Une saison entre progrès et bienveillance

Après avoir pris part à la Course de Côte de Turckheim en 2020 et 2021, Kat Fischer se lançait cette saison un nouveau défi, celui de s’engager sur le Championnat de France de la Montagne avec comme objectif de découvrir les courses, d’apprendre le maniement de sa Clio et de mieux cerner les différents aspects de la discipline.

Il aura fallu qu’elle attende de prendre part à sa toute première course de côte pour que Kat Fischer apprenne, qu’avant elle, son père s’était déjà essayé à la discipline. En effet, bien avant que Kat ne s’installe derrière le volant, Jean-Paul son papa avait affronté le tracé d’une épreuve de la Ligue Lorraine-Alsace avec une petite Opel Corsa. Kat n’a aucun souvenir de cette participation, en revanche elle se souvient parfaitement d’un père passionné par les belles mécaniques. Ce dernier était admiratif de belles sportives dont il n’a pas manqué de faire à plusieurs reprises l’acquisition.

Sa carrière professionnelle amènera plus tard Kat Fischer à intégrer la société CroisiEurope. Et si les bateaux constituaient l’essentiel de ses préoccupations, là encore le sport automobile était bel et bien présent : « CroisiEurope soutenait le Loeb Racing et à plusieurs occasions j’ai pu assister à des animations organisées autour de la course. Cela m’a valu d’approcher un univers qui me paraissait passionnant », confie Kat.

Par la suite, Kat Fischer aura l’occasion de se rendre en spectatrice sur des courses de côte, et elle ne manquait pas de tomber sous le charme d’une discipline au sein de laquelle la convivialité règne en maitre : « J’ai adoré l’ambiance, l’entraide, l’adrénaline que peut procurer la compétition », poursuit Kat qui découvrait un sport très éloigné de ce qu’elle avait pu pratiquer auparavant. Comme de nombreuses jeunes filles, elle s’est adonnait à la danse, puis s’est tournée vers le football, une pratique alors assez peu répandue pour une jeune femme de sa génération : « J’ai dû faire quinze ans de danse et deux ans de foot », évoque-t-elle.

Débuts en Clio à Turckheim
Pour ses débuts en Course de Côte, Kat Fischer ne faisait pas dans la facilité. C’est à Turckheim, sur le tracé le plus long du championnat, qu’en 2019 elle engageait une Clio Renault Clio 3 Cup : « C’était pour moi l’épreuve à domicile. Alors certes ce n’est pas la plus facile, mais je pense qu’il n’y a rien de mieux que de commencer par un tracé de près de six kilomètres. Ca me permettait de découvrir une course dans sa complexité, avec tout ce que l’on peut retrouver sur une manche du championnat. »

En 2020, Kat sera à nouveau au départ de Turckheim, une nouvelle fois au volant de la Clio Cup. En 2021, à sa participation à la manche alsacienne du Championnat de France de la Montagne, viendra s’ajouter un engagement à La Broque où elle terminait première féminine : « Remporter une Coupe des Dames reste bien évidemment un excellent souvenir », confie-t-elle.

Pour 2022, Kat Fischer décidait de se lancer un nouveau défi en s’engageant, toujours avec une Renault Clio 3 Cup, sur un Challenge Open : « Le but était de découvrir le championnat mais surtout d’apprendre les rudiments du sport automobile. Je suis arrivée sur mes premières courses avec une totale méconnaissance de ce qui m’attendait », se souvient-elle. « Je devais apprendre à faire preuve de rigueur, à intégrer les conseils qui m’étaient donnés, à appréhender correctement les tracés, de nombreux éléments que je ne maitrisais pas et que je voulais réellement cerner. Et pour cela évoluer au sein du Team Helium Racing était important parce que je disposais des moyens pour progresser, pour évoluer et comprendre ce que je devais faire. »

La séance d’essais menée sur l’Anneau du Rhin avant le début de la saison permettait à Kat Fischer de retrouver ses sensations derrière le volant : « Le feeling était bon, et dès les deux premiers tours je me suis sentie dans mon élément, même si je gardais à l’esprit qu’une fois sur les épreuves, dans un environnement différents et avec la pression de la course, ça ne serait pas aussi facile. »

Comme toute compétitrice Kat Fischer avait le secret espoir de signer de bons résultats durant cette campagne 2022, mais son principal objectif était d’apprendre : « Avant de songer à aligner de bons chronos, il faut parfaitement cerner les différents aspects de la course, et j’en suis encore loin. Au début de cette saison 2022 je n’avais que très peu d’expérience et donc tout à découvrir », rappelle l’Alsacienne. « Et puis j’évolue dans une classe dans laquelle il n’y a que des ’’warriors’’, ce qui ne facilitait pas les choses. De plus, je louais ma Clio, et il était hors de question que je la casse, ce qui m’interdisait d’aller puiser dans mes derniers retranchements. »

Face aux jeunes talents que sont Mickael Bonnevie ou Sébastien Starck ou aux pilotes expérimentés tels que Laurent Lafosse et Michel Bineau, Kat savait qu’elle aurait fort à faire pour se mettre en valeur dans une classe A/3 particulièrement relevée. Mais pour le début de sa saison à Abreschviller, elle pouvait avoir la satisfaction de signer des chronos en constante évolution : « Je découvrais et j’ai beaucoup aimé. La course n’est pas aussi facile qu’elle pourrait paraitre, avec notamment l’approche des portions les plus rapides. C’est une épreuve sur laquelle il faut savoir se maîtriser et je suis plutôt contente de mon week-end. »

