Au terme d’une saison marquée par les problèmes

Considéré comme la référence en groupe F2000, Jean Turnel avait pour objectif de remporter le Challenge Open et le trophée FFSA. Mission accomplie, mais dans la douleur, car une succession de problèmes sont venus perturber une saison qui fut finalement bien plus difficile que prévue.

Afin d’être dans les meilleures dispositions pour entamer une nouvelle campagne sur le Championnat de France de la Montagne, Jean Turnel procédait en début de saison à une révision complète de sa Peugeot 306 : « Nous avons révisé la boîte de vitesses, l’autobloquant, les amortisseurs, en fait nous avons fait un tour complet de la voiture pour être assuré qu’elle fonctionne parfaitement. »

Objectif le Challenge Open F2000
Malheureusement, malgré ce travail préparatoire, Jean Turnel n’allait pas être épargné par de nombreux problèmes qui viendront, au fil des épreuves, perturber sa saison. Un lot de déboires qui aurait pu compromettre ses prétentions initiales : « L’objectif pour moi était assez clair, je voulais terminer en tête des F2000 au Championnat, et remporter le Challenge Open F2000 », confit celui qui en 2014 et 2015 avait terminé deuxième de ce même Challenge, et qui l’an dernier s’était classé deuxième à nouveau, du Challenge Open Production Hors Catégorie.

Face à une concurrence qui ne disposait pas d’autos aussi compétitives sur le papier que sa Peugeot 306, Jean avait l’ambition d’accumuler le maximum de victoires de groupe sur les manches du Championnat : « Viser plus haut ne serait pas réaliste. Avec une 306 engagée en F2000, il n’est pas possible de rivaliser avec les surpuissantes GTTS », plaisante Jean.

A 70 ans passés, Jean Turnel dispose de temps libres, et comme chaque année, il avait bien l’intention d’être au départ de l’ensemble des épreuves inscrites au calendrier du Championnat. Pourtant, le pilote ligérien n’était pas au départ de la Course de Côte de Bagnols-Sabran, manche d’ouverture de la saison : « La voiture n’était pas prête, je devais terminer la révision complète avant de m’élancer sur le Championnat. »

Des succès, dans la difficulté
C’est donc sur le Col Saint-Pierre que l’on retrouvait Jean Turnel pour une première passe d’arme. A l’issue d’un rude combat, il remporte le groupe F2000, 53 millièmes devant Guillaume Peloux : « J’ai eu ma part de chance, car j’ai connu pas mal de problèmes et que les autres n’ont pas été épargnés », reconnait Jean. « Je devais composer avec de gros soucis d’autobloquant, et le comportement de la voiture était erratique. Guillaume Peloux est un excellent pilote, mais l’an dernier j’avais creusé un écart bien plus important, et pour cette édition nous n’avons pas été capables, ni lui ni moi, d’améliorer nos chronos. J’avoue que c’était incompréhensible. »

Ce n’est pas faire offense à Thomas Schwarz que de dire qu’il n’était pas en mesure, avec sa Renault Clio, de rivaliser avec Jean Turnel. A Abreschviller, c’est donc le pilote de la Peugeot qui signe cette fois un large succès : « C’est une course que j’affectionne. Tout ne fonctionnait pas comme je l’aurais souhaité, mais j’ai passé un très bon week-end », reconnait-il.

A Thèreval, Jean allait trouver un adversaire à sa mesure, en la personne de Samuel Durassier qui, au final, le devance de deux dixièmes : « J’avais toujours un problème avec l’autobloquant, et je ne comprenais toujours pas, à ce stade de la saison, pourquoi par moment la voiture m’échappait. A l’approche de certains virages, l’auto tirait droit, et à plusieurs reprises j’ai évité de peu la sortie de route. »

Soucis d’autobloquant, amortisseurs peu performants, Jean Turnel décidait de faire l’impasse sur la Course de Côte de La Pommeraye, afin de réviser ses suspensions. C’est donc à Saint Gouëno qu’il retrouvait les animateurs du Championnat, et son adversaire de Thèreval, Samuel Durassier. Cette fois, c’est Jean Turnel qui sera le plus rapide et qui devancera la Honda de son rival de deux secondes cinq : « Mais même si je m’impose, je ne peux pas être totalement satisfait car le comportement de ma 306 était toujours très incohérent. »

Le combat entre Jean Turnel et Samuel Durassier se poursuivait sur la Course de Côte de Marchampt en Beaujolais, où Jean parvenait à devancer son adversaire de 670 millièmes : « Nous avions enfin résolu mes problèmes d’autobloquant, et tout se présentait sous les meilleurs auspices. Mais sur la dernière montée, j’ai eu des problèmes de coupures moteur. » Un mal en chassait un autre, puisque Jean, pour qui les problèmes de comportement étaient enfin résolus, devra par la suite composer avec un moteur récalcitrant.

