Manuel Mangold, un pilote comblé

Ancien pilote de Kart avant de s’attaquer aux circuits asiatiques, Manuel Mangold anime le Championnat de France de la Montagne depuis une dizaine d’années. Après s’être illustré au volant d’une Formule Renault, il s’engageait cette année sur le Championnat au volant d’une Norma 2 litres, avec laquelle il est parvenu à atteindre les objectifs qu’il s’était initialement fixés.

L’automobile est un sujet qui, très tôt, alimentait les conversations familiales chez les Mangold. Christian, le père de Manuel, vouait une certaine admiration pour les belles mécaniques, et ne se privait pas d’assister en spectateurs aux compétitions automobiles organisées près de chez lui. Natif de Colmar, c’est tout naturellement sur les pentes menant de Turckheim à 3 Epis, que Manuel Mangold découvrait pour la première fois des autos évoluant à des vitesses hors du commun. La passion poussait également le père de Manuel à s’investir dans un club de voitures anciennes, le Colmar Auto Rétro, au sein duquel il assurera la fonction de président durant de nombreuses années.

Dès son plus jeune âge, Manuel Mangold suivait son père qui ne manquait pour rien au monde les rallyes qui se déroulaient en Alsace, et bien évidemment la mythique Course de Côte de Turckheim. La passion transmise par son géniteur, incitait Manuel à se rapprocher de ceux qui font le sport auto : « Dès l’âge de 14 ans, j’ai mis à profit les vacances scolaires pour bricoler au sein de la Concession British Leyland que dirigeait un copain de mon père, Jean Burgy. A cette époque, il courait sur une Mini qui marquait les esprits de par sa conception, et il participait à des épreuves telles que Abreschviller, le Mont-Dore ou Turckheim », se souvient Manuel Mangold.

Au contact d’un tel pilote, l’envie de courir ne pouvait que s’amplifier. Mais pour assouvir sa passion, Manuel prenait conscience qu’il lui faudrait disposer de moyens conséquents : « Très tôt, j’ai compris que le sport automobile nécessitait des investissements importants. J’ai donc passé mes diplômes d’ingénieur, et dès que j’ai eu un peu d’argent, je me suis tourné vers le karting pour débuter. »

Entre 1986 et 2001 Manuel Mangold écumait les circuits de karting, participant au Championnat de la Ligue Ile de France, et accrochant à maintes reprises sa qualification pour le Championnat National : « Je courrais au volant d’un 125 cm3 à boîte à vitesses, et durant une quinzaine d’années, j’ai eu l’occasion de prendre part à de nombreuses courses. »

A l’attaque des circuits coréens.
En 2002, Renault, son employeur, propose à Manuel un poste en Asie. Il acceptait donc de partir à Séoul pour une durée de six ans, au sein de l’entité Renault Samsung Motors : « Avant mon départ j’ai vendu le karting et tout le matériel dont je disposais », confie Manuel qui avait alors prévu d’arrêter la compétition. Mais la passion reprenait rapidement le dessus, et le natif d’Alsace décidait de poursuivre sa carrière de pilote sous de nouvelles contrées : « Je me suis donc engagé sur le Championnat de Corée de Karting, que j’ai disputé deux années consécutives, et sur lequel j’ai terminé Vice-champion à deux reprises. Le niveau n’est pas le même qu’en France, mais le titre est sympa », confie-t-il en toute humilité.

La structure au sein de laquelle Manuel évoluait en karting disposait également d’une F3. Il n’en fallait pas plus pour franchir le pas : « J’ai donc couru le Championnat de F3 coréen, sur lequel je termine Vice-champion une année. Le titre s’est joué à rien, puisqu’avec mon principal adversaire nous terminons à égalité de points et que le titre lui échoit au nombre de victoires. » Par la suite, sous l’égide de Renault, Manuel participera au Championnat de Tourisme Coréen au volant de SM3, auto inscrite au catalogue de Renault Samsung Motors : « Ce sont des berlines de la taille d’une Mégane, assez légères et disposant de motorisation 1600. Les courses étaient âprement disputées, avec quelques quarante concurrents sur la grille de départ. »

