Vainqueur du Challenge Open CN/3

Habituel animateur des épreuves du Championnat de France de la Montagne, Xavier Vermeille s’engageait officiellement cette saison au volant d’une Norma M20F 3 litres. Le Suisse, qui court avant tout pour le plaisir, remporte à l’issue de cette campagne le Challenge Open CN/3.

Fils d’agriculteur, Xavier Vermeille a suivi des études pour devenir dessinateur en génie civil. On est donc là très éloigné de la compétition automobile et rien ne le prédestinait à s’installer un jour derrière le volant d’une voiture de course. Malgré tout, lorsque l’on habite à quelques kilomètres de la Course de Côte des Rangiers, ou près des spéciales du Rallye Critérium Jurassien, on ne peut ignorer de telles manifestations, et très tôt on découvre nécessairement en spectateur les bolides qui animent ces courses.

Au début des années 80, Xavier Vermeille a tout juste 20 ans et accepte d’aider un copain qui décide de réparer une Berlinette Alpine A110 accidentée. Rapidement, il se passionne pour cette voiture légendaire et finira par préparer à son tour une Alpine qu’il alignera sur quelques slaloms. L’objectif alors était de se faire plaisir, le classement final restait secondaire.

Mais rapidement la Berlinette rentrait au garage, Xavier donnant la priorité à sa famille et à la création de son entreprise. Au fond de son garage, au fil du temps, l’Alpine prenait de la valeur, et Xavier aura la bonne idée de l’échanger contre une Renault 5 Turbo avec laquelle il prenait part à nouveau à quelques slaloms : « Cela m’a permis de m’améliorer, d’autant qu’en Suisse, on avait la chance de se voir proposer des slaloms sur lesquels on atteint des vitesses de pointe avoisinant les 160 ou 180 km/h », rappelle-t-il. Au fil des saisons, Xavier peaufinait les réglages de sa 5 Turbo et, se prenant au jeu, il ne tardait pas à signer quelques bonnes performances. Après avoir résolu de petits soucis techniques sur une auto qui ne lui donnait pas entière satisfaction, il décidait de s’attaquer à la Course de Côte.

En 2000, il s’engageait pour la première fois sur la mythique épreuve des Rangiers, avant de prendre une décision radicale, passer à la monoplace : « J’avais alors 40 ans, et je savais que c’était le moment idéal pour de franchir un cap, j’ai donc fait l’acquisition d’une F3. » Au volant de cette voiture, il participait durant la saison 2001, à deux ou trois courses de côte et quatre ou cinq slaloms. Xavier, qui aborde alors la course en pur amateur, fera pendant plusieurs années des apparitions sporadiques, sans vraiment définir de calendrier. Il faudra attendre 2011 pour le voir s’engager sur le Championnat de France de la Montagne, au volant d’une Ligier JS 49 rachetée à Olivier Berreur : « J’avais alors l’opportunité de consacrer plus de temps à la course, j’ai donc décidé de prendre part à une saison complète. » A l’issue de cette saison, Xavier Vermeille décidait de faire l’acquisition d’une Norma, avec laquelle il allait rapidement devenir l’un des animateurs les plus assidus de notre championnat.

Uniquement pour le plaisir
Le principal moteur de Xavier Vermeille est de se faire plaisir derrière le volant. Bien évidemment, comme tout pilote, il ne dédaigne pas les bons résultats qu’il ne manque pas de signer, mais ne fait pas de son classement une priorité. Durant les années 2010, on retrouvait donc régulièrement le Suisse au départ des manches du championnat qu’il appréciait le plus, sans qu’il ne définisse en début de saison un objectif particulier. Xavier sera absent des débats en 2020 et 2021, saisons amplement tronquées par la crise sanitaire, mais roulera sans discontinuer sur le CFM au cours de ces vingt dernières années.

