Apprentissage du Revolt pour l’Italien

Lors de cette saison 2025, Canio Marchione devait découvrir son nouveau Revolt 3P0 et plusieurs manches du CFM sur lesquelles il n’était jamais venu. Cette saison d’apprentissage sera pour le pilote Italien une totale réussite qui annonce de futurs résultats prometteurs.

Natif du sud de l’Italie, Canio Marchione réside au Luxembourg où son père Nicolas, ancien pilote, a fondé un garage automobile. Passionné tout comme son père de mécanique, Canio a pris sa succession tant dans la gestion du garage que derrière le volant de voitures de courses.

L’Italie étant profondément enracinée dans ses gènes, c’est tout naturellement vers une Fiat 127 que se tournait Canio à l’heure de prendre part à ses premières courses. Des apparitions d’abord sporadiques – la gestion du garage ne lui laissant que peu de temps à consacrer à la course – puis plus régulières avant qu’il ne commence réellement à établir un calendrier à l’occasion de la saison 2010.

En 2014, Canio Marchione participait à l’intégralité du Championnat Luxembourgeois des courses de côte. Rapidement, l’Italien allait devenir un acteur majeur du Grand-Duché. En 2016, au volant d’une Volkswagen Scirocco il remportait un premier titre national en 1600 cm3. Il poursuivait son implication avec sa valeureuse allemande qui se voyait offrir par la suite une motorisation 2 litres, catégorie dans laquelle Canio remportait un nouveau titre national. Il fera de même en 2018 et 2019 cette fois au volant d’une BMW 320 Super Tourisme.

En 2018, Canio Marchione retrouvait son pays natal à l’occasion des FIA Hill Climb Master qui se déroulaient à Gubbio. Intégré au sein de l’équipe du Luxembourg, il remportait avec ses coéquipiers la Coupe des Nations, ce qui restera pour lui un souvenir impérissable.

On retrouvait par la suite Canio Marchione au volant d’une Osella JRB propulsée par un moteur de moto. Avec ce proto il remportait deux titres nationaux du Luxembourg à l’issue des saisons 2021 et 2022. En 2023 il décidait de s’attaquer au Championnat de France de la Montagne et pour cela il faisait l’acquisition d’une Osella PA2000. Une saison de découverte durant laquelle il prenait un maximum de plaisir et qu’il terminait à la deuxième place du Challenge Open E2-SC/2.

La découverte du Revolt 3P0
La saison 2024 de Canio Marchione sera axée sur le Championnat du Luxembourg, avec une seule apparition en France à l’occasion de la Course de Côte d’Abreschviller. Pour la saison 2025, il décidait de retrouver le Championnat de France, et de venir animer la catégorie reine en se portant acquéreur du Revolt 3P0 avec lequel roulait auparavant Kevin Petit : « Je me souviens qu’en 2021 ou 2022 j’avais vu pour la première fois cette voiture à Limonest. Elle m’avait immédiatement séduit », confie Canio. « Par la suite j’ai roulé dans la même classe que Cindy (Gudet) qui évoluait avec un Revolt 2P0 alors que je disposais d’une Osella. J’étais conscient qu’en plus de son talent, Cindy disposait d’une voiture performante ce qui m’a donné l’envie d’acquérir un Revolt. J’aime beaucoup la qualité de conception de cette voiture, l’aéro, ses aspects techniques innovants, et puis c’est une voiture assez rare, et pour moi qui est toujours aimé rouler avec des autos différentes de ce que l’on voit habituellement, elle présentait de vraies atouts. Kevin vendait son Revolt, j’ai saisi l’opportunité… »

C’est au mois de mars 2025 que Canio Marchione récupérait sa nouvelle monture avec laquelle il programmait une séance d’essais sur le circuit de Pouilly-en-Auxois : « Les premières sensations étaient excellentes, et j’ai pris conscience qu’il y avait un univers d’écart entre un 2 litres atmosphérique et un 1.750 cm3 turbo, j’avoue avoir été surpris par le comportement de la voiture et très agréablement surpris par l’agrément du moteur qui répondait quasiment comme un gros V8. Mais il est indéniable que la puissance délivrée demande un temps d’adaptation. »

