Second titre consécutif de Champion de France

Champion de France de la Montagne Production 2021, Ronald Garcès remettait cette année son titre en jeu. Au volant d’une nouvelle Lamborghini Huracan ST, le natif de l’Aude a connu un début de saison difficile, marqué par une succession de problèmes. Mais sa détermination à ne jamais rien lâcher alors que le titre semblait lui échapper lui permet au terme d’un titanesque combat de coiffer une seconde couronne consécutive.

Après avoir remporté trois titres consécutifs de Champion de France de la Montagne 2ème Division Production en 2017, 2018 et 2019, Ronald Garcès tentait de faire de même en 2020. A l’issue d’une courte saison tronquée par la crise sanitaire, il plaçait son Audi R8 LMS Ultra à la deuxième place du Championnat de France et de la 2ème Division. Plus que jamais, même s’il n’avait pas encore eu l’occasion jusqu’alors de s’imposer sur une manche du CFM, il se présentait comme un prétendant au titre. La saison 2021, abordée au volant de son Audi, lui permettra de combler cette double lacune puisque Ronald s’imposait sur six des huit épreuves inscrites au calendrier et inscrivait son nom au palmarès du championnat. En fin de saison il ne manquait pas de s’illustrer à l’international en étant un des acteurs du succès de l’équipe de France qui remportait la Coupe des Nations sur les FIA Hill Climb Master.

Une Lamborghini pour partir en quête d’un second titre
Les excellents résultats enregistrés par Ronald Garcès auraient pu l’inciter à conserver son Audi pour se relancer en quête d’un nouveau titre sur une nouvelle campagne de France. Il n’en sera rien… C’est sur une Lamborghini Huracan Super Trofeo qu’il jetait finalement son dévolu : « Il y a deux raisons à ce changement », débute Ronald. « D’une part parce que j’aime bien changer régulièrement de voiture et me lancer de nouveaux défis. Ensuite, il y a une raison financière. L’Audi était une GT3, et les évolutions que je devais opérer, notamment le changement obligatoire de réservoir, engendraient des coûts importants. En optant pour une Lamborghini Super Trofeo je faisais le choix d’une voiture issue d’une coupe de marque, plus répandue et donc offrant plus de possibilités d’avoir accès à des pièces de rechanges. Sur le papier l’Audi et la Lamborghini semblaient proposer des performances identiques, d’où ce choix. »

Le Champion de France en titre était toutefois conscient qu’il prenait un risque, ne sachant pas exactement quel serait le niveau de compétitivité de la Lamborghini rachetée en Espagne à José Antonio López-Fombona : « Il est clair que j’espérais que cette nouvelle voiture serait aussi compétitive que la précédente, mais je n’avais aucune garantie. Fombona l’avait modifié pour qu’elle soit conforme à la réglementation européenne, et je ne me doutais pas alors qu’il y aurait autant de modifications à apporter pour la faire rouler sur le Championnat de France. » La réglementation édictée par la FFSA stipule en effet que les voitures issues de coupes de marques doivent être présentées dans la configuration dont elles disposent en circuit : « Il a fallu que je remette la caisse à nue et que je la remonte dans son intégralité pour être en conformité, et cette somme de travail ne me permettait pas de mener réellement des essais avant de débuter la saison. »

Ronald parvenait toutefois à programmer une séance de roulage sur le circuit de Pau-Arnos. Mais cette prise en mains n’allait pas se dérouler comme il l’espérait : « Après quatre ou cinq tours, j’ai perdu l’aileron et la modification d’aérodynamisme a provoqué une sortie de piste. J’ai alors endommagé la carrosserie et arraché un demi-train. Des dégâts importants qui nous ont obligé à travailler sans relâche pour être présents à Bagnols-Sabran, où nous avons achevé les réparations. »

Cette sortie de route en essais avait pour effet d’entamer la confiance de Ronald, ce qui rendait l’approche de l’étroit tracé de Sabran très compliquée : « Il est clair que l’objectif à ce moment-là était d’aller chercher un nouveau titre, mais je savais que j’allais devoir procéder par étape. Je m’attendais à un début de saison difficile », reconnait-il.

