Trahi par ses boîtes de vitesses

Trois petits tours et puis s’en va… Ainsi se résume la saison de Rémi Courtois. Animateur du GT de Série au volant de sa Porsche 996 GT3, le pilote de l’Yonne a connu un lot incommensurable de problèmes qui l’a contraint à renoncer prématurément, après seulement trois épreuves. Mais il en faut plus pour démotiver Rémi, qui sera vraisemblablement un des protagonistes de la saison 2018.

Rémi Courtois n’a pas pour habitude de se départir de sa bonne humeur. De sa longue expérience professionnelle dans la police, il a acquis une certaine forme de fatalisme, et son parcours de sportif multidisciplinaire lui a appris à relativiser face à l’adversité. Et cette année 2017 lui donnera à diverses reprises l’occasion de relativiser… Rémi a dû en effet faire face à de nombreux problèmes et déconvenues. Pas au point d’entamer la bonne dose d’humour dont il sait faire preuve, mais suffisamment pour le contraindre à se recentrer sur des valeurs essentielles, et avant tout familiales.

Ancien rallyman, Rémi Courtois affiche plus de 250 participations en rallyes et compte plus de 200 podiums et une centaine de victoires dans diverses catégories. S’il a découvert la Course de Côte en 1985, en s’alignant à ses débuts sur l’épreuve de Sens-Voisine, c’est en 2014 qu’il s’engageait pour la première fois sur le Championnat de France de la Montagne, au volant d’une Porsche 996 GT3 qu’il découvrait.

Pilote généreux, il allait rapidement acquérir la réputation d’un ’’showman’’, les passages de sa Porsche enthousiasmant les spectateurs. Mais rapidement Rémi Courtois comprenait que les longs travers ne sont pas compatibles avec les bons chronos, ce qui le poussait à affiner son pilotage pour devenir l’un des hommes forts du GT de Série.

Nouvelle saison au volant d’une Porsche en GT de Série
Pour cette saison 2017, c’est toujours au volant de sa Porsche 996 GT3 que l’Icaunais se relançait pour une nouvelle campagne : « Cette voiture me convient parfaitement, et j’apprécie tout particulièrement la philosophie du GT de Série, qui permet de courir avec des sportives de renom dans une configuration quasi d’origine. », débute Rémi. « Ma seule préoccupation durant l’intersaison était de fiabiliser la voiture. Grâce à Francis (Dosières), j’étais parvenu à trouver de très bons réglages et à bien cerner le maniement de la Porsche. Il ne me restait qu’à travailler sur les trains, afin de parfaire son comportement. »

En termes d’objectif, Rémi Courtois estimait avoir un coup à faire cette année au sein du GT de Série : « L’objectif était de marquer un maximum de points avant l’arrivée de ’’l’ogre’’ », avoue-t-il dans un large sourire, en évoquant Dominique Vuillaume, qui fait figure d’épouvantail dans la catégorie. « Je savais que Dominique ferait son entrée en lice à mi-saison. Mes années de rallye m’ayant appris à faire un minimum de calculs, j’avais pour stratégie d’engranger le maximum de points, avec le secret espoir de rester devant lui. En 2016, il a remporté le Challenge Open en me devançant uniquement d’un point, et j’avoue qu’il a fallu que j’avale le truc », lâche-t-il dans un éclat de rire.

Le Challenge Open GT de Série n’était pas le seul objectif de Rémi Courtois : « En intégrant le Championnat à mi-saison, on sait pertinemment qu’avec son talent et sa Porsche 997 GT3, Dominique peut monopoliser les premières marches du podium. Il faut donc être à l’affût, ne pas lâcher un point. Et puis si le Challenge Open se joue sur six épreuves, le Trophée FFSA du GT de Série se dispute sur l’ensemble du Championnat, et si j’avais été en mesure de marquer des points en fin de saison, je pouvais espérer rester devant Dominique », analyse Rémi.

