Vainqueur du Challenge E2-SC/3b

S’il avait fait le choix de s’engager cette saison sur le championnat au volant d’une Norma dont le turbo était bridé, les performances de Cédric Lansard furent en revanche totalement débridées. Le Haut-Savoyard n’a pas manqué de défier les protos les plus performants, pour s’immiscer à plusieurs reprises dans le top 5.

C’est en 2018, sur la Course de Côte de Marchampt-en-Beaujolais que Cédric Lansard faisait ses débuts en course de côte. Rapidement performant, il décidait dès la saison suivante d’engager son Osella 3 litres sur le Championnat de France de la Montagne. L’objectif initial était de marcher dans les pas de son père Dominique, animateur de nombreuses courses de côte, et de prendre du plaisir au volant d’un Proto compétitif. Le plaisir sera au rendez-vous, les résultats également puisque Cédric terminait cette première saison en tête de la classe CN/3 et à la treizième place du championnat.

En 2020, la crise sanitaire et l’annulation de la majorité des épreuves tenaient Cédric éloigné de sa discipline de prédilection. En 2021, s’il ne s’engageait pas officiellement sur le championnat, on retrouvait tout de même son Osella 3 litres à Vuillafans, à Marchampt, sur le Mont-Dore et à Chamrousse. Quatre participations qui le voyaient entrer à deux reprises dans le top 10 (Marchampt et Chamrousse) et s’imposer en tête du CN/3 sur les quatre meetings : « Ce fut une belle mais courte saison car j’étais déjà sur la préparation de la Norma E2-SC et que je ne voulais pas grever le budget. J’ai roulé pour me faire plaisir, sans réelle prétention », confie Cédric.

Au volant d’une Norma à turbo bridé
Changement majeur pour la saison 2022, avec le retour sur le Championnat de France de la Montagne de Cédric Lansard qui alignait une Norma M20 FC dans la classe E2-SC/3b. Le ’’b’’ signifiant que le Haut-Savoyard avait fait le choix d’un turbo bridé : « Je vis à quelques kilomètres des frontières italiennes et suisses. De ce fait je peux avoir le loisir d’aller disputer quelques courses hors de France, d’où le choix d’une auto qui reprend la configuration FIA et qui est acceptée sur les épreuves européennes », explique Cédric.

Initialement Cédric Lansard avait prévu d’aligner sa Norma M20 FC dès la saison 2021. Il en avait fait l’acquisition dans cette optique : « Mais malheureusement nous nous sommes rapidement rendu compte que l’auto laissait apparaitre plusieurs défauts cachés. Des défaillances qu’il fallait revoir avant de pouvoir la lancer en course. Nous avons donc pris le temps de la remettre en état pour avoir la certitude de disposer d’une auto sécurisée, parce qu’au premier abord elle semblait un peu dangereuse sur certains aspects. »

Avant de se lancer sur sa campagne de France, Cédric menait à bien des essais : « C’était essentiel. On ne pouvait pas débuter avec une telle auto sans savoir quel serait son comportement. Je n’ai pas suffisamment d’expérience pour me lancer sans tester réellement la voiture », analyse humblement Cédric. Sur le circuit du Bourbonnais, il allait découvrir un nouvel environnement : « Entre l’Osella 3 litres et la Norma E2-SC/3 il y a un monde d’écart. La Norma est bien évidemment plus puissante, elle a incontestablement beaucoup de qualités. En revanche elle est assez ’’plate’’, un peu insipide, sans grand relief. L’Osella est une auto vivante, qui vibre, c’est vraiment totalement différent. Pour faire une comparaison un peu osée, c’est comme si tu roulais avec une Renault 4 et que tu passes à une nouvelle Twingo, ce sont deux générations différentes et deux environnements différents également. En clair tu ne peux pas vraiment les comparer. »

Changement radical, mais sensations bien présentes puisque Cédric trouvait rapidement ses marques au volant de sa nouvelle monture : « Je savais que j’avais fait le bon choix d’une part parce que je me sentais plus en sécurité, et également parce que si au départ je n’étais pas spécialement enclin à monter une E2-SC. Je voulais disposer avant tout d’une auto moderne, avec des palettes au volant, et en termes de modernité j’étais servi. Pour être honnête, je pensais repartir sur une CN/3 plus moderne, mais la classe accueille de moins en moins de monde, et ce n’est plus réellement l’avenir. »

