Plaisir obligatoire mais casse interdite pour l’Alsacien

« Petits moyens, mais grand plaisir », c’est la définition qu’Abel Sahoui donne de son implication en Course de Côte. Animateur cette saison de la classe A/5 aux volants de voitures qui lui étaient prêtées, c’est avec prudence qu’il abordait les épreuves du Championnat. Mais ce n’est pas pour autant qu’Abel n’a pas signé d’excellents chronos.

C’est en spectateur qu’au milieu des années 80, Abel Sahoui se rendait sur la Course de Côte de Fouchy. L’occasion pour lui, qui appréciait les belles mécaniques, de découvrir une discipline sportive dont il ignorait les rouages. Cette première expérience au bord de la route ne restera pas sans effet, puisqu’elle l’incitait à lui-même franchir le pas pour s’essayer derrière le volant d’une voiture de course.

Abel ne se laissait pas vraiment le temps de la réflexion, dès son retour de Fouchy il se mettait en quête d’une voiture qui allait lui permettre d’assouvir sa passion naissante. Et c’est sur une NSU groupe 2 qu’il jetait son dévolu. Mais sa méconnaissance de la gestion de l’attaque allait très rapidement le desservir : « J’ai pris part à un slalom où ça s’est très bien passé, et ensuite je me suis engagé sur la Course de Côte de Fouchy mais le samedi j’ai été victime d’une touchette », se souvient Abel. Loin de baisser les bras, l’Alsacien pouvait compter sur le soutien de Christian Debias qui l’aidait à réparer sa voiture afin qu’il se relance le dimanche : « Mais là je suis réellement parti à la faute et j’ai détruit cette NSU. »

Les grands débuts en Golf GTI
Cet accident calmait les ardeurs de notre pilote qui mettait alors la course entre parenthèse pour se tourner vers d’autres occupations moins dispendieuses. Mais la passion est un virus dont on ne guérit que très rarement, et quelques années plus tard, au début des années 90, Abel Sahoui faisait l’acquisition d’une Volkswagen Golf GTI groupe A : « Et c’est finalement avec cette voiture que j’ai fait mes vrais débuts », estime-t-il. « Je roulais alors essentiellement sur des épreuves régionales, ce qui m’a donné l’occasion de rencontrer Michel Lamarche qui évoluait au volant d’une Audi Groupe F… Je suis littéralement tombé amoureux de cette voiture, et je l’ai harcelé pendant deux ans pour qu’il me la vende. Finalement, il m’a fait un super cadeau en me la cédant pour un prix hyper raisonnable. »

C’est à partir de la saison 1996 qu’Abel s’installait dans l’habitacle de sa nouvelle Audi Groupe F avec laquelle il ne tardait pas à signer de très bons chronos. Plusieurs Porsche succèderont à l’Audi : « Je continuais à rouler en régional tout en prenant part à des manches du Championnat que j’appréciais, telles que Marchampt, Vuillafans, Chamrousse, Turckheim. Mon seul objectif étant alors de me faire plaisir. »

On retrouvera par la suite Abel Sahoui au volant d’un Jidé, toujours en Groupe F, « mais l’expérience n’a pas été concluante, le moteur, quasiment de série, ne répondant pas à mes attentes. » Le pilote de La Broque faisait ensuite l’acquisition d’une BMW M3 Groupe N avec laquelle il sera malheureusement victime d’une très grosse sortie de route sur l’édition 2011 de Marchampt en Beaujolais : « Cette année-là nous étions treize voitures dans la classe, et j’étais le seul à rouler avec une 3 litres face aux 3,2 litres. A ma grande surprise, lors des essais je me suis retrouvais à la troisième place du groupe devant des pilotes comme Guillaume Mouche ou Pascal Cat… Je me suis alors un peu trop pris au jeu et sur la deuxième montée je suis sorti violemment. »

La voiture était détruite, mais plus grave, Abel se retrouvait avec de multiples fractures sur un pied, et devait subir deux interventions chirurgicales : « On m’a placé des broches, et j’ai eu ensuite des complications qui m’ont obligé à me tenir éloigné de la course. Je n’ai donc pas couru durant toute la saison 2012. »

Pas question pour autant de tirer un trait sur la compétition, Abel faisait preuve de pugnacité pour retrouver le volant de son Audi Groupe F2000 dès l’année 2013. Et une nouvelle fois les excellents chronos ne se feront pas attendre, même si son programme se limitait à quelques apparitions.