A l’aube de la saison 2023, Xavier Vermeille a eu envie de s’impliquer de façon plus assidu sur le Championnat de France de la Montagne. Il se portait alors acquéreur de la Norma M20F avec laquelle en 2022 Olivier Berreur avait trusté les premières places de la classe CN/3 pour finalement se classer dixième du Championnat Sport : « C’est une auto qui avec son moteur BMW 3 litres offre énormément de plaisir. Elle est fiable, dispose de couple et de chevaux, tout pour avoir à son volant de belles sensations. Ça reste une auto abordable et j’avais déjà eu l’occasion de rouler avec une telle voiture auparavant. Mais j’avais cassé le moteur lors de l’édition 2017 des Rangiers. »

Xavier Vermeille aime bien disposer de voitures adaptés à ses attentes. Avant de débuter la saison, il apportait donc quelques modifications mineures à son Proto avant de lui offrir quelques tours de circuit à Pouilly-en-Auxois et à Chambley : « Les premières sensations étaient bonnes, même si j’ai dû modifier le pédalier qui était trop en avant. J’avais adapté le siège que j’avais sur mon ancienne voiture, mais je n’ai pas vu que le pédalier était plus loin. C’est un détail que j’ai pu rapidement rectifier pour être parfaitement à mon aise. »

S’il a débuté en course automobile avec comme seule intention de se faire plaisir, Xavier Vermeille ne s’est jamais départi de cet objectif initial : « Pour cette saison j’espérais avant tout prendre à nouveau du plaisir et si possible signer quelques belles performances, mais sans viser un résultat final », confie-t-il humblement. « J’arrive à un âge où l’on ne cherche pas l’exploit. Si les chronos sont là tant mieux, sinon tant que le plaisir est au rendez-vous ça me convient bien. »

Succession de victoires dans la classe CN/3
C’est sur les pentes du Col Saint-Pierre que Xavier Vermeille débutait sa campagne de France. Une première épreuve à l’issue de laquelle il se classait quatrième du groupe CN et remportait, comme il le fera sur les épreuves suivantes, la classe CN/3 : « C’est ma course préférée du championnat et je la connais très bien. Il m’a fallu en début de week-end reprendre mes marques, mais sur la dernière montée je signe un chrono qui me convient bien. Je dois être à trois dixièmes du chrono que j’avais réalisé en 2017 alors que je roulais également avec un proto 3 litres. Vraiment content de mon week-end. »

Le tracé d’Abreschviller ne retient pas vraiment l’adhésion de Xavier Vermeille qui n’a pas une réelle attirance pour épreuve courte et rapide : « Et en plus je ne me suis pas présenté au départ au meilleur de ma forme. Donc c’est un peu un week-end à oublier » avoue-t-il.

Sur les Teurses de Thèreval – Agneaux, on peut s’étonner des modestes performances réalisées par Xavier Vermeille. Mais elles s’expliquent par une distraction du pilote Suisse : « J’ai commis une erreur absurde, j’étais persuadé que l’arrivée se situait là où se termine l’épreuve régionale. Je levais donc le pied avant et je passais la ligne à vitesse réduite », explique Xavier. « C’est Gilles Huntzinger, le vidéaste, qui m’a demandé pourquoi je passais la ligne au ralenti. J’ai donc compris mais trop tard », s’amuse Xavier.

Le week-end en Anjou ne sera guère plus productif pour Xavier Vermeille qui reconnait ne pas être parvenu à se lâcher sur la Course de Côte de La Pommeraye : « J’ai dû mal sur cette épreuve. En 2 litres je ne m’en sortais pas trop mal en signant de bons chronos, mais là je n’y arrive pas. C’est certainement ma plus mauvaise prestation de la saison », reconnait-il.

Difficile pour Xavier Vermeille d’aborder la Course de Côte de Saint Gouëno. On se souvient qu’en 2022, alors qu’il affrontait l’épreuve bretonne au volant d’un Proto 2 litres, il était sorti assez violemment de la route : « De ce fait j’avais une petite appréhension, mais finalement je suis parvenu à deux reprises à passer le ''Pas de Saint Gouëno'' à 190 km/h. Donc même si le chrono n’a à mon sens rien d’extraordinaire, il est tout de même acceptable, et j’étais content d’être parvenu à dominer mes craintes. »

Comme sur les épreuves précédentes, Xavier Vermeille allait signer à Marchampt un succès en CN/3, complété cette fois par un podium de groupe puisqu’il termine dans le sillage d’Enzo Chiocci et d’Olivier Berreur : « J’aime bien Marchampt, j’aurais dû aller plus vite, passer devant les 2 litres, mais je n’y suis pas parvenu. Mais ça reste un excellent souvenir d’un bon week-end dans le Beaujolais. »

