Dans le viseurs des vidéastes

Passionnés de mécaniques, adeptes de sport à sensations, pilotes, spectateurs, officiels, commissaires, journalistes, ils sont de plus en plus nombreux à visionner sur différents supports les prestations des animateurs du Championnat de France de la Montagne. A l’origine de ces images, la structure de Pilotes TV dirigée par Gilles Huntzinger, aux côtés de qui on retrouve celui qui peut être considéré comme son bras droit, Thomas Gasser.

Site internet Pilotes TV, chaîne Youtube du promoteur, FFSA TV où DVD conçus par la structure alsacienne, les supports sont multiples et font le bonheur de passionnés qui depuis de nombreuses années sont fidèles aux offres que propose Gilles Huntzinger.

Des débuts comme vidéastes amateurs
Car s’il a franchi il y a peu le cap de la quarantaine, cela fait près de 30 ans que Gilles capte les images des champions de la Course de Côte. Dès l’âge de 12 ans, c’est en accompagnant ses parents, André et Françoise Huntzinger, tous deux commissaires, que Gilles se rendait sur les Courses de Côte. Dans l’esprit de ses passionnés, l’idée germait de conserver un souvenir impérissable des prestations des talentueux pilotes qui évoluaient dans la discipline. La mode n’était pas encore aux Youtubeurs, mais la vidéo grand public se démocratisait, et André Huntzinger ne manquait jamais d’enregistrer les passages des pilotes. Rapidement, les heures d’enregistrement s’accumulaient, au point que ce qui se présentait initialement comme un hobby allait devenir une activité à plein temps.

Tout aussi passionné que son père, Gilles fut d’abord son apprenti avant d’être un collaborateur à part entière : « A la fin de mes études, j’ai directement plongé dans le bain de la compétition. En 2000 nous avons créé une société de production d’images », se souvient Gilles Huntzinger. Aussi actif sur le Championnat de France de la Montagne que sur les épreuves allemandes, A.H. Vidéo devenait rapidement la référence dans le domaine de l’image de la Course de Côte, et alors que les cassettes vidéo laissaient place à des DVD, l’engouement n’allait pas se démentir.

Plus tard, l’évolution d’Internet motivait la FFSA à créer FFSA TV, et c’est tout naturellement que Gilles se voyait confier la fourniture d’images, pour assurer la promotion du Championnat de France de la Montagne : « Parallèlement à cela, nous assurions la vente de nos DVD, soit par correspondance, soit sur les stands que nous installons sur les épreuves », explique Gilles.

La Course de Côte, Thomas Gasser pouvait difficilement passer à côté. En sa qualité de résident de Sewen, il assistait chaque année à l’épreuve organisée dans ce village du Haut-Rhin. Spectateur, Thomas ne manquait pas de faire partager sa passion en enregistrant des vidéos de la course, qu’il postait par la suite sur Youtube. Des vidéos qui seront visionnées par Gilles Huntzinger, et qui devaient déjà être de très bonnes qualités, puisqu’elles incitaient Gilles à prendre contact avec le vidéaste amateur pour lui proposer une collaboration : « Gilles m’a envoyé un mail, me proposant de faire un essai avec une caméra professionnelle. Et j’ai donc débuté en 2012 sur la Course de Côte de Sewen. »

Thomas Gasser avait quand même une idée assez précise de ce qu’était l’univers de la Course de Côte, puisqu’un de ses oncles était pilote et avait eu l’occasion d’exprimer son talent dans la discipline : « Tout gamin je me rendais avec lui sur les épreuves et je ne manquais pas de gratter les pneus. A cette époque j’ai découvert des rallyes régionaux et les courses de côte de Turckheim et Fouchy. »

Pour ce qui est de son parcours en tant que vidéaste, après avoir couvert trois courses en 2012, Thomas Gasser voyait son programme s’étoffer la saison suivante, avant que les liens d’amitiés tissés avec Gilles Huntzinger n’incitent les deux hommes à accroitre leur collaboration : « Depuis lors, je suis devenu son principal collaborateur et nous travaillons soit ensemble sur les épreuves, soit chacun de notre côté lorsque deux épreuves se déroulent à la même date. » Il n’existe pas de hiérarchie entre Gilles et Thomas, mais une réelle amitié qui les motivent à travailler dans la même direction.

