
Après une première saison sur le CFM en 2024 au volant d’une Dallara F302, David Diebold lançait cette année une Tatuus Formula Master avec laquelle il remporte le Challenge Open DE/8 en terminant huitième du Championnat Sport.
C’est aux débuts des années 70, qu’âgé de 20 ans, Bernard Diebold prenait part à ses premières courses de côte au volant d’une Simca Rallye 2. Le père de David se tournera par la suite vers les circuits pour remporter en 1978 le Championnat de France du Simca Racing Team. Le Varois s’illustrera également au volant d’une Peugeot 505 dans le cadre de la Coupe Peugeot puis sur le Trophée Production avant de poursuivre en rallye en embarquant à ses côtés Chantal, son épouse.
David, et son frère jumeaux Tom, voyaient le jour en 1995, et ils passeront leurs plus jeunes années dans les paddocks à suivre les prestations de leurs parents et à s’enthousiasmer à la vue des bolides qui se battaient pour la gagne. Mais s’ils étaient passionnés de sport automobile, Chantal et Bernard Diebold avaient le secret espoir que leurs progénitures n’accordent qu’un intérêt mesuré à tous ce qui touche à la voiture. Pour les détourner d’une passion naissance, ils les dirigeaient vers la mer toute proche en les inscrivant dans une école de voile. David et Tom auront l’occasion de faire leur apprentissage de ''jeunes mousses'' à bord d’Optimist puis de Catamaran, mais sans réel attrait pour les sports nautiques.
« Mes parents ont tout fait pour que l’on ne pratique pas de sports mécaniques et que l’on ne travaille pas mon frère et moi dans l’automobile… Nous avons repris le garage et la carrosserie familiale et nous courrons en courses de côte… Belle réussite », commente David dans un éclat de rire. Tom et David seront poussés par leurs parents pour suivre des études d’économie ou de comptabilité, mais finalement la passion pour l’automobile sera la plus forte : « A un moment j’ai dit stop, je veux faire de la mécanique pour finalement reprendre le garage familial. Et là, l’envie de courir s’est rapidement fait ressentir. » Au sein du garage, David gère la partie mécanique alors que Tom s’occupe de la carrosserie, leur sœur Stéphanie ayant pour mission de gérer l’administratif.
Adolescents, les frères Diebold s’étaient essayés à la moto, au quad, et au karting où même s’ils ne courraient pas en compétition, ils prenaient rapidement conscience que les chronos qu’ils réalisaient sur circuit auraient pu les porter à la victoire. Finalement c’est en 2018 que les frères Diebold loueront une Peugeot 208 R2 pour participer à la Course de Côte du Luc avant de louer à nouveau cette auto pour l’aligner sur la Course de Côte du Vignon : « Au Luc nous avions fait premier et deuxième de notre catégorie et au Vignon j’avais passé le week-end en tête avant de me faire devancer dans la dernière montée par une 206 Super 1600 qui avait chaussé quatre pneus neufs », se souvient David. Les premiers résultats faisaient prendre conscience aux deux frangins qu’ils avaient un réel potentiel à faire valoir derrière un volant.
Ils décidaient alors de poursuivre leur implication en course de côte avec leur propre voiture en rachetant à Eric Michon sa Seat Léon Supercopa MK2. Sur les épreuves régionales sur lesquelles ils étaient engagés, David et Tom réalisaient une succession de doublé en Production, en améliorant la majorité des records. Après deux années passées à faire briller la Supercopa, ils portaient leur choix sur une Dallara F302, celle-là même que Nicolas Verdier avait imposé sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne à Quillan. « Nous avions rencontré Nicolas en début de saison alors que nous participions à la Course de Côte du Pont des Abarines, et nous avons trouvé un accord pour acheter sa monoplace. » La voiture sera alignée pour la première fois en 2020 sur la Course de Côte du circuit du Luc où Tom terminait sixième, David huitième.
Par la suite, sur la Course de Côte des Mimosas, David se positionnera au sommet de la hiérarchie, « avant d’être devancé sur la dernière montée par Thomas Clausi », se souvient-il. Sur la Course de Côte de Mazaugues, c’est Tom qui connaitra le même scénario en occupant la tête de l’épreuve avant que Thomas Clausi ne le coiffe au poteau : « C’est une spécialité de Thomas », plaisante David. Mais sur la Course de Côte du Vignon, Tom Diebold sera victime d’une sortie de route, sans gravité pour le pilote, mais violente pour la Dallara qui laissaient apparaitre des dommages importants. Elle sera alors confiée aux mains expertes de David Guillaumard qui aura pour mission de la remettre en forme.

