Championnat complet pour une première sur le CFM

Après avoir découvert sa Peugeot 207 LW à Limonest en 2021, Franck Perrin se lançait le pari osé d’être en 2022 au départ de toutes les manches du Championnat de France de la Montagne. Défi relevé avec brio pour le Lyonnais, qui non seulement alignera sa Peugeot sur l’ensemble des épreuves, mais sera à l’arrivée de toutes les montées !

S’ils ont connu des carrières prolifiques et se sont construits des palmarès plus qu’enviables, les Johnny Servoz-Gavin, Jean-Pierre Beltoise et François Cevert ont un point commun, celui d’avoir débuté en MEP X27, une série plus connue sous l’appellation de Formule Bleue. A cette époque Georges Perrin, le père de Franck, comptait parmi les animateurs de cette Formule Bleue qu’il abordait avec des budgets particulièrement réduits, ce qui modérait ostensiblement ses prétentions.

Franck garde un souvenir très précis de ce père passionné de mécanique qui, le vendredi soir, à la sortie de l’école, l’embarquait dans la Peugeot 404 familiale pour se rendre sur des compétitions automobiles. Mais la passion a ses limites, et Georges Perrin devra comme bon nombre d’amateurs délaisser le sport auto pour consacrer ses finances à d’autres préoccupations plus terre-à-terre mais ô combien nécessaires.

Mais s’il avait tiré un trait sur la compétition, Georges n’en restait pas moins passionné et il consacrait ses dimanches à suivre les Grand Prix de F1 à la télévision en compagnie de son fils : « Je me souviens des confrontations entre Alain Prost et Ayrton Senna » débute Franck, reconnaissant d’avoir reçu en héritage cette appétence pour le sport auto.

Premier pas en Renault 5 GT Turbo
La trentaine passée Franck Perrin faisait l’acquisition d’une Renault 5 GT Turbo avec la ferme intention de prendre part à quelques rallyes : « Mais faute de budget, je me suis tourné vers la course de côte, discipline moins onéreuse. J’avais eu l’occasion, en 1996 ou 97 de m’engager sur la Course de Côte de Limonest – Mont Verdun et de disputer quelques épreuves régionales. » Mais comme son père, Franck était rattrapé par une vie professionnelle très prenante qui l’obligeait à mettre le sport automobile entre parenthèses : « En plus de mon travail, j’avais fondé une famille, et je n’avais vraiment plus de temps à consacrer à la compétition. Mais je gardais un œil attentif sur les courses et j’ai toujours conservé des autos plutôt sympas dans mon garage », confie Franck qui fut le propriétaire d’une Martini MK 71 avec laquelle il prenait part, deux ou trois fois dans l’année, à des Track Days.

S’il n’avait plus l’occasion de courir, Franck Perrin n’a jamais tiré un trait définitif sur la possibilité de retrouver le volant d’une voiture de course. Dans le courant de l’année 2021, le Lyonnais estimait que le temps était venu d’assouvir pleinement sa passion : « Je me suis dit que j’arrivais à un âge où il fallait que je comble mes envies. J’ai donc fait l’acquisition d’une Peugeot 207 LW avec l’objectif de refaire des Track Days. » Le choix d’une Peugeot 207 peut paraitre surprenant, ce modèle n’étant pas très répandu en compétition : « Je suis un nouveau marié, depuis novembre 2021, j’ai envie de profiter de la vie, et j’ai donc porté mon choix sur une voiture accessible qui n’entamait pas mon budget », confie cet épicurien dans l’âme.

En 2021, Franck prenait part à deux courses de côte puisqu’on le retrouvait à Limonest et à Lamure-sur-Azergues. Des expériences qui allaient l’inciter à se concocter un magnifique programme pour la saison 2022. En effet, le Lyonnais décidait de se lancer sur une campagne de France, en participant à l’intégralité des manches du championnat.