Mais contre toute attente, le pilote de la Lamborghini sortait vainqueur de la première confrontation de la saison à Bagnols-Sabran : « Aux essais j’étais largué, absolument pas dans le rythme. Sur la première montée de course je suis très loin des chronos que j’avais pu réaliser avec l’Audi, ce qui a eu le don de m’énerver et je savais que j’allais devoir puiser dans mes réserves pour la suite. Je suis reparti à l’attaque, pris des risques. Ça a fonctionné, mais je gardais à l’esprit que je n’allais pas pouvoir faire beaucoup de montées dans ces conditions-là. Sur la troisième montée, je ne suis pas capable de faire aussi bien, alors que Yannick (Poinsignon) connaissait un problème et que Polo Reutter pointait juste derrière. Ça passe, mais hyper fin », reconnait-il.

Le Col Saint-Pierre propose un tracé plus large, une route sur laquelle Ronald allait prendre rapidement conscience que sa voiture n’était pas en capacité de jouer la gagne. Un problème de tenu de route et un dysfonctionnement du tableau de bord allaient lui faire connaitre un week-end très compliqué : « La panne de Dashboard me privait d’informations importantes, notamment sur la vitesse enclenchée, le moment où tu dois changer de rapport. Avec le manque d’expérience de la voiture j’étais un peu perdu. Mais le pire provenait de la tenue de route qui était catastrophique. D’une part je n’avançais pas, mais en plus je me faisais peur. » Deuxième sur l’épreuve cévenole, Ronald Garcès terminait à trois secondes de Yannick Poinsignon et se devait de travailler sur sa Lamborghini avant de retrouver la Course de Côte d’Abreschviller.

« On partait de tellement loin que j’ai décidé de repartir sur une base de réglages totalement différentes. Nous avons donc tout démonté et modifié tout ce qui me semblait nécessaire », explique Ronald Garcès. A Abreschviller la Lamborghini offrait à son pilote de regain de performances : « On avait le sentiment d’être parti dans la bonne direction, même si sur un parcours aussi court il n’est pas évident de faire une réelle analyse. Mais j’ai pu me rendre compte que j’avais quelques soucis pour prendre les départs, ce qui sur un tracé court est évidemment très pénalisant », confie Ronald qui termine à quatre dixièmes de Yannick Poinsignon.

Débutait alors la campagne de l’Ouest, et dès la première épreuve, sur les Teurses de Thèreval – Agneaux, Ronald Garcès allait commettre une erreur qui allait le priver d’un podium : « Sur la dernière montée, la plus rapide du week-end, je perds la voiture et je lâche de précieuses secondes. C’est rageant parce qu’en début de meeting je découvrais la voiture sous la pluie et ça se passait pas trop mal, et que par la suite j’étais plutôt performant. Mais je sors du match sur la dernière montée. La voiture m’échappe et je perds les poignées qui font offices de volant, de ce fait l’auto part dans tous les sens, et même si je ne touche rien, le chrono est impitoyable. »

Malgré cet erreur de fin de parcours, Ronald Garcès pouvait avoir le sentiment d’avoir trouvé un bon ’’set-up’’ pour aborder les épreuves à venir en étant plus compétitif. C’est donc l’esprit serein qu’il se rendait à La Pommeraye : « Et là rien ne fonctionne, je suis totalement en retrait, je subis durant tout le week-end, incompréhensible. J’avais encore des problèmes au départ, ce qui sur un tracé court est une nouvelle fois très pénalisant. Mais ce que je retiens surtout c’est que je n’étais pas dans le coup », analyse Ronald qui termine l’épreuve angevine au deuxième rang.

C’est à la même position qu’il concluait son week-end breton sur la Course de Côte de Saint Gouëno, mais avec le sentiment d’être en progrès : « Yannick (Poinsignon) a toujours été devant, mais ça allait mieux en ce qui me concerne. Même s’il était devant, on se battait au dixième et au final je suis plutôt content parce que la Lamborghini s’est assez bien comportée. »

« C’est ma seconde et dernière grosse erreur de la saison », lâche Ronald Garcès lorsque l’on évoque la Course de Côte de Vuillafans où il termine à nouveau au deuxième rang, à moins d’une seconde de Yannick Poinsignon : « Sur ce tracé que j’affectionne j’avais le sentiment de pouvoir faire quelque chose. J’étais dans le coup tout au long du week-end, et sur la dernière montée, où il faut en remettre une couche, la voiture m’a échappé. Comme à Hébécrevon je n’ai rien cassé, mais à la différence c’est qu’en Normandie j’avais dû me contenter de la quatrième place, là je conserve le deuxième rang. Mais je vois Yannick poursuivre sa série de victoires et je n’arrive toujours pas à le contrer. »

Dunières est un rendez-vous important pour Ronald Garcès. C’est sur l’épreuve auvergnate qu’il a signé en 2021 son tout premier succès sur une manche du Championnat de France de la Montagne. Le pilote de la Lamborghini retrouvait donc le terrain de son premier succès et avait la ferme intention de rééditer cette performance : « Je gagne et je mets un coup d’arrêt à la série de succès de Yannick. Etonnamment ce n’est pas le parcours où je me sens le plus à mon aise, Yannick n’est pas loin, mais terminer en tête ça permet de mettre un coup de boost au moral », avoue Ronald.

