Morane Cat-Mackowiak Championne de France

En 2022, la saison d’apprentissage du Championnat de France de la Montagne de Morane Cat-Mackowiak se soldait par un premier titre de Championne de France Production. Une prouesse que la jeune femme confirme cette année en conservant sa couronne, et en ajoutant à son palmarès le Trophée Michelin et le Challenge Open Féminin.

Les passionnés de longue date des courses de côte connaissent bien la BMW M3 avec laquelle Morane Cat-Mackowiak anime le groupe N. Avant elle, son père, Pascal Cat, recordman de victoires dans le groupe, s’était largement illustré au volant de la vaillante allemande. Après avoir brillé sur les tapis de gymnastique et en VTT, Morane connaitra la consécration en ski. Inscrite en sport étude, elle remportera en 2013 un titre de Championne de France et ira chercher des succès à l’international.

Spécialiste de la glisse, Morane observait alors avec curiosité les prouesses de son papa qui enchainait les succès derrière le volant mais, qui contrairement à elle, n’était pas réellement un adepte de longues glissades, Pascal Cat ayant toujours eu la réputation d’être un pilote ''très propre''. Une faculté pour le moins payante au vue de son incomparable palmarès… Morane n’avait que huit ans lorsque son père lui apprenait les rudiments du pilotage. Par la suite, il l’embarquera à ses côtés en qualité de copilote alors qu’elle n’avait que 16 ans. Deux ans plus tard, elle s’installait derrière le volant pour prendre part au slalom du circuit de Bresse au volant de la Mitsubishi Lancer avec laquelle roulait habituellement Fabienne, sa maman. En 2016 et 2017 elle sera à nouveau présente sur le circuit de Bresse, cette fois au volant de la BMW M3 de son père. Elle aura par la suite l’occasion de signer de belles performances au volant d’une Porsche 997 GT2 que lui confiait Philippe Marion.

En 2021, Morane Cat-Mackowiak, toujours au volant de la Porsche, se classait à deux reprises deuxième du GT Sport sur des manches du CFM en terminant douzième du Production à Turckheim et septième à Limonest. Des résultats qui ne pouvaient que l’inciter à s’aligner au départ du Championnat de France de la Montagne 2022. Pour cela, elle s’installait derrière le volant de la BMW M3 avec laquelle son père avait signé tant de succès… L’objectif de Morane était alors de maîtriser le maniement de sa ''Béhème'' et d’apprendre au mieux les tracés du championnat. Au final, cette saison de découverte lui permettait de remporter un premier titre de Championne de France de la Montagne Production.

En quête d’un second titre consécutif
Pour cette saison 2023, Morane repartait avec l’intention d’améliorer ses chronos, et si possible de conserver son titre face à des prétendantes disposant de voitures performantes : « Bien évidemment j’avais comme ambition de remporter un second titre, mais face notamment aux Supercopa d’Elodie (Lafosse) et de Jennifer (La Monica) je savais que ça ne serait pas évident. Après, j’espérais bien figurer dans le classement du Challenge Open N/4 », confie Morane qui en 2022 avait terminé troisième de ce challenge.

Avant de s’aligner sur le championnat 2023, la BMW M3 bénéficiait d’une importante révision : « Nous avons révisé le moteur pour avoir l’assurance qu’il ne me lâche pas durant la saison. Nous avons également apporté des grosses améliorations aux réglages des trains, puisqu’en 2022 je disposais des réglages de mon père, mais comme nous n’avons pas le même style de pilotage, je voulais apporter des évolutions afin de disposer de plus de train avant. De ce fait je disposais cette année d’une auto un peu plus ''joueuse'', mais j’adore et je vais conserver ces réglages », commente Morane qui avant de débuter la saison testait sa voiture sur le circuit du Bourbonnais. « Mais avec des pneus très dégradés, je n’avais aucune sensation à part un meilleur freinage puisque nous avions également travaillé dans ce domaine. »

A l’heure d’aborder la Course de Côte de Bagnols-Sabran, Morane Cat-Mackowiak craignait de ne plus être en mesure de remporter cette saison les Coupes des Dames sur les épreuves. Finalement, c’est elle qui terminera première féminine du Production sur la manche d’ouverture de la saison où elle se classe troisième du groupe N : « J’ai abordé les essais en douceur, les tests en circuit n’ayant pas été réellement concluants. Pour moi le plus gros changement, c’est qu’en étant championne en titre, je m’élançais lors des essais avec les dix plus petits numéros du championnat, donc seule groupe N, sans l’aide des proches, si ce n’est de mon père qui heureusement ne roulait pas et restait à mes côtés. Et puis ce n’est pas évident de s’élancer juste devant la Lamborghini de David Meillon, c’est un poil stressant », avoue Morane… Départ prudent avant que dimanche, pour la course, elle chausse quatre pneus neufs sur sa M3, « et dès la première épingle j’ai eu le sentiment que c’était une autre voiture, que je disposais exactement des réglages que je souhaitais. Au final, j’améliore mon chrono de la précédente édition de plus de deux secondes, donc de quoi être totalement satisfaite d’une épreuve très difficile puisque ce week-end là j’ai perdu ma grand-mère », se remémore Morane.

