Rencontre avec un passionné de vitesse

Animateur du Championnat de France de la Montagne cette saison, Jean-Pascal Delrosso a intégré le Team Schatz compétition, au sein duquel il affronte les Courses de Côte au volant d’une Norma M20 FC. En constante progression, le pilote auvergnat s’est fixé comme objectif de réduire l’écart qui le sépare de ceux qui jouent les premiers rôles dans la classe CN/2, tout en gardant à l’esprit qu’avant de parvenir à ses fins, il va devoir parfaire l’apprentissage de sa monture.

Parcours d’un sportif pluridisciplinaire 
La passion de la vitesse et de la glisse est née très tôt dans l’esprit de Jean-Pascal. Mais le sport automobile n’étant pas accessible aux plus jeunes, c’est dans l’eau qu’il faisait ses premières armes. Durant une dizaine d’années, entre 7 et 17 ans, Jean-Pascal écumait les bassins. 50 mètres et 100 mètres brasse, puis nage libre sur les mêmes distances, la natation lui permettait alors de défier le chrono.

A partir de 18 ans, Jean-Pascal Delrosso délaissait les piscines pour se tourner vers les pistes d’athlétisme. Sprinteur sur 100 et 200 mètres, sportif de haut niveau national, il prenait part à des meetings Internationaux où il se retrouvait face à des athlètes qualifiés pour les Jeux-Olympiques tel que Christian Plaziat, multiple médaillé d’or du décathlon sur les Championnats d’Europe et Champion du Monde en salle à Barcelone en 1995. Intégré au sein de l’équipe Interclub Nationale Elite du Stade Clermontois Athlétisme sur 200 mètres et relayeur sur le 4×100 mètres, il aura l’occasion de défier des pointures internationales.

Au début des années 2000, à l’approche de la trentaine, Jean-Pascal mettait un terme à sa carrière en athlétisme pour se tourner vers le motocross, discipline qu’il pratiquera pendant cinq ans. Et l’automobile dans tout ça ? Là encore, c’est une passion de jeunesse : « Même si je ne suis pas issue d’une famille qui appréciait le sport automobile, j’ai toujours aimé la voiture », confie Jean-Pascal. « J’ai toujours suivi les rallyes et les courses de côte, et j’ai toujours eu des sportives aux volants desquelles je faisais des sorties en circuit pour le pur plaisir. » Une passion qui lui permettait de découvrir des tracés aussi prestigieux que celui de Magny-Cours où aussi attrayant que celui du Mas du Clos dans la Creuse. « C’était vraiment pour le plaisir que je retrouvais les membres du Peugeot Sport ou du Club VVL63 pour des journées open sur différentes pistes », se souvient-il.

Les débuts en course de côte
« Lors d’une sortie circuit, on m’a proposé d’être le pilote officiel de l’IFMA (Institut Français de Mécanique Avancée). L’institut a mis à ma disposition un Proto ARC MF3 avec lequel j’ai disputé deux saisons en course de côte. Mais par la suite, la réglementation a changé, et la voiture ne pouvant plus courir, je suis retourné vers les sorties open », poursuit Jean-Pascal, qui prenait également le temps de signer une victoire de groupe en 2006 au slalom de Pers au volant d’une Peugeot 205.

Mais c’est en spectateur que Jean-Pascal Delrosso venait assister à la Finale des slaloms sur laquelle Pascal Paire imposait son Proto Funyo en CN : « Le spectacle offert par cette discipline m’a donné des frissons », reconnait Jean-Pascal. « J’ai eu envie de faire la même chose, également avec un Funyo. Je suis parvenu à en acquérir un, mais j’ai eu de grosses difficultés pour trouver quelqu’un en mesure de le configurer correctement, aux normes exigées pour la course de côte. De ce fait, le proto est resté plusieurs années au garage sans que je puisse l’utiliser. »

Après une première expérience en slalom avec sa 205, le Proto Funyo enfin prêt, Jean-Pascal se tourne vers la Course de Côte et se présente en 2013 au départ du Mont-Dore et de Limonest. La saison suivante, on le retrouvera à Bagnols-Sabran, aux Beaujolais-Villages et au Mont-Dore : « Le Funyo est assez facile à piloter pour débuter, et j’avoue que je me suis fait plaisir sur ces courses. Après, la découverte d’épreuve comme le Mont-Dore est toujours difficile, de par sa technicité et la longueur de son tracé. »

Du Funyo à la Norma
L’intention initiale de Jean-Pascal Delrosso était de prendre part au Championnat de France de la Montagne 2015 avec son Proto Funyo F6. Mais le pilote auvergnat se voyait offrir l’opportunité d’essayer la Norma M20 FC 2 Litres dont dispose Nicolas Schatz : « C’est le genre de voiture qu’il ne faut pas essayer », plaisante-t-il. « C’est magique, beaucoup plus performant que le Funyo, et bien évidemment le choix m’a paru tout de suite évident. » Pour ce qui est de son approche de la compétition, la rencontre avec Nicolas Schatz sur le Mont-Dore, allait déboucher sur l’intégration de Jean-Pascal au sein du Team Schatz Compétition : « Nico m’a aidé en 2014 pour mieux cerner le tracé du Mont-Dore, et c’est tout naturellement que je me suis tourné vers lui pour cette saison 2015. »

