Deuxième du Challenge Open CM

Novice, Emilien Thomas participait pour la première fois cette saison au Championnat de France de la Montagne, après avoir disputé sa toute première épreuve l’an dernier. Mais le Montargois a rapidement pris la mesure de son TracKing pour finalement conclure sa campagne de France en accrochant la deuxième place du Challenge Open CM.

Même s’il a attendu 35 ans pour venir s’essayer dans la discipline, Emilien Thomas n’a pas pour autant découvert un environnement qui lui était totalement étranger. Bien avant lui son père, Serge Thomas, avait arpenté les épreuves de la région Centre et de l’hexagone, où il s’était construit une réputation de pilote très rapide. On se souvient que ces dernières années, Serge avait tenu à plusieurs reprises la dragée haute à la jeune garde du CN/2, et qu’il avait terminé deuxième au scratch, derrière Sébastien Petit, lors de l’édition 2017 de le Course de Côte de Vuillafans.

La Montagne comme terrain de jeu d’enfance
La Course de Côte fait donc partie intégrante de l’enfance d’Emilien qui garde à l’esprit de nombreux souvenirs de week-ends passés dans le camping-car familial : « Pour un enfant ce monde est fabuleux, et j’ai bien évidemment le souvenir de soirée festives, d’une extraordinaire ambiance », évoque Emilien avec un brin de nostalgie.

En 1992, Serge Thomas était victime d’une violente sortie de route sur une épreuve disputée dans l’Yonne. Un accident qui détruisait passablement sa Dallara 386, arrachant au passage plusieurs éléments de sécurité. Par chance, il sortait choqué mais indemne de cet accident causé par une rupture de rotule arrière sur un triangle. Mais cette mésaventure allait résonner en lui comme une alerte, qui l’incitait à mettre un terme à sa carrière sportive, pour se consacrer pleinement à sa famille et à sa société de transport. Une interruption qui allait durer près de 20 ans !

Emilien avait alors 8 ans, et avec son père les rôles allaient s’inverser. Ce n’est plus alors Emilien qui suivait Serge sur les courses, mais le père qui amenait le fils participer à des épreuves de karting : « Pendant 4 ou 5 ans, on partait tous les deux en caravane, et j’ai vécu ça comme une continuité de ce qu’il avait fait précédemment. Sans vraiment se le dire, nous voulions perpétuer l’expérience, lui en assouvissant sa passion à travers moi, et moi en prenant le relais. J’ai alors roulé plusieurs saisons en karting, en minimes et cadets… »

Mais rapidement Emilien allait être confronté à un problème de taille, au sens littéral du mot : « A 12 ou 13 ans j’avais quasiment atteint ma taille d’adulte, à savoir près de 1m80. En karting, face à des minimes nettement plus légers, je souffrais d’un énorme handicap de poids, et dans une discipline où l’on chasse le moindre gramme, je ne pouvais pas me battre. J’ai malgré tout signé quelques bons résultats, mais je me suis retrouvé sur un championnat de France face à des pilotes de la trempe d’un Nico Rosberg ou d’un Franck Pereira, qui disposaient de moyens nettement plus conséquents et contre qui il m’était impossible de lutter. »

Emilien Thomas se dirigeait alors vers un sport qui convenait nettement mieux à son gabarit, l’aviron, qu’il pratiquait au sein du club de Montargis : « Là, mon physique devenait un avantage, et rapidement j’ai signé de bons résultats. J’ai eu l’occasion de participer au Championnat de France, en catégorie Skiff (rameur seul) et en double rameurs. Entre 13 et 18 ou 19 ans, je me suis totalement épanoui dans ce sport. »

Par la suite, Emilien Thomas quittait la région Centre pour poursuivre ses études à Lyon où il s’installera finalement pour mener à bien une carrière d’analyste financier. Emilien ne délaissait pas pour autant totalement l’automobile et saisissait quelques opportunités comme celles de participer à des épreuves de Fun Boost à Magny-Cours, et à quelques sorties en circuit avec son père : « Mais tout ça sans projet clairement défini. »

