Pour sa première saison avec la Ferrari 430 GTO

Le retour de Vincent Lagache sur le Championnat de France de la Montagne n’est pas passé inaperçu. Tifosi de cœur, Vincent présentait cette saison une magnifique Ferrari 430 GTO de sa conception. Une auto que le Haut-Saônois a fait progresser au fil des épreuves et avec laquelle il s’est régulièrement classé dans le top 5.

C’est dans la continuité de son père, Alain Lagache, que Vincent s’est impliqué dans le sport automobile. Il débutait voilà 30 ans au volant d’une Renault 5 Turbo avant de s’installer dans l’habitacle d’une Rallye II. Durant une dizaine d’années, il animait les courses de côte régionales et ne manquait pas de faire de nombreuses apparitions sur les manches du Championnat de France de la Montagne. Entre 2004 et 2010, Vincent sera contraint de mettre la compétition entre parenthèses, et c’est par la suite du côté des Véhicules Historiques de Compétition que l’on retrouvait le Haut-Saônois. Un retour avorté au volant d’une Fiat X1/9 le poussait à se tourner vers une Marcadier.

En plus de lui offrir de fabuleuses sensations, la Marcadier allait permettre à Vincent Lagache d’étoffer son palmarès en signant plusieurs victoires, dont notamment un succès scratch sur le Mont-Dore. Mais en 2012 un accident domestique sera à l’origine de fractures de trois vertèbres cervicales et d’une dorsale et contraindra Vincent à de nombreux mois de repos, ce qui l’obligeait à délaisser une nouvelle fois la compétition.

On le retrouvera au départ de la saison 2015 qu’il animera au volant de sa Marcadier. Mais à l’issue de cette année fructueuse, il décidait de vendre sa barquette pour se tourner vers le Championnat Moderne… Restaurateur en automobile depuis 2009, Vincent Lagache assure par le biais de sa société LV Prestige, l’entretien et la restauration de véhicules de renom, et notamment de Ferrari et autres Lamborghini. Vincent ne cache pas un amour immodéré pour les belles italiennes, c’est ce qui allait l’inciter à se porter acquéreur d’une Ferrari 458 Challenge pour la saison 2016. Si la Ferrari retenait l’adhésion du public, elle laissait toutefois entrevoir quelques problèmes de jeunesse qui feront que Vincent allait connaitre une saison faite de hauts et de bas.

Au volant d’une Ferrari de sa conception
A partir de 2017, Vincent Lagache concentrait à nouveau ses efforts vers les Véhicules Historiques de Compétition. Mais l’envie de reprendre le volant d’une Ferrari sur le CFM restait prégnante. Germait alors l’idée dans l’esprit de Vincent de présenter une Ferrari de sa conception. Cela supposait de partir sur une base existante et de développer une voiture sous le contrôle permanent du service technique de la FFSA. Vincent étudiait sur le bout des doigts la réglementation, et n’hésitait jamais à faire appel aux connaissances bibliques des commissaires techniques, Serge Pegolotti et Marc Charbonneau.

« L’expérience avec la 458 Challenge n’était pas concluante, mais cela provenait du fait que je n’étais peut-être pas dans les meilleures dispositions pour aborder un tel projet », analyse Vincent. « Mais je savais que l’on pouvait réaliser de belles choses avec une Ferrari. Je disposais de cette 430 avec laquelle je roulais en loisir. Je me suis donc décidé à la configurer pour la course de côte. »

Vincent savait avoir comme principal atout une parfaite connaissance de sa voiture, ce qui allait lui permettre de la modifier à sa guise : « Le règlement permettait de faire évoluer cette voiture qui date tout de même de 2008, mais sur laquelle on peut apporter de nombreuses modifications. » En 2022, Vincent Lagache avait pris part à la Finale de la Coupe de France de la Montagne avec cette Ferrari 430. Malheureusement, une sortie de route avait engendré des dommages conséquents sur la belle italienne : « Je savais que j’allais être obligé de la démonter, et j’ai pensé que j’avais là l’opportunité d’en faire une auto bien plus évoluée. Je me suis donc penché sur le règlement et je me suis lancé. »

