Goodbye Formule Renault, Hello Norma !

Après une année d’apprentissage sur notre Championnat en 2015, Charlie Martin revenait cette saison avec comme objectif de mettre à profit son expérience de la saison précédente. Cette deuxième saison passée au volant de sa Formule Renault, a incité la pilote britannique à franchir un cap supplémentaire, et à évoluer dans une catégorie supérieure l’an prochain…

C’est sur les bancs de l’école, qu’enfant, Charlie Martin se liait d’amitié avec un camarade de classe dont le père vouait une vraie passion au sport automobile. Une passion qu’il assouvissait sur les courses de côte britanniques, au volant d’une Morgan threewheeler, voiture des plus originales, puisqu’elle dispose de deux roues à l’avant et d’une seule à l’arrière.

Tombée sous le charme de la compétition, Charlie ne manquait pas de suivre son ami sur les courses. Elle découvrait alors la diversité et le charme si particulier des épreuves britanniques. Durant près de dix ans, pour rien au monde, elle ne ratait ses rendez-vous dominicaux, et lorsque son ami prenait la succession de son père derrière le volant, c’est dans le baquet de gauche (oui, nous sommes en Grande-Bretagne), qu’elle l’accompagnait à plusieurs reprises.

L’envie de s’installer derrière le volant commençait à germer dans l’esprit de Charlie. Un voyage en France et la découverte des 24 Heures du Mans influençait définitivement son choix : Charlie allait courir, et ce serait en France, pays dont elle était tombée sous le charme.

Première expérience au volant d’une 205.
Mais avant de disputer ses premières courses dans l’hexagone, c’est sur le Loton Park Championship qu’elle faisait ses premières armes au volant d’une Peugeot 205. La jeune britannique ayant particulièrement apprécié la convivialité qui régnait en Course de Côte, c’est tout naturellement qu’elle se dirigeait vers cette discipline. Charlie réussissait son apprentissage de la compétition, puisqu’elle l’issue de sa première saison, elle se classait deuxième ’’Rookie’’, le classement réservé aux pilotes débutants.

Charlie Martin allait poursuivre son apprentissage, durant quatre saisons, sur le Hillclimb Leaders Championship, épreuve de doublure du Championnat Britannique des Courses de Côte. Au terme de ces quatre années, elle se séparait de sa 205 pour acquérir une Westfield, auto qui peut s’apparentait aux Caterham que l’on voit évoluer sur notre championnat, et qui lui permettait d’appréhender le pilotage d’une propulsion.

En 2014, elle disputait sa première épreuve sur le sol français, en s’engageant à Saint-Gouëno où, pour sa première participation, elle remportait sa classe en signant par la même occasion un nouveau record dans la catégorie.

Sa belle performance, l’accueil reçu à Saint-Gouëno, la longueur du tracé… Tous ces éléments feront que Charlie repartait de l’épreuve bretonne avec une seule idée en tête : Disputer le Championnat de France de la Montagne. Mais dans l’esprit de Charlie le défi semblait impossible à relever, et c’est en voyant ses compatriotes Paul Buckingham et Colin Le Maitre s’illustrer sur plusieurs manches de notre Championnat, qu’elle décidait qu’elle aussi serait de la partie.

Le Championnat de France en Formule Renault
La Westfield n’étant pas homologuée en France, Charlie portait son choix sur une Formule Renault, une auto qui ne lui paraissait pas trop compliquée, compte tenu de son niveau d’expérience tant derrière le volant que dans le rôle de mécanicienne. Et c’est donc avec cette Formule Renault qu’en 2015 elle prenait part à huit manches du Championnat de France de la Montagne. Une première saison durant laquelle Charlie allait découvrir les épreuves et le maniement de sa nouvelle monture.

Enchantée par cette première saison, Charlie Martin décidait de rééditer cette année, et de repartir pour une nouvelle campagne française, toujours au volant de sa Formule Renault. L’objectif de la pilote britannique était alors d’améliorer les chronos réalisés en 2015 : « Cette première saison m’aura permis de me familiariser avec les épreuves françaises, et notamment de savoir aborder des courses dont les tracés sont beaucoup plus longs que ceux que l’on trouve en Grande-Bretagne », confie Charlie. « Même si j’étais enchantée d’avoir pu disputer ce championnat, je dois reconnaitre que par moment ce fut assez compliqué. Je revenais donc cette année avec l’intention de mettre à profit l’expérience engrangée au cours de cette première saison. »

