Une demi-saison parfaite pour le Franc-Comtois

En ne prenant part qu’à la seconde moitié du Championnat, Dominique Vuillaume avait initialement limité ses prétentions à la conquête d’un quatrième Challenge Open. Mais un parcours sans faute lui permet non seulement de terminer en tête du Challenge, mais de remporter également un sixième Trophée FFSA du Groupe GT de Série.

Dominique Vuillaume a pris pour habitude, depuis plusieurs années, de débuter le Championnat de France de la Montagne à mi-saison. Non pas qu’il considère que les épreuves de début d’année n’ont aucun intérêt, mais parce que le Franc-Comtois concentre ses efforts sur un événement majeur, le Tour Auto Optic 2000. Pour cette édition 2017, c’est au volant d’une Porsche 911 de 1972 qu’en compagnie de Corinne, sa compagne, il prenait part à cette manifestation qui accueille quelques 240 Véhicules Historiques de Compétition.

« Il est vrai que ma saison est organisée autour du Tour Auto. De ce fait je ne peux pas être présent sur les premières manches du Championnat », confirme Dominique Vuillaume. C’est donc au volant d’une Porsche 911 2,4 Litres S qu’il s’élançait du Grand Palais à Paris pour rejoindre Biarritz, avec un passage par la Bretagne : « C’est une auto que nous avons achetée conjointement avec ma compagne. Toujours grâce au soutien d’Optic 2000, nous avons pu réaliser le rêve qui était de participer à cette épreuve ensemble, dans l’habitacle d’une Porsche. »

Dominique, qui durant sa longue carrière n’a jamais eu l’occasion de participer à la Course de Côte de Saint Gouëno, découvrait le parcours de l’épreuve, qui était intégrée à l’un des spéciales du Tour Auto : « Cela m’a particulièrement marqué, parce que j’ai eu le bon goût de sortir de la route juste avant le passage sur le tracé de la Course de Côte », plaisante-t-il. « D’autres sont allés à la faute au même endroit, mais pour ma part j’ai pu repartir en appuyant comme un sanglier sur l’accélérateur, pour me sortir de ce faux pas. »

Dominique a donc pu découvrir le tracé de la Course de Côte, mais surtout faire connaissance avec les organisateurs de l’épreuve qui sont venus à sa rencontre : « J’ai eu un formidable accueil de leur part et j’ai même eu droit, grâce aux responsables de l’écurie du Mené, à un article dans le quotidien Ouest France. Il voulait mettre en avant un animateur du Championnat de France de la Montagne qui passait par Saint Gouëno à l’occasion du Tour Auto. C’était vraiment sympathique de leur part. »

Cette édition 2017 du Tour Auto sera une nouvelle fois l’occasion pour Dominique et sa compagne de partager une belle aventure : « Je tiens d’ailleurs à remercier Jean-Paul Picard, qui fait le lien avec Optic 2000 et qui nous permet de prendre part à cette épreuve. Le Tour Auto bénéficie d’une immense notoriété à l’international, et compte parmi les épreuves magnifiquement organisées. Nous avons eu l’occasion durant ce Tour Auto d’emprunter des itinéraires fabuleux, de rouler sur des circuits de renom (Le Mans, Val de Vienne, Albi et Pau, ndlr) et de rejoindre Biarritz au terme d’un rallye qui laissent toujours des souvenirs mémorables. »

Après la 911 S, la 997 GT3
Le Tour Auto terminé, Dominique retrouvait le volant d’une tout autre Porsche, la 997 GT3 avec laquelle il a pour habitude d’animer le Groupe GT de Série, dans le cadre du Championnat de France de la Montagne. Une auto qui l’an dernier lui avait donné quelques soucis, mais qui durant cette saison fonctionnera comme une horloge : « Nous avons mis à profit l’intersaison pour solutionner les problèmes d’électroniques qui avaient sérieusement perturbé mes courses la saison passée. En fait, cette 997 GT3 est bardée d’électronique, et nous avons décidé de déconnecter l’ensemble des aides électroniques pour revenir à des solutions de pilotages plus instinctives, sans antipatinage, sans rappel de trajectoire, sans toutes les aides inhérentes à une voiture de ce niveau. Tout au long de la saison, j’ai eu une voiture très efficace en termes de comportement, et qui ne m’a pas donné le moindre souci. »