S’il y a quelques années de cela Rémi était novice sur le Championnat, à l’heure d’aborder la saison 2017, il avait déjà une bonne expérience des épreuves inscrites au calendrier : « Il ne me restait qu’à découvrir Chamrousse et Limonest où je n’avais jamais eu l’occasion de rouler. »

Un succès de groupe pour débuter
A Bagnols-Sabran, Rémi Courtois retrouvait un tracé qu’il connaissait bien, et un adversaire qu’il découvrait en la personne de Jean-Marc Tissot. Sur un terrain humide, et à l’issue d’une belle empoignade, Rémi devançait son adversaire d’une seconde quatre : « Ce n’était certes pas le terrain de jeu idéal pour nos voitures, mais je me suis tout de même fait plaisir. Je connaissais le tracé, ce qui me permettait de savoir où je pouvais attaquer et où il fallait être plus prudent. Tout s’est bien passé, et même si je n’avais pas de très bons pneus pluie, je suis parvenu à trouver une bonne adhérence et sans prendre de gros risques, à maintenir Jean-Marc derrière. C’est pour moi un excellent début de saison. »

A l’occasion de cette Course de Côte de Bagnols-Sabran, Rémi prenait conscience qu’il lui faudrait compter avec un adversaire de poids : « J’ai toujours tendance à ne pas sous-estimer les nouveaux arrivants, et en ce qui concerne Jean-Marc, j’avais raison. J’ai rapidement compris que c’était un compétiteur, et que dès qu’il aurait cerné les différents paramètres qui font la spécificité de notre championnat, ce serait un client. »

Rémi n’avait pas eu l’occasion de mener des essais avant Bagnols-Sabran, c’est donc dans des conditions un peu compliquées qu’il abordait ce premier rendez-vous. Pour ce qui est du Saint-Pierre, il pouvait l’appréhender de manière plus sereine. Là encore, Rémi Courtois retrouvait sur sa route la BMW Z3M de Jean-Marc Tissot : « Ce tracé est vraiment magnifique, et je pense que nous avons tous les deux donné le maximum de nous-mêmes », estime Rémi. « Pour ma part j’ai commencé à avoir des soucis de boîte, avec des rapports qui accrochaient entre la deux et la trois. Mais cela n’a pas affecté mes performances, et si Jean-Marc est devant moi, c’est qu’il s’est battu. » Cette fois c’est Jean-Marc Tissot qui devançait la Porsche de son rival d’une seconde quatre : « L’écart sur cinq kilomètres n’est pas énorme, et il annonçait des duels prometteurs pour la suite », analyse Rémi.

Dès le deuxième rendez-vous de la saison, la boîte de vitesses de la Porsche causait soucis à Rémi. Toujours attentif à la moindre alerte, il comprenait que cet élément vital pouvait rapidement lui créer de réels problèmes. Ce sera le cas à Abreschviller : « Nous n’avons pas eu le temps d’explorer l’origine du problème après le Saint-Pierre. De ce fait nous sommes allés à Abreschviller en nous disant que nous verrions après cette course. Mais la voiture ne nous en a pas laissé le temps, la boîte a cassé », se désole Rémi. « Le parcours d’Abreschviller étant court, j’ai tout de même pu faire une montée, histoire d’être classé et de prendre quelques points. Je regrette toutefois de ne pas avoir pu livrer un combat à Joël Richard, avec qui j’ai l’habitude de me battre lorsque nous nous retrouvons en confrontation. »

Rémi prenait alors conseil auprès de deux spécialistes de la mécanique, Francis Dosières et Frédéric Neff : « Compte tenu du bruit que laissait entendre la boîte, ils m’ont confirmé que je n’irais pas plus loin. » Rémi quittait donc Abreschviller en ayant pris un coup sur la tête, conscient qu’une boîte cassée sur sa Porsche dès la troisième épreuve de la saison, pouvait compromettre très sérieusement ses objectifs.

