A l’issue de sa première saison en monoplace

Le changement notoire pour Viviane Bonnardel en cette saison 2022 provenait du fait que pour la première fois depuis qu’elle a débuté en course de côte, elle délaissait sa Volkswagen Scirocco pour une monoplace, une Martini MK 15. Ce qui ne change pas en revanche c’est qu’elle coiffe, comme elle l’a toujours fait depuis la création du Championnat VHC, une couronne de Championne de France.

Cela fait maintenant une dizaine d’années de Viviane Bonnardel a débuté derrière le volant. La Lyonnaise, qui avait eu l’occasion d’officier en qualité de copilote dans les années 80, décidait aux débuts des années 2010 de venir affronter les tracés des courses de côte inscrites au calendrier du Championnat de France de la Montagne dédié aux Véhicules Historiques de Compétition.

Son choix se portait alors sur une Volkswagen Scirocco, une auto qui allait animer le groupe 2. Rapidement Viviane se présentait comme une adversaire de taille, capable de jouer les premiers rôles dans sa catégorie. Des performances qui allaient rapidement se traduire par l’accroissement de son palmarès. Entre 2014 et 2022, la Lyonnaise remportera huit titres de Championne de France de la Montagne VHC, et deux titres de Championne de France de la Montagne VHC Production en devançant à l’issue des saisons 2017 et 2018 ses homologues masculins.

De la Volkswagen Scirocco à la Martini MK 15
Au terme de la saison 2021, après avoir parcouru les courses de côte de l’hexagone avec sa Volkswagen Scirocco, Viviane Bonnardel envisageait pour la première fois de changer de monture : « Et je me suis dis pourquoi pas essayer une monoplace. A Lodève, lors de la dernière épreuve de la saison, je me suis installée dans le cockpit des voitures de Sébastien (Brisard) et de Jacky (Bonnot) pour voir ce que l’on pouvait ressentir au volant de telles monoplaces. A l’arrêt, ça semblait me convenir. » Après une réflexion commune avec Didier, son mari, Viviane se laissait tenter par l’idée de relever ce nouveau défi.

Ce n’est pas sans émotion que Viviane consentait à se séparer de la Scirocco avec laquelle elle avait remporté tant de titres et connu d’intenses émotions : « Mais il était dans mon esprit temps de passer à autre chose, et nous nous sommes lancés dans la quête d’une monoplace. Nous recherchions une auto qui a une histoire, qui soit vraiment dans la philosophie du Vhc. Et nous avons trouvé, dans la région de Grasse, cette Martini MK 15 propulsée par un 1600 de Renault 12 Gordini. »

Bien évidemment, Viviane devait passer par un nécessaire temps d’adaptation avant de cerner le maniement de sa nouvelle voiture : « J’ai fait plusieurs séances d’essais. Sur circuit tout d’abord, mais également sur route fermée lors des journées organisées avant la saison, et je me suis rendue sur le circuit du Bourbonnais pour prendre part à la journée organisée par Nicolas Schatz. Alors bien évidemment ces essais ne permettent pas d’être dans la configuration que l’on retrouve par la suite sur les courses de côte, et j’avais du mal à réellement comprendre ce qui allait m’attendre. »

Viviane Bonnardel ne cache pas que le début de saison fut compliqué, qu’il n’était pas évident pour elle d’oublier les automatismes acquis avec la Scirocco : « A Bagnols, j’étais mal installée dans la voiture, je ne voyais pas correctement la route, je ne me sentais donc pas à mon aise. J’étais en manque de confiance ce qui ne permet évidemment pas de réaliser d’excellents chronos. » La participation de Viviane au Col Saint-Pierre permettra à Didier Bonnardel de peaufiner les réglages de la Martini pour enfin, à l’issue de l’épreuve cévenole, offrir à son épouse une voiture plus conforme à ses attentes. « La voiture provenait du circuit, il a donc fallu non seulement configurer les réglages pour la côte mais également adapter la position de conduite pour que je puisse être pleinement à mon aise. »

En difficulté avec l’apprentissage de sa monoplace, Viviane rechignait à se rendre à Abreschviller pour affronter le tracé mosellan, court mais particulièrement rapide : « Didier m’a motivé en me disant que c’était peut-être le terrain idéal pour trouver de bonnes sensations. Il avait raison parce que ma participation à cette épreuve fut une sorte de déclic, et à partir de là j’ai commencé à réellement ressentir d’excellentes sensations tant en termes de vitesse que sur la tenue de route », confie la Lyonnaise. Le seul bémol provenait du fait que, durant cette saison 2022, Viviane ne disposait pas d’une boite de vitesses adaptée à la course de côte, ce qui était un tant soit peu pénalisant.

