A l’issue d’une longue période de gestation de sa Porsche 997 GT2

Sextuple Champion de France de la Montagne, Nicolas Werver ne pouvait afficher d’autres prétentions en début de saison que de convoiter une septième couronne. Mais un retard conséquent pris dans la préparation de sa nouvelle Porsche 997 GT2, l’a empêché de mener à bien ses ambitions. L’Alsacien tire malgré tout un bilan positif d’une saison qui lui a permis d’être en constante progression.

Nicolas Werver a trop d’expérience de la compétition automobile pour ignorer que, toute performante qu’elle soit, une voiture de course atteint rapidement ses limites en termes d’évolution, avant de se voir rattrapée par la concurrence. C’est fort de ce constat que le pilote alsacien décidait de se séparer de sa Porsche 997 Cup, et de porter son choix sur une 997 GT2 : « Cela fait plusieurs saisons que j’avais envie de rouler au volant d’une voiture disposant d’une motorisation turbocompressée. L’opportunité s’est présentée, je l’ai saisie. Il est clair qu’en sport automobile, compte tenu de la rapidité des évolutions, il n’est plus possible de conserver une même voiture très longtemps. »

Gros travail de développement pour préparer la saison
Ayant décidé de reconfigurer intégralement sa nouvelle monture, le sextuple Champion de France se lançait alors dans la préparation de sa Porsche afin d’optimiser, autant que faire se peut, les divers éléments. Un travail de longue haleine qui sera malheureusement perturbé par divers problèmes : « Nous avons eu notamment des soucis avec la boîte de vitesses alors que nous achevions le montage. Cela nous a fait prendre du retard dans la préparation et nous a pénalisé financièrement », confie l’Alsacien. « En me lançant ce nouveau défi, je savais que ce serait compliqué, qu’il fallait que je sois épargné par les problèmes pour être prêt dans les temps, mais une succession de contretemps est venue se greffer dans notre programme. »

Des contretemps qui l’obligeront à faire l’impasse sur les deux premières manches de la saison, les Courses de Côte de Bagnols-Sabran et du Col Saint-Pierre. C’est donc un Nicolas Werver passablement fatigué, qui se présentait à Abreschviller pour débuter sa campagne : « Comme de nombreux pilotes, je suis un pur amateur, qui a comme contrainte de faire tout moi-même. Pour être là et présenter ce beau projet, il m’a fallu énormément travailler pendant l’hiver. Je ne me plains pas, c’est juste un constat, car au final je vis ma passion pleinement. Mais il est clair qu’en tant qu’amateur, je dois compenser le manque de budget par un surcroit de travail. »

En ayant fait l’impasse sur les deux premières épreuves inscrites au calendrier, le sextuple Champion de France savait qu’il ne disposait plus de joker, mais que si tout fonctionnait correctement dans un délai assez bref, il pouvait toujours prétendre à une septième couronne. Malgré tout, à l’heure de prendre le départ de l’épreuve lorraine, Nicolas était conscient que sa Porsche n’était pas encore prête à rivaliser avec la concurrence : « Loin s’en faut… Je n’étais clairement pas prêt, mais je ne voulais pas déclarer une nouvelle fois forfait. J’avoue que la veille d’Abreschviller, je ne savais pas si je prendrais le départ. L’avantage de la Course de Côte, contrairement au rallye, c’est que tu peux faire l’impasse sur une montée en cas de panne, et être présent sur la suivante. C’est ce qui m’a incité à prendre le départ, car il est clair que je n’aurais jamais abordé un rallye dans ces conditions. »

Cette Course de Côte d’Abreschviller allait donc servir avant tout de séance d’essais en condition de course pour Nicolas, qui espérait pouvoir gommer au fil des montées, les différents problèmes qu’il n’allait pas manquer de rencontrer : « Il fallait impérativement que je roule. Samedi, je n’ai malheureusement pas pu m’élancer lors des essais. J’ai donc débuté mes essais le dimanche matin, et j’ai pris part à cette course avec une boîte de vitesses d’origine, une commande de boîte en ’’H’’, de gros soucis de freins… Avec le recul ça me fait sourire, mais sur le moment j’ai trouvé ça lamentable. Malgré tout, nous sommes parvenus à faire rouler la voiture et à engranger quelques points qui auraient pu être importants en fin de saison, si nous avions été par la suite compétitifs », analyse Nicolas qui marque les points de la cinquième place.

