Et toujours aussi performant

Vice-champion de France Production à l’issue de la saison 2021, Francis Dosières relançait en 2022 son Alpine sur le Championnat avec comme objectif de conserver son Trophée FFSA du groupe GT Sport. Mais si en début de saison il enregistrait une succession de bons résultats, la suite sera plus compliquée et affectera la motivation du Champenois.

En 2023, Francis Dosières fêtera ses 50 ans d’implication en Course de Côte. Une carrière sportive marquée par une multitude de victoires et de trophées qui font du Champenois le pilote en activité le plus titré parmi les animateurs du Championnat de France de la Montagne. Et si dès ses débuts en 1973 Francis Dosières ne manquait pas de s’illustrer sur les épreuves nationales, il rentrera rapidement dans le club très fermé des meilleurs pilotes européens en allant conquérir des titres hors des frontières hexagonales.

Champion d’Europe en Catégorie 1 une première fois en 1985 au volant d’une BMW 635 CSI, puis en 1989, 1990, 1992 et 1993 avec une BMW M3, Francis Dosières tentera par la suite l’aventure en Proto aux volants de Lucchini et d’Osella. Son retour sur le Championnat de France lui permettra de connaitre de nouvelles consécrations en se classant en tête des voitures de Production à l’issue des saisons 2004, 2005 et 2006. En 2014 il optait pour une Renault Mégane Trophy avec laquelle il sera Vice-champion de France l’année suivante. Après avoir remporté le Challenge Open A/4 en 2017, il s’imposait sur l’Open A/5 à l’issue de la saison en 2020. En 2021, il troquait une Supercopa contre une Alpine A110 avec laquelle il retrouvait la place de Vice-champion de France tout en remportant le Trophée FFSA du groupe GT Sport… Les années passent, mais elles semblent n’avoir aucun effet sur le pilote aubois qui continue à engranger victoires et titres.

En quête d’un nouveau trophée de groupe
2022 pouvait donc se présenter sous les meilleurs augures, Francis ayant la certitude de disposer d’une Alpine A110 GT4 compétitive avec laquelle il pouvait une nouvelle fois jouer les premiers rôles : « Nous avions réalisé un travail conséquent sur la voiture avant de la lancer sur le championnat 2021. L’annulation de plusieurs épreuves à cause de la crise sanitaire nous avait contraint à ne prendre part qu’à un championnat réduit, et je voulais faire l’intégralité de la saison avec l’Alpine. »

Avant d’entamer la campagne 2022, Francis Dosières se penchait une nouvelle fois sur son Alpine afin de lui apporter quelques évolutions : « De petites améliorations, d’une part parce que j’étais pris par le temps, mes activités me laissant peu de disponibilité, et d’autre part parce que j’ignorais que la réglementation pouvait me permettre un gain de poids, ce que j’apprendrai bien plus tard dans la saison. Finalement, au moment de débuter la saison, ma voiture affichait 75 kilos de plus que celle de mon principal adversaire. C’est conséquent », analyse Francis. « En ayant été autorisé à changer de boîte de vitesses pour disposer de rapports plus courts, nous rentrions dans la réglementation du GT + circuit, et ce que je ne savais pas c’est que cette réglementation stipule que tu peux alléger ta voiture de 5 %, ça change la donne. »

Le plateau du Championnat Production a rarement été aussi étoffé qu’en 2022, avec l’intégration de nombreuses GTTS/4 capables de viser le titre. Vice-champion de France, Francis Dosières était conscient qu’il lui serait difficile de rééditer cette performance face à des autos bien plus puissantes : « L’objectif était avant tout de conserver le titre en GT Sport. Pour ce qui est du championnat il fallait être réaliste, j’espérais être en capacité de viser le podium, mais certainement pas la première marche. »

Durant l’intersaison, l’Alpine A110 avec laquelle évolue Francis Dosières était exposée dans un showroom. Le Champenois récupérait sa monture à quelques jours de la manche d’ouverture du championnat et ne pouvait donc pas effectuer un travail conséquent : « Nous avons ajusté quelques réglages pour faire une séance d’essais sur le circuit du Bourbonnais pour confirmer que tout fonctionnait avant de nous rendre à Bagnols-Sabran. »

Sur ce premier rendez-vous de la saison, Francis Dosières se classait cinquième du Production mais se retrouvait deuxième du GT Sport à seulement cinq dixièmes de l’Alpine A110 d’Anthony Dubois : « J’espérais mieux, mais je n’étais pas dans les meilleures dispositions pour affronter cette épreuve. Je manquais de préparation, mais finalement ça ne se passe pas trop mal. »

Sur le Col Saint-Pierre, Francis Dosières se classait à nouveau au cinquième rang, mais sortait vainqueur de la confrontation au sein du groupe GT Sport : « Ça se passe mieux qu’à Sabran, mais je reste déçu de mes chronos quand je compare avec ce que j’ai pu faire avec la Seat Supercopa. Je ne fais pas beaucoup mieux alors que l’Alpine est censée être plus performante. »

En 2016, Francis Dosières avait imposé sa Mégane Trophy sur la Course de Côte d’Abreschviller. Le Champenois retrouvait un tracé qu’il affectionne et semblait en mesure de tirer son épingle du jeu : « Mais sur la première montée de course, j’ai eu un problème de freins et j’ai bien failli sortir au bout de la ligne droite. J’avoue que ça m’a un peu refroidi pour le reste du week-end » confie Francis qui termine deuxième du GT Sport à seulement 59 millièmes d’Anthony Dubois.