La confrontation avec les animateurs de la Formule Renault lui faisait également prendre conscience que sa Tatuus ne bénéficiait pas des meilleures évolutions. Charlie profitait donc de la pause hivernale pour parfaire le développement de sa monture : « J’ai compris qu’il était nécessaire d’améliorer mes rapports de boîte de vitesses, d’apporter des modifications sur l’aérodynamique, également sur l’extracteur, et d’assouplir les suspensions. » Pour cela, Charlie confiait sa Tatuus aux bons soins de l’équipe JWA Racing, située à Stafford, qui allait intervenir sur ces différents domaines. « De plus, ils m’ont ajouté un afficheur de rapport de boîte nettement plus visualisable, ce qui m’apportait un confort de conduite. » Pour ce qui est de ses prétentions dans le Challenge Open, Charlie ne visait pas la victoire : « Je dois encore m’améliorer, mais j’avais pour ambition de me classer en milieu de tableau. »

Avant de se rendre à Hébécrevon, où elle devait disputer la première épreuve inscrite à son calendrier, Charlie disposait d’une seule journée d’essais sur le petit aérodrome de Curborough, durant laquelle elle ne parvenait à boucler qu’une dizaine de tours, sous la pluie : « J’ai rencontré des problèmes de batterie, et nous avons dû écourter nos essais. Je me suis donc rendue en France, sans avoir la certitude que la voiture fonctionnait correctement. »

Mais l’épreuve normande allait rapidement rassurer notre Anglaise, qui reconnait s’être sentie bien plus en confiance au volant. Deuxième derrière Sarah Louvet, Charlie ne pouvait être que ravie par ce début de saison : « C’est pour moi un excellent résultat, je ne peux être que contente de terminer derrière Sarah qui est une pilote très rapide. Et puis à ce moment-là, moi je débutais la saison alors que Sarah et Estel avaient déjà quelques épreuves à leur actif, il m’était donc difficile d’être aussi performante. Vraiment, je suis très satisfaite du résultat. »

Au mois de mai, Charlie découvrait un autre aspect des charmes de notre beau pays. Les grèves qui touchaient la France durant le printemps, ont bien failli compromettre la participation de Charlie Martin à La Pommeraye. Mais elle parvenait à rejoindre l’Anjou pour son deuxième rendez-vous de la saison : « J’ai très bien débuté le week-end, puisque samedi, à l’issue des essais, je me retrouve deuxième derrière Estel. Mais dimanche, les conditions météorologiques n’ont pas facilité le choix des pneus, et si on doit tirer un grand coup de chapeau à Rémi (Béchadergue) qui a été un très bon tacticien et a su attaquer fort d’entrée de jeu, moi je fais partie de ceux qui se sont trompés dans les choix de gommes. »

A Saint-Gouëno, Charlie se retrouvait sur le terrain de ses premiers exploits, mais également sur une épreuve où, l’an dernier, elle avait été victime d’une sortie de route : « En 2014 j’ai connu une exceptionnelle réussite, mais l’an dernier j’ai cassé la voiture », se souvient-elle. « Pour cette édition, je me devais d’être très exigeante avec moi-même dans l’approche de la course. Dans mon esprit, je ne devais pas prendre tous les risques, mais malgré tout attaquer suffisamment pour accrocher un bon résultat. » Et l’attaque sera payante, puisque Charlie se classait deuxième des Formule Renault, juste derrière Sarah Louvet : « Je garde le souvenir de la montée en essais libres du dimanche matin, disputée dans le brouillard, et où sur ’’le Pas de Saint-Gouëno’’ on ne voyait absolument rien. Ça restera un moment fort, gravé à jamais dans ma mémoire. »

Après les trois courses de l’Ouest, c’est à Marchampt en Beaujolais que l’on retrouvait Charlie Martin. La Britannique reconnait que ce tracé, rapide, long et technique, n’est pas le plus facile à aborder. Loin de ses bases anglaises, elle a particulièrement apprécié la présence de Yann Marchand, et de sa famille, qui n’allait pas manquer de l’épauler tout au long du week-end : « Nous avons fait une bonne équipe », analyse Charlie. Mais la Britannique allait se confronter, sur la piste, à un véritable casse-tête : « J’ai énormément de mal à passer la première épingle, et durant tout le week-end je bute à cet endroit. L’an dernier, il m’avait fallu énormément de temps avant de trouver la bonne trajectoire, il en sera de même cette année. Mais mon objectif était de passer sous la barre des 1’50’’, et j’y suis parvenue lors de la dernière montée. De ce fait, je suis contente de mon résultat, même si j’aurais bien voulu aller plus vite. »