En constante progression
L’enchainement des épreuves sur la campagne de l’Ouest, où les animateurs du Championnat de France allaient s’affronter trois week-ends consécutifs, ne faisait pas les affaires de Nicolas qui ne disposait que peu de temps pour faire évoluer sa Porsche entre les courses : « Au fil des épreuves, nous trouvions des solutions pour faire évoluer les choses, nous parvenions à solutionner les divers défauts. Mais même si les progrès allaient dans le bon sens, à ce stade de la saison je savais qu’il m’était impossible de viser la victoire, voire même un podium. Mon objectif était alors de sauver les meubles en accumulant des points au championnat, et progresser. » Cinquième à Thèreval, c’est également à la cinquième place que Nicolas terminait l’épreuve de La Pommeraye, avant de se classer quatrième à Saint Gouëno.

L’Alsacien poursuivait le travail entrepris depuis le début de saison avant de se rendre à Marchampt en Beaujolais où, pour la première fois de la saison, il montait sur le podium : « Un podium un peu miraculeux », reconnait en toute humilité le pilote alsacien. « Christian (Schmitter) a été contraint à l’abandon, ce qui me permet de gagner une place. Mais s’il avait été présent, je ne pouvais prétendre qu’à la quatrième place, car la voiture n’était pas encore réellement compétitive. Malgré tout nous avions fait un grand pas en avant en résolvant les problèmes de freins, ce qui m’offrait évidemment un regain de confiance. »

Une confiance qui permettait à Nicolas d’aborder Vuillafans dans de meilleures dispositions, d’autant qu’il avait pu confier sa Porsche à son préparateur moteur, qui parvenait à trouver l’origine du manque de performance de la 997 GT2 : « Vincent, de la société HTR Development, a repéré un dysfonctionnement sur un capteur de roue qui ne donnait pas des informations correctes au boîtier électronique. Selon lui, en ayant pu résoudre ce problème, j’allais enfin disposer d’une auto compétitive. Même si je lui fais totalement confiance depuis de nombreuses année, j’avais hâte de confirmer ses propos sur le terrain. »

Nicolas renoue avec le succès à Vuillafans
Une confirmation qui aura lieu à Vuillafans où, pour la première fois de la saison, le pilote de Steige s’imposait : « Dès les essais, il était flagrant que l’évolution était plus que sensible. Je le ressentais au volant, ça s’est confirmé au passage de la ligne d’arrivée quand j’ai vu le chrono. » Cette victoire ne pouvait que donner un coup de boost à Nicolas : « Ça a fait du bien à tout le monde, notamment à tous les copains qui se sont impliqués dans le projet. Je suis d’autant plus content que ça s’est fait à la régulière, que je suis parvenu à me battre tout au long du week-end avec Pierre (Courroye), ce qui pour moi, compte-tenu de ses chronos sur les épreuves précédentes, était inespéré. »

Visiblement, Pierre Courroye n’avait que moyennement apprécié de se faire devancer à Vuillafans, et en guise de revanche, il signait à Dunières, dès la première montée de course, un chrono ultra rapide en 1’09’’9 : « Là, on savait qu’on n’irait pas le chercher… Après la victoire de Vuillafans, j’avais de gros espoirs pour la suite, mais là je suis rapidement retombé de mon petit nuage. On peut épiloguer sur les performances de la McLaren qui est une auto très compétitive, mais je garde également à l’esprit qu’il faut pour gagner un pilote capable de la mener, et Pierre a démontré cette saison qu’il était au niveau de sa voiture. »