Aux débuts des années 2010, accompagné de son fidèle complice de toujours René Leguyader, Serge Thomas faisait son retour en Course de Côte, et bien évidemment, Emilien était de l’aventure : « L’occasion pour moi de retrouver cette convivialité que j’avais connue durant mon enfance. Alors certes, en l’espace de 20 ans les autos avaient énormément progressé et de nombreux pilotes s’étaient ’’professionnalisés’’, mais l’ambiance restait la même. »

Le retour de Serge Thomas, à l’approche de la soixantaine, marquait les esprits. Pilote talentueux, Serge forçait le respect de ses jeunes adversaires par sa gentillesse, son humilité, son esprit sportif et sa pugnacité sans faille. Des qualités qu’il semble avoir transmis à Emilien : « J’avoue que je n’étais pas peu fier de ses résultats, et que cela me donnait envie de rouler également. Mais je devais composer avec une certaine pression, car je savais que je serais attendu et que les observateurs de la discipline ne manqueraient pas de faire la comparaison entre mon père et moi. »

Un TracKing pour débuter en Course de Côte
C’est donc en 2019 qu’Emilien Thomas faisait ses débuts en Course de Côte au volant d’un TracKing : « J’aurais pu m’installer dans la Norma de mon père, mais ce choix me paraissait hasardeux. Je ne suis pas du genre à griller les étapes, et je voulais avant tout me tester au volant d’une auto performante, mais adaptée à un pilote qui découvre la discipline. Avec mon père nous avons porté notre choix sur un TracKing. »

Cette saison 2019 lui permettait d’être au départ des Courses de Côte d’Irancy, de Sancerres et de Lormes en régional. L’occasion de se jauger face à Florian Serralta ou Yves Tholy, « et mes chronos étaient plutôt acceptables, ce qui ne pouvait que m’encourager à poursuivre. » Emilien prenait également part au Mont-Dore, une première participation au Championnat de France : « C’est une course mythique à laquelle je voulais vraiment prendre part et ce fut une super expérience. Après autant d’années d’attente, j’avais peur d’avoir idéalisé ce monument et d’être finalement déçu, ce ne fut pas le cas, et je comprends aujourd’hui les pilotes qui prennent toujours autant de plaisir après vingt participations à une même épreuve. »

Après 2019, abordée comme une année d’apprentissage sans objectif en termes de résultats, Emilien Thomas décidait de s’engager en 2020 sur le Championnat : « Les épreuves régionales représentent un terrain fabuleux pour une mise en jambe. Mais en ce qui me concerne, j’ai le sentiment d’être en osmose avec ma voiture à partir d’un kilomètre ou d’un kilomètre cinq, et je me suis dit qu’il fallait que j’affronte des tracés plus longs. J’abordais donc cette saison 2020 comme une année d’apprentissage, et quoi de mieux pour apprendre que de rouler sur des tracés plus longs. »

Une participation au slalom de la Ferté-Gaucher permettait à Emilien Thomas de conclure sa saison 2019 avant de remiser son TracKing au garage, « et nous l’avons débâché en mars pour ce qui devait être le début du Championnat. Après je n’avais pas spécialement envie de modifier les réglages puisque, comme le dit mon père, ’’une fois que tu as le set-up de base, il faut apprendre réellement le comportement de l’auto avant de s’amuser à peaufiner certains réglages’’. »

Côté programme, Emilien avait prévu à son calendrier les Courses de Côte du Super Lioran, du Mont-Dore et de Turckheim, en gardant à l’esprit qu’il ne pourrait pas se libérer pour le premier week-end d’octobre où se déroulait Bagnols-Sabran.