En 2015, après avoir fait l’acquisition de la Toyota Corolla F2000 de Georges Cornillon, Abel Sahoui se lançait sur un programme nettement plus étoffé : « Cette auto offrait un excellent compromis prix / performances, et à son volant j’ai pu remporter plusieurs victoires de classe sur des épreuves du Championnat. »

Mitsubishi Lancer et Supercopa MK3 du Team DH Sport
Sa rencontre avec Michel Derue, le responsable de DH Sport, allait permettre à Abel Sahoui d’assouvir sa passion aux volants de voitures performantes : « Nous avons eu des échanges qui ont permis de tisser d’excellentes relations, et aujourd’hui il me prête gracieusement la Mitsubishi Léon Supercopa Lancer et la Seat MK3 avec laquelle on a pu me voir évoluer cette saison. »

Une belle opportunité pour Abel, mais qui l’oblige à aborder les épreuves avec une certaine prudence : « Je conduis ces voitures, mais je ne les pilotes pas », considère-t-il. « Ces voitures ne sont en effet pas assurées, et il est hors de question que je leur fasse subir le moindre dommage. De ce fait, je me dois d’être particulièrement sage. »

Pour cette saison 2019, c’est Guy Janny qui fut en grande partie à l’initiative de l’engagement d’Abel sur le Championnat : « Guy m’a appelé en m’expliquant que ça serait sympa que je rejoigne les concurrents du Challenge Open A/5, que cela permettrait d’étoffer un peu plus le plateau. Nous sommes amis, j’ai donc répondu favorablement à sa proposition. »

Pour affronter les manches du Championnat, Abel portait son choix sur la Mitsubishi Lancer du Team DH Sport : « C’est une Groupe A sur laquelle nous avons la possibilité d’enlever la bride de turbo, mais nous n’avons trouvé personne en mesure de nous faire la gestion moteur dans cette configuration. Et je reste persuadé que bien réglée, cette voiture a le potentiel pour défier les Supercopa. Je roule actuellement avec environ 320 chevaux et en optimisant la gestion moteur, on devrait pouvoir disposer de 130 chevaux supplémentaires. »

On l’a vu, Abel Sahoui n’est pas en droit de prendre le moindre risque au volant de sa Mitsubishi. Dans ces conditions, il lui était impossible de venir défier les ’’Trois Mousquetaires’’ – Jérôme Janny, Antoine Uny et Francis Dosières – qui tiennent le haut du pavé en Groupe A : « Au mieux, je pouvais viser la quatrième place du Challenge Open, une place sur le podium n’était pas envisageable. »

C’est en Lorraine qu’Abel Sahoui débutait sa saison en engageant sa Mitsubishi Lancer sur la Course de Côte d’Abreschviller : « Les conditions étaient dantesques avec la pluie qui a perturbé le week-end. J’ai dû composer avec des petits soucis d’embrayage et en ne disposant que de pneus slicks. Même avec quatre roues motrices, tu ne peux absolument rien faire dans ces conditions. »

Oublié le début de saison difficile à Abreschviller, Abel se rendait par la suite à Saint Gouëno, où il terminait dans le sillage des trois Supercopa habituelles dominatrices du Groupe A : « Cette épreuve est super sympa, mais je suis arrivé à l’arrache et je n’ai pas eu le temps de reconnaitre. Je découvrais ce tracé, et ce ne fut donc pas facile pour moi. Mais j’ai adoré l’ambiance, l’accueil, et ça restera un super souvenir. »

Abel retrouvait ensuite Marchampt, théâtre de sa violente sortie de route en 2011 et sur laquelle il n’était pas revenu depuis : « Je redécouvrais le parcours, et j’avais évidemment une petite appréhension, notamment sur le virage avant ’’le Portail’’ à l’endroit où je suis sorti. Mais durant la journée de dimanche, j’ai pu totalement occulté ce mauvais souvenir, et tout s’est bien passé », confie l’Alsacien qui termine cinquième du groupe.

