Vainqueur en F2000 et 5ème du Championnat

Privé d’adversaire à sa taille, Jean Turnel savait que, en cette année 2016, sauf erreur de sa part, le Trophée du F2000 ne pouvait lui échapper. A l’issue de cette saison 2016, qui le voyait fêter ses 70 ans, Jean termine non seulement en tête du F2000, mais accroche également une magnifique cinquième place au Championnat Production.

Dans sa jeunesse, de la compétition automobile, Jean Turnel n’avait qu’une idée lointaine. Quelle ne fut donc pas sa surprise, lorsque par une nuit de janvier, d’énormes vrombissements de moteur le tiraient de son sommeil. La curiosité l’emportait sur la froideur nocturne, et Jean sautait sur son vélomoteur pour allait voir d’où provenait ces bruits si étranges. C’est là qu’il découvrait les magnifiques bolides qui animaient le Lyon-Charbonnières, et qui passaient cette nuit-là sur la Route Nouvelle, à proximité de chez lui. Surpris, puis subjugué par les mélodies mécaniques, le jeune Montbrisonnais attrapait par cette froide nuit d’hiver, le virus de la course automobile.

Premières épreuves en Simca 1000
Nous sommes alors au tout début des années 70, et Jean Turnel doit tout apprendre de ce qu’est le sport auto. Il rejoint alors une écurie en gestation, qui dans son village natal de Montbrison, cherche à se développer. Au volant d’une Simca 1000 Spéciale, Jean prenait part à ses premiers rallyes, disputant des classiques comme le Forez et bon nombre d’épreuves régionales. Il se testait également sur ses premières courses de côte, s’alignant notamment au départ de celle de Montbrison.

Une Simca 1000 Prototype, propulsée par un moteur de Simca 1200 S, laissait rapidement la place à sa première monture, avant d’être remplacée par une autre Simca 1000, cette fois engagée en Groupe 2. Côté programme, Jean se partageait entre rallyes, courses de côte et slaloms.

Au début des années 80, Jean Turnel fait l’acquisition auprès de Jean-Paul Bouquet d’une Sunbeam 2 litres, avant de passer à une Talbot Sunbeam Lotus, au volant de laquelle il participait à la coupe éponyme. Par la suite, Jean restait fidèle à Talbot puisqu’on le retrouvait au volant d’une Samba Rallye Groupe B. Mais si la petite bombe avait des attraits fort sympathiques, elle n’était pas réputée, notamment dans sa version groupe B, pour sa fiabilité. Jean en faisait les frais en accumulant des abandons consécutifs à des problèmes mécaniques.

Au milieu des années 80, PSA sort la version sportive de la 205, destinée à la clientèle, la GTI. C’est au volant de cette voiture, d’abord dans sa version 1.600 puis 1.900, que l’on retrouvait le pilote ligérien. Durant près de 10 ans, de 1987 à 1996, Jean Turnel engageait sa ’’petite lionne’’ sur des épreuves nationales et régionales, se partageant toujours entre le rallye, la côte et le slalom. Fidèle à la 205, c’est au volant d’une version Groupe F puis F2000 qu’il décidait de poursuivre son implication dans le sport auto. Et ce n’est finalement qu’en 2009 qu’il se séparait de la 205, pour acquérir une Peugeot 306, avec laquelle il remportait son groupe sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne, disputée cette année-là à Chatel-Guyon.

La 306 prendra par la suite part à quelques rallyes, avant que Jean ne concentre définitivement ses efforts sur la Course de Côte, tout d’abord en régional, avant de participer en 2013 à quatre manches du Championnat de France. En 2014, s’il prévoyait d’être au départ de l’intégralité des manches du Championnat, c’est finalement sur une dizaine d’épreuves que l’on pourra voir évoluer la 306. Deuxième du Challenge Open F2000, il accrochait en fin de saison la 10ème place du Championnat Production. En 2015, on le retrouvait à nouveau sur une dizaine de manches du Championnat, et là encore, Jean accrochait la deuxième place du Challenge Open et la 10ème du Championnat Production.

