L’Alsacien au volant d’un modèle inédit en côte en 2017

Troisième du Championnat de France en 2014, cinquième en 2015 alors qu’il découvrait sa nouvelle Porsche 997 GT2 engagée en GTTS, Christian Schmitter pouvait prétendre à une place sur le podium à l’issue de cette saison 2016. Mais si le Team Petit CroisiEurope, au sein duquel il évolue, s’est particulièrement illustré, en revanche, à titre personnel, il a connu une saison en demi-teinte.

Le rythme qu’adoptent les navires de CroisiEurope sur les différents fleuves du monde, n’a aucune mesure avec la cadence qu’a choisi Christian Schmitter pour aborder les manches du Championnat de France de la Montagne. Si à bord de ses bateaux, apaisé par la douce mélodie d’un ’’Beau Danube bleu’’ on flâne paisiblement à la découverte des monuments qui jalonnent le parcours, au volant de sa Porsche, le patron de CroisiEurope laisse entendre une tout autre musique. Considéré comme un gentleman driver lors de ses premières apparitions sur notre Championnat, Christian Schmitter a tôt fait d’abandonner ce statut, pour devenir en l’espace de quelques courses l’un des animateurs les plus redoutés de la discipline.

Pourtant rien ne le prédestinait à venir jouer les premiers rôles sur le Championnat de France de la Montagne. Certes, Christian a toujours été un amoureux des belles mécaniques, mais cette passion, il l’assouvissait avec son frère Philippe, aux volants de différents modèles sportifs, sur les routes de son Alsace natale. Mais les deux frères prenaient rapidement conscience que cette approche de la vitesse n’était pas forcément très raisonnable.

A la suite de son ainé
Pour continuer à se faire plaisir au volant, il leur fallait trouver une solution mieux adaptée… Elle viendra par le biais d’une rencontre. Le hasard mettait en effet Francis Miller sur la route des frères Schmitter. A cette époque, il assurait la Vice-présidence de l’ASACAR. Francis, qui par la suite allait devenir le responsable des Relations Publiques au sein du Team Petit, leur proposait alors de rouler en ouverture sur plusieurs courses de côte. Si l’environnement était nettement plus sécurisé, il ne permettait toutefois pas de s’épanouir pleinement, il manquait toujours l’adrénaline qu’offre la compétition.

C’est Philippe, l’ainé, qui en 2010 franchissait le premier le pas, en s’engageant sur quelques épreuves du Championnat. Observateur attentif des prestations de son frère, Christian n’allait pas tarder à le rejoindre dès l’année suivante. Mais présider à la destinée d’un groupe tel que CroisiEurope, laisse peu de temps libre pour prendre en charge la logistique inhérente à une implication sur un championnat. Afin d’avoir l’assurance de bénéficier des compétences et du professionnalisme d’une équipe de haut niveau, Philippe et Christian se tournaient vers le Team Petit, a qui été confié la gestion sportive et la maintenance de leurs voitures.

Fan inconditionnel d’une marque d’outre-Rhin, Christian n’a jamais envisagé de courir au volant d’une italienne ou d’une anglaise. Il ne faut pas chercher la raison qui le poussait à s’installer dans l’habitacle d’une Porsche, le choix venait du cœur. Pour débuter, il portait son dévolu sur une Porsche Cayman avant que, sous les conseils de Sébastien Petit, il n’opte pour une 911. En 2013, c’est une nouvelle fois le hasard d’une rencontre qui motivait Christian à changer de monture. Sous les conseils avisés de Romain Dumas, Porschiste dans l’âme, il testait différents modèles de la prestigieuse marque de Stuttgart avant de finalement arrêter son choix sur une 997 GT2.

Podium du Championnat et Trophée de groupe
C’est au volant de cette auto, préparée par les mains expertes du pilote alésien, qu’en 2014, Christian Schmitter remportait le Trophée FFSA du GT de Série, et se classait troisième du Championnat de France Production. Une performance de tout premier ordre, qui l’incitait à franchir une étape supplémentaire, et à venir animer le peloton du GTTS. Fin 2015, au terme d’une saison d’apprentissage de sa nouvelle monture, Christian Schmitter pointait à la cinquième place du Championnat, troisième du GTTS.