Il quittait donc la Lorraine, dépité, avant qu’un nouvel événement ne vienne ruiner ses ambitions : « Sur le chemin du retour, de nuit, la boîte de mon fourgon d’assistance a littéralement explosé. » Par chance, Rémi était suivi par son ancien copilote Alain Chapuis, qui l’aidait à se sortir de cette énorme galère. « Nous sommes parvenus à faire remorquer le camion et la voiture chez un garagiste, et je suis rentré avec Alain. Sur le chemin du retour, j’ai décidé de prendre du recul avec ce qu’il venait de m’arriver, en ayant le secret espoir de peut-être louper la prochaine course, mais de pouvoir me relancer par la suite. »

Fin de saison prématurée
Dans la foulée, Rémi Courtois était lâché par un de ses partenaires qui, après avoir vendu sa société, ne pouvait évidemment plus soutenir le pilote de l’Yonne : « Je perdais là la moitié de mon budget. Ajouté à cela, un contexte professionnel difficile, des proches de la famille touchés par la maladie… Il m’était très difficile de trouver la motivation pour relancer ma saison. D’autant qu’il me faudra deux mois pour trouver une nouvelle boîte pour le camion, et que la Porsche n’était toujours pas réparée. Je savais donc que je ne prendrais pas part à la campagne de l’Ouest, les trois épreuves qu’il ne fallait absolument pas que je manque avant l’arrivée de Dominique. Je n’avais donc plus d’objectif réalisable, et compte tenu de ses différents déboires et du moral en berne, j’ai préféré renoncer… Il faut tout de même garder à l’esprit que l’on court avant tout pour se faire plaisir, et si ça devient une contrainte, il n’y a pas vraiment d’intérêt. » C’est au sein du cocon familial que Rémi retrouvait moral et motivation, tout en suivant les prestations de ses adversaires : « Je me suis rendu sur plusieurs épreuves, ne serait-ce que pour voir les copains. »

Il serait indécent de demander à Rémi Courtois de faire le bilan de cette saison tronquée. En dehors des divers problèmes qui ont marqué cette année 2017, Rémi laisse apparaitre un regret : « Ça aurait été sympa si j’étais parvenu à atteindre mon objectif initial. Cela aurait permis à une petite structure d’engranger trois titres, Pierre (Courroye) Champion de France Production, Francis (Dosières) vainqueur du Groupe A et moi du GT de Série. J’ai fauté, c’est dommage », ironise Rémi qui a disputé en cette année 2017 la plus courte saison de sa carrière.

Rémi Courtois a connu une courte saison difficile, mais tient à remercier ceux qui l’ont soutenu dans les bons comme dans les mauvais moments : « Avant tout un grand merci à Francis Dosières et à son équipe pour le travail réalisé sur la Porsche et pour l’ambiance qui règne dans le team. Merci à l’ensemble de mes partenaires, à Alain Chapuis mon ancien copilote qui me suit encore aujourd’hui sur les courses. Et puis bien évidemment à ma famille qui fut un soutien indéfectible, merci donc à Flavie mon épouse, à mes enfants, Lilou, Théo, Marion et Nicolas qui me suit via internet depuis le Canada. Il vient de décrocher un Doctorat en Génie Mécanique, ce qui est la seule chose positive que nous ayons connue en 2017. »

Rémi Courtois aimerait bien à nouveau animer le Championnat de France de la Montagne en 2018 : « Ce sera toutefois une année de changements. Je devrais donner une nouvelle impulsion à ma carrière professionnelle en quittant la police nationale pour me lancer dans un nouveau challenge. A côté de ça, j’ai mis la Porsche à la vente, mais rien ne s’est pour le moment concrétisé. Si la Porsche ne se vend pas, je repartirai à son volant, ce qui me satisfait pleinement, sinon nous verrons bien vers quoi se portera mon choix. »

Fidèle au GT de Série, Rémi a du mal à accepter la défection que connais cette catégorie : « Elle a pour avantage d’offrir la possibilité de rouler en voiture de série, avec de superbe auto, et qui ne nécessitent pas de préparation ou d’entretien conséquents. Le GT de Série reste à mon sens une valeur sûre et une catégorie idéale pour courir lorsque l’on est amateur. Je trouve de ce fait regrettable que nous ne soyons pas plus nombreux à évoluer sur le Championnat. »

Souhaitons à Rémi Courtois de la saison 2018 soit à l’opposé de la saison 2017 : « J’espère disposer d’une auto qui fonctionne, mais je garde à l’esprit que la course reste secondaire, et que la priorité sera toujours la famille et les gens que je côtoie. »

Propos recueillis par Bruno Valette

Retrouvez le portrait et le bilan 2016 de Rémi Courtois.


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