
Pour sa première saison sur le Championnat de France de la Montagne, Francis O’Mahony découvrait une Porsche 996 avec laquelle il parviendra à accrocher la troisième place du Challenge Open GT Sport.
Lorsque l’on a des parents qui ont une résidence à La Bollène-Vésubie, il est difficile d’ignorer une épreuve aussi prestigieuse que le Rallye de Monte-Carlo dont l’une des plus célèbres spéciales passent au plus près de chez vous. Enfant, c’est donc en spectateur que Patrick O’Mahony faisait découvrir la compétition automobile à son fils Francis, qui garde un souvenir ineffaçable de nuits passées dans le Col du Turini.
Les prestations des meilleurs pilotes de rallye mondiaux donnaient l’idée à Francis de s’essayer derrière le volant. Au milieu des années 80 il débutait alors la préparation d’une Opel Kadett GTE achetée d’occasion, avec laquelle il prenait part à sa toute première épreuve, le Rallye de l’Estérel. Un excellent souvenir pour le Niçois de naissance, malgré une petite déconvenue : « Nous étions plutôt bien, mais nous sommes sortis sur la dernière spéciale. Une sortie sans gravité mais qui nous oblige à abandonner », se souvient Francis.
On retrouvera par la suite l’Opel Kadett au départ de nombreux rallyes régionaux organisés dans les Alpes-Maritimes et les départements limitrophes avant qu’elle ne laisse la place à une Opel Kadett City, une autre propulsion disposant d’un moteur à l’avant : « J’avais installé un moteur de Renault 5 GT Turbo, c’était assez amusant et ça nous permettait de rouler en groupe F. » Fidèle à la marque allemande, Francis se portait par la suite acquéreur d’une Opel Kadett disposant d’un moteur 2.4 litres et de nombreuses pièces d’Opel Manta 400. C’est d’ailleurs une Opel Manta 400 qui viendra se substituer aux Kadett précédentes : « Une grosse Manta avec un moteur de 240 chevaux et une boîte séquentielle, là j’avais trouvé une super voiture avec laquelle j’ai pu prendre part au Rallye de Vaison-la-Romaine, la Course de Côte de Barcelonnette et différentes épreuves régionales. »
Du groupe F au GT en passant par le Monte-Carlo
Par la suite, Francis O’Mahony poursuivra son implication en sport automobile en évoluant au volant d’une GT, mais toujours sous le giron d’Opel puisque c’est une Speedster qui retenait son attention. Cette voiture sera engagée sur plusieurs épreuves régionales, courses de côte et rallyes. Mais s’il cumulait les participations, Francis O’Mahony n’avait jamais eu l’opportunité de se mesurer à l’épreuve mythique qui sera à l’origine de sa passion, le Rallye de Monte-Carlo : « Initialement, je pensais prendre part à cette épreuve en Historique. Mais on s’est dit que nous étions trop jeunes et on a voulu tenter l’expérience sur le ''vrai'' Monte-Carlo. » En 2014, c’est au volant d’une Peugeot 207 RC R3T que Francis sera au départ de la prestigieuses manche du WRC : « Malgré une crevaison sur la première spéciale, ça restera une fabuleuse expérience », confie l’Azuréen qui rejoignait l’arrivée de ce rallye légendaire.
En 2016, l’Opel Speedster était remplacée par une BMW 135 i : « C’était une auto hyper plaisante. Je me souviens avoir permis à Cyril Cappellacci, le fils d’un ami, de faire son premier rallye en tant que copilote. Finalement nous ferons deux saisons ensemble. » C’est ensuite au volant d’une Lotus Exige que Francis évoluera sur des épreuves régionales, en course de côte et en rallye où son fils Patrick officiait à ses côtés en qualité de navigateur.

En 2023, Francis O’Mahony qui avait déjà laissé les clés de la carrosserie familiale à son fils depuis quelques temps, prenait sa retraite. Il disposait de ce fait de plus de temps libre, ce qui allait lui permettre de réaliser enfin un projet de longue date : « Cela faisait plusieurs années que mon ami Jean-Marc Gandolfo me motivait pour que je le suive sur le Championnat de France de la Montagne. Jusque-là mon emploi du temps ne me le permettait pas. Mais là je me suis dit que c’était le moment. » L’Azuréen faisait alors l’acquisition d’une Porsche 996 : « Je pensais que c’était une auto performante, idéale pour découvrir les épreuves du championnat. »
Une totale découverte pour cette saison 2024
Même s’il dispose d’une longue expérience en sport automobile, Francis O’Mahony n’avait jusqu’alors jamais eu l’occasion de s’aligner au départ d’une manche du Championnat de France de la Montagne : « J’avais tout à découvrir, la voiture et les épreuves. Je ne savais absolument pas où j’allais et je n’avais pas d’autre objectif que de me faire plaisir. Je n’avais évidemment aucune prétention, je voulais juste me régaler et passer de très bons moments avec Jean-Marc. »
Engagé comme Jean-Marc Gandolfo sur le Championnat de France de la Montagne et sur la 2ème Division, Francis O’Mahony débutait sa saison sur la Course de Côte de Lodève : « J’ai eu la Porsche quinze jours avant l’épreuve et je n’ai pas eu le temps de faire des essais. Je découvrais donc son comportement sur ce tracé. L’expérience sera concluante, le plaisir était au rendez-vous sur un magnifique tracé », explique Francis qui terminait sur le podium du GT Sport.
