel Lestienne et Pascal Léonard étaient rejoints par Steven Rolland. Et les trois hommes ne manquaient pas de se livrer une belle empoignade d’où l’assureur marnais sortait vainqueur : « Pascal a tout fait pour venir me chercher, on a vécu une baston aussi acharnée que sympathique. J’en sors vainqueur et nous en gardons tous les deux d’excellents souvenirs. J’en profite pour le remercier d’avoir tout fait pour ne pas me gêner sur la dernière montée, alors qu’il était en difficulté. »

L’épreuve de Marchampt en Beaujolais voyait le retour en lice des deux jeunes qui évoluaient cette saison en Mitjet, Jérémy Avellaneda et Eliès Benbetka. Cette confrontation intergénérationnelle, comme la qualifie Jean-Michel, tournait à l’avantage de la jeune garde : « J’ai découvert un tracé magnifique, et j’ai de suite pris conscience qu’il n’était pas question d’aller chercher Jérémy, qui est vraiment un ton au-dessus de nous. En revanche, je me suis rapproché d’Eliès, ce qui est pour moi une belle satisfaction. Avant la dernière montée, j’étais à moins d’une seconde de lui, et j’ai donc décidé de monter des pneus neufs pour la dernière. Malheureusement, sur cette montée, Cyril Mallemanche a dû garer sa Caterham en bord de route, et si l’auto ne m’a pas gêné, la découvrir là m’a déconcentré, et je n’ai pas pu améliorer. C’est la course, et finalement je dois me contenter de la troisième place. »

Si Jérémy Avellaneda s’imposait une nouvelle fois assez aisément à Vuillafans, Jean-Michel venait à nouveau mettre la pression sur Eliès. Au terme de la confrontation Franc-Comtoise, une seconde seulement séparait les deux hommes, à l’avantage du jeune lyonnais : « Je sais qu’Eliès n’a pas les moyens de disposer de pneus neufs aussi facilement qu’il le souhaiterait. Pour ma part, j’ai décidé à nouveau de monter des pneus neufs pour la dernière manche avec l’espoir de le devancer. Mais la troisième montée a été annulée… C’est comme ça », confie Jean-Michel fataliste.

Eliès Benbetka et Jean-Michel Lestienne se retrouvaient pour une nouvelle confrontation qui avait comme théâtre la Course de Côte de Dunières. Sur ce tracé, Jean-Michel ne parvenait pas à se mettre en valeur : « J’ai vécu un véritable cauchemar ! Pour une raison qui m’échappe totalement, je ne suis pas parvenu à mémoriser ce tracé qui n’est pourtant pas très long. J’étais en plus perturbé par le manque de grip qui ne convient pas du tout à mon pilotage, issue de la moto, donc en principe très propre. Je suis passé à côté, mais il est clair que je referai cette course, ne serait-ce que pour la comprendre », commente-t-il. « Ce que je veux avant tout retenir, c’est que c’est à Dunières que Nico a remporté son septième titre de Champion de France, pour moi qui suis l’un de ses principaux partenaires, ce fut une immense joie, que nous n’avons pas manqué de partager avec toute l’équipe le dimanche soir. »

Apparemment, Jean-Michel Lestienne a quelques soucis avec les paysages auvergnats. Car s’il reconnait qu’ils sont superbes, il a dû mal à se familiariser avec les routes de cette région. Comme à Dunières, il ne parvenait pas à mémoriser le tracé du Mont-Dore : « Et celle-là, j’ai l’impression que je n’y arriverai jamais. De toute façon, je suis arrivé sur l’épreuve en ayant le sentiment que ça n’allait pas bien se passer. Tout était dans la tête, je n’étais pas dans les meilleures dispositions. J’arrive juste à limiter la casse sur la dernière montée. » L’abandon de Jérémy Avellaneda, permettra toutefois à Jean-Michel d’accrocher la deuxième place derrière Eliès Benbetka. Une deuxième place qui aura son importance en fin de saison, car elle permettra à Jean-Michel de terminer en tête des GTTS/1 au classement du Championnat de France.

S’il n’était pas au mieux sur les épreuves auvergnates, Jean-Michel considère qu’au moment de se rendre à Chamrousse il était quasiment au creux de la vague : « Il y a des périodes comme ça, où tu dois gérer pas mal de chose, et cela a pour conséquence d’affecter ta motivation », considère Jean-Michel. « Chamrousse a été ma pire course de la saison. Je n’ai jamais été dedans, et je me suis fait deux frayeurs dans le brouillard. Mais je garde malgré tout un excellent souvenir du tracé, que je découvrais et qui est superbe. »

A Turckheim, Jean-Michel retrouvait sa course préférée, « et là, je n’ai pas de problème pour mémoriser ce tracé, je l’adore. » Pour conclure la saison, les quatre Mousquetaires avaient fait le déplacement en Alsace, et Jean-Michel se retrouvait donc confronté à ses adversaires habituels. Une nouvelle fois, Jérémy Avellaneda et Eliès Benbetka prendront l’ascendant sur leurs ainés, reléguant Jean-Michel au troisième rang : « Je ne sais pas si c’est Eliès qui était très motivé, où moi qui est commis quelques petites erreurs, mais je ne suis pas parvenu à être dans ses temps. »

Face à des pilotes plus jeunes, et avec sa méconnaissance des épreuves du Championnat, Jean-Michel était conscient que le défi qui l’attendait cette saison serait difficile à relever. Au final, les résultats sont là et ne peuvent que le réjouir : « Le bilan est largement positif dans le sens où, avec les trois autres pilotes des Mitjet, on s’est vraiment bien marré. » Il est vrai que les quatre Mousquetaires ont non seulement assuré le spectacle, suscitant l’enthousiasme des spectateurs pour les Mitjet, mais ont su également se livrer de belles confrontations dans une ambiance des plus décontractée. « Pour ce qui est des résultats, je termine troisième du Challenge Open, mais grâce à ma régularité en début de saison, premier des GTTS/1 sur le Championnat. Ça ne peut que me satisfaire. »

Pilote heureux, Jean-Michel tient à remercier ses trois principaux adversaires et amis : « Ils ont eu un comportement sportif exemplaire, et nous avons partagé des moments fabuleux. Et puisque l’on en est au stade des remerciements, je me dois de dire un grand merci à Aline, mon épouse, qui a accepté de me suivre sur les épreuves, malgré les distances et les heures passées en voiture. Je sais qu’elle est là, puisqu’en course, dans le public, je la repère aisément du fait qu’elle est toujours habillée en rose, et c’est pour moi un vrai bonheur de la savoir à mes côtés. Merci à Nico Schatz, sans qui je ne serais pas revenu en compétition, et qui m’a permis d’évoluer, merci également à l’ensemble de l’équipe qui bosse comme des malades, et je n’oublie pas tous ceux qui viennent nous voir sur les épreuves. »

Ce qui est incontestable, c’est que Jean-Michel Lestienne a pris énormément de plaisir lors de cette saison passée sur notre Championnat. Et bien évidemment, il lui tarde de recommencer : « Je serai là en 2017, à nouveau au volant d’une Mitjet, et avec la ferme intention de mettre à profit les enseignements engrangés cette saison. » Toujours tourné vers les talents en devenir, Jean-Michel Lestienne a décidé d’apporter son soutien à une jeune pilote prometteuse : « J’engagerai une deuxième Mitjet, que je confierai à Jenna Frarin. Elle a déjà couru en Mitjet, sur circuit en 2015. Elle viendra nous rejoindre l’an prochain sur le Championnat de France de la Montagne. »


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