Une saison perturbée par des problèmes électroniques

Vice-champion de France 2013, Alban Thomas avait terminé la saison suivante à la quatrième place du Championnat de France de la Montagne. Cette année, le pilote de Saint-Didier-au-Mont-d'Or a pris part à neuf des douze manches inscrites au calendrier, et n’a pu de ce fait défendre pleinement ses chances de figurer sur le podium. Avec un programme ’’light’’, et des problèmes récurrents de gestion électronique, Alban ne pouvait pas prétendre à mieux qu’à la cinquième place, qu’il parvient à accrocher au terme de cette année 2015.

Cela fait plus de quinze ans qu’Alban Thomas anime le Championnat de France de la Montagne, et près d’une dizaine année qu’il participe avec assiduité à l’intégralité du Championnat. Pour un pilote de sa trempe, qui peut régulièrement viser le podium, le choix de faire l’impasse cette saison sur les épreuves de l’Ouest, peut paraitre étonnant. Mais pour Alban la Course de Côte doit rester un loisir, et pour cette année 2015 c’est un heureux événement qui suscitait toute son attention. Début juin, Cécile, sa compagne, devait donner le jour à une petite fille, et Alban ne voulait pas s’éloigner en cette période du domicile familial.

Le 7 juin, Cécile Cante et Alban Thomas avaient la joie d’annoncer la naissance d’une petite Jeanne qui, on peut en être assuré, ne manquera pas de baigner dans le monde du sport automobile.

La saison ’’light’’
Le programme ’’light’’ établi par Alban lui permettait également d’aborder la saison avec un certain détachement, sans vraiment de pression : « J’ai pris conscience qu’il était à présent difficile de prétendre terminer sur le podium du Championnat lorsque l’on évolue au volant d’une F3000 », analyse Alban. « Cela me permet d’aborder la course avec un certain recul, de manière plus détendue. Mon objectif était avant tout de signer de bons résultats sur les épreuves que j’apprécie, sans faire vraiment de calcul sur ma position au championnat. »

Alban Thomas n’avait pas pour autant l’intention de faire de la figuration. Avant d’entamer une nouvelle campagne sur les épreuves de notre championnat, il procédait à une révision de sa monture, en essayant de parfaire les réglages : « On a tenté de faire progresser le matériel, avec l’intention notamment de défier Geoffrey (Schatz) qui évolue également au volant d’une F3000 », précise Alban. « Malheureusement, les solutions que nous avions choisies ne fonctionnaient pas comme nous l’espérions. Je n’ai pas connu une seule épreuve sans rencontrer des soucis du côté de l’électronique. Il m’était donc difficile de me battre pour le podium. »

C’est déjà l’électronique qui avait affecté les prestations d’Alban en 2014, ce qui l’a incité en début de saison à se pencher sérieusement sur le problème : « Nous devions impérativement adopter une nouvelle gestion, mais il s’est rapidement avéré que les remèdes envisagés étaient pires que les maux. » Les choses étaient mal engagées, puisqu’avant même de s’aligner au départ de la Course de Côte de Bagnols-Sabran, son premier rendez-vous de la saison, Alban rencontrait des soucis sur sa F3000.

Un abonnement aux cinquièmes places.
Tout au long de la saison, Alban Thomas a pris un abonnement à la cinquième place, c’est d’ailleurs à cette position que l’on retrouve la F3000 Reynard 01KL à l’heure de faire le bilan de cette première confrontation en terre gardoise : « C’est bien évidemment décevant lorsque l’on s’aperçoit que l’on est pénalisé par des pannes que l’on ne parvient pas à solutionner. C’est d’autant plus dommage que j’apprécie particulièrement cette épreuve de Bagnols-Sabran, sur laquelle en principe je tire toujours mon épingle du jeu. »

Malgré le travail réalisé sur la voiture, le Col Saint-Pierre n’offrait guère plus de satisfaction à Alban que l’on retrouvait à nouveau au cinquième rang : « M’aligner au départ du Saint-Pierre est une erreur de ma part. J’aurais dû faire l’impasse et me concentrer sur mes problèmes électroniques afin de les résoudre. J’ai cru qu’en l’espace de quinze jours on aurait trouvé la panne, ce ne fut pas le cas. » Plus qu’un souci, c’est un virus qui touche l’électronique des F3000, Alban rappelant que Sébastien Petit avait souffert des mêmes maux lors de sa campagne européenne disputée au volant d’une Lola.