Compétiteur dans l’âme, le pilote alsacien repartait donc en 2016 pour une nouvelle campagne, avec la ferme intention d’améliorer sa position : « En toute franchise, je visais une place sur le podium du Championnat », confie-t-il. Malheureusement, tout ne se présentait pas sous les meilleurs augures, puisque lors des essais préparatoires, une casse moteur viendra retarder la mise au point de sa monture : « Le temps d’effectuer le remplacement du moteur et de programmer de nouveaux essais, nous étions à quelques jours du coup d’envoi du Championnat. Je me suis donc retrouvé au départ de la saison sans avoir pu mener à bien les tests que je souhaitais. Ceci dit, je ne peux invoquer cette situation pour expliquer par la suite des résultats qui n’étaient pas à la hauteur de mes attentes », avoue Christian en toute honnêteté.

Première partie de saison compliquée
L’accident qui a endeuillé la première manche de la saison a profondément affecté ceux qui étaient présents sur cette épreuve. Christian Schmitter se trouvait en pré-grille au moment du drame, et il ne peut oublier la chape de plomb qui s’est abattue sur la course, touchant pilotes, officiels et spectateurs : « On voudrait oublier, on ne le peut pas », confie-t-il, visiblement marqué par ce que les Montagnards considèrent dans leur ensemble comme une tragédie.

Au Col Saint-Pierre, sur la montée qui selon les observateurs devait être la plus rapide du week-end, la pluie fera son apparition, chamboulant totalement la hiérarchie habituelle : « Pour ma part j’ai pris la pluie à mi-parcours. Je savais dès lors que je passais à côté de la course, ce qui est d’autant plus regrettable que c’est le genre de tracé sur lequel ma voiture peut réellement exprimer son potentiel », regrette-t-il.

La pluie, et même la neige, allaient à nouveau perturber les débats à Abreschviller, autre tracé sur lequel Christian pouvait espérer mettre en avant les aptitudes de sa Porsche. Troisième derrière la Mégane Trophy de Francis Dosières et la Porsche du Suisse Frédéric Neff, l’Alsacien estime s’en être plutôt bien sorti : « Francis (Dosières) a su faire parler son expérience, quant à moi, bien évidemment que je pourrais pleinement me satisfaire de ce podium, mais je reste persuadé que c’est une épreuve sur laquelle je pouvais jouer la gagne. » Un objectif tout à fait réalisable, puisque l’an dernier, Christian avait placé sa Porsche au deuxième rang, à seulement 264 millièmes de Nicolas Werver.

A l’issue de ces trois premiers rendez-vous de la saison, débutait la campagne de l’Ouest qui compte trois épreuves : Hébécrevon, La Pommeraye et Saint-Gouëno. Trois manches sur lesquelles Christian considère qu’il n’est pas à son avantage : « Ce sont des tracés qui ne me conviennent pas autant. Je savais que j’allais devoir faire le dos rond, et qu’après ces trois épreuves nous atteindrions le cap de la mi-saison. J’avais alors compris que je devais revoir mes objectifs à la baisse, après avoir réalisé des résultats en deçà de mes attentes, sur les trois premiers rendez-vous. »

C’est toutefois avec l’intention de bien faire que Christian retrouvait Hébécrevon. La lutte pour la victoire sur l’épreuve normande fut, en cette année 2016, d’une rare intensité. Vainqueur, Philippe Schmitter, devançait David Dieulangard de seulement 18 millièmes, lui-même devançant Nicolas Werver avec un écart similaire. Christian accrochait pour sa part la quatrième place, dans le sillage des hommes qui figuraient sur le podium : « Ce fut une très belle course, où les records n’arrêtaient pas de tomber au fil des montées. Terminer aux portes du podium est toujours frustrant, mais je retiens surtout que Philippe a signé là son premier succès en Championnat de France, et que ce fut un grand moment pour toute l’équipe. »

En temps normal, Christian Schmitter reconnait que la Course de Côte de La Pommeraye n’est pas celle qui lui réussit le mieux. Et la présence de la pluie qui à nouveau s’invitait sur le championnat, n’arrangeait en rien les affaires de l’Alsacien : « Je me fais cette fois encore piéger par la pluie, que dire de plus. » Malgré une météo capricieuse, Christian plaçait une nouvelle fois sa Porsche aux portes du podium du GTTS. Guère plus prolixe lorsque l’on évoque Saint-Gouëno, Christian admet que l’épreuve bretonne est toujours compliquée pour lui.