Charlie Martin ne cache pas son affection particulière pour la Course de Côte de Vuillafans. La pilote britannique conserve d’excellents souvenirs de sa participation en 2015, notamment de l’accueil qui lui a été fait, et des paysages de Franche-Comté : « Malheureusement j’ai commis quelques erreurs durant le week-end. Dimanche matin, j’ai bien failli faire un tête-à-queue sur la première épingle droite, et je savais donc que mon chrono ne serait pas très bon. Par la suite, j’ai compris que nous n’aurions pas l’opportunité de faire une troisième montée, et j’ai donc tout donné sur la deuxième. » Charlie sortait l’attaque, reconnaissant même que par moment elle était certainement au-delà de la limite sur ce tracé : « Et puis, à l’approche d’une courbe, j’ai eu quelques soucis de visibilité dus au soleil rasant. Je suis rentrée dans un virage sans vraiment voir mais en étant persuadé que ça passait. » Malheureusement, sortie trop large, la Britannique heurtait le flanc de la montagne et endommageait sa Formule Renault : « C’est d’autant plus dommage, que je suis persuadée que si j’avais rejoint l’arrivée, le chrono aurait été très bon. »

La prochaine épreuve qui attendait Charlie Martin était la Glasbachrennen, épreuve disputée en Allemagne début août. Problème, à l’issue de Vuillafans, la Formule Renault, en piteuse état, se trouvait en Franche-Comté et Charlie devait dès le lundi matin rejoindre l’Angleterre : « Je ne savais vraiment pas quoi faire, et Cyrille (Frantz) m’a proposé de récupérer la voiture et de la réparer. Je ne le remercierais jamais assez pour le travail qu’il a accompli. J’en profite pour remercier également tous ceux qui, par leurs messages sur les réseaux sociaux, m’ont permis de garder le moral et la motivation. »

Après l’épreuve disputée à Glasbach, Charlie retrouvait ses acolytes de la Formule Renault sur le Mont-Dore, où elle allait vraiment se faire plaisir : « Grâce à Yann Marchand, qui m’a prêté sa voiture, j’ai pu reconnaitre le tracé. De ce fait j’étais en confiance, samedi, au départ des essais », avoue Charlie. « Avec l’amélioration que nous avions apportée à la boîte de vitesses durant l’hiver, j’ai eu de meilleures sensations cette année sur le Mont-Dore. Malgré tout, j’ai encore connu quelques soucis avec mes rapports de boîte, et de ce fait c’était un peu frustrant de voir les autres me filaient devant. Mais j’ai tout de même vécu un week-end fabuleux, dans un environnement magnifique et une météo parfaite. »

A l’approche de la Course de Côte de Turckheim, dernière manche du Championnat, Charlie Martin s’était fixé un objectif, celui de devancer Thierry Bertin, et donc de terminer devant lui au classement du Challenge : « Nous nous sommes livrés une magnifique bagarre. Mais pour moi, Turckheim était avant tout un dur retour à la réalité. Avant cette épreuve, j’ai disputé deux courses au sein du Team de Simone Faggioli, dans une équipe où tu n’as rien à faire que de te préoccuper de ton pilotage. Et là, il fallait à nouveau que je gère tout, toute seule. Ce n’était pas évident parce que j’ai vraiment dû bosser dur », confie-t-elle. « Samedi, lors des essais, ce fut difficile parce que j’avais des pneus qui étaient particulièrement usés et que la fatigue se faisait ressentir. Dimanche, à l’issue de la deuxième montée, Thierry me devançait de seulement 47 millièmes alors que je venais de commettre une grossière erreur. Dans mon esprit, sans faire de bêtise, je devais passer devant lui. D’autant que Thierry a connu un problème moteur et qu’il n’a pas pu défendre ses chances sur la troisième montée. Malheureusement, je vois alors que les nuages s’accumulent, et au moment où je me suis retrouvée sur la grille de départ, il y a une interruption de course, et six voitures sont redescendues pour reprendre le départ. C’est à ce moment-là que nous avons pris des sceaux d’eau sur la tête… » La messe était dite, Thierry Bertin conservait son avance et ne manquait pas de venir serrer la main à sa rivale. Tous deux évoqueront ce week-end avec une bonne dose de philosophie teintée d’humour.