Une saison sans grande rivalité
A l’heure de débuter la saison 2016, Jean qui fêtait cette année ses 70 ans, avait la ferme intention de défier une nouvelle fois Sébastien Lemaire. Son jeune rival l’avait en effet devancé lors des deux précédentes saisons, et Jean comptait bien cette fois prendre sa revanche. Mais finalement le jeune audois décidait de changer d’horizon, et notre vétéran se retrouvait donc en mal de concurrence : « Nous nous étions livrés, durant deux ans, de belles passes d’armes, et j’espérais sincèrement que nous allions poursuivre notre duel », avoue Jean. « Il en clair que je ne peux que regretter son absence. »

De Bagnols-Sabran, épreuve sur laquelle il débutait sa saison, Jean se souvient d’une longue discussion le samedi soir avec Steve Cabelo. Pour le reste, l’aspect sportif de la manche gardoise n’a pour lui aucune espère d’importance.

Jean Turnel espérait donc se mettre en valeur sur les pentes du Col Saint-Pierre, mais face à la Xsara VTS de Christian Astier et à la 206 Maxi du régional Guillaume Peloux, il devait se résoudre à la troisième place : « Ce sont deux adversaires de taille, mais que j’ai pour habitude de devancer. Cette fois ils sont devant, et j’avais du mal à comprendre pourquoi. Je me suis rendu compte que ma voiture glissait énormément, et je me doutais bien que, comme l’an dernier, cela provenait de l’autobloquant. »

Malheureusement, la semaine d’écart qui séparait le Col Saint-Pierre d’Abreschviller ne permettait pas à Jean de rectifier le tir. Sur l’épreuve lorraine, il allait devoir une nouvelle fois composer avec une 306 qui glissait exagérément : « D’une part la météo ne m’avantageait pas - sur le mouillé les voitures moins puissantes que la mienne tirent plus facilement leur épingle du jeu - et puis j’avais toujours ce souci de comportement de la voiture », explique Jean qui termine deuxième derrière la Clio de Thomas Schwarz.

Jean Turnel ne pouvait alors se résoudre à poursuivre sa saison dans ces conditions : « A l’issue de ces trois premières épreuves, j’ai pris conscience qu’il fallait rectifier le tir en termes de réglages, car pour ce qui est de l’autobloquant, c’était tout simplement catastrophique. » Il prenait la décision de démonter sa 306 et de remettre son autobloquant dans la configuration adoptée la saison précédente. Choix judicieux, puisqu’à partir de là, le pilote de la Peugeot allait accumuler les victoires de groupe.

Son premier succès de la saison aura pour cadre Hébécrevon, une victoire qui bien évidemment ne peut que pleinement le satisfaire : « Tout s’est parfaitement passé, les choses rentraient dans l’ordre et je pouvais enfin m’exprimer comme je le désirais. Je garde un excellent souvenir de mon week-end normand. »

Jean Turnel conservera également un excellent souvenir de La Pommeraye, épreuve qu’il disputait pour la première fois : « J’ai découvert ce tracé, et je me suis vraiment fait plaisir, notamment sur la deuxième partie. » Jean assimile vite, et sur un parcours humide, il se permettait d’accrocher la neuvième place du classement Production, terminant en tête du F2000, avec plus d’une seconde d’avance sur la Clio de Patrick Ramus.

Initialement, Jean Turnel avait prévu de prendre part à la Course de Côte de Saint-Gouëno. Mais en ce mois de mai, c’est un autre défi qui l’attendait : « Comme chaque année, avec mon épouse, nous parcourons une partie du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. Cette année, les amis avec qui nous partageons cette aventure, avaient prévu de partir en mai. J’ai donc renoncé à prendre part à Saint-Gouëno. » A raison de 200 kilomètres de marche chaque année, Jean et ses amis devraient atteindre Saint-Jacques de Compostelle en 2018.

Sur la Course de Côte de Marchampt en Beaujolais, Jean allait trouver un adversaire à sa taille en la personne de Julien Bayle. Les deux hommes se livraient un duel à coup de dixièmes, et c’est finalement notre vétéran qui aura le dernier mot : « Ce fut un week-end compliqué. Mes chronos n’étaient pas à la hauteur de mes attentes, et je reste persuadé que le boîtier électronique dont je dispose n’ai pas totalement performant. Je perds plus d’une dizaine de chevaux par rapport à l’an dernier. »