Du plaisir à l’état pur !
Si avec sa Peugeot 207 LW Franck Perrin ne pouvait prétendre jouer les premiers rôles, en revanche, pour ce qui est du capital sympathie, il figure incontestablement sur le podium. Sa gentillesse, sa bienveillance, sa façon d’aborder les épreuves avec une certaine candeur, ont fait l’unanimité au sein des paddocks. Il faut dire qu’à 57 ans, Franck à l’intelligence d’appréhender le championnat avec un regard d’adolescent, savourant pleinement les découvertes qui allaient marquer sa saison : « Je n’avais aucun objectif, je ne connaissais pas les épreuves, pas plus que les animateurs du championnat. J’avais tout à découvrir et c’était ce plaisir-là qui me motivait avant tout. Je voulais au moins une fois dans ma vie me retrouver dans l’ambiance d’un championnat, avoir le sentiment d’être un vrai pilote. »

C’est au moment de s’inscrire sur le Championnat de France de la Montagne que Franck Perrin découvrait qu’il allait évoluer dans le Challenge Open A/4, en concurrence avec les 308 Cup : « Je savais donc que je n’avais aucune chance de résultat, mais peu importe, l’important était vraiment de partager des bons moments avec mes adversaires et de faire de belles découvertes et de belles rencontres. »

Excepté le tracé de Limonest qu’il avait déjà eu l’occasion d’affronter en 2021 avec sa Peugeot 207 LW, Franck Perrin partait donc à la découverte de l’ensemble des parcours des épreuves du Championnat de France de la Montagne. La première découverte aura pour cadre la Course de Côte de Bagnols-Sabran : « J’avoue que pour ce premier rendez-vous j’avais un peu la peur au ventre. Quand tu te lances le défi de faire une saison complète, tu n’abordes pas la course comme si tu n’avais prévu qu’une ou deux épreuves dans la saison. Tu te dois de gérer et ne surtout pas aller à la faute. C’était un peu ma hantise, la crainte de compromettre la suite en commettant une erreur », explique Franck. « J’ai donc roulé sur un rythme sage, d’autant qu’avant de me rendre à Sabran j’avais pris part à la Course de Côte de Lugny, où ça s’était mal passé à cause d’une panne de turbo. J’arrivais donc à Bagnols sur la réserve. »

Une autre inquiétude hantait l’esprit de Franck Perrin, la peur de ne pas être à la hauteur du challenge : « Je me retrouvais sur la même ligne de départ que les Francis Dosières, Ronald Garcès ou Jean-Marie Almeras… Des stars de la discipline, et ma crainte était d’être totalement largué, de terminer une minute derrière tout le monde. Je me suis dit que si je me faisais doubler par deux ou trois pilotes sur la montée, ça n’allait vraiment pas le faire. » Mais Franck sera rapidement rassuré, car s’il n’occupait pas les premières places, ses chronos étaient loin d’être ridicules. « Finalement je termine troisième de ma classe. Alors je sais bien que c’est faute de concurrents », reconnait-il humblement, « mais ça fait toujours plaisir. »

S’il abordait cette saison en pur amateur, Franck Perrin ne dédaignait pas pour autant la préparation des épreuves. Durant cette année 2022, il travaillera avec assiduité la compréhension des tracés : « J’ai passé des heures à visionner des vidéos. Cela me permettait d’arriver sur une épreuve en ayant le sentiment de la connaitre par-cœur. Mais une fois sur le terrain, les repères ne sont plus les mêmes et je me retrouvais totalement perdu. Sur le Col Saint-Pierre, qui est certainement l’épreuve la plus difficile à assimiler, je ne savais plus où j’étais. Ce qui m’a rassuré, c’est qu’un pilote de la trempe de Francis Dosières m’a confié qu’il lui avait fallu plusieurs participations avant d’être réellement à son aise. »  Malgré tout Franck conservera un fabuleux souvenir de la seconde épreuve gardoise : « C’est un fabuleux parcours, une manche du Championnat d’Europe. C’est vraiment magnifique et pour un pilote qui évolue en course de côte, il faut avoir fait ça une fois dans sa vie. »

Le tracé d’Abreschviller, beaucoup plus court, est nettement plus facile à appréhender, et Franck allait connaitre un excellent week-end en Lorraine : « J’ai adoré… Il y a des épreuves où règne une ambiance particulière, et puis c’était ma troisième course de la saison et je commençais à être intégré, à me faire des relations parmi les animateurs du championnat. Moi qui ne suis pas d’un naturel timide, j’étais malgré tout un peu sur la réserve dans cet univers que je découvrais, et je me suis aperçu que les gens venaient vers moi, qu’ils m’avaient adopté et c’était très enthousiasmant. »