Avant de retrouver le court tracé d’Abreschviller, Alban tentait à nouveau de cerner l’origine du mal. Peine perdue, et ce sont une nouvelle fois les problèmes électroniques qui allaient le pénaliser sur l’épreuve Lorraine : « J’aurais dû arrêter le tir et me rendre sur un circuit pour faire des tests. Ma saison a été gâchée par des soucis électroniques ne nous ne sommes jamais parvenus à résoudre. » Cinquième à Abreschviller, Alban Thomas pointait à nouveau à la cinquième place aux Beaujolais-Villages, à Vuillafans, à Dunières, au Mont-Dore, à Chamrousse. Seule l’absence de Geoffrey Schatz à Turckheim lui permettait de terminer la saison par une quatrième place.

Frustrant, mais également démotivant pour un pilote qui, à mi-saison, ne manquait pas de s’interroger sur sa voiture, mais également sur ses aptitudes : « Il est clair qu’à un moment le doute s’installe. Tu te poses nécessairement la question sur tes capacités à pouvoir rééditer les performances que tu réalisais auparavant. J’en suis arrivé à me demander si j’étais toujours aussi compétitif », avoue Alban. « J’ai pu comparer les datas enregistrées avec les données des années précédentes. Il s’est avéré que je perdais environ 15 km/h en bout de ligne droite. Quand tu estimes que ta voiture fonctionne mieux, tu te demandes si ce n’est pas toi qui ne parvient plus à rouler aussi fort. »

Aux Beaujolais, comme au Mont-Dore, deux épreuves qu’Alban apprécie particulièrement, la frustration était à son comble : « C’est difficile quand tu te rends compte que tu n’arrives pas à mettre un pied devant l’autre. » Alban Thomas était-il toujours capable de jouer les premiers rôles ? La réponse viendra lorsque le pilote de Saint-Didier-au-Mont-d'Or s’installera derrière le volant de la F3 empruntée à sa compagne. Les bons chronos réalisés avec la voiture de Cécile, lui permettaient de se rassurer sur ses capacités.

Avec la F3, Alban est bien là !
C’est d’abord à Coligny, qu’au mois de mai, on retrouvait Alban au volant de la Dallara F306. Il accrochait la quatrième place, devancé alors par la F3 de David Guillaumard et les Norma de Damien Chamberod et Olivier Augusto : « Sur ce week-end j’ai connu un souci d’embrayage, mais rien de méchant, puisque nous avons pu réparer entre deux montées », explique-t-il. « Je me suis rendu compte que sur un terrain un peu bosselé, sur un revêtement offrant peu de grip, au volant d’une auto dont je n’ai pas l’habitude, et face à une concurrence relevée, je parvenais à défier les hommes de tête. C’était rassurant pour moi et particulièrement sympa. »

Rassurante également sa prestation à Donzy-le-Pertuis où, le week-end suivant, Alban Thomas terminait à la deuxième place, à seulement un dixième de la Norma de Damien Chamberod : « Je me suis fait plaisir parce que j’ai pu attaquer comme j’aime le faire. Je perds de rien, mais là encore ce n’était pas avec ma voiture, et il m’était difficile de faire mieux alors que je manque de roulage. Et puis je suis vraiment content pour Damien, car il signe là sa première victoire. »