C’est à nouveau à la troisième place du groupe N, derrière les BMW M3 de Sébastien Lemaire et d’Alexandre Garnier que l’on retrouvait Morane à l’arrivée du Col Saint-Pierre. L’épreuve cévenole lui offrait l’occasion de remporter une nouvelle Coupe des Dames : « Sur cette épreuve, Elodie (Lafosse) est sortie de la route, et même si nous sommes concurrentes, nous sommes avant tout copines et de ce fait je n’étais absolument pas à mon aise sur cette épreuve. Je ne suis pas parvenue à me mettre dans la course tout au long du week-end, même si j’améliore mon chrono de 2022 de cinq secondes. Sur les dernières montées de course je suis parvenue à me dire ''Oublie tout, roule détendue'' et c’est là que je signe mon meilleur chrono en faisant juste ce que je sais faire. Pour ce qui est du résultat, je sais que je termine troisième parce que Kevin (Jarousse) abandonne », analyse Morane en toute humilité.

Abreschviller marquera l’entrée en lice de Jennifer La Monica, et Morane reconnait qu’elle observait de près les prestations de celle qui se présentait comme une rivale : « Ce fut un week-end compliqué, avec une météo capricieuse et la violente sortie de route de Bruno Fra, un accident qui refroidit tout le monde. Je ne me suis pas fait plaisir durant un week-end où je n’étais pas à mon aise. Le seul point positif c’est que même si je termine quatrième du groupe N, je me suis vraiment ''arrachée'' pour aller chercher cette place face à la M3 de Pierre Bellinger », se souvient Morane qui devançait Jennifer La Monica et remportait donc la Coupe de Dames.

La Course de Côte des Teurses de Thèreval - Agneaux, par laquelle débute la campagne de l’Ouest aura une saveur particulière pour Morane Cat-Mackowiak qui était privée de ses principaux rivaux. En effet, Sébastien Lemaire, son compagnon, et Alexandre Garnier étaient absents des débats. Pour autant le plateau du groupe N n’était pas dégarni avec six engagés dans la classe N/4 où évolue Morane : « Seb me disait qu’en son absence et en l’absence d’Alex il fallait que j’aille chercher la victoire, ce qui me mettait une pression supplémentaire », reconnait la jeune femme. « Sur le principe j’étais d’accord, mais à l’issue de la première montée d’essais j’étais cinquième et après la seconde, troisième. J’ai appelé mon père et Seb en leur disant que je n’y arrivais pas, j’étais catastrophée. Heureusement, Ronald (Garcès) m’a énormément aidé, en me prenant avec lui en reconnaissance, en me prodiguant de précieux conseils, en me motivant… Au final, je remporte le groupe, et je termine en pleurs tellement l’émotion était forte. Je m’étais imposée dans le groupe à Lodève l’an dernier, en 2ème Division, mais c’est ma toute première victoire en CFM. Ce que j’ai particulièrement apprécié c’est le soutien des compagnes des pilotes avec lesquels je me battais, j’ai trouvé ça super sympa de voir des filles venir me dire, ''t’as battu mon mec, félicitations ! '' c’était vraiment génial », se souvient Morane qui remporte en Normandie une nouvelle Coupe des Dames et qui améliore son chrono de la précédente édition de quatre secondes.

A La Pommeraye le couple que forme Morane avec Sébastien Lemaire réalisera un doublé puisque le pilote Audois impose sa BMW en groupe N devant celle de sa compagne : « J’aime beaucoup ce tracé sur lequel j’avais été à mon aise l’an dernier. Sur une manche de course je termine à quatre dixièmes de Seb, c’est pas ''dégeu'', et je suis parvenue à battre le record de mon père sur cette épreuve avec la même voiture, certes que de treize millièmes, mais c’est devant et hyper réjouissant. »

