Le Suisse toujours fidèle à la Tatuus PY12

Dirigeant de nombreuses sociétés, Jean-Jacques Maitre doit composer avec des obligations professionnelles chronophages. Des contraintes qui lui interdisent de prendre le temps nécessaire pour assouvir pleinement sa passion pour la compétition automobile. Mais le Suisse aime relever les challenges, et celui qui lui est proposé dans cette course contre le temps est loin de lui déplaire.

Durant la saison 2014 Jean-Jacques Maitre a fait preuve d’une rare pugnacité, menant à la fois un dur combat contre la maladie, et une lutte sans relâche face à des concurrents non moins combatifs, qu’il affrontait dans le cadre du Challenge Open CN/2. Ses problèmes de santé n’empêchaient pas le pilote suisse d’aligner les bons résultats, pour finalement terminer à la deuxième place du Challenge.

Si aujourd’hui la maladie est à ranger dans le registre des mauvais souvenirs, Jean-Jacques avoue que, malgré les difficultés, la saison 2014 fut riche en belles émotions. A l’heure d’aborder une nouvelle campagne sur le Championnat de France de la Montagne, le Suisse conservait une motivation intacte.

Jean-Jacques Maitre est homme de défi. Preuve en est, le choix qu’il a porté sur sa voiture de course, une Tatuus PY12, bien esseulée face aux nombreuses Norma qui animent le CN/2. Un choix osé, le Suisse n’ayant pas la possibilité de bénéficier de l’expérience acquise par ses adversaires, et des conseils avisés de pilotes évoluant sur la même monture que lui : « Je sais qu’en ayant choisi la Tatuus je ne me facilite pas les choses. L’auto est atypique, mais c’est ce qui me plait. Après, je sais que je dois me débrouiller seul pour la faire évoluer. »

Le Suisse n’a pas pour autant délaissé la préparation de cette saison 2015 : « Nous avons mis à profit l’intersaison pour faire évoluer la voiture. Je dispose à présent d’une auto qui s’approche de la configuration requise pour la course de côte », confie Jean-Jacques dont la Tatuus est issue du circuit. « L’essentiel du travail a été réalisé sur l’amortissement et la géométrie. »

Comme lors des deux précédentes saisons, c’est au sein de l’équipe Schatz Compétition que Jean-Jacques allait évoluer durant cette saison 2015 : « La prestation proposée par Nicolas correspondait totalement à mes attentes. Elle me permettait de courir dans des conditions qui étaient pour moi idéales. »

Même s’il reconnait que cela peut sembler paradoxal, Jean-Jacques admet que son principal objectif reste de se faire plaisir, tout en minimisant les risques : « Ça peut paraitre incohérent, en ce sens que pour aller vite, on se doit de prendre des risques. Mais l’objectif premier reste d’avoir de bonnes sensations aux volants, ce qui entraine nécessairement le plaisir du pilotage. »

A redécouverte de la Tatuus
La saison 2015 débutait pour Jean-Jacques à Bagnols-Sabran. L’occasion pour le Suisse de découvrir les évolutions apportées à sa Tatuus et de prendre conscience que, cette année, le plateau du CN/2 était particulièrement relevé : « La première confrontation de la saison permet de se situer par rapport à la concurrence. J’ai pu voir que le plateau s’était étoffé avec l’arrivée de voitures plus récentes, et donc plus performantes. Mais j’estime terminer à la position qui est la mienne, est en cela cette première épreuve est positive », analyse Jean-Jacques que l’on retrouvait à la huitième place de sa classe. « Je garde à l’esprit que j’avais beaucoup de chose à découvrir sur cette épreuve. On avait modifié la taille des roues, la suspension, la géométrie, et tous les réglages n’étaient pas encore optimisés. »

Jean-Jacques mettait à profit les quelques jours qui séparaient les deux épreuves gardoises pour parfaire les réglages de sa Tatuus, et se présenter au Col Saint-Pierre avec une auto plus conforme à ses attentes. « Mais cette fois j’étais en manque de vitesse. Je ne m’explique pas pourquoi, mais je ne suis pas parvenu à signer les chronos que j’espérais. A l’époque où je roulais avec la Norma, j’étais six secondes plus rapides. Là, un fossé s’est creusé, alors que dans le même temps j’ai le sentiment de m’être amélioré au niveau pilotage. Je reste donc persuadé que ma voiture n’est pas encore parfaite. » Malgré cette petite déconvenue, Jean-Jacques pouvait repartir satisfait de Saint-Jean-du-Gard, après avoir signé une huitième place au scratch sur l’épreuve européenne, deuxième du CN/2 derrière son compatriote Xavier Vermeille.

La Course de Côte d’Abreschviller permettait à Jean-Jacques de flirter avec le podium de sa classe, puisque c’est à la quatrième place du CN/2 qu’il terminait l’épreuve mosellane : « Ça reste un excellent souvenir. C’est un parcours court, qui ne tolère aucune erreur, je suis donc satisfait de ma prestation. »

S’il reconnait avoir eu d’excellentes sensations au volant de sa Tatuus sur la Course de Côte de La Pommeraye, les chronos étaient en-deçà de ses attentes : « Mais j’ai eu le sentiment que l’alchimie prenait, que je cernais mieux le comportement de ma voiture, ce qui est pour moi essentiel. »

A Saint-Gouëno Jean-Jacques allait devoir composer avec des conditions difficiles : « Je n’ai que peu, voir pas d’expérience de la voiture sous la pluie. De ce fait j’étais sur la réserve jusqu’à la dernière montée. Mais sur l’ultime manche, je suis parvenu à me lâcher et je signe un très bon chrono. » Une performance qui lui permettait d’accrocher la quatrième place du CN/2.