Jean Turnel ne tire pas de gloire de sa large victoire à Vuillafans, où il devance Christian Boullenger de plus de quatre secondes : « L’écart entre nos voitures est trop important pour que je puisse m’enorgueillir de ce succès. Il est assez logique… Ce que je retiens avant tout, c’est que lors des essais je suis tombé en panne de moteur sur chacune des montées, ce qui n’était pas très prometteur pour la suite. J’avoue que je n’ai toujours pas compris pourquoi l’auto a par la suite fonctionnait correctement en course. »

Dunières sera l’une des rares épreuves de la saison durant laquelle Jean Turnel sera épargné par les problèmes. Avec une 306 performante et dont la motricité ne lui faisait pas défaut, il remporte le groupe F2000 devant la Volkswagen de Michael Gley : « J’ai passé un excellent week-end, tout a parfaitement fonctionné. »

Les épreuves auvergnates s’enchainaient, mais n’allaient pas se ressembler pour Jean Turnel qui, à nouveau, voyait son moteur lui causer quelques inquiétudes : « Sans savoir pourquoi, les coupures moteur sont réapparues. Cela me pénalise évidemment et je n’ai pas été en mesure de signer les chronos que j’espérais », explique Jean qui termine deuxième du F2000.

Jean attendait alors impatiemment l’épreuve de Chamrousse, sur laquelle il espérait bien que sa Peugeot retrouve de sa superbe : « Là c’est totalement incompréhensible. Sur la première montée d’essais, j’ai à nouveau des coupures moteur, alors que sur la deuxième elle tourne comme une horloge. » Ragaillardi par une auto à la hauteur de ses attentes, Jean décidait dimanche matin de jeter toutes ses forces dans la bataille : « J’ai attaqué vraiment fort, et d’un coup la voiture m’a échappé. Je ne suis pas capable de dire si j’ai eu précédemment une coupure moteur ou un problème quelconque, le fait est qu’elle m’a échappé sans que je ne puisse rien faire. »

Le décrochage de la Peugeot se terminait par une sortie de route qui entrainait l’abandon de son pilote : « J’ai eu une casse d’amortisseurs et une rupture de rotule de direction. Le bas de caisse a également souffert. Il ne restait plus que Turckheim et Limonest pour boucler la saison, mais nous n’avions pas suffisamment de temps pour réparer, et j’ai donc décidé d’arrêter là. »

Jean remettra son titre en jeu en 2018
Même si Jean Turnel a été stoppé dans son élan, et que sa saison a connu un terme prématuré, elle lui permet tout de même d’atteindre ses objectifs. Il remporte en effet le Challenge Open F2000 et le Trophée FFSA du groupe : « Même si je parviens à terminer en tête, je considère que cette saison est moins bonne que la précédente. Je ne peux pas être pleinement satisfait d’une saison durant laquelle j’ai accumulé les problèmes. A l’origine, je disposais d’une auto avec laquelle je pouvais prétendre remporter le groupe sur chaque épreuve. J’ai certes signé des victoires, mais ce fut beaucoup plus difficile que prévu. Et puis quand je vois les plateaux du F2000 sur les deux dernières manches sur lesquelles j’étais absent, j’ai de quoi avoir des regrets, car je pense que la victoire était à ma portée. »

On le voit, à plus de 70 ans, Jean Turnel n’a rien perdu de sa combativité. Et qu’on ne lui parle pas de retraire sportive, le pilote de Essertines-en-Châteauneuf ne compte pas mettre un terme à sa carrière : « J’aurais bien voulu vendre la 306 est passé à autre chose, mais je ne sais pas vraiment quoi… Donc, je pense que je vais repartir en 2018 avec la même voiture pour une nouvelle campagne sur le Championnat de France de la Montagne. Pour être tout à fait honnête, j’aurais bien aimé disputer une saison au volant d’une Peugeot 306 Kit-Car groupe A, histoire de me faire plaisir. Mais il faut être réaliste, ce n’est pas dans mes moyens. Je vais donc me contenter de ma 306 actuelle qui, lorsqu’elle fonctionne correctement, me donne de belles satisfactions. »

La pause hivernale sera bien utile pour gommer les problèmes qui ont sérieusement perturbé cette année l’un des vétérans du Championnat : « A ce jour, les problèmes de coupures moteur ne sont toujours pas résolus, et l’on n’en connait pas l’origine. Il va donc falloir travailler sérieusement là-dessus. »

Apprécié par l’ensemble des Montagnards pour sa gentillesse et sa discrétion, Jean Turnel sera à nouveau de la partie en 2018. Il sera une nouvelle fois accompagné sur les épreuves par Colette, son épouse : « Je tiens à la remercier car elle assure l’intendance et m’est d’une aide précieuse lors des assistances. Un grand merci à tous ceux qui m’ont aidé durant la saison, et notamment à la famille Poinsignon qui m’a proposé son aide lorsque j’ai connu des problèmes. Un grand merci à eux pour leur bienveillance et leur compétence qui m’ont permis de me sortir de certains faux-pas. Merci également à la famille Dupont, Sébastien et ses parents, qui sur chaque épreuve nous gardent un emplacement à leurs côtés et avec qui nous partageons nos repas, souvent dans leur camping-car quand la météo est capricieuse. »

Propos recueillis par Bruno Valette

Retrouvez le portrait et le bilan 2016 de Jean Turnel.


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