Si Viviane Bonnardel n’a pas pris part aux épreuves de la campagne de l’Ouest, elle sera en revanche présente à Quillan où tout se déroulait sans problème : « Je n’étais pas encore dans les temps de mes collègues du groupe 8/9 qui sont aussi talentueux qu’expérimentés, mais j’ai amélioré mes chronos au fil des montées et c’était plutôt enthousiasmant. » La suite de la saison se déroulera sans embûches, et malgré une boite de vitesses qui n’était pas adaptée, Didier peaufinait les réglages au fil des manches alors que Viviane progressait pour se rapprocher de ses adversaires et parfois faire jeu égal.

Un huitième titre de Championne de France
Durant cette première année passée au volant d’une monoplace, Viviane Bonnardel s’est réellement fait plaisir et s’avoue enchantée d’avoir relevé ce défi : « Je n’ai jamais eu de regret d’avoir tenté l’aventure avec cette voiture. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, une monoplace se conduit plutôt facilement. Dès que l’on trouve la position de conduite, les bons réglages et que les sensations sont au rendez-vous, tout parait évident. La voiture est légère, on peut tenter des freinages tardifs, c’est vraiment génial comme ressenti », analyse l’octuple Championne de France qui remporte un nouveau titre à l’issue de cette saison 2022. « Clairement, durant cette saison 2022, je me battais beaucoup moins avec le volant que je ne le faisais avec la Scirocco. »

Sa réussite, Viviane Bonnardel la doit à sa détermination et à son talent, mais également à ses soutiens : « Je veux à ce titre remercier Didier, mon mari, sans qui il est évident que je ne serais pas là. Un grand merci à Sébastien Brisard pour ses conseils tout au long de la saison, à Gilles Cursoux également pour ses conseils et à l’ensemble des animateurs du Championnat Vhc qui sont des copains avec qui il est toujours super sympa de se retrouver. Je profite de l’occasion pour dire que nous accueillerons avec plaisir les nouveaux adhérents qui souhaiteraient rejoindre l’Amicale des Montagnards Vhc. »

Pour Viviane il est hors de question de revenir en arrière : « On m’avait dit que lorsque l’on goûtait à la monoplace on ne voulais plus repartir en voiture fermée. Je le confirme ! Je pense qu’il ne faut jamais avoir de regret et oser relever des défis quand ils apparaissent comme évidents. Il était temps pour moi de passer à autre chose, et même si ça n’avait pas fonctionné je m’en serais voulu de ne pas avoir essayé. »

Avec huit titres de Championne de France Vhc et deux titres de Championne Production Vhc à son palmarès, on pourrait imaginer que la motivation de Viviane s’étiole. Il n’en est rien : « Je me répète certainement, mais le titre en tant que féminine, même s’il faut être régulière pour aller le chercher, n’a pas la même valeur que les deux titres acquis face à mes homologues masculins. Mes titres de Championne en Production sont sans nul doute plus revalorisant. Il démontre qu’une pilote féminine peut faire jeu égal avec les hommes. »

Et si en cette année 2022, de nombreuses femmes étaient engagées sur le Championnat de France de la Montagne, on peut regretter que du côté des Véhicules Historiques de Compétition elles ne soient pas suffisamment nombreuses : « Ca vient du fait que le Championnat Moderne attire plus des personnes plus jeunes, que le Vhc semble réservé aux pilotes plus matures, c’est dommage parce qu’en plus de trouver une fabuleuse convivialité, il y a de belles confrontations entre les pilotes évoluant en Historique. J’espère que d’autres féminines viendront bientôt nous rejoindre, j’aimerais beaucoup ça, ne serait ce que parce qu’elles font évoluer les mentalités. »

Satisfaite de sa Martini MK 15 Viviane se languit de retrouver le volant, mais également les moments de convivialité, l’entraide, tout ce qui fait la philosophie du championnat Vhc : « Nous travaillons actuellement sur la voiture, nous faisons ce qu’il faut pour lui offrir une boite de vitesses typée côte, avec des rapports plus courts. Il est fort probable que je reparte sur le championnat. Cela dépend en partie des budgets et des possibilités que nous aurons pour trouver des pneumatiques. Mais il est clair que même si nous n’avons pas encore défini notre calendrier, nous serons bien là », conclut-elle.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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