Le tracé de Bagnols-Sabran, qui s’apparente à une spéciale de rallye, ne pouvait qu’enchanter Francis O’Mahony : « Là évidemment je me suis régalé. Sur les virages serrés du bas et sur le rapide sur le haut les sensations étaient excellentes. » Malheureusement, suite à une casse de l’autobloquant de sa Porsche l’Azuréen sera contraint à l’abandon.
Francis O’Mahony était prévenu, difficile de s’illustrer lors d’une première participation sur le Col Saint-Pierre : « Effectivement ce tracé demande une certaine expérience avant de parvenir à le maîtriser. Il n’est pas évident d’assimiler correctement le haut du parcours où tout se ressemble. J’avoue que je n’étais pas super à mon aise, mais c’est quand même une superbe course où on se fait réellement plaisir. »
La suite de la saison aura pour cadre la deuxième manche du Championnat 2ème Division, le Col du Ferrier, épreuve à domicile pour le pilote des Alpes-Maritimes : « C’est très rapide, la Porsche est plutôt bien là-dedans, donc tout c’est bien passé pour moi », confie Francis qui termine cinquième du Production et deuxième du GT Sport derrière l’Alpine de Yann Durieux.
Les choses s’intensifiaient pour Francis qui enchaînait les épreuves et les longs déplacements. Il débutait la campagne de l’Ouest sur les Teurses de Thèreval – Agneaux : « Ce fut chaud, sur un tracé atypique où j’ai bien failli me sortir. Mais c’est passé et j’ai bien aimé ce parcours en deux parties bien distinctes. On a mené un beau combat avec Philippe (Marion) que je devance de deux dixièmes, c’était plutôt enthousiasmant », reconnait Francis qui termine deuxième du GT Sport derrière Yann Durieux.
Francis O’Mahony quittait alors la Normandie pour rejoindre l’Aude et la Course de Côte de Quillan où il allait accrocher la sixième place du Production et terminer une nouvelle fois deuxième du GT Sport derrière Yann Durieux : « Malgré l’apparition de la pluie nous avons passé un excellent week-end et la Porsche a démontré qu’elle pouvait être à son aise sur un terrain humide. »

Retour dans l’Ouest pour poursuivre sa saison avec au programme la Course de Côte de La Pommeraye où Francis accrochait la troisième place du GT Sport : « C’était super sympa, une belle découverte et au final je suis à la place qui est la mienne car il m’est difficile de rivaliser face à la Porsche d’Alex (Garnier) et l’Alpine de Yann (Durieux). Mais je retiendrai avant tout que ce fut une superbe découverte et un excellent week-end. » Dans la foulée Francis rejoignait la Bretagne pour aligner sa Porsche 996 à Saint Gouëno : « Le week-end a mal débuté puisque sur la première montée de course je pars en tête-à-queue dans le ''Fer à Cheval''. Ça sera sans conséquence et pour le reste cette course est grandiose, avec une ambiance super sympa… Que du plaisir ! »
Le périple de Francis O’Mahony se poursuivait par un séjour en Principauté d’Andorre pour prendre part à la Pujada Arinsal. Sur l’épreuve pyrénéenne il se classait sixième du Production et remportait le groupe GT Sport : « Honnêtement je voulais rester en Bretagne, mais Jean-Marc (Gandolfo) a insisté pour que je le suive en Andorre. Je ne regrette pas parce que le voyage était super sympa et que nous avons bénéficié en Andorre un super accueil. »
Le calendrier de Francis O’Mahony se poursuivait en Alsace, sur la Course de Côte de La Broque où il accrochait une nouvelle fois la troisième place du GT Sport derrière l’Alpine de Yann Durieux et la Ferrari d’Eric Michon : « Nous avons dû composer avec la pluie et j’ai failli me faire piéger. On m’avait dit que dans le gauche après le départ il fallait soulager. Mais je me suis dit que je pouvais laisser le ''pied dedans'' d’un bout à l’autre. Je l’ai fait, mais je n’aurais pas dû… Je ne sais pas comment je m’en sors et j’ai vu le talus de très près. Mais sinon ça reste un excellent souvenir. »