Au départ de cette saison 2017, Dominique Vuillaume comptait à son palmarès cinq Trophée FFSA en GT de Série, trois Challenge Open, et accessoirement 68 victoires dans la catégorie, ce qui fait de lui le détenteur du record du nombre de succès. Bien évidemment, avec un tel palmarès, on se doit d’afficher des objectifs : « Ils étaient pour moi assez simples, je visais le Challenge Open. Le fait de ne participer qu’à la seconde partie du Championnat amenuisait mes chances de remporter le Trophée de Groupe. Mais la défection de mon ami Rémi Courtois, qui a connu une succession de problèmes, m’ont permis, par la suite, de revoir mes objectifs à la hausse et de viser le Trophée. »

Un parcours sans faute sur le Championnat
C’est donc à Marchampt en Beaujolais, septième manche de la saison, que Dominique Vuillaume effectuait sa première apparition sur le Championnat. Une entrée en lice qui se soldait par un premier succès en GT de Série : « Même s’il est toujours surprenant de sortir d’une Porsche des années 70 pour s’installer au volant d’un modèle des années 2010, j’ai rapidement repris mes marques au volant de la 997 GT3 », confie Dominique. « Pour le reste, j’apprécie énormément l’épreuve de Marchampt de par son organisation, son tracé et sa configuration qui n’est pas spécialement dangereuse à mon sens, et qui permet de se remettre aisément dans le bain. J’ai donc pu passer un week-end sans problème et décrocher un premier succès. Je retiendrais avant tout que cela m’a permis de faire la connaissance de Jean-Marc Tissot, et qu’il est toujours plaisant de rencontrer de nouveaux adversaires. »

Il en sera de même à Vuillafans, où une nouvelle fois Dominique Vuillaume s’imposait en tête des GT de Série, avant de récidiver à Dunières où il mettait à profit son expérience pour signer cette année encore de bons chronos : « J’apprécie cette épreuve de Dunières sur laquelle l’adhérence est précaire. Le tracé est court et le manque de grip me plait. »

Ces trois premiers succès en GT de Série allaient quelque peu changer la donne. Dominique prenait alors conscience qu’il pouvait, en plus du Challenge Open, tenter de remporter le Trophée du GT de Série : « En ajoutant une épreuve à mon calendrier, j’augmentais mes chances de remporter un nouveau Trophée. De ce fait, avec l’accord de ma compagne, j’ai quitté mon lieu de villégiature à Hossegor et abandonné le surf pour retrouver le volant de ma Porsche sur la Course de Côte du Mont-Dore. » Une participation supplémentaire qui lui permettait d’ajouter une victoire à son palmarès.

Doublé Trophée et Challenge Open
On retrouvait par la suite Dominique à Chamrousse, où il signait un nouveau succès, avant de se voir devancé par Paul Reutter à Turckheim, puis de remporter à Limonest son 74ème succès en GT de Série, catégorie au sein de laquelle il détient le record de victoires. Ses résultats lui permettent de remporter son sixième Trophée FFSA du GT de Série et son quatrième Challenge Open. Mission accomplie pour le Franc-Comtois qui est bien évidemment satisfait d’accrocher ces nouveaux trophées à son palmarès, mais qui reconnait n’avoir pas vécu sa saison la plus facile : « Sur le papier, j’ai avec la Porsche 997 GT3, une auto plus performante que les autres GT de Série engagées sur le Championnat. En fait, mon plus gros problème cette saison c’était de manquer de concurrence. J’avais plus le sentiment de me battre contre moi-même que contre les autres, et dans ces conditions, il est toujours difficile de trouver la motivation », constate Dominique.