Au volant d’une Norma au sein de l’équipe de Simone Faggioli
On l’a évoqué, en complément du Championnat, Charlie Martin a pris part à la Course de Côte de Glasbach, en Allemagne, au volant de sa Formule Renault : « Mon objectif était d’essayer autre chose, de pouvoir courir sur des épreuves européennes. Fabien Bouduban, avec qui j’ai tissé des liens d’amitiés m’a proposé de le rejoindre sur cette épreuve, ce que j’ai fait. Je suis là encore contente de mon week-end qui m’a permis de vivre une belle expérience, de reconstruire ma confiance après ma sortie de route de Vuillafans. J’ai terminé troisième de mon groupe, devant plusieurs F3 et première féminine, ce qui m’a permis de vraiment retrouver de la confiance. »

Charlie Martin retrouvera l’équipe de Simone Faggioli à l’occasion de la manche suisse du Championnat d’Europe, la Course de Côte de Saint-Ursanne – Les Rangiers. Mais cette fois, changement radical, puisqu’elle délaissait sa Formule Renault pour prendre le volant d’une Norma propulsée par un moteur 2 Litres : « C’était vraiment une grande première. Je me suis installée dans l’habitacle sans avoir eu l’occasion de faire d’essais auparavant. Mais je me suis dit que s’ils me faisaient confiance, c’est que j’étais capable de le faire. On a construit mon siège baquet le vendredi après-midi dans les paddocks, et je me suis lancée samedi sur la course. » Pour sa première participation au volant d’un Proto Norma, Charlie accrochait la troisième place de sa classe et terminait à nouveau première féminine. « C’était vraiment un week-end de rêve » lâche-t-elle. « C’était pour moi un grand honneur d’évoluer au sein de l’équipe de Simone Faggioli. »

Charlie sera une nouvelle fois intégrée au sein du team italien à l’occasion de la Course de Côte de Gurnigel, manche du Championnat Suisse : « Je retrouvais la Norma sur une course qui attire 20.000 spectateurs et qui est très bien organisée. J’ai vécu là encore un excellent week-end pour finalement terminer première féminine et remporter une montre de luxe offert par le sponsor de l’épreuve. »

Une nouvelle étape en 2017
Bien évidemment Charlie ne peut être que satisfaite de cette saison 2016 qui lui aura permis de vivre de fabuleux moments : « J’ai surtout le sentiment d’avoir pu progresser dans mon pilotage et d’avoir beaucoup appris dans les divers domaines que l’on doit prendre en compte en course. »

Une saison de rêve pour la pilote britannique qui tient à remercier tous ceux grâce à qui elle a pu pleinement s’épanouir cette saison : « Un grand merci à mes partenaires, NGK, Garage Pride, Tectri, Discover Grandprix, et Percy Martin société dans laquelle je travaille et qui me permet de gérer mes jours de boulot en fonction des courses. Merci également à Motors TV pour avoir diffusé trois reportages me concernant durant la saison, et à Gilles Huntzinger de Pilotes TV pour son travail et sa collaboration. »

« Je n’oublie pas Cyrille Frantz pour son implication dans la reconstruction de ma voiture après ma sortie à Vuillafans, et tous ceux qui m’ont soutenu sur Facebook. Je dois aussi remercier Rémi et Alain Béchadergue qui m’ont remonté le moral dimanche soir, à Vuillafans. Vous êtes les meilleurs ! Merci encore à l’équipe Faggioli de m’avoir invité pour rouler avec eux, ce fut une expérience inoubliable, et bien sûr à Fabien Bouduban qui m’a donné la confiance nécessaire pour prendre le volant de la Norma à Saint Ursanne et à Gernigel. Finalement je dois remercier tous ceux qui m’ont offert leur aide pendant la saison, surtout Yann Marchand sur de nombreuses épreuves - c'est souvent fatigant d’être tout seule pour gravir des montagnes, mais ça en vaut toujours le coup ! »

Ses participations au volant d’un Proto Norma et son intégration au sein de l’équipe de Simone Faggioli, ont donné l’envie à Charlie d’apporter des changements importants pour la saison à venir. La pilote britannique ne sera plus seule, puisqu’elle intégrera le Team Schatz Compétition, et délaissera sa Formule Renault au profit d’une Norma CN/2 : « Je suis ravie de pouvoir rouler au volant d’une Norma et de pouvoir bénéficier du soutien et des conseils de Nicolas Schatz. Je n’arrive toujours pas à le croire, et je suis vraiment impatiente d’y être. »


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