Retour en France et premières courses de côte
En 2007, Manuel Mangold n’aura pas l’opportunité de terminer sa saison, il devait en effet rentrer en France en cours d’année. Dans son esprit, il allait retrouver les circuits de karting pour poursuivre sa carrière sportive : « Je me suis rendu sur une course à Angerville, et j’ai pris conscience qu’en l’espace de six ans, la discipline avait évolué, avec l’apparition notamment de grosses structures semi-professionnelles. Dans ces conditions, il n’était plus possible de concurrencer, et j’ai donc tiré un trait sur le karting. »

Mais son expérience du circuit acquise en Corée, poussait Manuel à se tourner vers l’automobile, et la Course de Côte : « J’ai donc fait l’acquisition d’un Proto Merlin évoluant en CN/1, avec lequel j’ai participé en 2009 à plusieurs manches du Championnat de France de la Montagne. Mon principal objectif était alors de réaliser un rêve, celui d’être au départ de Turckheim, la course qui m’avait fait découvrir le sport automobile. »

Manuel assouvissait son rêve, et poursuivra son implication sur le Championnat de France au volant de son Proto durant deux saisons, « avant que je ne sorte à Saint Gouëno et que j’endommage assez sérieusement l’auto. Comme je voulais impérativement être au départ de Turckheim, j’ai racheté une Formule Renault. »

Quatre années durant, Manuel Mangold animera le Championnat au volant de sa Tatuus, en signant de nombreux résultats probants : « Ces saisons m’ont permis de me familiariser avec le championnat, de bien apprendre les tracés. Mais mes résultats me laissaient dubitatifs, et le pilotage de la Formule Renault ne me correspondait pas vraiment. Je viens du Karting 125 cm3 à boîte, où tu dois être assez agressif, avec de gros freinages, d’importantes ré-accélérations. Avec la Tatuus, tu dois prendre pas mal de risque pour rester sur l’élan, dans un pilotage plus coulé. Ce n’est pas ce qui me correspond. »

Divers paramètres qui incitaient Manuel à délaisser la monoplace pour s’installer dans le cockpit d’un Proto : « J’ai porté mon choix sur une Norma 2 litres, que tu peux te permettre de plus ’’brutaliser’’, ce qui me va très bien. » En 2016, le Francilien prenait part à cinq manches du Championnat au volant de son Proto. On pouvait le voir à La Pommeraye, Saint Gouëno, Vuillafans, Mont-Dore et Turckheim. Il terminait sa saison sur la Course de Côte Régionale de Tancarville, où il était victime d’une sortie de route : « J’étais en tête à l’issue des essais, et sur la première montée de course je suis sorti assez fort. La voiture s’est retournée et je me suis retrouvé bloqué entre deux arbres. Par chance, les dégâts n’étaient pas importants. Mais vingt minutes après, un Proto Fun Boost est sorti exactement au même endroit, et le pilote est décédé durant son transfert à l’hôpital. »

La disparition de Benoît Maillard allait marquer profondément Manuel Mangold : « J’avoue que ça m’a énormément touché et j’ai pris alors deux résolutions : Celle de ne plus courir en régional, parce que j’estime que la sécurité n’est pas toujours au rendez-vous. Et celle de ne pas tenter le diable à partir du moment où la pluie faisait son apparition. »

Pas de régional, c’est donc sur le Championnat de France de la Montagne, sur lequel il s’engageait, que l’on retrouvait cette année Manuel Mangold. Une participation dont l’objectif prioritaire consistait à se faire plaisir : « J’ai une vie professionnelle assez intense, qui ne me permet pas de disposer d’énormément de temps à consacrer à la compétition », reconnait Manuel qui, chez Renault, officie comme ingénieurs dans le département design, où il crée des maquettes destinées à devenir des Concept Cars : « Entre la réalisation et les déplacements sur les salons pour présenter les modèles, mon emploi du temps est particulièrement chargé. De ce fait je suis rarement dans les meilleures dispositions pour aborder les week-ends de course. Je considère donc la Course de Côte un peu comme un exutoire, qui me permet de me libérer l’esprit. Après, je suis un compétiteur qui a pour objectif de terminer en milieu de peloton et non au fond du classement. »

