Le pilote de l’Osella huitième du championnat

Pour sa première saison en Championnat Sport, au volant d’une Osella qu’il découvrait, Benjamin Vielmi n’avait d’autre prétention que d’apprendre. A en juger par les chronos réalisés au fil des épreuves, et sa huitième place finale au Championnat… apparemment il apprend vite !

S’il a le souvenir d’avoir toujours aimé les voitures, Benjamin est incapable de dire d’où lui vient cette passion pour le sport automobile. Toujours est-il que, dès qu’il en a eu les moyens, le jeune Haut-Savoyard faisait l’acquisition d’une Simca 1000 Rallye II, avec comme seul but de disposer d’une auto peu onéreuses au tempérament sportif. Une fois installé derrière le volant, l’envie de courir n’allait pas tarder à le démanger, et c’est sur des épreuves régionales qu’il allait faire ses premières apparitions.

On est alors en 2007, et Benjamin allait parfaire son apprentissage durant deux saisons, avant de s’attaquer à des épreuves du Championnat de France. On le retrouvait alors au départ du Mont-Dore, de Chamrousse et de Limonest.

Toute sympathique qu’elle était, la Rallye II avait ses limites, et Benjamin, pour poursuivre sa progression, décidait de se tourner vers une auto plus performante : « J’ai alors fait le choix d’acheter une Simca CG 1600, qui était totalement neuve et qui n’avait donc jamais eu l’occasion de courir », se souvient-il. Dès les premiers tours de roues, il constatait que cette auto était totalement à son convenance : « Autant j’avais un peu de mal avec la Rallye II, autant ça a fonctionné rapidement avec la CG. »

Avec cette nouvelle auto, Benjamin allait un peu délaisser les épreuves régionales pour concentrer ses efforts sur le Championnat de France. Bien lui en prenait, puisqu’il allait accumuler les victoires de classe, signant une victoire de groupe sur l’édition 2013 de la Course de Côte de Dunières.

Le pari osé de l’Osella
A l’issue de la saison 2014, Benjamin lorgnait vers le Championnat Sport, avec l’envie de poursuivre sa carrière sportive au volant d’une Norma. Mais c’est finalement sur une Osella qu’il arrêtait son choix : « J’accompagnais alors Cyrille (Frantz) à Lodève, et j’ai eu l’occasion de voir rouler l’ancienne Osella d’Éric Pernot », confie-t-il. « A l’issue de la course, en remontant dans le camion, Cyrille m’a dit, ’’Et pourquoi pas une Osella 3 Litres ? On sait que c’est performant, on connait la voiture’’. L’idée a trotté dans ma tête, et j’ai donc décidait de franchir le pas. »

Technicien motoriste, Benjamin en connait un rayon sur la mécanique, et ce n’est pas par hasard qu’il souhaitait ardemment disposer d’un 3 Litres : « Je savais malgré tout que j’allais devoir prendre mes marques au volant d’une auto très puissante, et qu’il allait falloir franchir les étapes pas à pas. Mais si le pari semblait osé, il me donnait d’autant plus envie de le relever », avoue-t-il. « Seul, je n’aurais pas risqué un tel challenge, mais je savais pouvoir disposer du soutien de Cyrille, ce qui me mettait en confiance. »

Une confiance réciproque, puisque les deux pilotes travaillent conjointement depuis que Cyrille a fait l’acquisition de sa Norma. Le Franc-comtois fait bénéficier de son énorme expérience de la course à son poulain, alors que Benjamin lui apporte de précieux conseils techniques. Les deux hommes sont d’ailleurs complémentaires, le bouillonnant Cyrille sait motiver un Benjamin qui, par sa pondération, calme parfois les ardeurs de son mentor : « J’ai fait la connaissance de Cyrille alors que je travaillais sur la voiture de son frère. Par la suite, il m’appelait régulièrement pour me demander des conseils lorsqu’il rencontrait quelques soucis avec son Osella. Nous avons sympathisé, et en 2014, à Bagnols-Sabran, j’ai pu résoudre la panne qui affectait sa voiture. On a alors commencé à s’entraider, et lorsqu’il a acheté la Norma, je suis venu lui donner un coup de main pour terminer la voiture. A partir de là, nous avons décidé de courir sous la même structure. »

L’apprentissage comme seule ambition
Au volant d’une voiture dont il avait tout à découvrir, Benjamin Vielmi ne se fixait pas d’objectif précis à l’heure de débuter cette saison 2015 : « Je voulais avant tout cerner le comportement de l’Osella, terminer les courses et me faire plaisir. Je n’avais aucune ambition particulière, j’estimais même que terminer parmi les quinze premiers était inespéré », avoue-t-il en toute humilité.