Au Mont Dore, Nicolas Werver allait connaitre un week-end particulièrement difficile, avec une succession de problèmes qui viendront gâcher sa course : « Sur la première montée j’ai touché un rail, et quand je dis touché, je devrais dire frôler. Malheureusement il devait y avoir un élément qui dépassait du rail et qui a causé des dégâts bien plus conséquents que ne le laissait entrevoir la touchette. Par la suite, il y a eu une réaction en chaîne et les problèmes sont venus se greffer les uns sur les autres. Sur la deuxième montée, j’ai dû composer avec une durit de turbo débranchée, et sur la troisième montée la géométrie avait du plomb dans l’aile et la voiture devenait inconduisible. » Résultat, c’est au-delà de la cinquantième place que l’on retrouvait Nicolas, ce qui annihilait définitivement ses chances de signer un résultat probant en fin de saison.

Malgré tout, l’Alsacien veut dégager les aspects positifs de ce week-end passé dans le Massif du Sancy. Car si le résultat n’est pas au rendez-vous, les performances sont en revanche bien présentes : « Lors des essais je ne suis pas si éloigné des temps de Pierre, et sur la première montée de course, avant de partir à la faute, j’étais vraiment sur un très gros rythme et en mesure de signer un très bon chrono. Même si je n’aurais pas pu devancer Pierre, j’étais en passe d’améliorer assez nettement mon précédent record. »

Amoureux du Mont Dore, Nicolas ne cachait pas sa déception de n’avoir pu se mettre en valeur sur cette dixième manche de la saison. Histoire d’oublier notre Championnat, c’est vers la Suisse qu’il se tournait pour disputer la Course de Côte de Saint Ursanne – Les Rangiers : « Et là ça s’est très bien passé, l’auto était performante et pour ma part j’étais en confiance. Cela me permet d’améliorer mon précédent chrono de plus de deux secondes et demie, ce qui est énorme. De ce fait je pouvais aborder Chamrousse avec une certaine sérénité, même si ce n’est pas mon tracé préféré. »

S’il reconnait ne pas apprécier réellement le parcours de la manche iséroise, Nicolas Werver parvenait malgré tout à faire mieux que tirer son épingle du jeu, puisqu’il montait sur la deuxième marche du podium : « J’améliore mon chrono par rapport à mon ancien record, mais je reste un un peu déçu d’être aussi loin de Pierre. Malgré tout, je ne peux que me satisfaire de mon résultat, même si ce n’est pas mon genre, en vrai compétiteur, de me satisfaire d’une deuxième place. »

L’avant-dernière confrontation de la saison, la Course de Côte de Turckheim, avait lieu pour Nicolas Werver à domicile. Organisée par son ASA, cette épreuve a un goût particulier pour l’Alsacien qui espérait bien évidemment se mettre en valeur. Malheureusement, à l’heure de faire les comptes Nicolas pointait au cinquième rang, sans parvenir à expliquer ce qu’il peut considérer comme une contre-performance : « C’est la plus grosse déception de la saison. En début de saison j’ai accumulé les cinquièmes places, mais c’était cohérent avec le niveau de préparation de ma voiture. Là, je ne m’explique pas comment, sur un tracé que j’adore, je ne suis pas parvenu à être mieux que cela tout au long du week-end. C’est pour moi une réelle frustration, je suis extrêmement déçu. »

Alors que depuis la mi-saison, Nicolas Werver améliorait systématiquement ses chronos par rapports aux précédentes éditions, Turckheim mettait un coup d’arrêt à sa belle progression. C’est le moral un peu en baisse qu’il se rendait à Limonest, plus pour honorer ses engagements que pour l’attrait pour cette épreuve : « Je ne suis pas fan du tracé de Limonest. Cette course ne convient pas du tout à la Porsche 997 GT2 et je m’y suis rendu que par respect pour les organisateurs. Je savais que je ne serais pas performant sur cette épreuve, donc je ne suis pas surpris du résultat », confie Nicolas qui termine à la quatrième place.