A la deuxième place pour le coup d’envoi
Avant de rejoindre le Mont-Dore, histoire de retrouver certains automatisme, Emilien Thomas réalisait une séance de roulage sur le circuit du Bourbonnais… Ensuite, dans le Massif du Sancy, la première course disputée samedi, lui donnait l’occasion d’accrocher la deuxième place du CM derrière l’intouchable Yves Tholy : « Je suis bien évidemment satisfait du classement, mais un peu déçu de mes temps car sur la première montée je suis moins rapide que lors de ma première participation l’an dernier. Finalement, il fallait juste retrouver la cadence. Et même si le chrono n’est pas satisfaisant, je suis content de terminer devant Simon (Taponard) qui est nettement plus expérimenté que moi. »

Dimanche, Emilien réitérait sa performance en se classant à nouveau deuxième, mais en faisant progresser ses chronos de plus de trois secondes : « C’est plutôt rassurant, même si je suis à neuf ou dix secondes d’Yves (Tholy), je garde à l’esprit que je manque encore cruellement d’expérience du terrain. »

« Génial ! » C’est le premier mot qui vient à Emilien Thomas lorsque l’on évoque le tracé de Turckheim qu’il découvrait cette année. « Je considère le Mont-Dore comme une partition de musique, que l’on aborde avec une certaine fluidité. Turckheim, c’est plus musclé, on est plus dans l’attaque, sur des gros freinages, des passages rapides… J’ai adoré le parc fermé dans une usine désaffectée, la traversé du village, un ensemble de choses qui rendent cette épreuve magnifique. »

Sur le plan sportif, samedi, Emilien pointait au troisième rang à 362 millièmes de Simon Taponard, « mais j’avais réduit l’écart sur Yves (Tholy), ce qui démontrait que j’étais en progression. Et puis j’ai vraiment adoré le combat avec Simon, ça restera un super souvenir même si c’est lui qui est devant. »

Dimanche, Emilien retrouvait la deuxième place, ce qui bien évidemment le satisfaisait pleinement : « En comparaison du Mont-Dore, je me suis senti plus en phase avec la voiture, plus à mon aise, je me rapproche un peu plus de Yves qui est un modèle au sein du CM. Là je suis vraiment content de terminer ma saison sur ce que je considère comme une bonne note. »

Deuxième du Challenge Open CM
A l’heure de faire les comptes, c’est à la deuxième place du Challenge Open CM que l’on retrouve Emilien Thomas à l’issue de sa toute première saison sur le Championnat... Rouler, apprendre et progresser, tels étaient les objectifs d’Emilien Thomas pour 2020, et le Loirétain a parfaitement mené à bien ce programme : « Le bilan sportif est pour moi ultra satisfaisant. Je garde constamment à l’esprit que, en l’espace de deux saisons, je n’ai couru en tout et pour tout que cinq épreuves. La seule petite frustration c’est de ne pas avoir pu faire plus de courses, ce qui va m’obliger à découvrir de nouveaux tracés l’année prochaine. En clair, mon apprentissage va durer plus de temps que prévu. »

Le bilan est d’autant plus satisfaisant que, même s’il reste un compétiteur, c’est sans réelles prétentions qu’Emilien Thomas abordait cette saison 2020 : « Le but initial était de me faire plaisir, de partager des week-ends de convivialité avec mon père et René et toute notre petite équipe. De ce fait il est clair que je ne peux que savourer des résultats que je n’espérais pas. »

Emilien Thomas est conscient que s’il peut aujourd’hui assouvir sa passion c’est grâce à Serge, son papa, qui trône en tête de la liste de ses remerciements, et à son inséparable comparse René Leguyader : « Certainement par pudeur, on a tendance à ne pas se dire les choses avec mon père, mais je sais exactement tout ce que je lui dois. Quant à René, en plus d’un ami, il est un logisticien et un préparateur hors-pair grâce à qui je peux monter dans la voiture en toute confiance. Merci à Claude et Sylvie qui gèrent l’intendance dans les paddocks, et à ma maman, qui de loin me soutient malgré le stress. Un immense merci à mes partenaires, en premier lieu à Claire, ma conjointe, qui m’apporte un soutien important par le biais d’Espaces Atypiques à Orléans, à Fabien Bourgeon qui est toujours de très bons conseils, merci à Nicolas Millet pour ses superbes photos et une petite dédicace à Yves Tholy qui m’a permis d’aller chercher certains dixièmes de secondes grâce à ses conseils. »

Pour 2021, Emilien Thomas a bien la ferme intention de poursuivre sa progression. Pour cela, il souhaite ardemment repartir sur le Championnat au volant de son TracKing, « avec un programme d’un minimum de six courses en Open et si possible huit », confie-t-il.

 

Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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