A 153 millièmes de la victoire
La deuxième moitié de saison débutait donc sur la Course de Côte de Marchampt en Beaujolais. En manque de réussite jusque-là, Christian Schmitter n’allait pas baisser les bras pour autant. Le tracé de cette septième manche du Championnat lui convenait parfaitement, et il n’allait pas manquer de se mettre en valeur. Mais pour seulement 153 millièmes, il voyait Nicolas Werver le coiffait au poteau : « C’est tout de même rageant », lâche-t-il dans un sourire. « Nous avons tous les deux amélioré les records du tracé, mais lui mieux que moi, c’est comme ça. On gardera à l’esprit que le podium de ce Beaujolais est 100% alsacien, puisque mon frère nous rejoint en se classant troisième. » Triplé alsacien, mais également triplé pour CroisiEurope, dont les trois voitures arborent les couleurs.

Vuillafans compte également parmi les tracés que Christian Schmitter apprécie particulièrement. Mais sur l’épreuve franc-comtoise, des problèmes électriques viendront perturber sa course : « J’avais énormément de mal à redémarrer la voiture. Il fallait systématiquement la pousser pour que le moteur se fasse entendre. C’était assez perturbant, et rajouter à cela les nombreuses sorties de route qui sont venues émailler le week-end, les conditions étaient loin d’être idéales pour conserver le minimum de concentration nécessaire. Clairement, sur cette édition, je n’étais pas réellement en confiance, et de ce fait je n’ai pas vraiment sorti la grosse attaque », reconnait-il.

Absent à Dunières, Christian délaissait le volant de sa Porsche 997 GT2 durant plus d’un mois, et ce manque de roulage allait cruellement se faire ressentir au moment de rejoindre le Massif du Sancy : « Vuillafans ne s’était pas spécialement bien passé pour moi, et cela faisait plus de quatre semaines que je n’avais pas couru lorsque je suis arrivé au Mont-Dore. En toute logique, j’aurais dû aborder les essais prudemment, afin de me remettre en confiance. Mais au lieu de ça, j’ai commis l’erreur de vouloir attaquer d’entrée de jeu. » Mal lui en prenait, puisqu’avec une auto rétive dans son comportement, Christian allait se faire piéger : « J’ai bien eu le sentiment que l’auto n’était pas aussi stable qu’à son habitude. Et sur un droite, dans lequel je suis rentré un peu trop fort, elle a décroché et je suis sorti. Mon erreur c’est de ne pas avoir voulu aborder les montées progressivement, et là je m’en suis voulu. »

Contraint à l’abandon suite aux dégâts occasionnés sur le radiateur et à un demi-train, Christian estime que ce ne sont pas tant les dommages, mais plutôt la période de l’année qui s’avérait plus problématique au moment d’entamer les réparations : « On était au mois d’août, et une grande partie des sociétés sont fermées. Il était impossible de trouver des pièces dans un délais assez bref, et de ce fait j’ai dû me résoudre à renoncer à Chamrousse », confie-t-il, visiblement attristé par ce forfait.

C’est donc à domicile, sur la Course de Côte de Turckheim, que l’Alsacien terminait sa saison. Mais à l’heure d’aborder cette dernière confrontation de l’année, Christian avait décidé de se séparer de sa Porsche, sur laquelle lorgnait Nicolas Werver, et il était donc hors de question de lui faire subir le moindre dommage : « Dans ces conditions, j’ai abordé la course sur un rythme prudent, sans vraiment chercher à me mettre en avant. De toute façon, suite aux déboires que j’avais subis précédemment, il me fallait retrouver de la confiance, donc ne pas attaquer à outrance. Et puis je garde tout de même à l’esprit que si Turckheim est pour moi une course à domicile, elle ne m’a jamais vraiment réussi. »

Le Team Petit CroisiEurope toujours au sommet
A titre personnel, Christian Schmitter estime que le bilan de sa saison est plutôt mitigé : « Il est clair, qu’excepté un bon résultat à Marchampt en Beaujolais, pour le reste je n’ai pas réalisé les performances que j’espérais », analyse Christian particulièrement exigeant envers lui-même. « Je n’occulte pas que le plateau, cette saison, était particulièrement relevé avec la présence de voitures performantes aux mains de vrais compétiteurs. Mais si je m’attendais à ce que ce soit compliqué, je ne cache pas que j’espérais terminer sur le podium du Championnat, où qu’à la limite je me serais pleinement satisfait d’une place parmi les cinq premiers », confie Christian que l’on retrouve au septième rang du Championnat, quatrième du Challenge Elite Production : « J’ai réalisé ce que je considère comme ma plus mauvaise saison, marquée par de nombreux problèmes et pas mal de déconvenues. »