En attendant de retrouver leurs monoplaces, David et Tom portaient leur choix sur un BRC : « C’est surtout Tom qui a roulé avec ce proto, mais je me souviens avoir gagné la classe CM à Barcelonnette et sur deux où trois autres régionales où je remporte également la classe. » C’est fin 2023 que les frères Diebold récupéraient leur Dallara F302 pour l’aligner au départ du Cévennes Race Track. A la suite de cette participation germait l’envie de s’engager sur le Championnat de France de la Montagne. Il était donc décidé que Tom disposerait d’une Norma M20 FC 2 litres et que David alignerait la Dallara F302.
C’est donc en 2024 que les frères Diebold disputaient leur première campagne de France. Une réussite pour Tom qui terminait huitième du Championnat Sport en accrochant la deuxième place du Challenge Open CN/2. Mais une saison en demi-teinte pour David qui avec une Formule 3 vieillissante devait se contenter de la troisième place de l’Open DE/5 : « Je ne parvenais pas à mettre au point la voiture et je suis sorti à deux reprises de la route durant la saison. En 2 litres je n’arrivais pas à défendre mes chances, ce n’était pas une super saison. »
Nouvelle auto pour une nouvelle saison
Avant de se relancer sur le Championnat de France de la Montagne pour une nouvelle saison, David Diebold décidait de changer de monture. C’est au volant d’une Tatuus Formula Master qui appartenait initialement à Rémi Béchadergue avant de passer entre les mains de Jérôme Jacquot, que le Varois allait s’engager sur les épreuves du CFM en 2025 : « C’est une auto qui me plaisait, sur laquelle on peut si on le désire avoir une certaine liberté sur la motorisation et qui dispose des palettes au volant. C’est vraiment une auto qui m’intéressait », reconnait David.
Avant de débuter la saison, le Varois démontait sa monoplace et la réglait à sa convenance : « Et je suis plutôt content du travail réalisé parce qu’elle a été performante tout au long de la saison. » David investissait alors le circuit du Luc pour deux sessions de roulage afin de valider les réglages de sa Tatuus : « Les premières sensations étaient excellentes, un vrai coup de cœur, nous nous sommes appréciés mutuellement tout de suite », lâche David dans un large sourire. « Je savais avoir fait le bon choix et cela me mettait en confiance avant prendre part au championnat. »
Pour cette année 2025, David avait pour ambition de jouer aux avant-postes des 2 litres, toutes catégories confondues : « J’espérais être parmi les premiers 2 litres. Finalement mon frère terminera en tête des Protos 2 litres, moi en tête des monoplaces. Je visais le Challenge Open DE/8 parce que je savais que prétendre au Trophée FFSA du groupe DE, face à une F3000 3 litres menée par un pilote tel que Miguel (Vidal), me semblait irréalisable. »
C’est sur la Course de Côte de Lodève que les frères Diebold débutaient leur saison. Un début en fanfare puisque Tom remportait la course du samedi devant Sébastien Petit, qu’il terminait deuxième le dimanche derrière le même Sébastien Petit, et que David se positionnait à deux reprises sur la troisième marche du podium : « C’est la course idéale pour débuter une nouvelle saison. Le tracé est large, rapide, parfait en ce qui me concerne. C’était pour moi un week-end de découverte de le voiture en course, j’ai dû prendre mes marques et le résultat est au rendez-vous. On ne pouvait pas rêver de mieux pour débuter la saison. »
A Bagnols-Sabran David Diebold viendra chercher une victoire de groupe DE en plaçant sa Tatuus Formula Master au dixième rang : « C’est la troisième fois que je participe à cette épreuve et j’ai l’impression que c’est un peu ''je t’aime moi non plus''… Ça se passe toujours pas trop mal, mais j’ai toujours pas mal d’appréhension sur cette course. Le vendredi, lorsque l’on fait les reconnaissances et que je me remémore tout ce qu’il faut passer à fond, ce n’est pas évident pour moi. J’avoue qu’il me faut plusieurs montées avant de me sentir à mon aise. »
Sur le Col Saint-Pierre, la pluie viendra perturber le week-end, au point d’annuler la dernière montée de course. Dans ces conditions le règlement stipule que le résultat n’est plus calculé au cumul des deux meilleures montées, mais sur le meilleur chrono. Et David allait tirer profit des aléas de la course : « Samedi soir je fais une bonne montée sur le sec. Dimanche sur la première montée je casse un rapport de boîte en prégrille. La dernière montée ayant été annulée, je n’ai fait qu’une seule ascension et c’est celle-là dont on tient compte. J’ai ma part de chance, mais je regrette que nous n’ayons pas pu aller au bout parce que pour moi ça avait l’air pas mal sur cette épreuve. »
Les obligations professionnels contraignaient les frères Diebold à faire un choix parmi les longs déplacements qui suivaient. Abreschviller où la campagne de l’Ouest ? Les Varois feront l’impasse sur l’épreuve mosellane pour concentrer leurs efforts sur les trois manches disputées en Normandie, en Anjou et en Bretagne. Trois découvertes pour David et Tom qui n’avaient jamais eu l’occasion de prendre part à ces épreuves.