Plusieurs métiers en uns !
Les spectateurs habitués des manches du Championnat de France de la Montagne ont eu l’occasion de croiser les hommes en chasubles vertes, munis de leur caméras. Sur les épreuves, Gilles et ses acolytes créaient des images, « avant tout pour constituer une histoire à la fin du week-end », explique-t-il. « Dès le vendredi, nous enregistrons des images des vérifications, du paddock, des paysages, l’ensemble des éléments qui permettront ensuite d’écrire un scénario et de faire le récit de la course. Ensuite, le samedi lors des essais, et le dimanche à l’occasion des montées de course, nous poursuivons notre captation. L’objectif est alors de filmer l’ensemble des concurrents, tout en s’installant à de multiples endroits tout au long du week-end pour offrir des perspectives différentes. »

Mais s’ils sont là pour capter les images, leur présence sur le terrain ne représente en définitive qu’un tiers de leur activité : « Car c’est finalement à l’issue du week-end que commence réellement le travail. Le tournage est une partie de plaisir, le montage est un job fastidieux, chronophage. Pour donner un ordre d’idée, 1 heure de vidéo représente 2 ou 3 heures de montage, avec des complexités et des moments où les choses n’avancent pas comme on le souhaiterait. Cette partie-là, durant laquelle on se retrouve enfermé à visionner des rushes, n’est pas la plus facile et la plus valorisante, mais elle fait partie intégrante de notre métier. C’est à ce moment-là que l’on prend conscience de ce que l’on a fait durant le week-end, car de la qualité des images dépend la facilité du montage. » précise Gilles.

S’il remplit les mêmes fonctions que Gilles, Thomas apprécie tout autant de faire partie de cette grande famille qu’est la Course de Côte : « J’ai la chance de m’entendre avec tout le monde, et j’ai énormément de respect pour l’ensemble des pilotes, quelle que soit sa monture où son niveau de pilotage », explique-t-il. « Au fil des ans, j’ai tissé de vrais liens d’amitiés avec certains acteurs de la discipline et j’en suis ravi. J’adore cette ambiance qui règne sur notre discipline. »

Autonome dans son travail, Thomas Gasser dérushe ses propres images, mais également celle de Fabien Iecker lorsqu’il les accompagne sur le terrain : « Gilles assure le montage des résumés pour le compte du Promoteur du Championnat, moi je gère le dérushage et la dénomination des clips destinés aux pilotes. Je fais tout pour décharger Gilles de nombreuses tâches car il a beaucoup de boulot en un laps de temps très réduit. »

Un œil expérimenté pour bien filmer
Chaque épreuve du Championnat de France de la Montagne a ses spécificités, mais chacune possède des lieux incontournables, des ’’spots’’ où il faut être présent : « Le choix d’un emplacement n’est jamais anodin », confie Gilles Huntzinger : « Si l’aspect sécurité est devenu primordial, tant pour nous que pour le bon déroulement de l’épreuve, l’esthétique rentre bien évidemment en ligne de compte. Il faut avoir l’œil, ressentir le lieux, comprendre comment les voitures vont évoluer à l’endroit où l’on se trouve, c’est une approche identique à celle des photographes. Après, il y a deux ou trois petits trucs, des recettes maisons sur lesquelles je ne veux pas m’étendre », lâche-t-il dans un sourire.

« On essaie de concilier la sécurité, le cadre et les passages spectaculaires », confirme Thomas Gasser. « A titre personnel, j’apprécie particulièrement les ’’spots’’ où on trouve un gros freinage, une épingle et une belle relance, c’est toujours très sympa. Les enfilades dans le sinueux offre également de belles images. » Mais pour Thomas, les voitures en action ne sont pas le seul centre d’intérêt d’une Course de Côte : « Ca peut être tout aussi passionnant de filmer les pilotes au départ, au moment où ils se concentrent. Il est aussi intéressant de flâner en prégrille pour assister à la préparation des pilotes, à leurs échanges. J’aime également les interviews à chaud à l’arrivée, les pilotes sont alors encore dans leur course et se livrent avec spontanéité et sincérité. »

Le soleil comme allié
Comme pour les photographes, pour les vidéastes les conditions météorologiques ont une importance capitale, et la présence du soleil permet de travailler dans de bien meilleures conditions : « Même quand la météo est au beau fixe, il faut garder à l’esprit que le positionnement du soleil tout au long de la journée va nous offrir des situations différentes auxquelles il va falloir s’adapter. Par expérience, on sait où va se situer le soleil suivant l’heure, et nous nous adaptons », commente Gilles Huntzinger.