Malheureusement, Ronald n’allait pas poursuivre sur sa lancée. Dès Marchampt Yannick Poinsignon retrouvait la première marche du podium en plaçant sa BMW M3 E92 sept dixièmes devant la Lamborghini du Champion de France en titre : « Je savais que si Yannick s’imposait à Marchampt il signait sa septième victoire. J’en comptais deux, il restait quatre courses, je n’aurais jamais pu revenir même en m’imposant sur toutes les épreuves. Je gardais en effet à l’esprit qu’il était probable que même si je m’imposais, Yannick allait systématiquement se placer derrière moi. Donc, dans mon esprit c’était plié. » Pour autant, Ronald Garcès n’allait pas baisser les bras, mathématiquement le titre n’était pas encore joué, et l’Audois a suffisamment d’expérience pour savoir que s’il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, il ne faut pas non plus crier victoire avant la ligne d’arrivée. « A Marchampt, sur la première montée, Yannick est légèrement devant moi. Sur la seconde je tape le rail et même si je parviens à poursuivre je constate que j’ai plié un demi-train avant. Dans mon esprit, si je ne m’imposais pas sur la dernière montée le championnat était plié. On a réparé, j’ai jeté toutes mes forces dans la bataille, et ça n’a pas suffi. »

Un final en force !
A l’heure d’aborder le Mont-Dore, Ronald Garcès avait parfaitement intégré qu’il n’était plus maître de son destin. Ses performances seules ne pouvaient lui permettre de conserver son titre, il fallait que le sort s’en mêle et qu’il joue en sa faveur : « Ca me libérait d’une certaine pression. Gagner un Mont-Dore ça reste très important, on rêve tous d’inscrire son nom au palmarès. Donc je suis très heureux de l’avoir remporté, c’était un beau succès, d’autant que le week-end était mal engagé », rappelle Ronald. « Je suis sorti lors des essais et la Lamborghini a terminé dans un champs. La saison aurait pu s’arrêter là… J’ai eu de la chance, je ne fais pas de dégâts et je suis parvenu à prendre part à la montée de course du samedi soir. Après tout s’est bien enchainé, non vraiment, c’est une belle victoire. »

La Course de Côte de Chamrousse allait se jouer sur deux montées suite à l’annulation de l’ultime ascension. Au moment de neutraliser les débats, Ronald Garcès pointait au sommet de la hiérarchie alors que Yannick Poinsignon, victime d’un tête-à-queue sur la deuxième montée, n’apparaissait pas au classement : « C’est une victoire, je la prends, même si elle n’a pas le même goût que celle du Mont-Dore, mais dans mon esprit les déboires de Yannick ne modifiaient en rien la donne. Il restait Turckheim et Limonest et une deuxième place lui suffisait pour gagner le titre. Donc pour moi, je restais dans le même état d’esprit qu’après Marchampt. Je suis conscient qu’à Chamrousse, il aurait suffi à Yannick de terminer cette deuxième montée pour être champion. Philippe (Schmitter) rencontrait des problèmes, David (Meillon) avait dû abandonner suite à un souci mécanique, en rejoignant l’arrivée de cette montée, Yannick était champion. Ça n’a pas voulu sourire en sa faveur. »

A Turckheim, deux pilotes allaient s’inviter dans le match que se livraient Yannick Poinsignon et Ronald Garcès : Nicolas Werver qui imposait sa Porsche à domicile, et David Meillon qui se battait pour le podium. Au final, la victoire de Nicolas Werver n’aura pas d’incidence sur le championnat, l’Alsacien n’étant pas engagé cette saison. En revanche, le fait que David Meillon place sa Lamborghini sur le podium, un millième devant Yannick Poinsignon, retardait l’échéance pour ce qui est de l’issue du championnat : « Ce week-end en Alsace a été un peu particulier. Je prends d’abord une pénalité pour avoir touché une chicane. Je reconnais que je la touche, mais en aucun cas cela n’était volontaire et ça ne me fait pas gagner du temps, les acquisitions le démontrent. J’ai donc trouvé que la pénalité de 10 secondes était sévère… A partir de là je n’ai plus droit à l’erreur et je dois aller chercher deux bons chronos. Je n’ai pas pu jouer la gagne face à Nico Werver, mais la deuxième place me permet de marquer le maximum de points au championnat, et avec David (Meillon) qui signe un excellent chronos qui lui assure une place sur le podium, l’échéance est à nouveau reportée. »