A Hébécrevon, David Diebold devait assimiler un tracé pas évident à aborder, sur lequel il termine troisième du groupe DE derrière les Formule 3 de Gaëtan Renouf et Benoit Taviaux, mais vainqueur de sa classe : « Avant tout je retiendrai l’accueil fabuleux sur les courses de l’Ouest. On a le sentiment que spectateurs, officiels, commissaires, attendent cette manifestation avec ferveur, et c’est vraiment plaisant », confie David. « Pour ce qui est de la course, difficile de rivaliser avec les locaux qui disputent un mois auparavant sur le même tracé une épreuve régionale. Quand tu découvres, tu es pénalisé, notamment sur le bas du tracé entre les rails. Après, ça n'enlève rien à leur talent parce que finalement les rails sont les mêmes pour tout le monde. Mais le bilan est positif parce qu’on a ramené les voitures sans faire de miracle, mais sans faire de dégâts. »

A La Pommeraye, David verra la victoire de classe lui échapper au profil d’une autre Tatuus Formula Master, celle de Fabien Ponchant : « L’accueil est tout aussi fabuleux, le tracé est sympa, ce fut une belle découverte. J’ai bien aimé le parcours, technique et étroit sur lequel nous n’avons pas rencontré de problème. » A Saint Gouëno, le Varois viendra chercher une victoire de classe mais c’est Miguel Vidal qui imposait sa Lola B06/51 F3000 en tête du groupe : « C’est vraiment mon coup de cœur dans l’Ouest… J’ai vraiment adoré la course, plus longue que les deux précédentes. L’organisation est au top et le Festival offre un réel plus à l’événement. D’un point de vue sportif ça s’est bien passé pour moi, un excellent week-end. »
A Marchampt David Diebold se retrouvait confronté aux F3000 de Julien Français et Miguel Vidal et devait se contenter d’une troisième place de groupe, synonyme de victoire de classe en DE/8 : « C’est un week-end qui débutait très moyennement. J’étais devancé par des F3, pas mal de monde, et j’avais du mal à trouver mes marques », se souvient le Varois. « Finalement je fais un super chrono dans la dernière montée et je passe devant. Ce fut une belle conclusion, et une belle satisfaction. Mais je reconnais que si j’aime cette épreuve, j’ai toujours du mal à me mettre dedans. »
A Vuillafans, en plus de la F3000 de Miguel Vidal, David devait affronter les Tatuus évoluant en DE/4 de Roland Bossy et de Nicolas Dumond. Quatrième du groupe, il signait en Franche-Comté une nouvelle victoire de classe : « Le week-end fut compliqué parce que dimanche matin, j’ai eu un souci avec une pierre qui est tombée sur la route. Je l’ai tapé et ça m’a arraché un triangle, cassé une jante et crevé un pneu. Le problème ce que je n’avais plus les bons pneus pour terminer le week-end et que j’ai dû finir la course avec les pneus d’essais. J’avoue que sur le moment c’était très frustrant. »
Plus qu’une frustration, c’est une grosse déception qui attendait David Diebold à Dunières : « Je pense que cette course ne m’aime pas. C’est injuste parce que moi je l’apprécie », plaisante David. « Après on ne va pas se mentir, ce n’est pas non plus mon tracé préféré, pas ce qui me convient le mieux. Dans le serré j’ai tendance parfois à faire des erreurs et de ce fait comme l’an dernier je ne rejoints pas l’arrivée », se désole le Varois qui sortait de la route sur la deuxième montée de course : « Le souci c’est que je fais un peu de mal à la voiture. Je dois d’ailleurs remercier Rémi Béchadergue qui a écourté ses congés pour me venir en aide en me reconstruisant les pièces qui devaient être remplacées. Sinon, ce que je retiendrai de Dunières c’est que les performances n’étaient pas au rendez-vous et que je suis sorti. Donc à oublier. »
Les réparations sur la Tatuus Formula Master s’achevaient la veille d’embarquer la voiture dans le camion pour rejoindre le Massif du Sancy où se déroule la Course de Côte du Mont-Dore : « Durant ce week-end là il fallait avant tout que je reprenne confiance, que je valide les réglages. Mon problème c’est qu’en étant moi-même mécanicien, j’ai tendance à passer mon temps à écouter le moindre bruit, parfois au prix de la concentration », reconnait David. « Au final, même si je n’ai pas tout donné, sur une course que j’aime beaucoup je suis satisfait de ma prestation », ajoute le Varois qui s’imposait en tête de la classe DE/8.