Dix participations, dix victoires de classe
Rouler ! Tel était l’unique objectif de Cédric Lansard en début de saison. Le Haut-Savoyard n’avait pas d’autres ambitions que de se faire plaisir et d’essayer d’être performant au volant de sa nouvelle monture… Dès Bagnols-Sabran, où il débutait sa saison, Cédric sera à son affaire : « C’était de l’apprentissage pur et dur et ça se passe plutôt bien. Il fallait que je retrouve mes repères en passant d’essais en circuit, sur une piste large à un tracé étroit comme celui de Sabran. J’y suis allé à mon rythme histoire de réellement me familiariser avec la voiture », explique Cédric qui accroche sur la première manche de la saison la 20ème place au scratch.

La Course de Côte de Saint-Jean-du-Gard - Col Saint Pierre allait permettre à Cédric Lansard de faire une première entrée dans le top 10 : « Finalement, sur les épreuves plus longues, je me sens souvent plus à mon aise. Le tracé du Saint-Pierre est plus large, plus technique, avec des portions rapides, et j’avoue que j’ai beaucoup apprécié, et que ce rendez-vous m’a laissé d’excellents souvenirs. »… Dixième sur le Col Saint-Pierre, Cédric pointait à nouveau à la dixième place à l’arrivée d’Abreschviller : « Là c’est un sprint, totalement différent. Mais on commençait à mieux maitriser la voiture et notamment l’aérodynamique, ce qui est important sur ce tracé, et ça s’est plutôt très bien passé. »

Absent sur les épreuves de l’Ouest, Cédric Lansard fera son retour sur le championnat à Vuillafans. Un retour en force puisqu’il viendra chercher dans le Doubs la cinquième place scratch : « C’est étroit, rapide, technique, tous les ingrédients qui font de cette épreuve une course difficile mais attrayante, et j’étais vraiment content du résultat. Là tout ne se joue pas sur la puissante moteur, le pilotage rentre vraiment en compte et le résultat final est d’autant plus enthousiasmant pour moi. »

Cédric Lansard n’avait jamais eu l’occasion de se rendre à Dunières, et peut se satisfaire de son week-end auvergnant qu’il conclut au neuvième rang : « J’étais plutôt content de mes chronos, tout se passait bien jusqu’à la dernière montée où je fais une grosse bêtise », se souvient-t-il. « Entre le boulot, la préparation de la voiture, le déplacement, c’est toujours un peu compliqué et sur la dernière montée la fatigue est venue d’un coup. J’ai voulu améliorer un peu plus mon chrono et je n’aurais pas dû. L’attente en prégrille avait été longue, je n’étais plus réellement dedans, et j’ai commis une erreur. Heureusement, j’ai limité la casse. Mais j’avoue qu’avec ce que j’avais pu entendre sur le tracé de Dunières, j’avais beaucoup d’appréhension avant de me rendre sur ce rendez-vous. Finalement excepté cette erreur en fin de course, ça s’est pas trop mal passé. En tout cas mieux que je ne l’espérais. »

A Marchampt, même s’il est par rapport à ses adversaires pénalisé par la bride de son turbo, Cédric Lansard parvient à accrocher la septième place : « Il est clair que j’en perds un peu dans les lignes droites, mais je suis satisfait du résultat. » Cédric fera mieux encore sur le Mont-Dore où il plaçait sa Norma M20 FC au sixième rang : « A l’occasion du Mont-Dore, nous avons modifié la voiture pour la mettre en conformité avec ce qui est prévu pour le règlement 2023, en rehaussant la hauteur de caisse. Je n’avais rien à gagner face à la concurrence et je me suis dit qu’il était opportun d’effectuer ce changement, même s’il pouvait être pénalisant », analyse Cédric. « A l’issue de la première montée, le ressenti n’était pas terrible et je commençais à me poser des questions. Mais arrivé en haut, en discutant avec les autres pilotes, j’ai su qu’ils avaient eu le même ressenti, c’était donc plutôt rassurant. Par la suite, même si j’avais l’impression d’avoir une nouvelle auto, les bonnes sensations sont rapidement revenues. »