La suite de la saison se poursuivait par les trois épreuves de l’Ouest. Et sur les Teurses de Thèreval – Agneaux, Franck Perrin pouvait pleinement se satisfaire d’une deuxième place dans la classe A/4 : « Là encore j’ai adoré cette épreuve, certainement l’épreuve que j’ai préférée juste avant celle de Saint Gouëno. Après pour ce qui est de mon week-end normand, je n’ai pu faire qu’une seule montée avec le turbo qui fonctionnait correctement. Ca j’avoue que c’était un peu compliqué à gérer. »

« Génial ! » lâche Franck quand on évoque La Pommeraye. Le Lyonnais fait une nouvelle fois preuve de son enthousiasme naturel et avoue avoir pris énormément de plaisir sur l’épreuve angevine : « Quand on arrive sous ’’La Passerelle’’ on a le sentiment d’entrer dans un stadium avec une foule compacte qui vous suit, c’est vraiment génial », confie Franck qui se classait quatrième de sa classe.

C’est à nouveau à la quatrième place que l’on retrouvait la petite 207 LW sur les feuilles de classements à l’arrivée de Saint Gouëno : « Le ’’Fer à Cheval’’ quelle sensation ! On à l’impression d’avoir face à soi une tribune de foot, c’est grandiose. L’ambiance sur cette épreuve est fantastique, l’organisation irréprochable, on est considéré de la même manière que l’on se présente en tant que pilote de notoriété ou comme simple amateur. C’est vraiment top de ressentir que l’on est pris en charge par des bénévoles totalement passionnés. »

Franck Perrin est tombé sous le charme de la vallée de la Loue où se situe le village de Vuillafans : « Les paysages sont extraordinaires, la course aussi, mais elle offre un stress énorme. Il faut vraiment avoir un gros cœur pour rouler sur ce tracé. Il faut garder à l’esprit que j’ai une auto qui ne dispose pas d’autobloquant, et dans la parabolique de Vuillafans, où certains pilotes attaquent fort, moi je me dois de lever le pied pour ne pas finir dans le muret. J’avoue m’être fait un peu peur durant ce week-end. »

Le tracé de Dunières n’est pas celui qui a retenu le plus l’attention de Franck Perrin : « Je ne dirais pas que je n’ai pas aimé, mais ce parcours n’a rien de particulièrement attractif. » Le plaisir sera réellement au rendez-vous à Marchampt où Franck retrouvait une manifestation à laquelle il avait déjà eu l’occasion d’assister durant son enfance : « L’épreuve se situe à 30 minutes de chez moi, et gamin, avec mon père et des cousins, nous étions là en spectateurs. C’est là que j’ai découvert la Porsche 935 de Jean-Marie Almeras, et aujourd’hui je participe comme lui à cette épreuve, c’est pour moi émotionnellement très fort », confie Franck. « Et puis avec le nouveau revêtement qui est un véritable billard, nous avons pu prendre des vitesses folles et je me suis fait réellement plaisir… Avec en plus la présence de mon fils et de ma femme. »

Le Mont-Dore est un monument que l’on aborde avec respect, et pour sa première participation, Franck Perrin estime avoir vécu un rêve éveillé : « Quel bonheur, quel magnifiques paysages, quel fabuleux tracé. Ce fut compliqué parce que la voiture manquait cruellement de chevaux en altitude et j’avais mon turbo qui s’arrêtait. On comprendra plus tard que cela provenait du régulateur de pression de turbo. Ca ne nous a pas facilité les choses, et j’ai vécu un moment frustrant quand sur une montée je me suis fait rattraper par la 308 Cup de Manuel Brunet. »

Le week-end dans le Massif du Sancy s’avérait difficile, des problèmes de turbo qui affectaient de manière récurrente ses prestations depuis le début de saison l’empêchaient de gérer correctement ses courses : « La problématique, c’est que quand tu passes ta journée d’essais à comprendre d’où peut venir un problème, tu ne prends pas tes marques pour la course, et le lendemain tu es en retard sur ton plan de marche. Et j’ai connu cette frustration sur les épreuves de la première partie de saison. »

Si les soucis rencontrés sur le Mont-Dore étaient toujours présents à Chamrousse, ils n’empêchaient pas Franck de monter sur le podium de sa classe : « Mais surtout, sur cette épreuve, nous avons compris que notre souci provenait du régulateur de pression de turbo et cela m’a permis de me relancer dans une bonne configuration. »