Ce n’est que la deuxième fois que David Diebold prenait part à la Course de Côte de Turckheim, la première au volant de sa Tatuus Formula Master. Et le Varois reconnait qu’il a encore quelques doutes sur certaines portions de l’épreuve la plus longue du championnat : « J’ai du mal à assimiler ce tracé, et depuis Vuillafans j’étais en manque de pneus et la voiture devenait de plus en plus délicate à tenir. Cela n’enlève rien à la performance de Sarah (Bernard-Louvet) qui réalise d’excellents chronos et remporte la classe DE/8. »
Limonest offrait à David et à son frère Tom l’occasion de faire la fête. Non seulement pour honorer la fin de saison, mais également parce que durant ce week-end les jumeaux fêtaient leur 30 ans : « Côté ambiance le week-end était aussi chaud que la météo était pluvieuse. La course était compliquée avec une alternance d’averses et d’apparitions du soleil. La météo n’a pas toujours joué en notre faveur, mais ce n’est pas grave, c’est la course », estime David fataliste et qui repart de Limonest avec une nouvelle victoire de classe.

Au mois d’octobre, Tom et David disputaient la Course de Côte de Villecroze, organisée par l’ASA du circuit du Luc où ils sont licenciés. Sur cette épreuve à domicile, Tom Diebold imposait sa Norma devant la Tatuus de son frère David : « C’est la première fois que nous nous présentions au départ avec deux autos en capacité de l’emporter et c’est la première fois que nous réalisons un doublé », confie David. « C’était important d’être présents parce que Michel Bonzom, notre président, se bat pour maintenir des courses de côte dans le Var, et c’est notre manière à nous de lui dire merci. »
Vainqueur de l’Open DE/8
A l’issue de cette saison 2025 c’est à la huitième place du Championnat Sport, celle-là même qu’occupait son frère l’an dernier, que l’on retrouve David Diebold. Le Varois remporte cette année le Challenge Open DE/8 : « Ce fut une super saison sur sa globalité. Nous nous sommes réellement fait plaisir sur une campagne que nous avons menée presque dans son intégralité, excepté Abreschviller. L’ambiance sur le championnat est top et je ne dégage que du positif de ma participation. »
Les deux frères Diebold figurent tous deux dans le top 10 du Championnat Sport. Une belle réussite qu’ils partagent avec ceux qui les soutiennent : « Je veux avant tout remercier mes parents (Chantal et Bernard), tout le monde sait que pour ma mère ce n’est jamais facile de nous voir nous élancer sur les montées », rappelle David. « Un grand merci à toutes nos équipes du garage et de la carrosserie Diebold, nous pouvons nous reposer sur eux pour prendre part aux épreuves et c’est vraiment appréciable. Merci à ma sœur Stéphanie qui gère également en notre absence, à notre principal partenaire, les lubrifiants Fuchs et à l’horloger Ange Barde qui nous rejoint la saison prochaine. »
Rien n’est clairement défini en ce qui concerne le programme de David Diebold pour la saison 2026. Une chose est toutefois certaine, il sera au volant d’une Tatuus Formula Master qui, durant la pause hivernale, va bénéficier de réelles améliorations : « Il y a de fortes chances que nous soyons présents sur plusieurs manches du championnat. Mais 2026 sera marquée pour nous par d’heureux événements et des évolutions professionnelles. Ça reste évidemment des priorités et nous établirons nos calendriers en tenant compte de ces divers éléments », conclut David Diebold.
©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com
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