Même si sa 306 ne lui donnait pas entièrement satisfaction, Jean alignait les chronos, et à Vuillafans, c’est avec plus de quatre secondes d’avance sur Thomas Schwarz qu’il signait une nouvelle victoire de groupe : « C’est une épreuve que j’aime bien et que Thomas ne connaissait pas trop. Même si tout ne s’est pas passé comme je le désirais, j’ai passé un très bon week-end. »

A Dunières, on ne peut pas évoquer une domination, mais une réelle hégémonie de la part d’un Jean Turnel qui terminait en tête du F2000, avec plus de sept secondes d’avance la Xsara de Lionel Oniewski : « Il faut relativiser », commente Jean en toute humilité. « Il n’y avait pas une seule auto qui soit au niveau de la 306, de ce fait il était logique que je m’impose avec une avance conséquente. »

Au Mont-Dore, Jean devait composer avec une Peugeot qui lui donnait quelques soucis de comportement, dont il ne parvenait toujours pas à cerner l’origine : « Une nouvelle fois je n’étais pas dans mes temps de l’an dernier. Les réactions de la voiture me paraissaient par moment surprenantes. J’avais vraiment du mal à comprendre ce qui ne fonctionnait pas correctement. Le matin tout se passait bien, mais par la suite, rien n’allait plus. Je comprendrai, mais bien plus tard, que mes soucis provenaient de l’augmentation des températures », confie Jean qui termine à la deuxième place du F2000, à seulement 114 millièmes de la Honda Civic de Samuel Durassier.

Toujours en proie à des problèmes de comportement de sa 306, Jean doutait à l’heure de se rendre à Chamrousse. Mais sur l’épreuve iséroise, il parvenait à tirer parfaitement son épingle du jeu et à signer un nouveau succès de groupe : « Sous la pluie, par des températures assez basses, la voiture se comportait parfaitement. Mais sur le sec et alors que le thermomètre affichait des températures en progression, l’auto commençait à glisser de manière incohérente. C’était à ne rien y comprendre… Malgré tout je passe un excellent week-end, en signant de bons chronos sur le mouillé. »

A Turckheim, il retrouvait face à lui la Clio de Thomas Schwarz, qui ne pouvait rien faire pour approcher le rythme imposé par Jean : « Turckheim est une très belle course, et je ne peux être que content de mon week-end. Le plateau en F2000 était plutôt bien fourni, de quoi se faire plaisir et passer d’excellents moments pour terminer la saison. »

Cinquième du Championnat Production
A l’heure de faire les comptes, malgré un plateau en GTTS particulièrement relevé, Jean Turnel accroche la cinquième place du Championnat de France de la Montagne : « Il est évident qu’il me parait difficile de faire mieux », reconnait-il. « Je ne m’attendais absolument pas à terminer à cette position. Mon but était de finir en tête des F2000, mais je ne m’étais fixé aucun objectif au championnat. » En cette fin de saison, au moment de faire le bilan, Jean Turnel a enfin cerné l’origine des problèmes qui ont perturbé ses courses tout au long de l’année : « Je me suis rendu compte à Chamrousse que la voiture se comportait bizarrement, elle se déhanchait exagérément. J’ai compris alors que j’avais un problème sur un amortisseur qui était passablement dégradé. Dès que la température augmentait, il ne fonctionnait plus correctement, ce qui m’a valu des figures de styles assez surprenantes. »

A 70 ans, Jean n’a pas du tout l’intention d’évoquer une éventuelle retraite sportive : « Je prends énormément de plaisir sur les épreuves du Championnat de France de la Montagne. J’ai gagné le groupe en 1996, je récidive en 2016, apparemment les années en 16 me réussissent, donc j’attends impatiemment 2076 », lâche-t-il dans un large sourire. Mais avant cela, Jean devrait animer à nouveau les courses de côte nationales. Ce sera le cas en 2017 où on devrait le retrouver au volant de sa 306 sur le Championnat de France de la Montagne : « Je vais essayer de faire une saison quasi-complète, et de continuer à me faire plaisir. »

Un plaisir que Jean partage avec Colette, son épouse : « Je tiens à la remercier, car elle m’accompagne sur toutes les épreuves, et qu’elle gère l’intendance. Merci également à Michel et Charles, qui s’occupent de ma voiture tout au long de la saison. Et puis merci à tous les pilotes que je côtoie sur les week-ends de courses. On vit de beaux moments de partage, et c’est toujours avec un réel plaisir que je les retrouve. »


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