« L’an dernier, face à Cyril Mallemanche, j’ai dû à plusieurs reprises sortir la grosse attaque, monter des gommes neuves pour faire la différence de quelques dixièmes… Cette année, nous n’étions finalement que trois concurrents en GT de Série, et c’est désolant. Je n’avais pas la possibilité d’aller chercher les GTTS, je savais que sans trop forcé je devançais les autres GT de Série, ce n’est pas vraiment motivant d’aborder des épreuves dans ces conditions. » Malgré tout, Dominique avoue avoir été tout au long de sa demi-saison sur le fil du rasoir, car sans la possibilité de jouer de joker, il se devait impérativement d’aligner les succès : « En clair, j’étais constamment sur un faux rythme, avec l’obligation de rouler assez fort pour l’emporter, mais sans prendre le moindre risque pour ne pas aller à la faute… C’est plus compliqué qu’il n’y pourrait paraitre, et pas vraiment intéressant. »

Malgré tout, Dominique reconnait avoir pris toujours autant de plaisir au volant de sa Porsche et être particulièrement satisfait du résultat final : « J’ai la chance de rouler dans des voitures qui sont sympas, que ce soit la 911 de 1972 où la 997 GT3, ce sont de fabuleuses voitures, et j’ai le privilège de pouvoir courir à leurs volants. Ce sont des autos qui n’engendrent pas d’énormes dépenses et je suis très satisfait d’avoir pu accrocher le Trophée et le Challenge sans être dispendieux. En fait, mon seul souci de la saison, je l’ai rencontré sur un rallye régional où j’officiais en qualité d’ouvreur, et où j’ai rayé un côté de la voiture sur une touchette. »

Satisfait de sa saison, le pilote de Vesoul tient à remercier ceux qui ont contribué à sa réussite : « Avant tout je veux remercier Corinne, ma compagne, qui m’a octroyé la possibilité de rajouter une épreuve à mon calendrier, au détriment de la fin de nos vacances. Un grand merci à Jean-Paul Picard, à mes fidèles partenaires spécialisés dans les lunettes et le matériel d’optique, Optic 2000, Zeiss, Maui Jim, et Mauboussin qui est un nouveau partenaire cette saison. Merci également à Michelin qui nous offre des pneus en tant que vainqueur du Challenge, et aux organisateurs des épreuves, car ces dernières années, on a le sentiment que de gros efforts ont été faits pour répondre à nos attentes et nous satisfaire. Je profite de l’occasion pour faire un petit clin d’œil particulier à Vuillafans et à Turckheim qui a su créer l’événement. »

Ardent défenseur du GT de Série, Dominique Vuillaume ne cache pas qu’il déplore le manque de concurrents dans une catégorie dont il défend avec ferveur la philosophie : « Cette catégorie m’a permis de me lancer dans le sport automobile. Elle permet à des pilotes de courir avec des autos issues de la série, et j’ai le sentiment qu’elle ne va pas survivre à l’essor du GTTS, c’est à mon sens un peu dommage. On perd de belles voitures, et une approche de la course particulière qui faisait la beauté de cette catégorie », estime Dominique.

L’an dernier, en fin de saison, Dominique hésitait à franchir le pas. Il semblerait que cette fois la décision soit prise, puisqu’il confirme qu’il ne devrait plus rouler en 2018 en GT de Série, mais se tourner vers les Véhicules Historiques de Compétition : « Que ce soit en rallye ou en course de côte, ce sera au volant d’un VHC. Le choix dépendra de la vente de ma 997, mais il y a de fortes chances que je reprenne le volant d’une Porsche, en Groupe 3 ou en Groupe 4. J’aimerais avant tout faire du rallye, mais je n’exclus pas la possibilité de prendre part à des courses de côtes, notamment les belles épreuves de notre Championnat », conclut le recordman de victoires en GT de Série.

Propos recueillis par Bruno Valette

Retrouvez le portrait et le bilan 2016 de Dominique Vuillaume.


← Retourner à la liste d'articles