L’Auvergnate n’a rien lâché…

Courir au volant d’une Formule Renault était un rêve que Corinne Flandy espérait un jour réaliser. C’est chose faite, et de belle manière puisque tout au long de cette saison, la pilote auvergnate n’a pas manqué de progresser, pour terminer sa campagne de France en signant des résultats probants.

Depuis ses débuts en compétition, Corinne Flandy a toujours roulé dans des monoplaces propulsées par des moteurs de motos. Un choix judicieux puisqu’il lui a permis d’enrichir son palmarès de nombreux succès. Mais Corinne avait dans un coin de sa tête l’envie de s’essayer au volant d’une auto offrant de plus intenses sensations : « Cela faisait longtemps qu’avec Fabrice, mon mari, nous repoussions le projet car il pensait qu’en étant habituée à mon moteur de moto, je ne serais pas à mon aise avec une nouvelle mécanique », explique Corinne.

Mais fin 2018, l’opportunité de vendre leurs voitures de course se présentait, et Corinne s’est alors dit qu’il était peut-être temps de concrétiser un projet qui lui tenait à cœur : « J’ai donc sauté le pas et j’ai fait l’acquisition d’une Formule Renault Tatuus. »

Découverte de la Formule Renault
Quelques tours du circuit d’Issoire permettaient à Corinne Flandy de prendre la mesure de sa nouvelle monture, mais pas vraiment de sa familiariser avec son maniement avant que ne soit donné le coup d’envoi de la saison : « Nous n’avons absolument pas touché aux réglages dont disposait Kevin (Petit, le précédent propriétaire de la monoplace, Ndr). Nous avons juste modifié le siège et je me suis lancée dans le grand bain à Bagnols-Sabran. »

Kevin Petit, qui avait remporté l’année précédente le Challenge Open Formule Renault avec cette voiture, lui avait offert d’excellents réglages, « nous avons dû juste apporter par la suite des modifications sur les tailles des pneus, notamment sur l’avant car la direction était assez dure, et je n’ai peut-être pas la force physique qu’un jeune garçon de la trempe de Kevin », précise Corinne.

Pour sa toute première saison en Formule Renault Corinne Flandy n’avait d’autres prétentions que de faire évoluer ses chronos : « L’objectif était de faire mieux qu’avec la Dallara avec laquelle j’évoluais les années précédentes, mais je n’avais pas la moindre ambitions concernant une quelconque positions au Championnat ou sur le Challenge Open », confie l’Auvergnate.

Début de saison compliqué
Durant l’hiver, Corinne a été victime d’un accident. Percutée par un véhicule, elle devait soigner une fracture du sacrum, du coccyx et d’un talon : « J’ai débuté la saison dans des conditions d’autant plus difficiles que deux jours après Bagnols-Sabran, le tribunal devait statuer sur les suites à donner à cet accident, et je n’étais donc pas psychologiquement dans les meilleures dispositions pour affronter cette course. Mais je me devais d’être présente car c’était le début de saison, et étant inscrite au Championnat, il m’était difficile de jouer un Joker d’entrée de jeu alors que je ne savais pas comment aller se comporter la voiture. »

Corinne ne cache pas que ce premier rendez-vous fut particulièrement compliqué, même si au final elle termine dans le sillage d’une autre Formule Renault, celle de la Championne de France 2ème Division, Marie Cammares, nettement plus expérimentée avec sa monoplace.

Le Col Saint-Pierre allait offrir à Corinne Flandy ses premières satisfactions au volant de sa Formule Renault : « Là j’ai commencé à prendre un peu plus confiance. Cela m’a permis d’améliorer mes chronos et finalement je ne suis pas mécontente de mon week-end. »

La pluie qui s’invitait samedi à Marchampt rendait le tâche ardue pour Corinne peu habituée au comportement de sa monoplace sur route humide : « Samedi soir, j’ai dû me remettre en question, tant sur les réglages de la voiture que sur mon approche. Finalement, dimanche je suis parvenue à améliorer mes chronos et le bilan du week-end est positif puisque je suis en progression. »

Difficile pour Corinne Flandy d’appréhender correctement le tracé de Dunières, et le doute s’installait alors dans l’esprit de la pilote auvergnate : « Je n’y arrivais absolument pas… J’étais à deux doigts de baisser les bras et de mettre un terme à ma saison. Mais là encore Fabrice a été d’un soutien indéfectible et une longue discussion avec lui m’a redonné l’envie. J’ai également pu bénéficier durant le week-end des conseils avisés de Yannick Latreille, ce qui m’a permis de retrouver de meilleures sensations au volant. »

Pour Corinne, comme pour Fabrice, le Mont-Dore est un événement attendu. Nos deux Auvergnats apprécient cette épreuve disputée dans le Massif du Sancy, et Corinne espérait donc se faire plaisir lors de cette édition : « Les conditions étaient particulières avec une météo très capricieuse, mais je suis très contente de ma prestation sous la pluie où je devance toutes les filles. Elles n’ont d’ailleurs pas manqué de me féliciter ce qui fait toujours chaud au cœur. J’étais vraiment contente de mon week-end », reconnait Corinne qui termine troisième des Formule Renault derrière Yannick Latreille, intouchable sur ses terres et Steeve Gerard.