Mais le patron de CroisiEurope veut tout de même garder à l’esprit que le Team au sein duquel il évolue s’est particulièrement bien illustré en cette année 2016 : « Quand j’évoque ma plus mauvaise saison, je ne parle évidement que de l’aspect sportif et que de moi-même. Pour le reste, nous avons vécu des moments très forts, au sein d’une équipe où règne une excellente ambiance. En termes d’organisation, de professionnalisme, d’approche de la course, le Team Petit n’a pas eu la moindre défaillance, tout était parfaitement structuré durant cette saison », précise Christian. « En termes de résultat, il faut tout de même rappeler que Sébastien (Petit) est une nouvelle fois Vice-champion de France, et même si je sais qu’il ne veut pas se contenter de cette position mais gagner le championnat, compte tenu des différents problèmes qu’il a pu rencontrer avec sa voiture, sa performance reste de tout premier ordre. Mon frère Philippe est également Vice-champion de France du côté des Productions, où le titre s’est joué sur la dernière épreuve. Lors de ses apparitions, Kevin (Petit) a démontré un énorme potentiel et a plusieurs fois joué pour la gagne en Formule Renault. En clair, tout le monde à très bien bossé, il n’y a que moi qui était à la peine », conclut-il dans un éclat de rire.

Si Christian Schmitter reconnait avoir passé d’excellents week-ends, en compagnie des membres de son équipe, il veut avoir une pensée particulière pour celle qui partage sa vie : « En premier lieu, je tiens à remercier Océane, avant tout pour sa patience, puisqu’elle accepte mes absences, et me permet d’assouvir pleinement ma passion. » Le pilote alsacien n’oublie tous ceux qui œuvrent pour que puissent se dérouler les épreuves dans les meilleures conditions : « C’est pour cela que je tiens à remercier les organisateurs, et tous les bénévoles qui s’impliquent sur les courses. Un grand merci également à tous les pilotes avec qui nous partageons des grands moments, toujours très sympas. Merci à l’ensemble du Team Petit CroisiEurope et à Romain Dumas, ils prennent tous une part essentielle dans la réussite de nos projets. »

Une Porsche inédite pour 2017
Fidèle à Porsche, c’est au volant d’une 997 GT3 R - la version circuit de ce modèle - que l’on retrouvera Christian Schmitter en 2017, sur les épreuves du Championnat de France de la Montagne : « C’est une auto qui n’a jamais été vue jusqu’à présent en course de côte, et j’ai avant tout la satisfaction de savoir que je vais évoluer au volant d’une vraie voiture de course. » Ce choix, Christian l’a fait suite à une discussion avec Romain Dumas, Champion du Monde d’Endurance, et qui a une connaissance quasi exhaustive de la marque allemande : « J’aurais pu conserver la 997 GT2, mais selon Romain, pour parfaire son développement, il fallait flirter avec la limite de la réglementation. Pour moi, il est hors de question de sortir des clous, et de ce fait j’ai préféré partir sur une auto issue du circuit, plutôt que de laisser planer la moindre suspicion sur l’évolution de ma voiture. »

Pour ce qui est des caractéristiques de sa nouvelle 997 GT3 R, Christian reconnait qu’elle est un peu moins puissante que sa monture précédente : « Mais elle est plus large, plus légère, plus affutée, et devrait donc être plus performante. Romain et Sébastien, tous deux pilotes d’expérience, ont validé le projet. Cela me semble être la suite logique, au regard des différents modèles de Porsche avec lesquels j’ai couru. »

S’il n’affiche pas d’ambitions particulières au départ d’une saison qui va le voir évoluer au volant d’une nouvelle voiture, Christian Schmitter confirme que c’est avec sérieux qu’il veut aborder ce Championnat : « L’objectif sera avant tout de me faire plaisir. Mais je souhaite participer à l’ensemble des épreuves du Championnat, et me présenter au départ en ayant les meilleurs atouts en mains. C’est pour cela que je vais parfaire ma condition physique, et que nous allons mener des essais préparatoires afin de débuter la saison dans des conditions idéales. »


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