En dehors des épreuves du Championnat, Nicolas Werver s’est exporté cette année à plusieurs reprises avec une certaine réussite. S’il évoquait précédemment sa participation aux Rangiers, on a également pu le voir cette saison sur deux épreuves allemandes, Osnabrück et Mickhausen. Et à deux reprises, l’Alsacien s’est mis en valeur : « Toutes les courses que j’ai courues à l’étranger se sont bien passées. Ce sont des épreuves sur lesquelles je me rends avec beaucoup d’envie, ce qui explique en partie la réussite. Ça m’a donné l’occasion de signer d’excellents chronos et j’en suis ravi. »

Pour conclure sa saison, Nicolas Werver revenait à ses premières amours en prenant part à un rallye. Il sera en effet au départ du Rallye Centre Alsace, au volant d’une Porsche 997 GT3 que lui confiait son ami Paul Reutter. Une auto engagée en GT 10, la catégorie des voitures de série, et avec laquelle il accrochait une belle deuxième place au scratch derrière la Peugeot 208 T16 d’Éric Mauffrey : « Il y a deux ans, j’ai remporté cette épreuve, mais je pense que je disposais alors de la meilleure voiture du plateau. Cette année, j’étais confronté aux meilleurs pilotes de l’Est, avec notamment quatre concurrents engagés en R5, deux en S2000, une en WRC et de nombreux pilotes luxembourgeois très rapides. C’est donc vraiment plaisant de terminer l’année sur une bonne note. D’autant que j’ai pour habitude de me remettre constamment en question, et qu’à l’issue d’une saison où je n’avais pas signé les résultats que j’espérais, c’est bon pour le moral de réaliser une belle performance. »

Un bilan positif pour Nicolas
Sextuple Champion de France, Nicolas Werver a remporté les cinq derniers titres, et même si à l’issue de cette saison, il se voit détrôné par Pierre Courroye, il considère que sur divers aspects sa participation au Championnat est positive : « Ça me rappelle quand j’ai débuté en Groupe N avec la M3. A cette époque j’ai dû composer avec de nombreux soucis avant de progresser. Pour cette année, le bilan est plutôt bon car si le résultat ne parle pas pour moi, je retiens avant tout ma progression à partir de la mi-saison. »

Un bilan positif auquel Nicolas Werver tient à associer tous ceux qui étaient à ses côtés cette année : « Je tiens à remercier mon équipe qui a beaucoup travaillé cet hiver pour la construction de ma GT2. Je pense en particulier à Gillou, Mickael , Robert ... qui ont passé quelques "nuits blanche" avec moi ! Egalement évidemment, Pascalou et Quentin qui sont eux plutôt "sur le terrain" et m'accompagnent toujours dans la bonne humeur. Bien sûr tous mes partenaires, CroisiEurope, Michelin, HTR Development, Motul, Sébring, Pro Soudage et Stand 21. Je profite de l’occasion pour féliciter Pierre Courroye pour son titre mérité, car acquis de haute lutte avec des chronos hallucinants. Quand un pilote est plus rapide, il faut savoir le reconnaitre ! »

Nicolas Werver reconnait qu’il serait vraiment dommage de ne pas capitaliser sur le travail réalisé durant cette saison. Ce qui laisse à penser que l’Alsacien sera à nouveau au départ du Championnat au volant de sa Porsche 997 GT2 l’an prochain : « Ce n’est pas une certitude même si c’est le plus probable. Après, je verrai au fil des épreuves si je concentre mes efforts sur le Championnat où si je m’investis plus sur mes participations à l’étranger. Je ne veux pas dédaigner le rallye, et si ma participation au Rallye Centre Alsace ne fait aucun doute, j’aimerai bien également être au départ du Rallye Vosgien qui fait cette année son entrée au calendrier du Championnat de France. » Quatrième manche de la saison, l’épreuve Vosgienne se déroulera du 8 au 10 juin, entre Saint Gouëno et Marchampt en Beaujolais. L’Alsacien aura peut-être des choix à faire…

Nicolas Werver n’a donc pas encore clairement défini de quoi sera faite sa saison 2018, mais gageons que s’il s’investit sur le Championnat de France de la Montagne, ce sera avec comme objectif de décrocher un septième titre.

Propos recueillis par Bruno Valette

Retrouvez le portrait et le bilan 2016 de Nicolas Werver.


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