Jérémy Avellaneda fait rugir le V6

Le pari était osé ! Engager une Mitjet Supertourisme sur le Championnat de France de la Montagne signifiait relever un nouveau challenge au volant d’une voiture jamais vue sur le CFM. Jérémy Avellaneda a su parfaitement s’acquitter de la tâche qui lui incombait en terminant neuvième du Championnat Production, deuxième du Challenge Open GTTS/3.

Jérémy Avellaneda n’a pas trente ans mais dispose déjà d’un enviable palmarès. En 2016, il abordait le championnat au volant d’une Mitjet avec laquelle il remportait le Challenge Open GTTS/1, se permettant le luxe de monter sur le podium du GTTS à l’occasion de son épreuve à domicile, la Course de Côte de Bagnols-Sabran. Il terminera deuxième de ce même challenge en 2017, avant de se tourner vers le circuit pour prendre part à la série Mitjet International. En 2022, c’est au volant d’une BMW M3 groupe N que le moniteur de pilotage de la structure Styl&Grip s’engageait sur le Championnat de France de la Montagne. Avec un calendrier minimal de six courses, le Bagnolais ne pouvait afficher de réelles ambitions mais reconnaissait qu’il avait pris énormément de plaisir à retrouver sa discipline de prédilection.

Pour la saison 2023, Jérémy souhait poursuivre son implication, et s’installer derrière le volant d’une Mitjet. Mais changement de taille, ce ne sera pas avec une ''petite bombe'' disposant d’un moteur de moto qu’il allait exprimer son talent, mais avec une Mitjet Supertourisme propulsée par un moteur V6 : « La BMW m’avait permis de me remettre le pied à l’étrier après la coupure due à la Covid », débute Jérémy Avellaneda. « Mais j’avais envie de m’essayer avec une auto plus performante. Nous proposons des stages de pilotage aux volants de Mitjet 2 litres, il me paraissait donc cohérent de rester fidèle à la Mitjet. C’était dans la continuité de ce j’avais fait jusqu’alors en course de côte, et de ce que je fais dans le cadre de mon activité avec Styl&Grip », explique le Gardois.

En optant pour une Mitjet Supertourisme V6 Jérémy savait qu’il allait devoir relever un défi puisque la voiture n’avait jamais été vue jusqu’alors en course de côte : « C’était un pari que je trouvais plutôt sympa », estime Jérémy qui se portait acquéreur d’une voiture issue du circuit. « Je pensais alors que j’avais entre les mains une auto prête à courir, alors qu’en fait du côté des réglages c’était juste catastrophique. Les quelques tours d’essais préparatoires menés sur le circuit du Pôle Mécanique d’Alès laissaient entrevoir de bonnes choses, mais une fois sur le championnat, ce ne sera pas du tout le cas. »

Un championnat que Jérémy Avellaneda abordait sans réels objectifs, n’étant pas en capacité de savoir quel serait le niveau de compétitivité de sa Mitjet Supertourisme : « La priorité était de présenter une auto plus performante que celles que j’avais eues l’occasion d’aligner jusqu’à présent. La Mitjet à moteur V6 était selon moi un excellent compromis en termes de poids / puissances. Le projet paraissait assez dingue, mais je n'avais pas d’idées précises en ce qui concerne les performances de la voiture. Dans mon esprit, j’avais la quasi-certitude de pouvoir jouer dans le top 10 du Production. »

Premier podium en CFM
Natif de Bagnols-sur-Cèze, Jérémy Avellaneda espérait évidemment être en capacité de se mettre en avant sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran, manche d’ouverture de la saison : « Ce fut très compliqué. Dès la première montée d’essais alors que je pensais que je disposais de bons freins, je tire droit dans le premier gauche. Ensuite nous avons très rapidement pris conscience que l’auto n’était pas réglée, que rien ne fonctionnait comme nous aurions pu l’espérer », confie Jérémy qui parvient tout de même à terminer cinquième du Production et qui remporte la classe GTTS/3.

Géométrie, parallélisme, aérodynamisme, freins, trains roulants, un fastidieux travail était entrepris sur la Mitjet avant qu’elle n’aborde le long tracé du Col Saint-Pierre : « Nous avons programmé une séance d’essais avant de nous rendre à Saint-Jean-du-Gard, et il nous semblait que tout allait dans le bon sens…» Le travail paie, Jérémy allait récolter les fruits de son investissement en accrochant sur le Col Saint-Pierre son tout premier podium sur une manche du Championnat de France de la Montagne : « Pour être honnête je manquais encore de train avant. Mais j’ai confié la voiture aux mains expertes du Krafft Racing. Nous avons alors testé une solution qui s’est avérée payante. »

Bien évidemment en terminant troisième du Col Saint-Pierre, Jérémy ne pouvait qu’être enthousiaste pour la suite de la saison : « Là je savais que je disposais d’une voiture compétitive. Et puis émotionnellement c’est fort de signer son premier podium sur une épreuve aussi mythique que le Saint Pierre. C’est une énorme récompense pour tous ceux qui ont bossé à nos côtés. »

