A l’issue d’une saison compliquée et douloureuse

Il aura fallu à Martine Hubert une volonté de fer pour aller chercher son troisième titre consécutif de Championne de France de la Montagne. Victime d’une fracture du scaphoïde en début de saison, la pilote normande voyait ses objectifs sérieusement compromis. Mais il en faut plus pour ébranler la détermination de Martine qui, loin de renoncer, fera preuve d’une incroyable opiniâtreté pour dépasser la douleur et finalement réaliser ses prétentions.

Alors que la majorité des animateurs les plus acharnés du Championnat de France de la Montagne s’était donné rendez-vous à Bagnols-Sabran pour l’ouverture de la saison, certains s’étonnaient de l’absence de Martine Hubert. Ce n’est pourtant pas de gaieté de cœur que la Normande devait renoncer à prendre le départ de l’épreuve gardoise : « Les deux premières épreuves de la saison se déroulent à quinze jours d’écart, et se situent pour moi à l’autre bout de la France. L’éloignement et le manque de budget ne pouvait pas nous permettre d’être présents à Bagnols-Sabran », regrette Martine.

C’est donc sur les pentes du Col Saint-Pierre, manche européenne du Championnat de France, que Martine retrouvait le volant de sa Norma M20 à moteur 3 litres. Dimanche matin, sur la première montée de course, Martine s’élançait avec la ferme intention de défier les autres CN/3. Mais en voulant retarder un freinage, elle partait en tête-à-queue. La Normande parvenait à conserver la voiture sur la route, mais ne pouvait éviter un retour de volant, et un choc violent au niveau de la main droite : « Au Col Saint-Pierre, je commets une erreur par manque de roulage et la découverte d’un nouveau type de plaquette de frein qui ne me convenaient pas. Un excès d’optimisme se traduit par une erreur qui me coute une fracture du scaphoïde. »

Une fracture qui ne sera diagnostiquée que plus tard, à l’issue du week-end. Inconsciente du mal dont elle souffre, et malgré la douleur, Martine poursuit sa course : « Je termine les deux autres manches en améliorant mon temps de 2014, sur la course qui fut pour moi, la plus compliquée du championnat », analyse-t-elle.

La fracture du scaphoïde dont elle est victime se traduit par un passage incontournable sur la table d’opération : « Mon chirurgien est un vrai magicien ! Trois semaines seulement après l’intervention chirurgicale, j’étais en mesure de reprendre le volant pour m’aligner au départ de la Course de Côte de La Pommeraye. »

Absente à Bagnols-Sabran, forfait à Abreschviller et Hébécrevon, Martine loupait trois rendez-vous de la première partie de saison, un moindre mal compte tenu de la gravité initiale de sa blessure. Mais si la fracture était bel et bien réduite, la douleur elle était toujours omniprésente. Pour la pilote de Cherbourg, le rendez-vous de La Pommeraye s’annonçait ardu : « La douleur était intense, et avec le manque de force dans le poignet, j’ai passé un week-end difficile, mais la victoire de classe devant Benjamin Vielmi m’a remis en confiance », avoue Martine.

Tout laissait augurer une meilleure deuxième moitié de saison pour la Normande qui espérait bien renouer avec ses chronos de l’année précédente : « Je pensais pouvoir retrouver ’’mes marques’’ rapidement, et poursuivre le championnat pour défendre mon titre de championne de France en 2015, en restant dans le top 10 », confie  Martine. « Malheureusement, le manque de budget et la crainte de commettre une nouvelle erreur qui aurait condamné définitivement ma saison, ne m’ont pas permis de me lâcher comme en 2014. »

Touchée dans sa chair, Martine allait également prendre un coup au moral avec une deuxième partie de saison particulièrement noire pour les Montagnards : « J’avoue que mon mental était éprouvé, car le monde de la côte a été durement touché durant la saison 2015. Nous avons perdu deux pilotes, Simon (McKinley) et Otakar (Kramsky), et la discipline a également été endeuillée par les disparitions de Tof (Christophe Henry, l’organisateur d’Abreschviller, Ndr) et de mon ami Bernard Desray… Cela fait beaucoup pour notre famille. »

Malgré la douleur et un moral en berne, Martine, égale à elle-même, ne songeait pas une seule minute à jeter l’éponge pour mettre un terme à une saison particulièrement compliquée : « Toute la saison, j’ai tenté de me battre contre mes amis du CN/3, mais je n’ai remporté cette année qu’une victoire de classe. La lutte fut plus intense au Mont Dore ou j’étais en tête sous la pluie, mais seulement deuxième sur le sec », rappelle Martine.