Débuter avec une Osella PA 20S sur un tracé aussi sinueux que celui de Bagnols-Sabran n’est pas chose simple : « J’avais eu l’occasion de tester la voiture avant de me rendre sur la première épreuve du championnat. Mais quand je me suis retrouvé à Sabran, avec les passages entre les murets, je me suis dit que les choses allaient être compliquées. » Malgré tout, Benjamin s’avouait satisfait de cette prise en main, et terminait son week-end sans avoir rencontré la moindre embûche.

Malgré son manque d’expérience du Col Saint-Pierre, Benjamin parvenait à tirer son épingle du jeu en améliorant ses chronos au fil des montées. Le Haut-Savoyard se rendait ensuite à Abreschviller où il allait découvrir le tracé lorrain, et se rapprocher des temps des autres CN/3 : « J’avoue avoir été assez surpris de mes performances, car je ne connaissais pas cette course. J’ai eu durant le week-end des soucis de boîte de vitesses, et sans cela je pense que j’aurais pu jouer la victoire de classe. »

Malheureusement, les soucis de boite rencontrés à Abreschviller viendront une nouvelle fois perturber la prestation de Benjamin à Hébécrevon : « Je ne connaissais pas non plus ce tracé, et j’ai vraiment eu de gros soucis avec la boîte de vitesse. Dans ces conditions il m’était impossible d’être vraiment compétitif. »

Benjamin se rendait alors à La Pommeraye avec le secret espoir d’être enfin à son affaire. Mais loin de savourer pleinement son week-end angevin, il allait connaitre des journées difficiles : « Là c’était vraiment dur ! C’était pour moi une course difficile car le parcours est ultra-rapide et que je n’ai pas l’habitude de ce genre de profil. »

A Saint-Gouëno, il allait retrouver un tracé plus familier. Il comptait déjà deux participations à l’épreuve bretonne, et abordait ce rendez-vous avec un regain de confiance : « Je ne voulais pas forcer l’allure. Je me suis dit qu’il fallait que j’aborde les choses tranquillement, et au final ça a bien fonctionné. C’est certainement sur cette épreuve que j’ai eu les premières bonnes sensations au volant. »

Au Beaujolais, pour la première fois, Benjamin faisait son entrée dans le top 10 : « C’est d’autant plus satisfaisant que le tracé est très rapide et que j’avais manqué d’un peu de rigueur sur la mise au point de la voiture », reconnait-il. « Là, j’ai payé le manque de travail que j’aurais dû faire sur l’auto. Mais cela m’a permis de prendre conscience du potentiel de mon Osella, et de me rendre compte que si tu n’es pas pointu en matière de réglages, tu paies l’addition. »

S’il termine à seulement un dixième de la Norma CN/3 de David Meillon à Vuillafans, ce n’est pas vraiment ce qui a le plus marqué le Haut-Savoyard lorsqu’il évoque sa participation à l’épreuve franc-comtoise : « Lors des essais, j’étais largement devant et je pensais vraiment m’imposer dans la classe. Mais sur la première montée de course je me suis mis un peu trop la pression, et j’ai commis quelques erreurs. Ensuite, sur la seconde montée, j’ai eu un souci de boîte », regrette Benjamin. Un problème qui le stoppait dans son élan et qui sera à l’origine d’un accrochage avec Alban Thomas, parti derrière lui.

Septième au scratch, premier des CN/3, la Course de Côte de Dunières permettait à Benjamin Vielmi d’oublier définitivement la déconvenue de Vuillafans : « Ça c’est ma course ! J’ai toujours été vite là-bas. Après, j’ai peut-être voulu trop en faire », avoue-t-il. « J’ai signé un très bon chrono sur la première monté qui me permet de rester devant. Par la suite, j’ai été victime d’une panne de pompe à essence sur la deuxième montée, et d’un tête-à-queue sur la troisième. Mais le résultat est là. »