Monopole de victoires féminines durant une année
A Saint Gouëno, c’est Alexandre Garnier qui sortira vainqueur de la confrontation en groupe N en devançant Sébastien Lemaire et Morane Cat-Mackowiak, qui remporte une nouvelle Coupe des Dames : « J’attendais avec impatience cette épreuve sur laquelle en 2022 j’étais parvenue à devancer Seb sur une manche. J’avais pour idée de faire pareil. Lors des essais, j’arrive à devancer Alex sur une montée, j’étais donc dans la bagarre, et en course sur une montée je suis devant Seb. Mon but cette saison c’était d’être à leur contact, proche d’eux, donc de quoi être pleinement contente du résultat. »

Morane se souvient que, en 2022, c’est à Saint Gouëno qu’elle remportait sa première Coupe des Dames : « Et depuis, je n’en ai pas loupé une seule. La boucle était bouclée puisque j’ai passé une année complète en terminant première féminine sur toutes les épreuves. »

Devancé à Saint Gouëno, Sébastien Lemaire prendra sa revanche à Marchampt où il s’imposait devant Alexandre Garnier et Morane : « J’étais déterminée comme jamais et j’ai vraiment ''pris mon pied'' sur cette épreuve. J’ai vraiment attaqué fort et le plaisir était au rendez-vous. J’étais très près d’Alex en améliorant mes chronos de deux secondes par rapport à 2022 », rappelle la championne qui termine première féminine dans le Beaujolais.

C’est à reculons que Morane se rendra à Vuillafans, épreuve où en 2022 elle avait jugé sa prestation catastrophique : « Je me suis fait peur, je n’y arrivais pas et j’ai subi tout au long du week-end. Je craignais de vivre à nouveau la même chose. Je me suis vraiment forcée et comme l’an dernier j’ai connu un problème d’ABS. Dans le groupe, je me suis retrouvée en confrontation avec David Lamarche qui roule également avec une M3. Je savais Seb et Alex intouchables sur cette épreuve, mais j’avais comme objectif de devancer ce nouvel adversaire », confie Morane. « Dès les essais, je réalise mon chrono de course de l’an dernier, et je me suis dit que c’était finalement jouable. Je me suis libérée et dimanche sur la première montée, alors que je ne suis jamais du matin, je signe un excellent chrono en améliorant de six secondes… Je me suis donc réconciliée avec Vuillafans et je suis impatiente de revenir en 2024. »

La série de victoires en féminine de Morane Cat-Mackowiak allait s’arrêter à Dunières où elle se voyait devancée par Jennifer La Monica : « Ce tracé sinueux n’est pas trop mon kiff. J’ai roulé et je me suis battu avec Kevin (Jarousse) qui était devant lors des essais mais que je devance en course. C’est tout ce que j’en retiendrai », commente Morane qui termine deuxième du groupe N.

Au Mont-Dore, Morane savait que Jennifer La Monica serait sur ses terres une adversaire redoutable. Et si le combat s’est limité à deux montées de courses seulement, au final, pour huit dixièmes Morane remporte la Coupe des Dames devant sa rivale : « Sur la première montée d’essais je prends un drapeau jaune et je rattrape le gars devant moi, je perds donc le bénéfice de cette ascension. Je craignais Kevin (Jarousse) qui avait réalisé d’excellents chronos sur le Saint Pierre et que l’on attendait sur le Mont-Dore. Compte tenu de la météo, je savais que nous ne ferions pas quinze montées et qu’il fallait s’arracher d’entrée de jeu. J’ai fait sur la première manche de course la montée de ma vie ! Je voulais descendre en dessous des trois minutes, un temps en 2'59''999 m’aurait pleinement satisfaite pour moi qui l’an dernier était en 3'02''. Quand je passe la ligne d’arrivée, je vois s’afficher un 2'57''600… Un chrono de ouf, avec une amélioration de plus de cinq secondes, ce qui fait une seconde au kil’. Jennifer jouait à domicile, le Mont-Dore c’est sa course et parvenir à la devancer… J’étais hyper contente ! »

Mais à Chamrousse, si Morane parvient à se classe deuxième du groupe N derrière Sébastien Lemaire, elle ne peut empêcher Jennifer La Monica de lui ravir la Coupe des Dames : « Au cumul je termine à neuf dixièmes de Seb, ce qui n’étais encore jamais arrivé. Sur deux montées, ça fait près de dix kilomètres, donc moins d’un dixième au kilomètre… J’ai eu le plaisir de me battre avec lui tout le week-end, c’était juste génial et même si je termine deuxième, je suis totalement satisfaite de mon week-end. »