Pilote d’expérience, préparateur émérite, Canio Marchione ne voulait surtout pas griller les étapes et considérait que cette saison 2025 serait avant tout celle de l’apprentissage : « J’avais dessiné un projet sur trois ans, le temps de découvrir la voiture, bien cerner son comportement et ses spécificités et ensuite envisager de performer. Plusieurs des épreuves inscrites à mon calendrier étaient pour moi des découvertes et d’autres sur lesquelles je ne comptais qu’une seule participation. Il n’était donc pas question de griller les étapes. »

Impossible d’envisager de réaliser des prouesses sur un tracé comme celui de Bagnols-Sabran lorsque l’on découvre une nouvelle voiture, puissante, et disposant de nombreuses évolutions électroniques qui doivent être maîtrisées. Canio ne forçait pas son talent : « Et je réalise un week-end qui me satisfait pleinement. J’avais déjà roulé sur cette épreuve en 2023, je savais à quoi m’attendre et mon objectif était de terminer avant tout en engrangeant le maximum d’informations sur la voiture. J’ai pris mes marques au fil des montées, sur un tracé qui n’est jamais facile à aborder. » 

Quatorzième à Bagnols-Sabran, c’est à la treizième place que l’on retrouvait Canio Marchione à l’issue d’un Col Saint-Pierre rendu difficile par des conditions météorologiques capricieuses : « C’était très compliqué. Nous n’avons quasiment pas roulé, et le peu que nous ayons pu faire c’est en grande partie sous la pluie. Difficile de tirer de vrais enseignements de cette participation et nous étions impatient d’être à Abreschviller. »

Une impatience récompensée puisqu’à Abreschviller Canio accrochait la sixième place scratch : « Je pense que nous avons fait un réel ''step'' en avant, notamment en ce qui concerne l’agrément de conduite parce que sur les deux premières épreuves j’avais un souci avec la direction qui était extrêmement dure ce qui rendait les montées particulièrement physiques. Mais là, nous avons pu solutionner ce problème avec l’aide de Fabien (Bourgeon) et de son équipe. Dimanche tout était impeccable et j’ai pu commencer à me concentrer nettement plus sur le pilotage. Toutefois, j’avais un souci de pression de turbo que je trainerai tout au long de la saison et qui m’a empêché de disposer de la pleine puissance de la voiture. Sur un tracé comme Abreschviller, en V-Max, je suis 20 km/h moins vite que les autres E2-SC/3. »

Le week-end de Marchampt débutait mal pour Canio Marchione qui était victime d’un accident lors de son installation dans les paddocks : « Je me suis blessé au pouce de la main gauche et je me suis arraché un ongle », précise Canio. « Ça a rendu la course très compliquée parce que j’étais quasiment dans l’obligation de conduire qu’avec une main. J’ai dû couper un gant pour pouvoir l’enfiler, mais les commissaires n'ont pas accepté et j’ai dû mettre un autre gant », sourit Canio. « Vraiment ce fut compliqué de tenir une telle voiture dans ces conditions. Malgré tout je m’en sors pas trop mal même si je manque toujours de vitesse de pointe, ce qui à Marchampt est particulièrement pénalisant », rappelle Canio qui se classe huitième.

De nouveaux problèmes viendront perturber la prestation de Canio Marchione lors de sa participation à Vuillafans : « J’ai eu un souci avec une fuite d’huile dès le début du week-end. Le radiateur d’huile qui fuyait se situe juste à côté du pot d’échappement. Je craignais donc à tout moment un début d’incendie. Quand j’ai compris que nous ne parviendrons pas à résoudre le problème sur place, j’ai préféré ne pas prendre de risque et de ne pas me présenter au départ des deux dernières montées. » Même s’il ne pouvait assurer que deux ascensions en course, Canio parvenait à accrocher la huitième place au scratch.

