Le Lyonnais n’a pas dit son dernier mot

S’il a commencé sur le tard, Jean-Jacques Louvet est devenu en l’espace de quelques saisons l’un des animateurs les plus assidus du Championnat de France de la Montagne. Cette année encore, on a pu voir la Norma du pilote lyonnais, à la décontraction quasi-légendaire, sur dix épreuves inscrites au calendrier du Championnat.

A 70 ans passés, et en ayant fait ses débuts en sport automobile à l’âge ou l’on envisage raisonnablement de prendre sa retraite, Jean-Jacques Louvet n’a pas la prétention de défier les jeunes talents qui animent la classe dédiée aux Protos 2 Litres. Au volant de sa Norma M20F, c’est en gentleman driver qu’il aborde les épreuves du Championnat de France de la Montagne. Mais s’il aspire avant tout à se faire plaisir, Jean-Jacques n’en perd pas moins l’esprit de compétition, qui le motive à tenter d’améliorer ses propres chronos. Et c’est avant tout dans cette optique qu’il s’engageait cette année encore sur le Championnat de France de la Montagne.

Poursuivre sa progression
C’est donc avec l’objectif de progresser que Jean-Jacques Louvet abordait cette nouvelle campagne de France : « Je n’ai évidemment pas l’ambition de jouer la victoire. Je cherche avant tout à continuer à améliorer mes temps au fil des éditions, et à me rapprocher si possible du milieu de la meute des Protos 2 litres », confie-t-il.

Exceptée une révision nécessaire à la sortie de la pause hivernale, la Norma de Jean-Jacques Louvet n’a pas subi la moindre modification durant l’intersaison : « J’ai retrouvé ma voiture telle que je l’avais laissée en fin de saison dernière. Je n’ai pas eu le temps de faire d’essais préparatoires, j’ai donc réellement débuté ma saison à Bagnols-Sabran. »

Une épreuve de Bagnols-Sabran écourtée pour Jean-Jacques Louvet, qui ne prenait part qu’à la première montée de course : « Je ne sais plus vraiment ce qui s’est passé. Je sais juste que j’ai gagné quatre secondes en comparaison à la dernière édition. Mais elle s’était déroulée intégralement sous la pluie. En revanche, par rapport à 2016, je n’améliore que de huit dixièmes, ce qui ne me convient pas. »

Sur le Col Saint-Pierre, Jean-Jacques Louvet signait cette année des chronos très proches de ceux réalisés l’année dernière : « Sincèrement j’espérais aller plus vite, car j’avais le sentiment d’avoir réglé certains soucis. Je commence à mieux connaitre ce tracé qui n’est pas évident à assimiler, mais je n’améliore pas. La seule analyse que je peux faire c’est que cela provient du pilote, pas de la voiture. »

En visionnant les vidéos des jeunes pilotes évoluant dans la même classe que lui, Jean-Jacques parvenait à comprendre dans quel domaine il devait s’améliorer : « Voir, comprendre, c’est une chose… Faire de même c’en est une autre. Et je sais être encore sur la retenue. » Mais à un âge où la sagesse prime sur la fougue, le pilote Lyonnais prenait conscience qu’il lui serait difficile d’imiter ses jeunes adversaires : « J’ai des automatismes acquis durant 50 ans de conduite de voitures de séries. L’expérience joue finalement en ma défaveur, car j’ai eu bien évidemment l’occasion de connaitre les affres de la sortie de route, et j’en connais le prix. »

Malgré tout, Jean-Jacques n’avait pas l’intention de lâcher prise et espérait bien parvenir à améliorer ses chronos sur le tracé rapide d’Abreschviller : « Certes je suis en progression tout au long du week-end, mais par rapport à l’an dernier, je suis six dixièmes moins rapide. C’est rien, mais pour moi ça reste décevant. »

A Saint Gouëno, Jean-Jacques retrouvait un de ses tracés préférés, et l’épreuve bretonne allait lui apporter quelques motifs de satisfaction : « Ça ne s’est pas trop mal passé. Je gagne treize secondes par rapport à 2017, mais c’est incomparable en ce sens où la météo n’avait pas été des plus clémente lors de la dernière édition. Si je compare à 2016, j’ai gagné une seconde, ce qui n’est pas énorme », considère-t-il. « Après, j’ai passé un fabuleux week-end sur une épreuve où nous sommes toujours très bien reçus, dans une excellente ambiance. »

La seconde et demie gagnée par rapport à 2017 ne suffisait pas à combler les attentes de Jean-Jacques Louvet qui espérait mieux de sa participation à Marchampt : « Je suis une nouvelle fois un peu déçu. Je sais ce qu’il faut faire, je l’ai en tête, mais le pied ne veut pas suivre. Et puis si je compare à 2016, je ne gagne qu’un dixième, pas de quoi se réjouir », avoue-t-il. « Sur cette course, j’ai du mal au passage entre les maisons. Je n’y arrive pas, je ne suis pas sur le bon rapport, là j’ai vraiment du mal. »