A l’arrivée de Vuillafans, c’est à la deuxième place du groupe CN que l’on retrouvait Xavier Vermeille, devancé seulement dans le Doubs par le Champion de France 2ème Division, Dimitri Pereira : « C’est la course la plus près de la Suisse, celle à laquelle je participe depuis le plus longtemps en France, et que j’ai même eu l’occasion d’aborder à l’époque où je roulais en monoplace », rappelle Xavier. « Je connais très bien et je signe cette année mon record personnel sur cette épreuve, malgré une route passablement dégradée, donc de quoi être pleinement satisfait. »

On retrouvait par la suite Xavier Vermeille sur le Mont-Dore où les concurrents n’auront l’occasion de faire que deux montées de course : « Je ne comptais qu’une seule participation à cette épreuve, en 2011. Depuis je n’étais pas revenu dans le Massif du Sancy. J’avoue que même si j’avais beaucoup reconnu, j’étais malgré tout un peu perdu sur certains secteurs. Pour vraiment attaquer sur le Mont-Dore, il faut vraiment cumuler les participations. Mais je retiendrai que le plaisir était tout de même au rendez-vous. »

A Chamrousse, Xavier Vermeille se hissait une nouvelle fois sur le podium du groupe CN, mais pour la première fois de la saison il ne remportait pas sa classe. Car si Emeline Bréda impose sa Norma CN+ au sommet de la hiérarchie, Cédric Lansard qui prenait part à cette épreuve avec son Osella PA20 3 litres, termine au deuxième rang : « C’est une des épreuves que j’affectionne et je suis content du résultat final. Malgré les chicanes qui perturbent un peu les montées, j’ai vraiment pris du plaisir. Je garde un excellent souvenir de ce week-end. »

Le week-end de la Course de Côte de Turckheim sera un peu plus compliqué pour Xavier Vermeille : « Je suis un peu en deçà de ce que j’espérais. Là aussi la route s’est un peu dégradée et ce n’est pas évident de se lâcher. Je ne suis pas aussi à mon aise que j’ai pu l’être à Chamrousse. Je n’étais pas totalement au rendez-vous, mais l’âge n’aide pas », plaisante Xavier.

La dernière épreuve de la saison n’allait pas apporter de réelles satisfactions au pilote Suisse : « J’ai abordé Limonest en étant fatigué, en ayant mal partout, et je ne suis absolument pas parvenu à bien roulé. C’est un peu frustrant parce que par le passé je suis parvenu à signer de belles performances sur cette épreuve. »

Vainqueur du Challenge Open CN/3
Excepté à Chamrousse, Xavier Vermeille gagne la classe CN/3 sur l’ensemble des épreuves où il était présent. A l’issue de cette longue saison, il remporte le Challenge Open CN/3 en terminant douzième du Championnat Sport : « Mon principal objectif était de terminer toutes les épreuves. J’ai donc passablement assuré pour ne pas partir à la faute et endommager ma voiture. A ce titre, c’est une totale réussite, même si parfois les chronos ne sont pas fabuleux. Je n’ai jamais roulé à la limite », explique Xavier. « Le plaisir est au rendez-vous, c’est pour moi l’essentiel. J’ai été très bien accueilli sur les épreuves, passé de très bons moments avec les autres pilotes », confie ce solitaire dans l’âme qui aborde les épreuves seuls. « Le seul truc qui est dommage c’est que nous soyons de moins en moins nombreux dans cette classe CN/3. Il y a de moins en moins de moteur BMW 3 litres, et je crains qu’à l’avenir nous ne trouvions plus de proto disposant de cette magnifique motorisation. »

Xavier Vermeille a mis à profit cette saison 2023 pour étudier au mieux le comportement de sa voiture. Il sait qu’il peut encore la faire évoluer : « Je vais profiter de la pause hivernale pour démonter ma Norma et lui apporter quelques modifications qui me paraissent judicieuses. Pour ce qui est de la saison à venir, je vais me partager entre le Championnat de France et des participations aux épreuves du Championnat Suisse. Mais il est clair dans mon esprit que je vais m’engager à nouveau sur le Championnat de France avec la Norma 3 litres », conclut Xavier Vermeille.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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