En optant pour la Norma, Jean-Pascal sait avoir fait le bon choix : « C’est une auto plus vive que le Funyo, qui pardonne moins, mais quel plaisir et quel potentiel. Je n’exploite pas encore l’intégralité de son potentiel pour parvenir à entretenir de longues dérives, mais j’ai le sentiment que lorsque je parviendrai à cerner totalement son comportement, ça va être un vrai bonheur. »

Pour Jean-Pascal, la saison 2015 débutait à Bagnols-Sabran, où il découvrait sa Norma en compétition : « C’est un beau tracé, mais bien évidemment je n’étais pas en mesure d’exploiter la voiture lors de cette première course. Mais ça reste un super souvenir. »

Pour son deuxième rendez-vous, Jean-Pascal Delrosso allait être confronté à un tracé mythique, celui du Col Saint-Pierre : « C’est une épreuve très difficile à mémoriser. Tout au long de la montée, on trouve d’un côté la montagne, de l’autre le ravin, sans vraiment avoir de repères qui permettent de se situer. Pour le reste, c’est magnifique, même si là encore le manque d’expérience m’a empêché d’être tout à fait compétitif. »

La Course de Côte de Saint-Gouëno, troisième épreuve inscrite au calendrier de Jean-Pascal, allait lui permettre de s’illustrer. Huitième au général, il accrochait la deuxième place du CN/2 : « J’ai pris conscience que j’étais plus à l’aise sous la pluie que je pouvais le penser. Je me suis rapidement familiarisé avec le revêtement humide, et j’ai pu tester les limites de l’auto dans ces conditions. Bien évidemment, je suis content de ce résultat, et j’ai le sentiment d’avoir vraiment progressé au fil des épreuves. »

D’autant plus satisfait que le week-end était mal engagé, Jean-Pascal rencontrait en effet quelques soucis techniques sur sa Norma : « Ce que je retiendrai, c’est que cela m’a permis de cerner le professionnalisme et le dévouement du Team Schatz Compétition, dont les membres ont travaillé sans relâche pour me permettre de me relancer. »

Aux portes du podium
Hors championnat, on a pu voir récemment Jean-Pascal Delrosso sur la Course de Côte d’Issoire, où il termine quatrième à seulement trois millièmes de seconde du podium. Loupé une telle consécration pour si peu pourrait s’avérer pour le moins frustrant, mais loin d’être déçu, Jean-Pascal retient avant tout sa bonne performance : « La concurrence cette année était très relevée. En terminant quatrième je signe une excellente performance. D’ailleurs, j’ai pu constater que mon chrono m’aurait permis de terminer deuxième lors de la précédente édition », analyse-t-il. « Je visualise que trois millièmes de seconde ne représentent que quelques centimètres sur la ligne d’arrivée. Du temps où je faisais du sprint, et ou les chronos étaient toujours départagés au centièmes, j’aurais été 3ème ex-aequo. »

Jean-Pascal n’oublie pas non plus qu’il s’agissait là seulement de sa quatrième course avec la Norma : « J’estime que mon adaptation a été plutôt rapide pour arriver à ce niveau de performance. Je sais que je dois énormément au coaching de Nicolas Schatz. Ces précieux conseils m’ont permis de franchir des étapes que seul, j’aurais mis énormément de temps à atteindre. Je suis conscient que je dois encore travailler, mais mes récents résultats prouvent que je suis sur la bonne voie. Je suis encore en phase d’apprentissage, je sais pouvoir gagner du temps notamment dans les portions lentes. »

Jean-Pascal Delrosso ne veut pas afficher de prétentions particulières pour la suite de la saison. L’Auvergnat observe les performances de Kévin Durot et Damien Chamberod, deux références en CN/2, et espère pouvoir réduire sensiblement l’écart qui le sépare d’eux : « Mais pour cela, je suis là encore conscient que j’ai du travail à accomplir », reconnait-il humblement. « Maintenant, le bilan de ma première partie de saison est largement positif pour un pilote qui comme moi découvre l’environnement et la voiture. »

Pour franchir un nouveau palier, Jean-Pascal Delrosso n’oublie pas que le nerf de la guerre reste l’argent, et que l’arrivée de partenaires pourrait lui permettre de finaliser son budget, et notamment de disposer de trains de pneus neufs pour la suite.

Jean-Pascal est un pilote heureux. Au sein du Team Schatz Compétition, il vit une magnifique saison : « L’ambiance entre pilotes et membres de l’équipe est extraordinaire. Il y a une réelle entraide entre pilotes, et Nicolas est à l’écoute de chacun d’entre nous. Je voudrais profiter de l’occasion qui m’est donnée pour remercier Sophie, ma compagne, qui me suit sur le maximum de courses, mon père qui est venu me voir à Issoire, Yohan et Laura, Germain et Audrey, Mimi et sa femme Martine, ma cousine Nathalie et son mari Anthony, Lionel, Laurent, Cédric, Michelle, Guy et Lucie. Un grand merci à toute l’équipe Schatz Compétition, Bruno, Joëlle, Geoffrey, Dany, Hélène, Denis, Bobos et Gio, et surtout Nicolas Schatz grâce à qui j’en suis à ce niveau. »

Si vous voulez mieux connaitre Jean-Pascal, vous pouvez retrouver les résumés de ses courses, les photos, les vidéos et son agenda sur son site internet : www.delrosso-racing.com.

Propos recueillis par Bruno Valette


← Retourner à la liste d'articles