Après un premier rendez-vous dans l’Est de la France, c’est dans l’Ouest, à La Pommeraye, que l’on retrouvait Kat Fischer qui là encore découvrait le tracé angevin : « J’ai également beaucoup aimé. Déjà j’ai apprécié l’accueil, et pour ce qui est de la course, elle est moins rapide mais plus technique et je me suis réellement fait plaisir. »

Si le cadre de Saint Gouëno et l’organisation de l’épreuve bretonne ne peuvent laisser insensibles, en revanche Kat Fischer avoue qu’elle a préféré le tracé de La Pommeraye à celui de Saint Gouëno : « C’est plus complexe, difficile à aborder avec plusieurs portions qui nécessitent une approche différente. Mais j’ai tout de même passé un super week-end, un véritable coup de cœur pour la région et l’accueil qui nous est réservé. »

Il faudra attendre Chamrousse pour retrouver Kat Fischer qui abordait le tracé alpin pour la première fois : « Je n’en garde pas un très bon souvenir… On a dû rouler dans le brouillard, c’était ma première course sur le mouillé, avec un revêtement qui est très limite, et surtout l’épreuve a été marquée par la sortie de route de Damien Chamberod… Pour une découverte, les conditions n’étaient vraiment pas idéales. »

C’est à domicile, sur le tracé de Turckheim que Kat Fischer avait déjà eu l’occasion d’affronter à deux reprises, que l’Alsacienne allait prendre un réel plaisir au volant : « L’objectif était de me rapprocher des chronos que j’avais pu réaliser lors des précédentes éditions. Je me suis sentie bien, j’ai évolué, mais sur cette épreuve Aurore (Dodille) est sortie et a sérieusement endommagé sa Supercopa. Une nouvelle fois cet accident m’a particulièrement affecté et je n’étais plus dans ma course. »

On retrouvait ensuite Kat à Limonest où, comme à Turckheim, elle terminait cinquième de sa classe : « Je ne me suis jamais senti aussi bien. Les membres du team me disaient qu’ils ne m’avaient jamais vu aussi souriante et aussi détendue. J’ai adoré cette épreuve, et c’est le rendez-vous sur lequel j’ai pris le plus de plaisir cette saison. »

Une magnifique découverte
Stressée, en petite forme physique durant une partie de la saison, Kat Fischer n’a pas connu une saison très facile. Mais au final le bilan de sa campagne de France reste très positif : « J’ai pu me faire plaisir, évoluer, mieux cerner l’environnement. J’ai vécu des moments de partage et de convivialité extraordinaires tant au sein du Team Helium Racing qu’avec les autres animateurs du championnat. J’adore ce milieu dans lequel je me sens vraiment bien et pour tout cela c’est largement positif », analyse-t-elle. « C’est finalement à Limonest, sur la toute dernière épreuve de la saison, que j’ai commencé à me sentir à mon aise. A vraiment comprendre le maniement de la Clio. C’est dommage que la saison se termine sur cette épreuve. »

Sensible, Kat Fischer ne peut s’empêcher d’être dans l’affect. Et les soucis rencontrés par d’autres pilotes l’affectent : « Les épreuves que j’ai disputées cette saison ont été le théâtre de sorties de routes, souvent violentes, et je ne peux pas rester insensible aux malheurs des autres. J’avoue que je me pose mille questions, trop peut-être, et que cela me freine. Mais durant cette année, j’ai pu bénéficier de la bienveillance et de la motivation des autres pilotes qui n’ont pas manqué de me remonter le moral, c’est juste génial ! »

Consciente qu’une compétitrice se doit de prendre du recul face aux événements qui ne manquent pas d’émailler les manifestations sportives, Kat Fischer veut entreprendre un travail sur elle-même : « Je vais tenter grâce à la médecine chinoise de gommer le stress qui a tendance à m’envahir au moment de monter dans la voiture. Je me dois de mieux maîtriser mes émotions si je veux progresser. »

Plus que ses résultats, c’est la bienveillance des acteurs de la discipline que veut retenir Kat Fischer qui souhaite remercier tous ceux qui l’ont aidé durant cette année : « Un immense merci au Team Petit CroisiEurope de m’avoir accueilli et donné goût à ce milieu de la course de côte, au Team Helium Racing au sein duquel j’ai eu énormément de chance d’évoluer durant cette saison. Merci aussi au Domaine Lascamp pour son soutient toute la saison, à mon tonton qui est venu sur chaque course, à Dom, mes amis de près et de loin qui m’ont soutenu et ont cru en moi, souvent bien plus que moi-même », reconnait-elle dans un large sourire. « Merci au Cfm et à mon ASA, l’ASA d’Alsace ainsi qu’à tous les organisateurs, les bénévoles et tous mes amis pilotes qui sont vraiment au top. »

Rien n’est encore arrêté pour ce qui est de la saison 2023, mais Kat ne compte pas en rester là : « J’ai bien l’intention de rouler, mais je ne sais pas comment et avec qu’elle voiture. Tout est pour le moment à l’étude et je suis en quête de partenaires pour me relancer la saison prochaine. Je vais tout faire pour être présente, bien évidemment ! »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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