Sur les épreuves de fin de saison, Jennifer La Monica avait bien cerné le maniement de sa Léon Supercopa MK3, et avec une BMW M3 groupe N, Morane avait de plus en plus de mal à lui contester la première place des féminines. Devancée par sa rivale à Turckheim, elle livrera un duel permanent à Alexandre Garnier pour terminer dans le sillage de son adversaire, alors que Sébastien Lemaire signait un nouveau succès de groupe. Mais ce qui marquera avant tout le week-end alsacien de Morane, c’est une grosse frayeur : « J’ai vécu la première escapade hors de la route depuis mes débuts. Lors des essais, à l’approche de la dernière épingle, j’ai ''tapé'' dans les freins et il ne s’est absolument rien passé. Par chance j’ai pu récupérer la voiture et terminer dans un chemin sans avoir rien touché, mais je n’ai pas du tout aimé. Dimanche, je suis partie avec la crainte que cela se reproduise et je n’étais donc pas dans le coup. Le championnat était potentiellement gagné, je n’avais pas le droit de prendre de risque car je devais assurer un résultat. »

A Limonest, c’est par un dernier doublé en terminant deuxième derrière Sébastien Lemaire, que le couple leader du groupe N concluait leurs saisons : « Cela faisait très longtemps que Seb n’avait pas roulé à Limonest, et franchement j’ai envie de le faire ''ch…''. Il n’aime pas cette course, qui est la seule sur laquelle je compte plus de participations que lui. Mais j’ai rapidement compris que, comme à Turckheim, ma pédale de frein ne répondait pas correctement aux sollicitations. De ce fait je n’étais pas en confiance et au final je me suis plus bataillé avec Kevin (Jarousse) qu’avec Seb. Habituellement Kevin est toujours devant moi lors des essais, et là je suis devant tout le week-end, donc contente. »

Championne, Trophée Michelin et Open Féminin
Pour sa deuxième saison sur le Championnat de France de la Montagne, Morane Cat-Mackowiak conserve sa couronne de Championne de France Production. Elle termine deuxième du Challenge Open N/4, remporte le Trophée Michelin CFM ainsi que le Challenge Open Féminin… : « Quand je me remémore que ce n’est que ma deuxième saison et que je compte deux titres, tout ça en seulement deux ans, j’ai du mal à le croire. En prenant part au championnat avec une BMW M3 groupe N, pour moi tout ça était inenvisageable », reconnait Morane que l’on retrouve à la douzième place du championnat. « C’est difficile de rêver mieux, cette saison fut géniale. L’an dernier, j’ai joué le titre avec Elodie (Lafosse) sur la montée de la dernière épreuve pour quatre points. Cette année je coiffe la couronne avant la fin de la saison, c’est plutôt sympa. Le Trophée Michelin c’est un gros plus et l’Open Féminin qui se joue sur la régularité démontre que j’ai été cohérente tout au long de la saison, même lorsque je devais attaquer », analyse Morane qui sera à l’arrivée de chacune des épreuves. « En 2022, j’étais parvenue à marquer des points scratch sur une seule épreuve. Cette année, j’enregistre des points scratch sur toutes les courses sauf une, et contrairement à l’an dernier, je ne défie pas que les animateurs du groupe N, puisque j’ai rivalisé avec des groupes A ou avec la Ferrari d’Eric Michon… Parvenir à réaliser tout ça avec une M3 groupe N qui a trente ans, qui pèse 1300 kilos et qui est opposée à de vraies voitures de course… Ça me parait plutôt très bien. »

Cette saison de rêve et son second titre, Morane Cat-Mackowiak les partage avec ses principaux soutiens : « Un immense merci à mon mécano (Bernard) qui est toujours là sur presque toutes les épreuves avec une motivation infaillible, ainsi qu'à sa femme Lydie. Merci également à mon papa, qui n'a pas pu rouler cette saison et qui m'a permis d'avoir l'air d'être une pilote officielle. J’ai la chance de disposer deux mécanos pour moi, je n’avais vraiment pas grand-chose à faire sur la voiture durant les week-ends de course. Un grand merci à la Famille Lemaire, parents et fils, même si le fils fait tout pour que j'y arrive en faisant en même temps tout pour que je reste derrière », plaisante Morane. « Je n’oublie pas mes partenaires qui m'ont permis de remettre le titre en jeu cette saison : Ksk, Sart Auto, Easy Love, Carrosserie du Fort, Yacco, EB enseigne, Mag'auto et Mackobar. »

Même si elle sait que face à des autos plus performantes le challenge va être difficile à relever, Morane Cat-Mackowiak va repartir pour une nouvelle saison au volant de sa BMW M3 : « Je ne dispose pas de budgets supplémentaires pour pouvoir changer de voiture. Donc je vais me relancer sur une nouvelle campagne avec le même programme sportif », conclut la double Championne de France de la Montagne Production.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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