Sur sa lancée, Benjamin allait chercher un nouveau succès en CN/3 sur les pentes du Mont-Dore : « L’abandon de David (Meillon) sur la première montée me libère de toute pression, et j’ai fait une course plutôt sage. D’autant que ce tracé est pour moi compliqué, que j’ai toujours du mal à trouver mes marques, et que dans ces conditions je n’ai pas voulu forcer l’allure. »

C’est à la sixième place scratch, en tête des CN/3, que l’on retrouvait l’Osella de Benjamin à l’issue de la Course de Côte de Chamrousse : « Je suis près de chez moi, je connais et j’adore ce tracé, tout était réuni pour que ça se passe bien, et pour moi ça s’est bien passé. Je signe un chrono que je qualifierais d’intéressant, en me rapprochant du record des 3 Litres. »

Benjamin pouvait alors espérer terminer sa saison en s’illustrant une dernière fois sur le tracé de Turckheim. Mais l’épreuve alsacienne n’allait pas se dérouler comme il l’aurait souhaité : « Je suis arrivé fatigué, et je n’ai pas eu la possibilité de reconnaitre ce tracé, que je n’avais jamais eu l’occasion de découvrir en course. Samedi, je suis sorti de la route lors des essais. Après, impossible de me remettre dedans, c’était vraiment un week-end noir. »

Au mois de juin, Benjamin Vielmi alignait son Osella sur la Course de Côte de La Broque, l’occasion pour lui d’accrocher une quatrième place au scratch derrière Sébastien Petit, Billy Ritchen et Yannick Poinsignon : « J’ai pu signer sur une montée un deuxième temps scratch, je me suis battu avec Billy et Yannick. C’était super sympa et ça me laisse un excellent souvenir. »

Sur le podium à Urcy
Autre excellent souvenir pour Benjamin, à l’occasion d’Urcy, où on le retrouve sur la deuxième marche du podium derrière un certain Cyrille Frantz : « Lorsque j’ai vu que Nico et Geoffrey Schatz apparaissaient sur la liste des engagés, je me suis dit qu’il fallait que j’oublie le podium. Les faits de course m’ont permis de me battre pour la deuxième place, mais il a fallu que je me démène pour parvenir à ce résultat », avoue-t-il. « Je n’aurais jamais imaginé faire un podium au scratch, et partager ce moment avec Cyrille avait quelque chose de spécial. »

Bien évidemment, Benjamin ne peut que tirer un bilan positif de cette saison 2015. Se lancer sur le Championnat avec une Osella 3 litres, pour lui qui découvrait le Championnat Sport était un pari osé, mais ce sera au final un pari gagnant : « Je me suis rendu compte assez rapidement que la voiture me correspondait vraiment. C’est une auto à mon sens plus nerveuse que la Norma, et je m’y retrouve totalement. Je pense avoir vraiment fait le bon choix. J’ai passé une superbe saison, en réalisant de belles performances que je dois en grande partie à Cyrille, il est à l’origine de 50% de mes résultats. »

Benjamin va mettre à profit la pause hivernale pour réviser entièrement son Osella, qu’il présentera, la prochaine saison, au départ des épreuves du Championnat de France de la Montagne : « Je repars avec un moteur neuf et je vais également peaufiner les réglages de la voiture. L’objectif sera bien évidemment de poursuivre ma progression, en espérant que le plateau en CN/3 va s’étoffer. C’est toujours plus sympa d’avoir de la concurrence. Je sais que David sera toujours un adversaire redoutable, et si Martine (Hubert) a connu une saison difficile, on sait pertinemment qu’elle peut être à nouveau dans le coup l’an prochain. Quand on voit les supers chronos qu’elle a réalisés il y a deux ans, on sait qu’elle est une sacrée cliente. »

C’est aux côtés de Cyrille Frantz que l’on retrouvera l’an prochain Benjamin Vielmi, d’ailleurs il ne peut conclure sans remercier son mentor : « Un grand merci à Cyrille à qui j’associe Cécile, pour l’aide qu’ils m’ont apporté. Merci à Ben, le mécano de l’équipe qui nous aide sur toutes les courses. Merci également à mon frère Baptiste, à l’ensemble de mes partenaires qui m’ont permis de rouler dans les meilleures conditions, et à l’usine Osella qui m’a toujours fourni les pièces en temps et en heure, notamment après les problèmes que j’ai rencontrés à Vuillafans, et qui a toujours répondu présent lorsque j’avais besoin de conseils. »


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