
Compétiteur performant tout au long de la saison, Julien Adoir a longuement tenu la tête du Challenge Open CM avant d’en être délogé sur les derniers rendez-vous pour finalement placer son TracKing au deuxième rang.
Spectateur assidu des courses de côte et des rallyes dans son enfance, Julien Adoir recevra le soutien de nombreux acteurs du Championnat de France de la Montagne lorsque, à l’adolescence, une leucémie le contraignait à une lourde chimiothérapie. De cette période, le jeune Bourguignon de naissance et Haut-Savoyard d’adoption conservera le souvenir de moments de profonds abattements mais également d’une intense solidarité de la part des Montagnards.
Les liens tissés par Julien durant ce combat contre la maladie, lui permettront par la suite d’intégrer l’équipe de Lionel Régal à partir de 2006, jusqu’à la tragique disparition du quintuple Champion de France en 2010. La perte de son mentor incitait alors Julien Adoir à s’éloigner de la course de côte pour se tourner vers le karting et prendre part à ses premières compétitions. Mais en 2015, alors qu’il créait en Suisse sa société, Julien se rapprochait des pilotes franc-comtois voisins et notamment de l’Ornanais Cyrille Frantz qu’il accompagnera une nouvelle fois en tant que mécanicien sur les épreuves du championnat.
En 2017 il s’installera à son tour derrière le volant en louant une Formule Renault, avant que la gestion de sa société ne l’oblige à mettre la compétition automobile entre parenthèses. On le retrouvera en 2022 au volant d’un TracKing avant qu’il ne s’engage sur le Championnat de France de la Montagne en 2023. Quatrième du Challenge Open CM, Julien repartait dans la même catégorie en 2024 pour – à l’issue d’une saison où performances alterneront avec malchance – conservait la quatrième place de cet Open.
Nouveau TracKing pour de nouvelles ambitions
Les résultats réalisés lors de la précédente saison autorisaient Julien Adoir à afficher des prétentions pour la saison 2025 et à viser la plus haute marche du Challenge Open CM. Pour ce faire, il décidait de faire l’acquisition d’un nouveau TracKing, tout juste sorti des ateliers de Bourgeon Concept : « Cela me permettait de bénéficier de quelques petites évolutions qui devaient me permettre de me battre au mieux avec les prétendants au titre dans la catégorie », débute Julien.
Les essais préparatoires à la saison se résumaient pour Julien Adoir à cinq tours de la piste de karting du circuit de Château Gaillard, le lundi précédent la Course de Côte de Bagnols-Sabran : « Ça nous a permis de déverminer, de contrôler les freins et de nous assurer que tout fonctionne correctement. » Les changements apportés sur le nouveau modèle n’obligeaient pas Julien à découvrir un nouvel univers : « Je bénéficiais avant tout d’évolutions au niveau des freins, d’un peu plus de puissance moteur, et surtout du freinage pied gauche qui permet un certain confort de pilotage, mais ce n’est pas une révolution. En revanche je n’ai toujours pas de palettes au volant, je n’en veux pas, mais je n’ai plus à débrayer. »
Tout le monde s’accorde à dire que la quatrième place où l’on retrouvait Julien Adoir à l’issue des deux précédentes saisons ne reflétait pas le talent et les performances du pilote. Il était donc légitime qu’il prétende à mieux à l’heure de se lancer sur sa campagne 2025 : « Je voulais avant toute faire au mieux, me battre pour la victoire et idéalement m’imposer. Mais je savais que Lionel (Jacob) serait un adversaire de taille, que Laurent (Brossard) était capable de belles performances et que Lucas (Clément) se présentait comme un espoir talentueux. Ça ne s’annonçait pas facile, il était évident que la concurrence serait au rendez-vous », analyse Julien qui, au sein de l’Open CM, évoluait dans l’une des catégories les plus concurrentielles du championnat.