L’apprentissage de la course passe logiquement par quelques erreurs. Il faut juste espérer que les premières ne soient pas graves. A Turckheim, Franck Perrin allait connaitre sa première grosse chaleur : « J’avais bien géré mon démarrage, ce qui n’est pas toujours évident quand on ne dispose pas d’autobloquant. Je suis arrivé très fort au bout de la ligne droite après la chicane, et là j’ai oublié un virage ! De ce fait je suis arrivé pied au plancher dans une courbe sur laquelle il faut préalablement freiner. Je suis parti à l’équerre, mais par bonheur l’auto a repris sa ligne, mais ça m’a bien calmé pour la suite. Mais qu’elle magnifique épreuve ! »

Pour terminer la saison, Franck abordait son épreuve à domicile, la Course de Côte de Limonest : « Elle se situe à six minutes de chez moi. C’est une course que je connais mais pas forcément celle que j’apprécie le plus. Et en plus j’étais moins vite cette année que lors de ma dernière participation. Mais j’ai découvert à l’arrivée que j’avais cassé deux goujons de la poulie Damper, ce qui émettait un petit bruit. Et à l’arrivée de Limonest j’ai découvert un morceau de courroie qui pendait et j’ai compris d’où venait le mal. J’ai donc fait la redescente sans mettre en marche le moteur pour ne pas causer de dommages. »

C’est en compagnie de Patrick Ramus, qui passait la semaine chez Franck pour préparer la Finale de la Coupe de France de la Montagne, que le Lyonnais réparait sa 207 LW : « Patrick a tout remis en ordre et j’ai pu m’aligner sur la Finale où je me suis rendu compte que j’avais une auto qui fonctionnait à la perfection. Après, sur la Finale, nous avons dû composer avec la pluie et je n’ai jamais pu tirer la quintessence de la 207. »

La plus belle année de sa vie !
Franck Perrin a donc réussi le pari osé d’être au départ des treize manches inscrites au calendrier du Championnat de France de la Montagne pour sa toute première saison sur le CFM. Et même si durant la saison il a rencontré pas mal de problèmes techniques, et qu’il lui a fallu du temps pour venir à bout de tous les petits soucis qui se sont présentés à lui, le bilan est bien évidemment largement positif : « Je pense avoir vécu la plus belle année de ma vie », analyse Franck. « J’ai réalisé mon objectif d’être au départ de toutes les épreuves et je n’ai pas loupé une seule montée, ni en essais, ni en course. Et même si je n’ai jamais poussé la 207 dans ses derniers retranchements, le but étant de gérer toute une saison, pas de tenter de réaliser des exploits, je suis pleinement satisfait du résultat. »

S’il est conscient d’avoir vécu une fabuleuse aventure, Franck Perrin sait qu’elle n’aurait pas pu se réaliser sans la présence de tous ceux qui s’investissent pour que se déroulent les épreuves du championnat. Et c’est vers eux que vont ses premiers remerciements : « Un immense merci aux bénévoles, aux commissaires, aux organisateurs. Un grand merci à Valérie ma petite femme et à mon mécano, Pierre du Team P-A Sport Automobile, Unil Opal et R2G Distribution. Merci également à tous ceux qui m’ont adopté et qui ont été d’une gentillesse extrême à mon égard alors que j’étais un illustre inconnu. J’ai tissé des liens avec énormément de monde, je me suis fait des amis et j’ai découvert un univers fabuleux au sein de la famille du CFM. »

Cette première participation au championnat a totalement comblé Franck Perrin qui ne peut pas imaginer ne pas être au départ la saison prochaine : « Je vais relancer la 207 LW sur le championnat. La seule différence c’est que je ne serai pas au départ de toutes les manches. Je pense réduire ma participation à une dizaine de courses. Mais la difficulté majeure et de savoir quelles épreuves j’élimine tant je me suis senti bien sur l’ensemble des courses. Il va falloir que j’étudie la chose de près. Mais il est clair que je serai là en 2023 », conclut Franck Perrin.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

Retrouvez toutes les infos, bilan et portrait de Franck Perrin.

 


← Retourner à la liste d'articles