Mais le plus titré des Montagnards prendra sa revanche sur les Teurses de Thèreval – Agneaux où cette fois il devancera son adversaire de seize millièmes pour terminer en tête des GT Sport et cinquième du Production : « On s’est battu tout au long du week-end. Je pensais qu’il me serait difficile de l’emporter et finalement je m’impose. Tout se joue sur la dernière montée et c’était plutôt très sympa. »

La neuvième place à laquelle on retrouve Francis Dosières à l’arrivée de la Course de Côte de La Pommeraye n’est pas habituelle pour le Champenois qui avoue avoir connu un week-end difficile : « Je n’étais pas dedans. Autant en 2021, lors de la première apparition avec l’Alpine, j’étais vraiment bien, autant là je ne suis pas parvenu à rentrer dans la course. Je ne peux pas invoquer de problèmes particuliers, ça provenait vraiment de moi », reconnait-il.

La journée d’essais sur la Course de Côte de Saint Gouëno se déroulait au mieux pour Francis Dosières qui signait des chronos à la hauteur de son statut. Mais sur la première montée de course, il effectuait une touchette qui aura des conséquences sur la suite de son week-end : « J’ai bien failli détruire la voiture en heurtant un énorme ballot de paille dans l’avant dernier virage. » Un choc qui contraignait Francis et son équipe à travailler tard dans la soirée de samedi pour que l’Alpine puisse être présente au départ dimanche matin : « J’avoue que j’étais un peu fatigué et que j’avais modérément envie d’attaquer fort », explique Francis qui se classe huitième et deuxième du GT Sport.

« C’est la course catastrophe de la saison », confie Francis Dosières à l’évocation de Vuillafans. « Lors des essais je ne figurais même pas dans le top 10. Je n’ai pas compris ce qu’il se passait mais plusieurs pilotes sont venus me dire qu’ils avaient le sentiment que ma voiture ne fonctionnait pas, en tout cas qu’elle semblait bien moins véloce que celle de mon principal adversaire. Suite à cette course, je me posais beaucoup de questions qui vont petit à petit entamer ma motivation. »

Même s’il signait une nouvelle victoire de groupe à Dunières, Francis Dosières avoue ne pas être pleinement satisfait de sa prestation : « J’ai le sentiment que compte tenu des différents problèmes qui faisaient jour, j’ai un peu perdu de ma motivation. En plus, Dunières n’est pas le tracé que j’affectionne le plus et pas l’endroit où j’ai par le passé réalisé des exploits. » C’est dans le même état d’esprit que Francis abordait la Course de Côte de Marchampt : « A partir de la mi-saison on était conscient qu’il y avait une différence de performance entre les deux Alpine. Ou la mienne ne fonctionnait pas où celle d’Anthony Dubois marchait vraiment fort, et de ce fait j’avais du mal à me motiver. »

Malgré tout, Francis Dosières allait accrocher sur le Mont-Dore la cinquième place du Production : « Là j’avoue que je n’ai pas fait de mauvais chronos. Après, il faut se souvenir que certains pilotes du GTTS/4 ont connu quelques soucis, mais en soi ce n’est pas un mauvais résultat. » Mais à Chamrousse, l’écart avec son principal rival ne permettait plus à Francis d’envisager pouvoir se battre : « J’étais là, mais la motivation était absente. Ce sera également le cas à Turckheim et à Limonest où je ne suis pas dans les chronos que j’ai pu réaliser sur les éditions précédentes. »

Saison mitigée pour le pilote de l’Alpine
A l’heure de faire les comptes, c’est à la sixième place du Championnat Production, deuxième du GT Sport, que l’on retrouve Francis Dosières qui tire un bilan mitigé de cette saison : « Je suis content du premier tiers de la saison qui s’est plutôt bien passé, et je pensais que nous aurions une belle bagarre », confie Francis. « J’estime avoir joué le jeu en début de saison pour que nous puissions nous affronter dans des conditions équitables. Mais par la suite, la suspicion s’est installée et il était difficile de lutter dans ces conditions, c’est juste dommage car suite à un contrôle à l’issue du Mont-Dore, je savais qu’il m’était impossible de revenir car nous ne nous sommes pas battus à armes égales. »

Même si le bilan de cette saison 2022 ne peut le satisfaire, Francis garde à l’esprit qu’une nouvelle fois il a pu compter sur le soutien de proches et de partenaires qu’il veut remercier : « Un grand merci à Jeannot (Natter), mon fidèle mécano, mon frère Marc, Evan le jeune mécanicien qui travaille chez moi, Jordan mécano sur les courses, Ma fille Juliette, mon épouse Claudine, Anne-Marie et Régis (Court), et Michel Courroye pour le prêt de cette Alpine. Merci à mes partenaires, Yacco, Michelin, Bafti Nerguti et la société MEP (Manosque Electricité Plomberie) ainsi que Christian Desanti de la Société Afli. »

Rien n’est encore défini pour la saison 2023 que Francis Dosières aimerait bien aborder au volant d’une nouvelle monture : « L’Alpine me plait, c’est une excellente auto, mais il faut avouer que le groupe GT Sport manque cruellement de concurrence et de ce fait ne suscite pas un énorme intérêt. J’aime quand il y a de la bagarre, ce que j’ai connu ces dernières années avec la Seat. Donc pour le moment je cherche une solution, tout en gardant à l’esprit que si je n’en trouve pas je repartirai avec l’Alpine. Nous prendrons la décision mi-février. »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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