La chose la plus détestable pour un cameraman reste la pluie, qui contraint de passer sa journée sous l’eau, immobile, pour filmer des voitures : « On est là… Du moment où ça roule, on est présent sur le terrain », confie Gilles. « J’ai d’ailleurs le souvenir d’un Mont-Dore, il y a fort longtemps, où j’avais sur moi un sac poubelle pour me protéger. Aujourd’hui, par expérience, j’ai suffisamment de matériel pour pouvoir me protéger de la pluie et du froid. »

Lorsque l’on évoque avec Thomas Gasser les éventuelles contraintes qu’il pourrait rencontrer sur le terrain, l’Alsacien estime qu’il n’y en a pas : « Ce n’est jamais une contrainte, mais toujours un plaisir, quelles que soient les conditions. Même si parfois on est dans l’obligation de se lever aux aurores et de se coucher très tard, c’est toujours un bonheur », estime-t-il. « Après, il est clair que c’est plus sympa de bosser quand il fait plein soleil que quand on doit composer avec la pluie. »

De nombreuses éloges de la part des pilotes
Professionnels de l’image, Gilles Huntzinger et Thomas Gasser sont avant tout des passionnés, et leurs satisfactions peuvent être multiples. Mais comme pour l’ensemble des métiers du cinéma, ils ne peuvent pas être spectateurs au moment où les passionnés découvrent le fruit de leur travail, et ne sont donc pas témoins du contentement qu’ils peuvent offrir.

A ce titre, Gilles Huntzinger à une anecdote : « A mes débuts, l’armée de terre était présente sur les Courses de Côte où elle disposait d’un stand. J’étais alors adolescent et je me souviens que nous avions fait une projection de nos images. Certains militaires étaient épatés de voir un petit jeune capable de faire un tel boulot, et ce fut pour moi une belle reconnaissance. »

S’ils ne sont pas présents lorsque les pilotes découvrent les images qu’ils ont tournées, ils ne manquent pas par la suite d’avoir des échos de la qualité de leur travail : « C’est toujours très plaisant d’avoir un bon retour d’un pilote », avoue Thomas Gasser. « Nous avons également des félicitations de spectateurs qui regardent les résumes des épreuves et qui s’accordent à dire que nous réalisons de belles images, que les montages sont sympas. C’est pour nous très revalorisant. »

Loin d’être blasé, Gilles suit toujours les prestations des stars de la discipline avec un œil de passionné, et c’est là encore une source de satisfaction : « Quand comme moi on aime la Course de Côte, on ne peut pas rester insensible à certains passages, aux prestations d’un Lionel Régal, d’un Bernard Chamberod ou aujourd’hui d’un Geoffrey Schatz. Assister à ça, à certains duels, aux records qui tombent, c’est toujours fabuleux. »

Les images sur de nombreux supports
Il est bien loin le temps des cassettes vidéo des débuts. Aujourd’hui l’offre que propose Gilles Huntzinger est multiple, et permet à chaque amateur de Course de Côte de trouver son bonheur : « A nos débuts, nous fournissions des images pour quelques pilotes et quelques spectateurs passionnés. Mais rapidement, face à la demande nous avons été dans l’obligation de multiplier les supports », explique Gilles.

Avec l’essor d’internet, c’est aujourd’hui le site pilotes.tv qui fourni les images au plus grand nombre. Mais à l’issue de chacune des manches du Championnat de France de la Montagne, la structure de Gilles propose, sous l’égide du Promoteur du Championnat, un résumé Sport et Production, ainsi qu’une caméra embarquée que l’on peut retrouver sur la chaine Youtube du Promoteur du Championnat ainsi que sur FFSA TV.

« Les DVD existent toujours, mais il semble clair que l’évolution exponentielle d’internet annonce leur disparition à plus ou moins long terme », analyse Gilles Huntzinger. « Il faut donc s’adapter pour répondre aux attentes des pilotes et du public, avec un système qui ne dépende plus de la Poste ou d’une société de livraison, mais qui soit accessible directement depuis un ordinateur, une tablette ou un smartphone. »

Il est indéniable qu’internet représente une révolution, tant en termes de consommation que d’accès à l’information. Et selon Gilles Huntzinger, cette évolution va se poursuivre dans les années à venir : « Nous allons devoir proposer une plateforme du type Netflix, sur laquelle les passionnés de Course de Côte vont pouvoir, par le biais d’un abonnement, accéder à l’ensemble des vidéos que nous pourrons produire. C’est l’avenir, nous travaillons d’ailleurs là-dessus. Maintenant, cela demande des investissements importants et nous essayons donc de ne pas commettre d’erreur dans l’approche de ce nouveau concept. »