Alors que beaucoup de pilotes reconnaissent que l’édition 2015 de la Course de Côte de Vuillafans fut particulièrement éprouvante, Jean-Jacques avoue ne pas avoir souffert d’une canicule omniprésente : « Je suis un véritable lézard », lâche-t-il goguenard. « Je ne crains pas du tout la chaleur, et donc je ne peux pas dire que j’ai souffert durant le week-end. En revanche, ce fut plus dur pour ma voiture. La configuration et la longueur du parcours ne convenaient pas aux réglages de l’auto. Je suis parvenu à améliorer mes temps sur chaque montée, et je ne peux que regretter que la dernière manche ait été annulée. »

La dernière confrontation de la saison, disputée à Turckheim, aura un caractère assez particulier pour Jean-Jacques qui ne disposait pas d’un bon set-up, et qui se retrouvait confronté à son compagnon de team, Fabien Bouduban : « Avant Turckheim, j’avais disputé Les Rangiers, et j’ai conservé les mêmes réglages. Sauf qu’ils ne convenaient absolument pas à un tracé comme Turckheim. Je me suis fait quelques frayeurs qui ont rapidement calmé mes ardeurs », explique-t-il.

Autre particularité, Jean-Jacques devait livrer combat à son équipier du Team Macracer, Fabien Bouduban, qui le devançait au final de 79 millièmes de secondes : « Je suis ravi pour Fabien. C’est moi qui l’ai amené à la course de côte, et je suis vraiment content que l’élève parvienne à dépasser le maître », se plait-il à dire non sans humour.

On ne peut pas faire un bilan de la saison de Jean-Jacques Maitre sans évoquer la Course de Côte de Saint Ursanne – Les Rangiers. A domicile, le Suisse signait un résultat de tout premier ordre en classant sa Tatuus à la neuvième place du scratch. En prime, il s’imposait devant Fabien Bouduban dans la catégorie E2 SportCars 2 Litres, un succès assorti d’une deuxième place en E2 SportCars toutes classes confondues, derrière Simone Faggioli : « L’épreuve s’est déroulée sur route humide, ce qui a tendance à gommer les différences, notamment de poids, ma voiture étant plus lourde que la majorité de ses rivales. Le plateau était très étoffé sur cette course, le résultat est d’autant plus satisfaisant pour moi », avoue Jean-Jacques. « Et puis se retrouver sur la deuxième marche d’un podium à côté de Simone, ça reste un grand moment. » La performance de Jean-Jacques sera d’ailleurs relayée par les réseaux sociaux, et les images de sa montée de course seront vues par plus de 9.000 personnes.

Un bilan globalement satisfaisant
« Mes résultats ne sont peut-être pas toujours à la hauteur de mes espérances », reconnait le Suisse en toute honnêteté. « Sur certaines courses j’étais plutôt bien, moins bien sur d’autres. J’ai amélioré mes chronos sur certaines épreuves, et conservé le même rythme que la saison précédente sur d’autres… Dans l’ensemble, je suis globalement satisfait de ma saison. »

Jean-Jacques Maitre avoue qu’il court avant tout contre le chrono. Non pas sur les épreuves, mais en dehors : « Je sais que pour signer de bonnes performances, il faut consacrer du temps pour préparer ses courses. Mes occupations ne me le permettent pas et, de ce fait, ma principale préoccupation est de me faire plaisir. »

Que les amateurs de la Tatuus PY12 soient rassurés, le Proto de Jean-Jacques Maitre sera à nouveau au départ des manches de notre championnat en 2016. Pas de changement de monture, mais un changement de structure, puisque c’est aux côtés de Cyrille Frantz que l’on retrouvera Jean-Jacques Maitre cette saison, le pilote suisse rejoint en effet l’équipe du Franc-Comtois : « J’étais pleinement satisfait de ce que me proposait jusqu’alors Nicolas Schatz, mais aujourd’hui, mon emploi du temps nécessite de trouver une structure qui prenne totalement en charge ma voiture. » Chef d’entreprise, Jean-Jacques Maitre tente d’assouvir sa passion de la compétition pour le mieux, mais ne peut se permettre de consacrer un temps précieux à la course, au détriment de ses obligations professionnelles. « Cyrille a la possibilité de prendre en charge l’acheminement de ma voiture. De ce fait, je n’aurais plus à me rendre sur les épreuves au volant du fourgon qui me permettait de tracter ma voiture. » Et ce n’est pas un point de détail pour un pilote qui souhaite disputer l’ensemble des épreuves inscrites au calendrier du championnat : « Sur certains déplacements, j’envisage de prendre l’avion, ce qui sera pour moi un gain de temps considérable. »

Jean-Jacques n’oublie pas les trois saisons passées sous la structure du Schatz Compétition, et tiens à remercier Nicolas et l’ensemble des membres de l’équipe : « Je garde d’excellents souvenirs de ses trois années qui m’ont apporté de très nombreuses satisfactions. » Jean-Jacques n’oublie pas non plus son associé et partenaire du Team Macracer, Fabien Bouduban : « Le fait de courir ensemble créait une vraie émulation, et démontre que les pilotes suisses ont leur place sur le Championnat de France. »

Un Team Macracer qui pourrait bien s’étoffer cette saison avec l’intégration de nouveaux pilotes. Ce ne serait pas une première pour Jean-Jacques qui, au début des années 2000, avait créé une filière pour jeunes cyclistes, ce qui lui avait permis de découvrir des talents qui par la suite sont devenus professionnels : « Dans le même esprit, nous souhaitons promouvoir de jeunes talents et leur permettre de progresser », conclut Jean-Jacques.


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