On pourrait croire que les tracés rapides poussent Jean-Jacques dans ses derniers retranchements, et que c’est pour cela qu’il ne parvient pas à améliorer ses chronos. Mais sa participation à Vuillafans allait démontrer le contraire : « Là, j’améliore de sept secondes et de dix secondes par rapport à 2016. Je suis ravi, c’est certainement la course dont je suis le plus content. J’ai enfin osé des trucs, tenté de faire comme les copains. Je me suis forcé, mais ça a payé. Sept secondes de progression, c’est énorme, et je sais exactement ce qu’il me faut faire pour gagner encore deux ou trois secondes. Sincèrement, je ne peux pas affirmer que je serai en mesure de le faire, mais au moins je sais où aller les chercher, notamment dans la parabolique. »

A Dunières, Jean-Jacques Louvet abordait un tracé qu’il n’affectionne pas particulièrement : « Définitivement, je ne suis pas à mon aise sur ce tracé où je lâche cette année encore une seconde par rapport à la dernière édition. Par le passé, j’ai cassé l’auto sur cette épreuve, et je pense que cela joue dans mon approche. »

C’est ensuite sur le large tracé de Chamrousse que l’on retrouvait Jean-Jacques. En proie à un souci mécanique, il ne sera pas à l’arrivée de la première montée de course, la seule de la saison qu’il ne terminera pas : « Pour le reste, je gagne une seconde, ce qui est en deçà de mes prétentions. Sur ce parcours, j’ai du mal sur la partie du milieu, dans les enchaînements de virages. Je suis encore loin du milieu du peloton, il me manque quatre secondes et j’espère être en mesure d’en combler une partie dans l’avenir. »

La tracé de la Course de Côte de Turckheim n’est pas le plus facile à aborder, et pourtant, Jean-Jacques Louvet parvenait à réaliser une réelle progression : « Je parviens à améliorer de deux secondes quatre, ce qui sur le papier n’est pas trop mal. Mais je suis toujours au-delà des trois minutes, ce qui n’est pas bon. Il me faudrait rouler en 2’50’’ voire 2’52’’. Je pourrais être content d’avoir amélioré, mais dans mon esprit ce n’est pas suffisant. »

C’est à domicile, dans la banlieue lyonnaise, à Limonest, que Jean-Jacques Louvet concluait sa saison : « Ce n’est pas mon épreuve favorite. Ce n’est pas rapide, pas simple, mais je gagne là encore deux secondes quatre, ce qui sur un tracé assez court est plutôt pas mal. Là, j’avoue que je suis assez content, même si je suis encore loin de la moyenne. »

Une saison sans la moindre erreur
Jean-Jacques Louvet n’est pas du genre à se défiler. Il ne peut pas considérer que le bilan de la saison est excellent en termes de chrono : « J’ai progressé légèrement sur certaines courses, mais je dois avouer que c’est compliqué. Il n’y a pas de secret, il faut y aller, faire abstraction de l’appréhension, et ce n’est pas toujours évident », analyse Jean-Jacques. « Ça devient de plus en plus difficile de réduire l’écart face aux plus rapides. En l’espace de quelques années, on a vu arriver de jeunes talents qui sont hypers rapides, et des pilotes plus expérimentés, comme Serge Thomas, qui n’ont pas grand-chose à leur envier. »

Malgré tout, il y a un point largement positif, c’est que le gentleman driver n’a commis aucune faute : « Je n’ai occasionné aucun dégât sur l’auto, ce qui n’était pas toujours le cas auparavant. Excepté un petit souci mécanique à Chamrousse, je n’ai eu aucun problème sur ma Norma. L’auto fonctionne parfaitement, elle est très bien réglée, à ce niveau-là je ne peux qu’être totalement satisfait. J’ai la chance d’avoir une équipe qui me prépare une auto qui pour moi est parfaite. »

Une équipe que Jean-Jacques veut remercier, « et avant tout mes partenaires, Global Hydro, Adhévif, le Garage Montbel situé à Brignais, Dynelec. Un énorme merci à Olivier (Augusto) et à Jérôme (Tournier) qui ont fait preuve d’énormément de patience à mon égard, et qui m’ont fourni tout au long de la saison une auto vraiment performante. »

Pour ce qui est de la saison 2019, Jean-Jacques Louvet a bien la ferme intention d’aligner au départ sa Norma M20F : « J’estime ne pas en avoir encore fait le tour », analyse-t-il. « Nous allons mettre à profit la pause hivernale pour lui faire subir un réel lifting, car cela fait trois ans que je n’ai pas eu l’occasion de toucher à la carrosserie et qu’elle laisse entrevoir des signes de vieillissement. On va également changer le fond plat et un joint spi, parce que j’ai pu observer que la voiture laissait échapper quelques fluides dans l’habitacle. En clair, on met la voiture ’’à poil’’ et on va la reconfigurer pour lui offrir une nouvelle jeunesse. »

Jean-Jacques devrait donc être au départ de la quasi-intégralité des épreuves inscrites au calendrier du Championnat de France de la Montagne : « Je vais à nouveau repartir aux côtés d’Olivier Augusto, avec qui nous envisageons de prendre part à un maximum d’épreuve du Championnat, et d’être également présents à Coligny et Donzy. »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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