La progression de Cédric Lansard n’allait pas s’arrêter là. A Chamrousse, le Haut-Savoyard plaçait sa Norma au cinquième rang à une seconde du podium et à seulement neuf dixièmes du double Champion de France, Sébastien Petit : « Le résultat est là, la performance est réjouissante, mais par rapport à l’accident dont a été victime Damien (Chamberod), on occulte de suite ce résultat. »

Turckheim a un goût particulier pour Cédric Lansard. Barbara, sa compagne, est originaire de la région et le Haut-Savoyard a donc à cœur d’être présent sur une épreuve qu’il apprécie particulièrement : « J’adore cette course, vraiment tout s’est bien passé, ce fut un excellent week-end. Je termine juste derrière Patrick Zajelsnik qui a la réputation d’être un rapide, en l’ayant devancé sur une montée. Je suis réellement content », confie Cédric qui termine à la huitième place.

Le dernier rendez-vous à Limonest sera pour Cédric Lansard un week-end chargé en émotions. Samedi, lors de la première montée de course, il partait à la faute et endommageait sérieusement sa Norma… Il faudra une énorme dose de détermination et que l’entraide qui fait la force de la discipline joue à fond pour que dimanche, à l’arrivée, on retrouve la Norma au cinquième rang : « Je commets une erreur en arrivant trop vite. J’ai pris beaucoup de sous-virage et je suis montée sur un talus. Moralement j’ai pris un sacré coup et dans mon esprit on rechargeait la voiture pour rentrer à la maison », avoue Cédric. « Par la suite, beaucoup de monde m’a motivé pour que je répare. Alban (Thomas), qui habite à côté, m’a proposé de me prêter des pièces. J’ai donc commencé à gamberger et finalement Barbara est retournée à la maison récupérer les pièces qui nous manquaient. Ensuite, à quatre – mon père, Alban Thomas, Thomas le petit jeune qui nous a rejoint à Limonest et pour qui ce fut un incroyable baptême du feu, et moi – nous avons entrepris les réparations. On a bossé jusqu’à 3h du matin, dormi 2 heures et on a repris à 5h00 pour terminer le boulot et pouvoir repartir. » Dans l’esprit de Cédric il se relançait donc uniquement pour rouler, sans aucune prétention : « Il était hors de question que j’endommage les pièces prêtées par Alban, je voulais donc repartir pour me relancer immédiatement mais uniquement pour faire du roulage. Et finalement ça se passe plutôt bien puisque je termine cinquième. C’était inespéré ! »

Vainqueur du Challenge Open E2-SC/3b
A l’heure de faire les comptes, c’est à la septième place du Championnat de France de la Montagne que l’on retrouve Cédric Lansard. Vainqueur de sa classe sur toutes les épreuves auxquelles il a participé cette saison, il remporte l’Open E2-SC/3b : « Pour quelqu’un qui débutait la saison sans réels objectifs, c’est plus que satisfaisant. C’est une magnifique campagne, c’est juste dommage d’avoir commis cette erreur à Limonest. J’avais été propre jusque-là, c’est le seul bémol. Mais franchement je suis ravi de ma saison, de la voiture qui a été fiable et compétitive. »

Satisfait, Cédric Lansard fait également la satisfaction de ses partenaires qui ont soutenu un pilote régulier et performant : « Je souhaite remercier tous mes partenaires qui m’ont soutenu tous au long de l’année : Ford Annecy - Groupe Maurin – Motorcraft, Transport Megevand, Casse Todoroff, Fuchs Lubrifiant, Abeille Assurances, Giovinazzo, Concilium, TS Bois, Carbone Composites Applications, JF Design pour sa superbe déco. Je tiens à remercier également mon père, ma femme Barbara, et Thomas et Océane qui nous ont rejoint cette année. Ainsi que tous nos amis qui nous ont suivi à distance et qui sont venus nous voir sur les courses. Et surtout un grand merci à Arnaud Mounier d’EMAP pour son aide, ses conseils et sa disponibilité. »

Comme de nombreux pilotes, Cédric Lansard attend la réglementation 2023 avant de définir de quoi sera faite sa saison : « A mon sens on va repartir avec la même voiture et avec un programme sportif quasi-similaire, et peut-être quelques courses à l’étranger. Tout dépendra évidemment des budgets », conclut Cédric.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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