C’est en Normandie, sur la Course de Côte de Thèreval – Agneaux que Manuel Mangold débutait sa saison : « C’était une première sur cette épreuve au volant de la Norma. J’ai eu un peu de mal avec le gabarit de l’auto sur le bas du parcours qui est assez étroit. Et puis je me suis rendu compte après la course, que lors du remontage de la voiture suite à l’accident de Tancarville, je n’avais pas réglé correctement la butée d’accélérateur, et que je ne disposais donc pas de toute la puissance du moteur. »

Le gabarit de la Norma, plus imposant que celui de la Formule Renault, donnait à nouveau quelques soucis à Manuel à La Pommeraye : « Je ne suis pas vraiment à l’aise avec la voiture entre les rails, et puis je ne suis jamais très bien sur les tracés courts. Je n’ai pas forcé l’allure, d’autant que je me souviens m’être trompé dans les choix des pneus, sur une route qui évoluait sans cesse. »

A Saint Gouëno, la météo capricieuse encourageait Manuel à la modération : « J’avais dit que sous la pluie je ne prendrais pas le moindre risque, ce fut le cas. En plus j’étais systématiquement ’’à l’envers’’ sur les choix de pneus. »

Finie la pluie, c’est sous des températures caniculaires que se déroulait la 56ème édition de Marchampt en Beaujolais : « Je me classe douzième de classe sur vingt-trois partants, ce qui me satisfait. Les sensations étaient bonnes, même si j’ai loupé la dernière montée où j’ai tiré tout droit dans la dernière épingle, sur la montée la plus rapide. »

C’est à nouveau une météo capricieuse qui attendait les animateurs du Championnat à Vuillafans. Mais Manuel sera plutôt épargné : « J’étais dans le bon wagon, j’ai eu du bol. En course, j’ai dû faire, si mes souvenirs sont bons, une montée quasi sur le sec. J’améliore mes temps de l’an dernier, et je termine au milieu du classement, pour moi le bilan est positif. »

Dans le massif du Sancy, où se déroule la Course de Côte du Mont-Dore, Manuel Mangold connaissait un week-end plus compliqué : « J’ai cassé mon alternateur et je ne suis pas arrivé à le remplacer. Je chargeais donc la batterie à fond, et je tombais en panne après l’arrivée de chaque montée. Mais cette panne affectait l’électronique qui était en mode sécurité, et ce n’était pas évident. J’ai également pris un drapeau jaune sur ma meilleure montée, donc je peux m’estimer content de terminer à nouveau au milieu du classement. »

Pour conclure la saison, Manuel retrouvait le tracé de ses premières amours, la Course de Côte de Turckheim : « Je dois prendre une demi-seconde au kilomètre, ce qui pour moi n’est pas si mal, d’autant que je n’avais plus de pneus depuis le Mont-Dore, et que je n’ai pas voulu en racheter uniquement pour Turckheim. Donc, dans ces conditions, je peux me satisfaire pleinement du résultat. »

Prêt pour une nouvelle saison en 2018
Le début de saison n’a pas apporté les satisfactions que Manuel Mangold pouvait espérer, mais sur la fin d’année, les améliorations enregistrées font qu’il tire un bilan largement positif : « Ce fut compliqué sur les premières courses, mais par la suite tout s’est à peu près bien passé. Une chose est sûre, j’adore ma bagnole, et c’est génial de se battre dans une catégorie où évolue une vingtaine de pilotes. Je termine la saison avec une auto entière, et je profite pleinement de l’intersaison pour peaufiner les réglages et changer le fond plat pour améliorer l’aérodynamique. »

C’est à partir d’Abreschviller que l’on devrait retrouver la Norma de Manuel Mangold sur le Championnat 2018 : « Par la suite, je devrais reconduire en grande partie le programme de cette saison. Je serai absent au Beaujolais car retenu sur une opération qui se déroule sur les 24 Heures du Mans, sinon je serai au départ de La Broque et de Saint Ursanne – Les Rangiers. »

Pour conclure, Manuel tient à remercier Maya, son épouse, et Maxime, son fils : « Ils me suivent sur les épreuves et ça me fait énormément plaisir. Et puis je profite de l’occasion pour faire un clin d’œil à tous mes amis du Nord, et notamment à la famille Debarre. J’apprécie énormément l’aide que nous nous apportons les uns les autres dans les paddocks », conclue Manuel.

Propos recueillis par Bruno Valette


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