Julien abordait la manche d’ouverture de la saison comme un galop d’essais, sans chercher obligatoirement à réaliser des prouesses, mais en ayant à cœur de bien cerner le maniement de son nouveau TracKing : « Et ça se passe plutôt bien. Sans avoir trop de roulage je me suis senti plutôt à mon aise. Malgré mon passé de pilote de kart, il a fallu que je me réadapte au freinage du pied gauche et on sait que le tracé de Sabran n’autorise aucune erreur, j’ai donc fait preuve d’une certaine prudence », confie Julien qui termine derrière Jérôme Jacquot et Anthony Hauf, deux pilotes non-inscrits au championnat et qui ne marquent donc pas de points : « De toute façon, même en me lâchant je ne suis pas certain que j’aurais été en mesure d’aller chercher les deux ''sudistes''. »
Sur le Col Saint-Pierre, Julien Adoir accrochera une nouvelle fois la troisième place. La victoire revenait à nouveau à Jérôme Jacquot, et c’est son adversaire direct, Lionel Jacob, qui accrochait la deuxième place : « Je ne m’attendais pas à être aussi bien sur le Saint-Pierre et surpris de me retrouver à seulement quatre dixièmes de Lionel samedi, à l’issue de la première montée de course. » Avec la dégradation des conditions météorologique le dimanche et l’annulation de la dernière ascension, la montée du samedi sera finalement la seule prise en compte pour le classement final.
Devancé par le Speed Car GTR de Loïc Hebinger à Abreschviller, Julien Adoir engrangeait le maximum de poids, son adversaire alsacien n’étant pas engagé sur le championnat : « J’avoue que pour moi ça se passe bien, que je ne suis pas mécontent de mon week-end mais que j’aurais bien aimé gagner parce que nous nous sommes livré un beau match avec Loïc, mais il a été plus fort que moi. Mais il faut aussi savoir gérer les points et la longueur du championnat, ce qui parfois n’autorise pas à prendre tous les risques. »
Au départ de première manche de la campagne de l’Ouest, la Course de Côte d’Hébécrevon, Julien Adoir viendra chercher en Normandie une victoire de classe en s’imposant en tête du CM : « Elle est autant importante qu’elle fait plaisir », reconnait-il. « On sait tous que la campagne de l’Ouest permet de marquer de gros points et j’avais la chance sur cette épreuve de ne pas avoir beaucoup de pression, ce qui m’a permis d’aborder la course assez sereinement, de pouvoir essayer de nouveaux réglages et de progresser. Malgré tout je me fais une grosse chaleur sur la dernière montée où je fais un tête-à-queue au ''Mirador''. Je ne touche rien, ça se termine bien, mais ce fut pour moi une grosse alerte. »
Avant de poursuivre sa saison, Julien faisait un tour à Azé – Donzy-le-Pertuis où il se retrouvait confronté à un autre TracKing, celui de Frédéric Assenault, qui le devancera à l’arrivée : « C’était ma toute première course de côte régionale. Une découverte sur un tracé très sympa sur lequel je savais que Fred allait être quasiment imbattable parce qu’il connait par cœur. J’ai eu un petit souci mécanique sur la troisième montée à cause d’une causse de batterie desserrée, mais rien de sérieux si ce n’est que je ne suis pas à l’arrivée de cette ascension. »
La Course de Côte de La Pommeraye permettait à Julien Adoir de retrouver Lionel Jacob. La lutte entre des deux hommes s’engageait et c’est finalement le pilote du JAD LW-01 qui aura le dernier mot : « Tout comme Lionel je découvrais ce tracé. Nous étions donc à armes égales et j’ai tout fait pour lui mettre la pression. Durant tout le week-end il disposait d’une marge d’avance, j’ai réussi à combler une partie de l’écart sur la troisième montée, mais il signe un excellent chrono sur la dernière pour accroitre son avance. Je termine deuxième et je suis finalement satisfait du résultat. Je ne termine pas trop loin et je suis content de ce week-end de découverte de cette épreuve. »
Des obligations professionnelles contraignaient Julien Adoir à faire l’impasse sur Saint Gouëno, et c’est donc à Marchampt qu’il devra rivaliser à nouveau avec Lionel Jacob : « C’est certainement la course sur laquelle je suis le plus déçu de ma prestation », avoue-t-il. « Je pensais me battre au dixième et finalement j’étais loin tout au long du week-end. Je ne l’explique pas, c’est juste décevant », reconnait Julien qui au cumul termine à la deuxième place à trois secondes de son rival.

Le match sera nettement plus intense à Vuillafans où, si Lionel Jacob signait un nouveau succès de classe, il voyait Julien Adoir terminer à seulement deux dixièmes au cumul des deux meilleures montées : « C’est une course incroyable sur laquelle j’estime avoir réalisé globalement un beau week-end. J’ai un malgré tout un petit couac mécanique en loupant la même vitesses à deux reprises à la sortie d’une épingle sur la dernière ascension. Bien évidemment là tu vois les dixièmes défiler, et quand ça se joue à si peu, j’avoue que c’est un peu dur. C’est certainement pour moi la frustration de la saison. »
On retrouvait une nouvelle fois Julien Adoir à la deuxième place à l’arrivée de Dunières où il termine à une seconde trois de Lionel Jacob : « Le week-end se déroule plutôt bien même si ce fut un peu plus difficile que d’habitude. Il a fallu composer avec l’alternance d’un tracé sec puis humide, pas évident et finalement je considère que je suis à ma place. Ce qu’a réalisé Lionel à la dernière montée je n’étais pas capable de le faire », reconnait-il en toute humilité.