La Course de Côte organisée sur le Circuit de Bresse au mois de septembre restera un des moments forts de la saison. Non seulement, comme en 2014, Alban Thomas s’imposait, mais ce week-end était également l’occasion de vivre pleinement la course en famille. Cécile Cante retrouvait en effet le volant de sa Dallara qu’elle acceptait de partager avec son compagnon, et cela sous le regard attendrissant de la petite Jeanne qui, si elle ne comprend pas encore la passion partagée par ses parents, à plus de chance de se retrouver un jour avec un volant entre les mains qu’avec des ballerines aux pieds : « Bien évidemment ça reste un souvenir mémorable. Cécile reprenait le volant et a rapidement retrouvé ses marques et l’envie d’en découdre. De plus c’était une découverte pour nous de partager ce week-end avec Jeanne à nos côtés », confie Alban. « Je crois me souvenir que le plateau était assez exceptionnel, avec pas moins de dix-sept concurrents dans ma classe et des pointures de la discipline. Cette victoire me fait plaisir car elle me donne avant tout le sentiment d’être toujours dans le coup et d’avoir bien bossé. C’est bon pour le moral », avoue Alban qui devance des pilotes de renom tels que David Guillaumard, Yannick Latreille, Damien Chamberod, Marcel Sapin…

Cinquième sur la majorité des épreuves, c’est également à la cinquième place que l’on retrouve Alban Thomas au classement du Championnat de France de la Montagne. Une position qui, si elle ne lui convient pas totalement, reste tout de même satisfaisante : « C’était important, ne serait-ce que pour nos partenaires, de se maintenir dans le top 5. En n’ayant pas disputé toutes les épreuves, et en tenant compte des problèmes rencontrés, c’est tout de même sympa de parvenir à accrocher cette cinquième place », analyse Alban. « Après, il est évident que ce n’est une saison qui pour moi restera dans les annales. Il me tarde d’ores et déjà de passer à la suite. »

Programme identique pour 2016
La suite, c’est la saison 2016 qui devrait logiquement ressembler à celle qui vient de s’achever. Alban Thomas animera à nouveau le Championnat de France de la Montagne au volant de sa F3000 Reynard 01KL : « Comme je l’ai déjà dit, mon objectif cette année était de signer de belles performances sur les épreuves que j’apprécie. Il en sera de même l’an prochain, j’aborderai ma saison avec le même esprit », précise le Rhônalpin. « De ce fait, je ne serai certainement pas au départ des épreuves de l’Ouest. »

Pour ce qui est de sa voiture, Alban va revenir sur des bases qui ont fait leurs preuves par le passé : « Nous avions apporté des changements dans la gestion électronique, et il apparait que nous avons connu de nombreux soucis dans ce domaine. Nous avions également travaillé sur la suspension, mais le manque de compétitivité de la voiture ne nous a pas permis de tester comme nous l’entendions les nouveaux amortisseurs. Nous avons tiré les enseignements de l’année 2015 et nous repartons sur des bases de travail plus sûres. Il n’est pas question pour moi de revivre ce que j’ai vécu cette saison. »

Rassuré sur sa compétitivité, Alban Thomas sait, qu’armé d’une F3000 enfin performante, il peut espérer viser à nouveau les podiums : « Après je suis réaliste. Ma voiture ne me permet plus de défier Nicolas (Schatz) ou Sébastien (Petit), mais je pense que je peux encore me battre pour tenter d’accrocher des troisièmes places. Parvenir à faire un podium l’an prochain serait une très bonne chose pour moi. »

Autre sujet de satisfaction mais également de motivation, la saison 2016 devrait être marquée par le retour de Cécile Cante : « Je suis bien évidemment ravi qu’elle m’accompagne sur les épreuves et qu’elle reprenne le volant. Nous allons voir comment gérer notre calendrier. Logiquement nous serons présents sur le championnat, et il est possible que nous soyons au départ de quelques épreuves supplémentaires. Nous aimerions notamment disputer Gémenos qui est une superbe course. »

Alban ne manque d’ailleurs pas de remercier Cécile, qui partage sa vie mais également sa passion, « et évidemment mes fidèles partenaires, les Assurances Aviva à Tassin-la-Demi-Lune, et la Menuiserie Gérard Lavigne à Honfleur. Pour l’anecdote, j’ai connu Gérard Lavigne lors d’une de mes participations à Hébécrevon. Il a décidé de me soutenir, et cette année, alors que je ne venais pas en Bretagne, il a tout de même maintenu notre partenariat, et je l’en remercie. Merci également à mon fidèle mécanicien Jean-Jacques, sans qui je ne pourrais pas rouler. »


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