« La dernière épreuve à Turckheim fut vraiment superbe avec cinq CN/3 au départ. Ce fut très serré tout au long du week-end. Avant le départ de la dernière manche, j’occupais la deuxième place derrière David Meillon. Au final, je termine quatrième, devant Benjamin Vielmi, et à seulement 72 millièmes de la deuxième place. Quatre pilotes dans la même seconde sur la course la plus longue du Championnat ! Grosse bagarre ! »

Pour ce qui est du bilan de cette saison 2015, il est évidemment mitigé. Sixième du Championnat l’an dernier, derrière trois CN+ et deux F3000 intouchables, Martine savait qu’elle ne pouvait prétendre à mieux au volant de sa Norma à moteur 3 litres. Mais elle espérait faire aussi bien : « Mon troisième titre de championne me réconforte, malgré l’amertume de finir seulement quatorzième du championnat, alors que mon ambition était de terminer dans le top 10. »

Si Martine résume cette saison 2015 en deux mots : « Compliquée et douloureuse », elle ne cache pas que cette année fut également marquée par des moments fort en émotion : « Nous avons répondu présents à l’invitation de Mr Jean-Claude Doillon qui a eu la gentillesse de nous accueillir et inviter au sein de l’établissement de l’E.N.A de Strasbourg pour exposer notre véhicule et participer à la journée de soutien à l’association « Enfants Cancers Santé ». Nous continuerons, bien évidemment, à soutenir et promouvoir cette grande cause. »

Martine Hubert a déjà les yeux tournés vers 2016, et sur la suite qu’elle donnera à sa carrière. Une suite qui dépend en grande partie des soutiens dont elle peut bénéficier : « Notre Norma 3 litres est à vendre… Mais il reste du chemin à parcourir pour l’achat de ma nouvelle monture. En tout état de cause, si je n’obtiens pas de soutiens financiers supplémentaires, ma participation au Championnat de France de la Montagne 2016 reste incertaine. »

Martine sait toutefois pouvoir compter sur des soutiens régionaux toujours fidèles : « Les carrosseries Poutas et Ermisse, Autovision Tourlaville, le Casino de Cherbourg, m’apportent leur aide. J’ai pu bénéficier d’un soutien amical de Super U La Pommeraye et des gestes sympathiques du Domaine de Lascamp, du Garage Montavon à Glovelier en Suisse, de la Scierie du Moulin à Dunières, sans oublier Motul qui reste fidèle à notre équipe… Mais pour pouvoir défendre mes chances, je dois disposer de l’appui de nouveaux partenaires », explique Martine.

« La saison 2016 restera un tournant dans ma carrière, car mes trois titres de Championne de France ne m’ont permis de valoriser mon image auprès de nouveaux sponsors », regrette-t-elle.

Les projets ne manquent pas pour la structure de Martine Hubert qui, en vraie passionnée de courses de côte, met tout en œuvre pour créer une véritable émulation autour de la discipline : « Notre association JMH Sport Evolution, destinée à encadrer notre activité sportive, poursuit son développement. A ce titre, nous construirons prochainement une page Facebook qui communiquera régulièrement sur nos projets et résultats. Je sais pouvoir bénéficier de l’aide précieuse de Raymond Marin, qui gère MVP / Micro Vidéo Publicité, pour m’assister dans la communication et la recherche de budget. »

« Nous finalisons également un projet de location de notre Norma 2 litres, et le suivi d’un pilote qui évoluera sous nos couleurs en 2016, dans le cadre d’un programme en coupe de France de la montagne ainsi que quelques épreuves du championnat de France », poursuit Martine.

« Le dossier concernant notre projet d’une équipe féminine en championnat de France de la montagne est toujours d’actualité… Il nous reste à trouver « la pilote » et le budget pour encadrer le programme », précise Martine qui tient à souligner que, là encore, l’implication de partenaires est vitale pour mener à bien l’ensemble de ces projets.

Si la période est difficile, Martine ne veut pas désespérer. Elle a comme atouts sa pugnacité, le soutien d’une équipe surmotivée, du talent à revendre et un palmarès plus qu’enviable qui pourrait susciter l’intérêt de futurs partenaires : « Ma passion et mes ambitions restent intactes, mais il nous faudra compter sur de l’aide si nous voulons continuer cette belle aventure… Nous croisons les doigts », conclut la triple Championne de France.


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