Un ultime report, à Limonest, où Ronald Garcès sait que pour l’emporter il va devoir impérativement s’imposer, marquer le maximum de points bonus en signant le meilleur chrono du week-end, et espérer qu’un pilote s’intercale entre lui et son rival : « Ca fait beaucoup de paramètres, et on a vraiment connu un week-end de folie. D’abord parce qu’il y a eu une erreur de chronométrage lors de la première montée. Je voyais que la plupart des pilotes perdait une vingtaine de secondes par rapport aux temps qu’ils signaient habituellement sur cette épreuve. Dans mon esprit la route était hyper piégeuse, et je suis parti sur un faux rythme, persuadé qu’à chaque virage la voiture allait m’échapper. Cet erreur de chrono m’a fortement perturbé et par la suite j’avais du mal à retrouver le rythme. Sur la première montée de course du samedi, je suis à près de deux secondes du meilleur temps. Samedi soir j’étais dans le doute et j’ai donc travaillé, repris mes acquisitions de données, mes caméras embarquées et j’ai vu que j’avais commis quelques erreurs et qu’il me restait une marge de progression. Dimanche je suis parti en sortant la grosse attaque, je n’avais plus d’autre choix. Pour moi ça fonctionne, David (Meillon) fait également une superbe montée, et on se retrouve au départ de la dernière montée du championnat en ayant une possibilité d’aller chercher le titre. Il me fallait le meilleur temps que je n’avais pas, et neuf centièmes à récupérer pour la victoire au cumul… C’est compliqué à gérer parce qu’il fallait vraiment que je donne tout. Ce fut la montée la plus stressante que je n’ai jamais vécu », avoue Ronald pour qui tout réussissait. Vainqueur de cette dernière confrontation de la saison, auteur du meilleur chrono, il conservait sa couronne en comptabilisant un point d’avance sur Yannick Poinsignon.

Second titre de Champion de France
« Ce fut une saison simplement incroyable » reconnait le Champion de France. « Quand je me rappelle qu’en début de saison je tape un rail, avec les soucis que j’ai rencontrés à Sabran, sur le Saint-Pierre, quand je voyais impuissant Yannick enchainer les victoires et que je n’arrivais pas à le contrer… Je m’étais fait une raison, cette année ce n’était pas pour moi. Et puis la tendance s’est inversée en fin de saison. Je n’ai jamais rien lâché et ça a voulu sourire. Ce fut vraiment une saison de folie avec un final incroyable où tout se joue sur une montée de deux kilomètres. »

Un second titre qui ne satisfait pas uniquement Ronald Garcès, mais également tous ceux qui l’entourent et que le double Champion de France n’oublie évidemment pas : « Je tiens tout d’abord à remercier Anouk pour son implication cette saison encore. Également, ma fille, Emmy, qui participe de plus en plus en assistance et notamment pour Chamrousse où elle a su être là quand il fallait (même si l’attente a été très longue). Ensuite, je remercie tous les amis qui nous aident de près ou de loin. Un merci particulier à Nico (Granier) pour tout le travail accompli sur l’auto et aussi à Mika et Agnès (Gley) pour leur apparition en assistance qui, à chaque fois, tombait à point nommé. Pour conclure, un grand merci évidemment à tous mes partenaires : Top Garage Alzonne, Carrosserie Granier, NCR Meca, GS Flex, Durand TP, LID’A, Michelin, Teknic, MC Design, Maxime Joulot, Une Note de Vin et la Ville de Nailloux… C’est bien ensemble que nous avons pu accéder à ce nouveau titre ! »

En ce mois de novembre, Ronald Garcès serait bien en peine de dévoiler un programme pour la saison à venir : « La Lamborghini est en vente, et je ne sais pas ce que je ferai si je parviens à la vendre. Le championnat 2022 a été intense et a nécessité une énorme implication. De ce fait, je dois à présent récupérer le travail en retard et je n’ai plus trop l’esprit à la course. Nous verrons bien dans les semaines à venir vers quoi je me tourne » conclut Ronald.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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