Malheureusement, Jérémy allait très vite déchanter. A l’issue du Saint Pierre, on lui demandait de se conformer à une nouvelle réglementation qui l’obligeait à embarquer 70 kilos de lests : « Ça change radicalement la donne… Nous avions misé sur une auto légère et performante, qui à l’origine affichait 940 kilos. Là, on dépassait allégrement la tonne, ce qui bien évidemment nous pénalise parce que dans le même temps la puissance du moteur restait la même. Je passais donc d’une voiture qui proposait un compromis poids / puissance idéal, à une auto qui n’était alors plus performante. »

Et cela allait se ressentir dès la Course de Côte de Marchampt où Jérémy ne sera jamais en capacité de se battre pour le podium : « Ce fut un week-end très frustrant. Sur un tracé aussi rapide je pensais ne pas être réellement à la fête sans le lest, là j’étais carrément pénalisé. Avant même le départ, tu sais que tu vas prendre entre une seconde et une seconde cinq, pas de quoi réellement se motiver », regrette Jérémy qui se classe neuvième du Production et deuxième de la classe GTTS/3.

Même si elle perdait en performance, sur un tracé aussi sinueux que celui de Dunières, la Mitjet avait quelques atouts à faire valoir : « De ce fait c’était un peu moins pénalisant pour moi. Je ne dirais pas que ce fut plus facile, je dirais que ce fut moins difficile, ce qui permet de relativiser. Sur un tracé où la puissance du moteur est moins primordiale, je suis parvenu à réduire l’écart avec les ''grosses'' GTTS », analyse Jérémy qui tout au long du week-end sera en progression.

Le Mont-Dore compte parmi les épreuves préférées de Jérémy Avellaneda qui espérait bien tirer profit du second rendez-vous auvergnat pour se mettre en valeur. Et même si le week-end se résumait à deux montées de courses, il sera d’entrée de jeu performant, ce qui lui permettait de terminer au cinquième rang : « La gestion du week-end fut complexe, mais en termes de résultats je ne peux que me réjouir de cette cinquième place. »

La tracé alpin de Chamrousse favorise les moteurs et Jérémy Avellaneda savait qu’il lui serait difficile de jouer aux avant-postes : « Mais rien que pour le cadre et l’environnement on sait que l’on va passer un bon week-end. Je termine huitième, alors que mon objectif était de rentrer dans le top dix sur toutes les épreuves. Ce sera le cas à Chamrousse comme ce fut le cas sur les épreuves précédentes. »

Et ce sera une nouvelle fois le cas à Limonest où Jérémy Avellaneda terminait sa saison par une septième place : « Je n’ai pas pu me rendre à Turckheim parce que nous étions en pleine préparation d’une épreuve de la Mitjet International. Donc à Limonest je termine sur un tracé que j’apprécie plutôt bien. Les gars devant avaient évolué et devenaient intouchables, je suis donc content de terminer la saison à cette position. »

S’il n’a pas eu l’occasion d’évoluer cette saison sur d’autres disciplines, Jérémy Avellaneda a en revanche fait rouler un jeune pilote sur la Mitjet International : « Dans le cadre du Championnat GT4, nous avons préparé l’entrée en compétition de Mathis Barrault, un jeune pilote de 16 ans. C’était sa première course, mais également notre première implication dans la série. Et à Lédenon nous avons remporté notre première course en Mitjet International et nous avons signé également trois podiums. » La structure Styl&Grip jouit d’ailleurs d’une excellente renommée, et il n’y a rien de surprenant de voir que ''Le Tone'', présentateur de l’émission Top Gear France, avait choisi l’entité gardoise pour disposer d’une Mitjet 2 litres à l’occasion des récents Cévennes Race Track.

Dans le top 10 du Championnat production
Durant cette saison 2023, Jérémy Avellaneda n’a eu l’occasion de prendre part qu’à sept manches du championnat. Cela ne l’empêche pas, au final, de se classer au neuvième rang du Championnat de France Production, deuxième du Challenge Open GTTS/3 : « Après le Mont-Dore et Chamrousse, sachant que je ne viendrais pas à Turckheim, en consultant les classements je me suis dit que j’avais quand même la possibilité de terminer dans le top 10. Ça sera le cas, donc objectif atteint et ça c’est génial. Pour le reste j’ai vécu une super saison, tant du côté sportif que sur l’aspect convivialité, ambiance, partage. Je suis revenu cette année avec en tête l’idée de voir si je pouvais rivaliser avec les ''patrons'' de la catégorie. Et finalement je me suis rendu compte que c’était jouable. Ce fut une super saison de réglages avant la suite. »

La suite, elle se déroulera toujours au sein du Championnat Production que Jérémy Avellaneda compte bien animer la saison prochaine : « La Mitjet Supertourisme est à vendre. Nous avons de nouveaux projets que nous devons finaliser. L’objectif pour moi est de repartir en GTTS/4 », confie le Gardois qui attend que les contours de ce futur projet soient clairement définis avant de faire une annonce.

Durant cette future saison, Jérémy Avellaneda sera soutenu par ceux qui lui sont fidèles depuis de nombreuses saisons : « Un immense merci à Jean-Pierre Vasile et l’équipe Styl&Grip, à mon père, mes amis, ma famille et mes fidèles partenaires avec une mention spéciale pour John de JTN (John Transports Négoces) pour son soutien depuis le début », conclut Jérémy.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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