La Ferrari F430 était alors totalement désossée : « Cela m’a permis de la ''bodybuilder'' en l’élargissant grâce à un kit carrosserie maison. Cela permettait également de modifier la taille des pneumatiques puisqu’initialement elle disposait de 19 pouces et que j’ai pu lui offrir des 18 pouces identiques à ceux que l’on retrouve sur la majorité des autos évoluant en GTTS/4. Nous avons également créé une carrosserie en polyester avec une innovation majeure qui consistait à disposer d’ailes démontables, mais également d’une facilité de changement pour ce qui est des panneaux avant et arrières, ce qui facilite énormément les interventions sur la voiture. » Vincent s’attelait également à adapter de nouveaux amortisseurs, de nouveaux freins, de nouvelles roues, il ne restait que le moteur sur lequel le pilote n’était pas intervenu. « Mais un ami m’a conseillé de disposer d’une mécanique plus affutée, et c’est lui qui m’a préparé un moteur bi-turbo. Là encore j’ai fait connaitre aux commissaires techniques mes intentions, et l’ensemble des modifications apportées ont été validées par la FFSA », précise Vincent.

Vincent Lagache a trop d’expérience du sport automobile pour ignorer que, quelle que soit la beauté de l’aventure dans laquelle il se lance, elle sera certainement semée d’embûches. Il devait comme il s’y attendait, se confronter à de nombreux problèmes techniques dus au défaut de jeunesse de sa nouvelle monture : « Nous avons alors fait de nombreux roulages sur le circuit de Pouilly-en-Auxois pour gommer au fil des sessions l’ensemble des soucis auxquels nous devions faire face. » Grâce à un ami travaillant dans l’aéronautique, Vincent pouvait disposer de différents appareils de contrôle pour valider les réglages : « Nous avons tout installé sur le siège passager, et de nombreux câbles étaient reliés au différents éléments. La Ferrari ressemblait alors à la DeLorean de ''Retour vers le futur'', mais grâce à ce travail nous avons pu enregistrer de nombreuses données et mener à bien des essais productifs. »

En lançant sur le championnat une nouvelle voiture, Vincent Lagache ne pouvait raisonnablement pas afficher de prétentions, ignorant quel serait le niveau de performance de sa Ferrari 430 GTO : « L’objectif premier était de marquer les esprits avec une voiture qui fait normalement rêver. Ensuite, je ne voulais bien évidemment pas être ridicule, je me devais d’être à la hauteur de la marque. Clairement, je voulais être dans le top 10 parce que même si la voiture était encore en phase de développement elle affichait tout de même de sérieux atouts. »

Régulièrement dans le top 5
L’objectif de terminer dans le top 10 sera atteint dès la première apparition de la Ferrari F430 GTO sur le tracé rapide d’Abreschviller, où Vincent Lagache se classe sixième : « J’avais roulé sur circuit, mais là j’avoue que sur un tracé de course de côte, lors des accélérations, je me faisais peur. Avec un tel bolide, lorsque l’on met le pied au plancher entre la montagne et les rochers sur le bord de la route, on n’est pas spécialement à son aise. Le souvenir de cette première épreuve restera l’appréhension. »

Dans les rails de la première partie de la Course de Côte des Teurses de Thèreval – Agneaux, on pourrait croire que l’empattement de la Ferrari aurait pu gêner Vincent Lagache, mais finalement c’est la seconde partie, bien plus rapide, qui lui posait problèmes : « Je n’étais plus revenu à Hébécrevon depuis 2006, année de la Finale de la Coupe de France. Et j’avoue que dans le rapide ce n’était pas évident. D’autant que j’ai commis une erreur stupide. Sur la Ferrari, je dispose d’une direction assistée commandée par une pompe électrique que j’enclenche grâce à un bouton… Durant tout le week-end j’avais le sentiment que l’auto était inconduisible, et je me suis demandé s’il ne fallait pas modifier les réglages, et faisant cela j’ai dégradé l’auto. Finalement, ce n’est qu’au retour chez moi que je me suis rendu compte que j’avais oublié d’enclencher la direction assistée… Un oubli qui fait que ce week-end est également à oublier. »