La crise sanitaire due au Covid-19 nous a obligé à mettre le Championnat entre parenthèses, Gilles en a profité pour se replonger dans ses archives : « Cela me permet de visionner de nombreux rushes et de remonter jusqu’en 1990 et 1991. J’ai des heures d’images qui jusqu’alors n’avaient pas été exploitées et que je vais pouvoir mettre à la disposition du public. Dans quelques mois tout cela sera disponible sur le site de Pilotes.TV. »

En trente ans d’expérience, Gilles Huntzinger a été au cœur même de l’évolution qui s’est opérée dans la diffusion d’image : « Le laps de temps entre l’événement et la mise à disposition des images s’est incroyablement réduit. Aujourd’hui, il faut être en mesure de fournir des images le plus rapidement possible et on se dirige pas à pas vers du direct. Ca parait être l’évolution logique, la demande est là. Après, le montage offre une approche différente et permet de mieux raconter les choses, il a donc encore de beaux jours devant lui. »

Depuis plusieurs saisons, les pilotes peuvent retrouver les vidéos de leurs prestations sur le site de Pilotes TV : « Il leur suffit alors de taper leur nom où le nom d’une épreuve dans la barre de recherche, et ensuite, ils peuvent acheter une vidéo qui est personnalisée », explique Gilles.

Des évolutions incessantes
S’il a une idée assez précise de la manière dont va évoluer la diffusion d’images inhérentes à la Course de Côte, Gilles Huntzinger, de par son expérience, est idéalement placé pour comparer les différences notoires entre les épreuves courues en Allemagne et les manches du Championnat de France de la Montagne : « Je couvre autant d’épreuves en France que de l’autre côté du Rhin, et je me suis également rendu l’an dernier sur plusieurs épreuves européennes. Cela me permet d’avoir une vision globale des choses. A ce titre, j’avoue que je suis impatient de voir ce que peux donner le ’’Performance Factor’’ de la FIA sur les épreuves françaises. Je pense qu’il manque un groupe aussi libre que ceux que l’on peut trouver en Allemagne, cela permettrait d’accueillir de magnifiques voitures venues d’outre Rhin. »

Pour ce qui est de la diffusion d’images, le constat fait par Gilles Huntzinger est pleinement partagé par Thomas Gasser : « L’évolution est numérique, l’avenir passe par une plate-forme de streaming ou par un serveur sur lequel il faudra s’abonner. » Mais pour Thomas, la Course de Côte mériterait une diffusion en direct : « Je sais que cela nécessite des moyens importants, mais quand on voit la qualité des plateaux, le fait que l’on ne peut pas retrouver ailleurs l’ensemble des voitures qui évoluent sur cette discipline, la Course de Côte dispose d’atouts indéniables pour une diffusion en direct. Il y a un écart médiatique entre le Championnat de France des Rallyes et le Championnat de France de la Montagne qui ne me semble plus aujourd’hui justifié. »

Remerciements réciproques
Sans la passion de ses parents pour la Course de Côte, et l’attrait de son père pour la vidéo, Gilles est totalement conscient qu’il ne serait pas là aujourd’hui. Il tient donc à leur rendre un vibrant hommage : « Je remercie également Philippe Ballester, le promoteur du Championnat, pour la confiance qu’il m’accorde, mais également tous les pilotes à qui nous fournissons des images. Je n’oublie pas mes principaux collaborateurs, Thomas Gasser et Fabien Iecker. »

La franchise de Thomas Gasser est connue dans le milieu, et le garçon n’a pas la réputation d’être un ingrat, loin s’en faut. Il sait pertinemment ce qu’il doit à Gilles Huntzinger : « Gilles est devenu le frère que je n’ai pas eu… » résume-t-il en une simple phrase. « Je ne pourrai jamais suffisamment le remercier, ce qu’il m’a offert va bien au-delà que l’opportunité de pouvoir travailler dans un environnement passionnant. » Thomas n’oublie pas tous les acteurs de la Course de Côte : « Je veux remercier tout le monde, organisateurs, commissaires, officiels, bénévoles, pilotes, promoteur, tous ceux que je côtoie, pour l’accueil qui m’est fait dans cet univers si attachant. »

Pour nos vidéastes, comme pour l’ensemble des acteurs du Championnat de France de la Montagne, la période qui voit les épreuves annulées les unes après les autres n’est pas évidente à gérer. Et c’est certainement Thomas Gasser qui résume le mieux cette frustration en concluant par un : « Vraiment, vous me manquez tous ! »

 

Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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