Le plus titré des Montagnards étoffe encore son palmarès

En repartant pour une nouvelle saison au volant de sa Mégane Trophy, Francis Dosières savait qu’il lui serait difficile, face à une concurrence toujours plus affutée, de conserver son titre de Vice-champion de France acquis en 2015. Mais l’expérimenté garagiste de Fouchères, loin d’avoir démérité, a réalisé des performances similaires à l’an dernier, pour finalement terminer sur le podium du Challenge Elite Production.

Impossible d’évoquer les quarante dernières années de l’histoire de la Course de Côte sans parler de Francis Dosières. Quintuple Champion d'Europe de la montagne aux volants de BMW, Champion de France de la Montagne Production en 2003 avec une Peugeot 306 Kit-Car, il est aujourd’hui le plus titré des Montagnards encore en activité. Le garagiste de Fouchères compte en effet plus de 70 victoires de groupe sur des épreuves du Championnat d’Europe, et une multitude de trophées glanés sur notre championnat national. Véritable légende parmi les Montagnards, il suscite le respect de ses pairs, et reste à 60 ans passé, une valeur sûre et un pilote toujours aussi talentueux.

Plus de 40 ans de compétition
C’est par le biais de la mécanique, en allant aider le garagiste de son village, qu’enfant Francis se découvrait une passion pour l’automobile. Plus tard, c’est un copain qui lui fera découvrir, en spectateur, la course de côte et le rallye. L’envie de courir se faisait immédiatement ressentir, et à 21 ans, l’âge de la majorité au début des années 70, Francis Dosières prenait part au volant d’une BMW à sa première course, à Troyes, près de chez lui.

En 1974, il faisait l’acquisition d’une Rallye II seulement équipée d’un arceau, d’un coupe-circuit et d’un harnais, avec laquelle il allait poursuivre l’aventure. Francis enchainait alors les participations, tant en courses de côte, qu’en slaloms et même en circuit. L’occasion de se mesure à l’époque à des tracés tels que Magny-Cours, Croix en Ternois ou La Châtre, dans le cadre du Simca Racing Team. L’occasion également de comprendre que la Côte restait la discipline la plus accessible, et qu’elle lui permettrait d’assouvir pleinement sa passion à moindre frais.

Le pilote aubois devenait rapidement l’un des fers de lance de sa Ligue, qui lui faisait bénéficier d’une bourse, afin d’intégrer l’école de pilotage Winfield sur le circuit de Magny-Cours. Mais là encore, limité par les budgets, il se tournait tout naturellement vers la Montagne. En 1978, la Rallye II laissait place à une Ford Escort au volant de laquelle Francis disputait ses premières campagnes sur le Championnat de France. Les victoires se succédaient, Francis acquérait une solide réputation parmi les animateurs du Championnat, ce qui l’incitait à exporter son talent hors de nos frontières. Les hasards des rencontres, notamment avec Giovanni Rossi, permettront à Francis de s’impliquer sur le Championnat d’Europe, et en 1985 il disputait sa première saison européenne.

Là encore, les succès ne se feront pas attendre, et en l’espace de quelques années, Francis Dosières allait étoffer son palmarès de cinq titres de Champion d’Europe dans la Catégorie I, remportés entre 1985 et 1993. Après avoir acquis ses lettres de noblesse aux volants de BMW 635 CSI et M3, Francis délaissait les voitures fermées pour s’installer aux volants de Protos. Mais dans le même temps, il faisait l’acquisition de son garage, ce qui ne lui laissait plus le même temps disponible à consacrer aux courses. On le retrouvait toutefois au départ de manches du Championnat de France, dans le cockpit de Protos Lucchini et Osella.