Par la suite, Vincent Lagache se rendra à Quillan : « C’est une course que j’adore et sur laquelle les essais se sont très bien passés. Mais dimanche, sur la première montée de course, j’ai commencé à avoir des coupures. Quelque chose ne fonctionnait pas et je n’arrivais pas à trouver l’origine de la panne, et sur la ligne de départ elle n’a pas voulu démarrer. » En vidant son réservoir pour vérifier son carburant, Vincent s’apercevait qu’il avait été victime de malveillance : « J’ai trouvé des cochonneries dans le réservoir qui démontrent que l’on a voulu saboter ma voiture. En faisant analyser, on a trouvé des résidus de pate à joint et de l’eau. C’est aussi incompréhensible que lamentable. »

La Ferrari 430 GTO réparée, Vincent Lagache se rendait à Marchampt pour accrocher une belle cinquième place : « Après Quillan, j’abordais Marchampt un peu comme une revanche. Tout fonctionnait, j’étais motivé comme jamais et j’ai pu me lâcher. Plus que de raison peut-être, puisque le samedi soir j’ai montré ma caméra embarquée à Sébastien Brisard qui m’a confirmé qu’à un endroit je freinais trop tôt. Il m’a donné un repère où je devais freiner. J’ai essayé, et j’avoue que je ne sais pas encore comme c’est passé. Par la suite j’ai dit à Sébastien que ça avait été super chaud. Il m’a répondu ''C’est passé !''. Je lui ai dit que certes, mais que j’étais à 212 km/h sur la marque et que ça me paraissait très limite. Il m’a alors répondu, ''Ah non, c’est pas limite, c’est trop tard…'' En fait, on en a rigolé mais c’était oublier que les repères que tu peux avoir avec une F2 en monoplace n’ont rien de commun avec une Ferrari dont le poids est nettement supérieur. Mais pour le reste je garde un excellent souvenir de ce week-end. »

Même s’il considère que Vuillafans c’est la course à la maison, Vincent Lagache avoue n’avoir jamais été vraiment à son aise sur le tracé franc-comtois : « J’ai souvent dû abandonner à Vuillafans, souvent à cause de casses mécaniques, et j’avoue que j’appréhendais un peu ce rendez-vous », confie Vincent. « Mais je suis parvenu à terminer, malgré quelques soucis de tenu de route qui font que j’étais un peu en demi-teinte », estime le pilote de la Ferrari qui termine huitième.

Vincent Lagache ira par la suite chercher une cinquième place sur la Course de Côte de La Broque, manche de la 2ème Division : « Je suis pleinement satisfait d’avoir pu bien rouler sur une épreuve que je n’avais plus abordée depuis de nombreuses années. Je termine derrière Nicolas Werver, Philippe Schmitter, Paul Reutter et Frédéric Neff, et devant Jean-Marc Gandolfo… Pas de quoi rougir, bien au contraire. » Dans la foulée Vincent imposera sa Ferrari sur le Mont de Fourche où il signe une victoire en Production devant l’Alpine de Yann Durieux : « C’est la course de mon ASA, que je débute mal puisque le matin je sors de la route en testant des réglages. Heureusement la sortie sera sans gravité, si ce n’est de la casse sur la carrosserie. »

La liste des engagés de Chamrousse proposait un magnifique plateau en Production, ce qui n’empêchera pas Vincent Lagache de venir chercher une nouvelle place dans le top 5 : « Nous avons bénéficié d’une excellente météo, et j’étais vraiment bien durant ce week-end. Là j’ai eu le sentiment que je maîtrisais bien mon auto. Mais en attaquant je me suis rendu compte que je manquais cruellement de freins. Sur le premier virage je me souviens m’être dit… ''Mais non, ça passe pas !'' Ce fut pareil sur les virages suivants et finalement j’ai dû composer avec ça durant tout le week-end », explique Vincent. « On comprendra par la suite, qu’en ayant augmenté la cadence, j’ai pris conscience que les étriers de freins n’étaient pas adaptés à la course et qu’il fallait en changer. »