A trois manches de la fin de saison, Julien Adoir occupait la tête du Challenge Open CM mais gardait à l’esprit que la victoire était loin d’être acquise : « J’avoue que moralement j’avais pris un coup sur la tête à Vuillafans en loupant la victoire pour deux dixièmes. Je refais deux à Dunières et je savais que sur le Mont-Dore Lionel (Jacob) allait être imbattable, c’était pour lui. Sachant que je n’avais pas la possibilité d’être au départ de Turckheim, ça s’annonçait difficile. Clairement après Vuillafans, j’avais du mal à me projeter en tant que vainqueur de ce Challenge Open. »
Comme prédit par Julien Adoir, Lionel Jacob sera l’auteur d’une course exemplaire sur le Mont-Dore. Dans le Massif du Sancy, le Béarnais devançait ses adversaires de plus de six secondes. Et le premier de ses adversaires n’étaient autres que Julien qui se classait une nouvelle fois au deuxième rang : « J’avoue avoir été en difficulté avec le châssis tout au long du week-end. Je n’ai pas compris pourquoi, mais c’était vraiment compliqué, et si je parviens à accrocher la deuxième place, ce fut dans la douleur. Malgré tout je suis content de terminer deuxième parce que derrière Laurent (Brossard) commençait à revenir très fort. »
Absent à Turckheim, Julien Adoir décidait de se rendre à Limonest, épreuve qui initialement n’était pas inscrite à son calendrier, mais sur laquelle il espérait défendre ses dernières chances de remporter le titre : « Je savais que celui qui s’imposer en CM gagner le Challenge Open, tout en gardant à l’esprit que ce n’est pas ma course de cœur », rappelle Julien. « Je savais également que sous la pluie, Lionel (Jacob) était imbattable. Donc quand la pluie est apparue, qu’elle que soit ma place finale, ça n’avait plus d’importance. Je n’ai donc pas forcé l’allure, je me suis contenté de faire des essais, je me suis forcé à rouler en slick sous la pluie, ce qui n’était pas forcément nécessaire, mais je voulais prendre de la confiance dans ces conditions. Je termine sixième, c’est mon plus mauvais résultat en CM depuis que j’évolue dans la classe. Rien à dire », lâche-t-il fataliste.
Deuxième du Challenge Open CM
A l’issue de la saison 2025, Julien Adoir termine deuxième du Challenge Open CM à seulement onze points de Lionel Jacob. Sur le championnat, il est devancé de seulement sept points par le même Lionel Jacob : « Je ne gagne pas mais le bilan de la saison est tout de même largement positif », reconnait Lionel qui n’a enregistré aucun abandon. « Lionel a été plus fort, je dois m’incliner et je suis content des batailles que nous avons livrées. Autant Lionel que moi aimons cette pression permanente, donc la plaisir était au rendez-vous. C’était vraiment hyper intéressant. »

C’est vers ses parents Nathalie et Jean-Louis que vont les premiers remerciements de Julien : « Sans eux participer au championnat serait impossible puisqu’ils gèrent l’intendance et le transport de la voiture sur l’ensemble des épreuves. Je n’oublie pas mon frère Adrien et ma belle-sœur Mégane. Un immense merci à mes partenaires : Matit Industrie (Pierre Petit), Cleancars, Swisswash, à Marc VDS et à l’Espace Automobile Saint Julien (74). Merci également aux commissaires, aux organisateurs des épreuves du championnat, à la famille Dojat, à Jean-Marc Tissot qui est toujours de bons conseils et à tous les concurrents du Challenge Open CM. »
On retrouvera en 2026 Julien Adoir sur le Championnat de France de la Montagne où il alignera à nouveau son TracKing : « Je repars avec la même auto, sur laquelle on va apporter deux ou trois modifications, juste des bricoles. Et je devrais me relancer sur l’Open CM avec l’intention bien évidemment de viser la victoire mais en sachant que la concurrence sera encore plus rude avec des garçons comme Laurent Brossard, Lucas Clément ou Jean-Charles Durin qui se sont rapprochés de nous en fin de saison. J’ai vraiment hâte d’être à Bagnols-Sabran », conclut Julien.
©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com
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