Fin 2002, Francis Dosières décidait de mettre un terme à sa carrière, mais en guise de baroud d’honneur, il louait une Peugeot 306 pour disputer la manche du Championnat organisée par son ASA, la Course de Côte de Bagnols-Sabran. Vainqueur du Groupe A, il se dit alors qu’il serait dommage de ne pas poursuivre l’aventure, et c’est au volant d’une 306 Kit-Car qu’il accrochait des victoires de groupe sur les huit épreuves sur lesquelles il s’engageait.

Rien de mieux pour relancer une carrière qui finalement n’a jamais été interrompue. Francis animera le Championnat de France les saisons suivantes, pour se classait en tête des voitures de Production en 2004, 2005 et 2006. Entre 2006 et 2013, on le retrouvait aux volants de différents modèles (BMW 320, Porsche 997 Cup, Seat Léon Supercopa) avant qu’il ne jette son dévolu sur une Renault Mégane Trophy. Un choix qui pouvait paraitre osé, mais qui permettra au pilote de Fouchères de se classer 5ème du Championnat en 2014, et d’être sacré Vice-champion de France en 2015.

Nouvelle campagne en Mégane Trophy
A l’heure de décider avec quelle monture il allait prendre part à la saison 2016, Francis Dosières avoue s’être posé quelques questions. Certes, la Mégane Trophy s’était avérée compétitive lors des précédentes saisons, mais les informations glanées au gré des discussions, laissaient entendre que le plateau en GTTS serait des plus relevé : « J’avais bien compris que j’allais devoir concurrencer avec des autos particulièrement performantes. La saison s’annonçait ardue, et je savais pertinemment qu’il me serait difficile cette année de me battre pour le podium », analyse-t-il. « Mais changer de voitures m’obligeait à des investissements que je n’étais pas en mesure de faire. »

L’escalade technique à laquelle il allait devoir faire face avait toutes les raisons de l’inquiéter, mais Francis, en pilote expérimenté, sait que c’est l’essence même de la compétition : « Bien évidemment on est en droit de s’interroger sur la pertinence de défier des voitures aussi évoluées. Mais l’arrivée de nombreuses GTTS est incontestablement un atout pour le championnat. Faut-il maintenant que l’on soit en mesure de pérenniser cette évolution l’année prochaine. »

En ce qui concerne les éventuelles évolutions à apporter à la Mégane, Francis savait que son champ d’action était très limité : « Avec des voitures issues des Coupes de Marques, ce qui est le cas de la Mégane Trophy, théoriquement tu ne peux que te conformer à la réglementation, et donc ne pas apporter de modifications », rappelle Francis. « Nous avons travaillé sur le châssis et sur l’amortissement, mais la configuration restait la même. »

Pluie et neige pour accroitre la difficulté
La pluie, qui allait fortement perturber le déroulement de la première manche du Championnat, ne permettra pas à Francis de se mettre en avant sur cette Course de Côte de Bagnols-Sabran. Mais suite au drame qui a endeuillé l’épreuve, le résultat sportif lui parait totalement dérisoire.

Au Col Saint-Pierre, une météo capricieuse allait une nouvelle fois fausser les débats. Pourtant, en se classant quatrième à l’issue des essais, Francis avait de bonnes raisons d’espérer un résultat probant. Mais dimanche, la pluie mettait à mal ses espoirs : « Nous n’étions plus que cinq concurrents en pré-grille lorsque l’orage a fait son apparition, et sur la seule montée qui était prévue sur le sec, nous avons dû affronter une route détrempée. Ce fut pour nous une catastrophe. »

A Abreschviller, c’est l’apparition de la neige qui en surprendra plus d’un, mais cette fois, Francis parviendra malgré tout à tirer son épingle du jeu : « Sur la première manche de course, alors qu’il ne restait plus que Nicolas (Werver) et moi-même en pré-grille, il y a eu un arrêt de course. Et durant cet arrêt, la pluie a fait son apparition. Sur la deuxième manche, j’ai fait le pari osé de m’élancer en slicks, en finalement ce fut payant », commente Francis qui remporte cette troisième manche du Championnat, en imposant sa Mégane en tête du Production. « C’est une victoire qui me surprend, car le tracé d’Abreschviller n’est pas vraiment celui qui convient le mieux à ma voiture. Mais c’est autant une surprise qu’une belle satisfaction. »