Sur le tracé de Dunières Francis O’Mahony aura plus de mal à trouver ses marques : « Je n’étais pas spécialement à mon affaire. Je souffrais également du manque de pneus, j’arrivais à épuisement du stock. Mais bon je ne veux pas chercher d’excuses, je pense ne pas avoir roulé comme il fallait. » Le Porschiste se rattrapera sur la seconde épreuve auvergnate, puisqu’au Mont-Dore il se hissait une nouvelle fois sur le podium du GT Sport derrière Alexandre Garnier et Yann Durieux : « C’est un magnifique tracé sur lequel on peut prendre énormément de plaisir. Mais ce week-end-là ma sœur (Luce Pierre) est sortie de la route, et même si elle ne s’est pas fait mal ça nous a évidemment perturbé. »
On retrouvait ensuite Francis à Chamrousse où le brouillard et la pluie allait perturber son week-end : « Malgré cela ça se passe plutôt bien. Le tracé est magnifique, je me suis fait réellement plaisir », confie l’Azuréen qui termine troisième du GT Sport, comme il le fera ensuite à Turckheim : « Là encore, comme sur toutes les courses je garde d’excellents souvenirs, cette épreuve en Alsace est magnifique et nous avons passé là encore un excellent week-end. » La saison de Francis O’Mahony se concluait à Limonest, « où ce fut un peu plus compliqué sur un tracé difficile à aborder, avec un rythme spécifique. Mais finalement ça se passe plutôt bien pour moi. » Qualifié pour la Finale de la Coupe de France de la Montagne, Francis O’Mahony sera présent à Steige où il accrochait une nouvelle troisième place du GT Sport : « J’ai adoré l’ambiance, tout était réuni pour que ce soit une superbe fête. »
La saison de course de côte de Francis O’Mahony se concluait en Alsace. Pour autant il n’allait pas raccrocher le casque et les gants… La passion se transmet de générations en générations, et depuis qu’il a 6 ans son petit-fils Théo Cassar, lui demande avec insistance de faire un rallye à ses côtés : « Il a aujourd’hui 16 ans, et au mois de septembre j’ai donc ressorti la Lotus Exige pour que nous soyons ensemble au départ du Rallye de la Vésubie. J’ai tenu ma promesse, nous sommes à l’arrivée, et c’est vraiment génial de partager cette expérience avec son petit-fils », avoue Francis.
Troisième du Challenge Open GT Sport
La première saison de Francis O’Mahony sur le CFM fut bien remplie. Elle lui laissera d’excellents souvenirs à l’heure de faire un bilan qui le voit se classer troisième du Challenge Open GT Sport et troisième du Production sur le Championnat de France de la Montagne 2ème Division : « Le résultat importe finalement peu. Le plus important c’est l’expérience que j’ai vécue. Je me suis fait plaisir en découvrant quelque chose que je ne connaissais absolument pas. Je fais un truc pas trop mal, avec une auto qui n’est pas la plus performante du plateau. On a partagé des moments supers sympas avec les autres pilotes, j’ai tissé des liens d’amitiés avec des concurrents, c’était juste génial. La convivialité était pour moi une priorité, j’ai été servi. »

Pur amateur, Francis O’Mahony autofinance sa saison et n’a donc pas de partenaire à remercier. Mais le pilote des Alpes-Maritimes ne veut pas oublier ses soutiens : « Je veux avant tout remercier Jean-Marc (Gandolfo) qui est à l’origine de mon engagement au championnat. Merci à mon fils Thomas et à son entreprise la Carrosserie des Jardins à Saint-Laurent-du-Var, il m’a permis de prendre du temps parce qu’on bosse toujours ensemble. Merci à Françoise, mon épouse qui m’a toujours suivi sur les épreuves. Un immense merci également à tous les animateurs du CFM avec qui nous avons passé d’excellents moments durant cette année 2024, j’ai adoré intégrer cette grande famille. »
Rien n’est arrêté pour ce qui concerne la saison 2025. La maman de Francis connait quelques soucis de santé, et il veut lui consacrer un maximum de temps : « Si tout va bien, je serai sûrement au départ de la 2ème Division, mais il est clair que sachant que Jean-Marc (Gandolfo) ne sera pas encore-là cette année, je ne me vois pas faire le championnat. Pour moi l’essentiel reste de m’amuser et de partager ces moments avec des gens que j’aime. La compétition est finalement secondaire. Après nous verrons en 2026 si nous pouvons Jean-Marc et moi faire notre grand retour. »
©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com
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