Avec un moral au beau fixe, Corinne Flandy se rendait à Chamrousse, épreuve complexe à aborder : « Le tracé est large et nous ne sommes pas habitués à cela, ce qui parfois ne m’aide pas à trouver mes repères… Au bout de deux montées, sur un tracé aussi long, j’avais les bras tétanisés ce qui nous a obligé à modifier certains réglages. Physiquement ce fut difficile, mais là encore j’ai pu bénéficier des compétences de Fabrice et des conseils de Yannick (Latreille) qui était à côté de nous dans les paddocks. »

En conclusion de la saison, Corinne Flandy se rendait à Limonest où elle parvenait cette fois à réellement tirer son épingle du jeu en accrochant la quatrième place des Formule Renault : « Je suis super contente car je suis parvenue à me rapprocher de Gilles Depierre avec qui je me battais quelques années auparavant lorsqu’il roulait en Proto. Au cumul des deux manches, je suis pénalisée car je manque encore de régularité, mais ravie de mon chrono. » Le résultat fait d’autant plus plaisir à Corinne qu’elle appréhendait cette épreuve : « L’an dernier, j’ai fait un tête-à-queue et je me suis retrouvée en sens inverse. Le commissaire présent sur place semblait dormir puisqu’il n’a pas réagi, et je me suis retrouvée face à la monoplace de Miguel Vidal qui arrivait lancé… Ce sont des moments que l’on n’aime pas vivre et qui nous marquent. »

Podium de classe sur le Finale de la Coupe de France
Le point d’orgue de la saison aura lieu sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne, où Corinne montait sur le podium de la Formule Renault : « J’étais en confiance d’entrée de jeu et les résultats étaient au rendez-vous. Je suis dans le rythme des autres Formule Renault, ce qui est pour moi rassurant et motivant pour la suite. Je suis parvenue à devancer Marie (Cammares) ce qui est pour moi une belle satisfaction quand on connait son talent. »

Fière de sa prestation sur la Finale, Corinne peut tirer un bilan largement positif d’une saison qui avait mal commencé mais qui se termine très bien : « J’ai amélioré mes temps sur chaque course et même si je suis loin des meilleurs chronos des Formule Renault, je me dis qu’à force de persévérance je parviendrai à combler l’écart. Mais pour cela, il faut que j’intègre totalement que je n’ai plus un moteur de moto derrière moi, et qu’il faut que je me familiarise avec le couple et les reprises qui sont radicalement différentes. Je dois apprendre à rouler de manière plus ’’coulé’’. »

Si sa saison se termine sur d’excellents résultats, Corinne reconnait qu’à un moment le doute s’est installé : « Je n’y arrivais pas, et j’avoue qu’à un moment je pensais tout arrêter. Mais j’ai la chance d’être super bien entourée, et grâce à mon équipe et à d’autres pilotes qui m’ont conseillé, j’ai retrouvé la motivation nécessaire… »

Une motivation qui devrait pousser Corinne à se relancer sur le Championnat l’année prochaine. Mais avant toute chose, elle veut préparer au mieux sa saison, et pour cela elle veut programmer quelques séances sur circuit afin de faire du roulage : « L’objectif c’est d’être compétitive dès les premières épreuves. Pour ce qui est de mon calendrier, il n’est pas encore totalement défini, mais je vais laisser une large place au Championnat. »

Si durant cette année 2019 Corinne Flandy a connu des hauts et des bas, elle a pu chaque fois rebondir et retrouver sa motivation grâce à sa famille, son équipe, qui l’a toujours porté à bout de bras : « Avant tout je voulais remercier mes partenaires, Christian Nicoux d’Autovision, le Bar Restaurant le St Gal à Langeac, les lunettes Krys, Solution Micro, Super U Langeac, les Etablissements Flauraud, Atelier 2G, ASC Racing Parts Service. Merci à mon ASA, l’ASA Velay Auvergne, et bien évidemment un immense merci à Fabrice, c’est grâce à lui que j’en suis là aujourd’hui, à mon fils Kevin, ma fille Jade et ma belle-fille Lauwane. Merci à notre assistance, à Patrick, Sabine et Sylvain qui sont toujours à nos côtés… Nous sommes une familles de compétiteurs, mon fils fait de la moto et j’ai pu voir qu’il ne lâchait jamais, et c’est ce souffle que lui et Fabrice insufflent sur toute notre équipe », conclut Corinne.

 

Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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