La Course de Côte de Vuillafans compte parmi les épreuves préférées d’Abel Sahoui qui, là encore, allait passer malgré la canicule ambiante, un excellent week-end : « J’ai pris beaucoup de plaisir, même si je sais que j’aurais pu aller bien plus vite, mais que je dois en garder sous le pied. Par moment c’est un peu frustrant, mais je dois faire avec. »

A Dunières, Abel allait livrer tout au long du week-end un beau combat à la Supercopa de Rémi Courtois : « Jusqu’à la cellule des 311 premiers mètres, j’avais systématiquement le meilleur temps du Groupe A, c’est l’avantage des quatre roues motrices. Mais à l’arrivée je concédais évidemment du temps. Mais finalement je suis content de ma course. »

Un problème d’embrayage durant les essais obligeait Abel Sahoui à prendre part aux montées de course sur le Mont-Dore : « Par moment l’embrayage collait, à d’autres moments non, de ce fait les réactions devenaient imprévisibles et ça pouvait être dangereux. Il était plus raisonnable de ne pas tenter le diable dans ces conditions. »

Pour conclure sa saison, Abel Sahoui délaissait donc sa Mitsubishi Lancer pour s’installer derrière le volant d’une Seat Léon Supercopa MK3. Il alignait la belle espagnole sur l’épreuve de la saison qui retient sa préférence, Chamrousse : « J’avais déjà couru cette épreuve l’an dernier avec la Seat, et cette fois j’étais en progression de plus de deux secondes, ce qui est pour moi très satisfaisant. Je suis très content de mon week-end. »

Pour son épreuve à domicile, à Turckheim, Abel Sahoui n’a pas pu se faire autant plaisir qu’il l’aurait souhaité : « Les conditions météorologiques étaient loin d’être clémentes, et j’ai eu l’occasion de me faire une paire de chaleurs lors des montées. J’ai donc préféré calmer le jeu et terminer le week-end sur un rythme particulièrement prudent. C’est d’autant plus regrettable que samedi, sur le sec, j’étais plutôt dans de très bons chronos, mais dimanche avec l’apparition de la pluie, ce n’était plus la même histoire. »

Pour conclure la saison, Abel Sahoui se rendait à Limonest où il accrochait au final la place qui est la sienne, puisqu’on le retrouve quatrième du Groupe A. Pourtant le week-end n’a pas été facile : « La Seat avec laquelle j’évolue est une version Eurocup qui est à l’origine réglée pour le circuit, et que je laisse dans cette configuration puisqu’elle continue à évoluer en circuit. Sur un tracé comme Limonest, elle décrochait énormément de l’arrière, et même lorsque Francis (Dosières) m’a prêté des pneus pour les deuxième et troisième montées, l’auto restait piégeuse. Il aurait fallu revoir les réglages de la voiture. »

4ème du Challenge Open A/5
Quatrième du Challenge Open A/5, Abel Sahoui conclut sa saison à la place à laquelle il pouvait prétendre. Pour lui le bilan est donc positif : « Je suis là où je dois être, je n’ai pas connu de problème, excepté d’embrayage avec la Mitsubishi. Je suis resté sur la route, c’était le challenge, il est relevé. »

Les premiers remerciements d’Abel Sahoui vont évidemment vers Michel Derue et l’équipe DH Sport qui lui prête les voitures avec lesquelles il évolue sur le Championnat : « Un immense merci à eux, merci également à Bruno Fra qui me fournit des pneus, à la famille Poinsignon dont je suis très proche et qui m’accueille sous leur structure où nous partageons nos repas. Merci à tous les pilotes qui évoluent dans cette classe A/5 et grâce à qui il règne une super ambiance, merci aussi à Guy Janny qui, comme les pilotes de la classe, n’est jamais avare de conseils. »

S’il court avec des moyens limités, seul sans l’aide d’un mécano, Abel Sahoui reste un pur amateur totalement impliqué dans la course. Il gère en effet la location des voitures pour la structure DH Sport : « Si certains pilotes sont intéressés, nous avons aujourd’hui a dispositions, deux Peugeot 208 RPS, une Mitsubishi Lancer Evo. 7 groupe A, une Seat Léon MK3 Cup Racer et une Toyota F2000/2. »

Il y a de fortes chances pour que l’on retrouve Abel Sahoui cette saison 2020 sur le Challenge Open : « Mais sur certaines épreuves que j’apprécie particulièrement, on va certainement assurer l’auto afin que je puisse rouler plus librement et me lâcher comme je le désire. Je ne sais pas encore avec quelle auto je vais rouler, ça reste à définir », conclut Abel.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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