Sur le tracé sinueux de Dunières, avec une météo là aussi capricieuse, Canio Marchione parvenait à se positionner au septième rang : « Pluie, conditions grasses, sur un tracé que je n’avais jamais eu l’occasion d’aborder, ce n’était pas vraiment facile. Mais je suis assez content parce que la voiture répondait bien au niveau du châssis sur tous les réglages que nous avons apportés, et malgré là encore un manque de V-Max, je parviens à tirer mon épingle du jeu. Mais en ayant intégré ce souci de manque de vitesses de pointe, je me suis concentré sur les autres domaines importants pour tenter d’améliorer les choses. Le week-end sera finalement positif. »

Le Mont-Dore offrira l’occasion à Canio Marchione de résoudre enfin ses problèmes de pression de turbo qui entrainaient une perte de vitesse de pointe. Mais sur le rendez-vous auvergnat, il se verra privé d’un chrono sur la première montée de course du samedi soir : « J’ai été arrêté sur un drapeau rouge à cause d’un début d’incendie sur la voiture d’un concurrent. J’aurais pu me relancer mais j’avais les pneus sales et j’ai préféré renoncer », explique-t-il. « Pour le reste, je découvrais cette épreuve qui est un gros morceau à apprendre, et j’ai dû composer avec une fuite d’eau provenant d’un souci de joint de culasse. J’avais des alertes de températures qui m’obligeaient à lever le pied en fin de parcours. Là encore j’ai essayé de capitaliser malgré les problèmes rencontrés. »

A Turckheim, Canio Marchione parvenait à placer son Revolt 3P0 au sixième rang, malgré un problème de joint de culasse qui l’empêchait de prendre le départ de la dernière montée de course : « Même si les conditions étaient loin d’être optimales, je parviens à terminer sixième ce qui à mon sens est plus qu’honorable. A Turckheim nous parvenons à récolter les fruits du travail entrepris tout au long de la saison sur une épreuve que je connais bien. C’était plutôt très sympa. »

Plaisir et progression
Absent sur les trois épreuves de la campagne de l’Ouest et à Limonest, suite à une casse de joint de culasse, Canio Marchione parvient tout de même à accrocher la onzième place du championnat, à sept points seulement du top 10 : « Le bilan est très positif pour une saison d’apprentissage. Malgré l’ensemble des petits soucis que j’ai rencontrés, je suis à l’arrivée de toutes les épreuves. Je pense ne m’en être pas trop mal sorti même si je suis tout à fait conscient que la voiture peut me permettre de faire bien mieux et que je suis également capable de signer de meilleurs résultats. Je garde à l’esprit que je découvrais une voiture qui n’est pas évidente à maîtriser, notamment avec toute l’électronique dont nous disposons, et que je découvrais plusieurs épreuves. Donc pour moi qui est toujours eu d’excellentes sensations avec le Revolt, le bilan est largement positif. »

A l’issue de cette saison réussie, Canio Marchione tient à remercier ses soutiens : « Mes premiers remerciements vont vers ma famille : Mon père Nicolas, mon frère Donato, ma sœur Manu qui gèrent le garage en mon absence. Un grand merci à mes partenaires : APL, Sonax, By Marchione Créations, Valvoline, Lubalux, Free Batteries, AZ Electrique, Assurances Latini et Bujcovski, Lettrage 24, Toni & Guy, ACL Sport, le Team Bourgeon Concept et Emap Motors. Je n’oublie pas tous les amis et tous ceux que j’ai pu côtoyer sur les épreuves. »

La saison 2026 devrait être plus particulièrement axée sur le Championnat du Luxembourg : « Professionnellement j’ai du mal à me libérer comme je le souhaiterais. De ce fait je ne pense pas que je puisse prendre part à autant de courses que lors de cette saison 2025. Je serai certainement au départ de quelques épreuves françaises, mais ma priorité sera le Championnat Luxembourgeois. » Bien évidemment, Canio aura dans un coin de sa tête l’envie d’aller chercher un nouveau titre : « Mais je déteste spéculer et je préfère prendre les choses comme elles viennent. Nous verrons bien » conclut l’Italo-Luxembourgeois. 


©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com

 

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