Sixième à Hébécrevon, Francis Dosières avoue qu’il espérait faire mieux en terre normande : « Là on ne pouvait pas incriminer la météo. Le résultat ne fait que confirmer ce dont je me doutais, que la saison serait particulièrement difficile pour moi. »

Malgré tout, Francis se présentait au départ de La Pommeraye avec le secret espoir de pouvoir s’illustrer sur un parcours qu’il apprécie et qui lui convient : « Mais là encore, la météo a joué à notre défaveur, puisque l’orage est apparu alors que les dernières voitures allaient s’élancer. »

Sixième du GTTS à Saint-Gouëno, Francis admet qu’avec la Mégane, il lui était difficile de faire mieux : « Je pense que cette année, c’est la position la plus logique. » Il allait connaitre un scénario identique à Marchampt en Beaujolais, et ne garde donc pas de souvenirs particuliers de cette épreuve. « Je ne sais pas si j’aurais pu mieux faire à Vuillafans, mais entre l’attente en pré-grille et l’annulation de la dernière montée, il est difficile de faire un bilan objectif de cette participation. »

A Dunières, Francis allait se classait au cinquième rang des GTTS, un résultat qui lui parait assez logique. En revanche, il ne cache pas sa déception de n’avoir pas pu mieux faire que sixième au Mont-Dore : « Je n’ai pas livré une très bonne prestation. J’étais en dedans », reconnait-il en toute honnêteté. « Sur celle-là, avec la Mégane, j’estime que j’aurais pu faire un meilleur résultat. »

Pour terminer la saison, Francis Dosières se présentait au départ de Turckheim. Une ultime confrontation sur laquelle il allait accumuler les difficultés, puisque victime d’un déplacement de vertèbre, il devait composer tout au long du week-end avec de violentes douleurs dorsales : « Samedi, à l’issue de la première montée d’essais, j’ai pensé que j’allais devoir renoncer. Mais bon, je suis tout de même arrivé à rouler, c’est l’essentiel. »

En dehors du Championnat, Francis Dosières a pris part cette saison à la Course de Côte de La Broque, comptant pour la 2ème Division : « Je connais bien les organisateurs, c’est un tracé sympa, c’est pour cette raison que j’ai voulu être au départ. Après le résultat n’a pas vraiment d’importance », estime Francis qui se classait deuxième derrière la Porsche de Nicolas Werver.

Troisième du Challenge Elite Production
A l’issue d’une saison difficile, durant laquelle il a dû batailler ferme au volant d’une Mégane Trophy moins performante que ses rivales, Francis Dosières parvient à accrocher la troisième place du Challenge Elite Production : « Finalement le bilan est plutôt bon dans le sens où, en ce qui concerne mes chronos, je réalise les mêmes temps que l’an dernier. Il est clair que je ne m’attendais pas à des miracles, mais je pense avoir donné le meilleur de moi-même en fonction du potentiel de la Mégane. »

Malgré les difficultés, Francis a une nouvelle fois porté haut les couleurs de Yacco, son principal partenaire : « Je tiens à les remercier car cela fait de nombreuses années qu’ils me soutiennent et sans eux il me serait difficile de continuer. J’en profite pour remercier toute mon équipe, Jeannot, Régis, Marc et Alexis, qui m’accompagnent sur les épreuves. »

S’il espère animer encore le Championnat de France de la Montagne la saison prochaine, Francis Dosières n’a pas la certitude que ce soit au sein de la meute des GTTS : « Je suis en pleine réflexion, et j’avoue que pour le moment je ne sais pas ce que ferai en 2017. J’étudie diverses possibilités, nous verrons bien. »


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