Les bonnes sensations seront une nouvelle fois au rendez-vous à l’heure où Vincent affrontait le tracé de Turckheim où il plaçait sa Ferrari au septième rang : « Un week-end sans encombre, durant lequel j’étais dans mon élément. Je me suis fait réellement plaisir, car même si j’avais toujours les soucis au freinage, les sensations de pilotage étaient vraiment excellentes. »

Pour la seconde fois, Vincent Lagache prenait part à la Finale de la Coupe de France de la Montagne au volant de sa Ferrari 430. Après la Montée des Sarmentelles dans le Beaujolais, c’est en Alsace, sur la Course de Côte de Steige, que le Haut-Saônois allait tenter de briller… Et samedi, il ne manquera pas de se mettre en valeur, puisque c’est sa Ferrari qui occupe le sommet de la hiérarchie sur les feuilles de classement des essais : « J’avoue que je ne m’attendais pas à être le plus rapide des essais. Mais il est clair que cela laissait entrevoir des perspectives pour la suite », reconnait Vincent. « Je savais que pour la course il y aurait de la concurrence, et finalement je termine à la troisième place, ce qui pour moi est presque une victoire quand on voit tout le travail fourni durant cette saison. Ce podium c’est une récompense qui fait énormément de bien. »

Un bilan 3 étoiles
Lorsque l’on garde à l’esprit que Vincent Lagache abordait cette saison 2023 au volant d’une voiture entièrement nouvelle, qu’il parvient à plusieurs reprises à accrocher des places dans le top 5, on peut s’attendre à ce que le pilote de la Ferrari dégage un bilan largement positif : « Même si l’on croit toujours à ce que l’on fait, on se veut réaliste et on garde à l’esprit que la concurrence va être rude. Donc quand je vois le résultat final, il est pour moi largement positif », analyse Vincent. « Je visais des places dans le top 10 et je termine régulièrement dans le top 5, c’est pour moi un bilan 3 étoiles ! »

Résultat et plaisir étaient au rendez-vous de cette saison 2023 à l’issue de laquelle Vincent Lagache tient à remercier ceux qui l’ont soutenu : « Avant tout je veux remercier Eric (Brachin) de Clair Logis Agencements qui me suit sur les épreuves et qui conduit mon camion parce que je n’ai toujours pas le permis. Un grand merci à Tony d’ASC Racing Parts avec qui je travaille depuis de nombreuses années et qui est toujours de bons conseils. Merci à Stéphane de CS Polyester qui a conçu toutes les pièces de carrosserie. Je n’oublie pas la famille Ponchant et tout particulièrement Fabien pour ses conseils lors de la Finale, et tous les amis du GTTS et notamment la famille Poinsignon toujours à l’écoute des autres. Pour conclure, je voudrais remercier Ferrari qui a toujours eu un regard bienveillant sur la construction de ma voiture, et qui en fin de saison m’a invité à Maranello. C’est pour loi un belle reconnaissance de mon travail. »

La voiture est bien née et l’évolution se fait normalement : « Je n’ai pas connu de grosses casses, à aucun moment j’ai pensé ça n’allait pas avec l'auto, donc l’expérience est positive et elle ne demande qu’à être poursuivie », estime Vincent. « En 2024, je vais concentrer mes efforts sur le championnat et je ne repartirai pas sur la 2ème Division », confie Vincent qui cette année a terminé quatrième du Production sur ce championnat. « Il me sera impossible d’être au départ de toutes les épreuves, mais j’ai prévu de débuter la saison sur le Col Saint-Pierre, de me rendre par la suite à Abreschviller, à Hébécrevon, La Pommeraye, Marchampt, Vuillafans, le Mont-Dore, Chamrousse Turckheim, et peut-être Limonest. Nous sommes en train de gommer les défauts que nous avons rencontrés cette année pour être plus performants encore en 2024 », conclut Vincent Lagache.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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