Le Creusois enchaîne les podiums de classe

L’objectif initial de Laurent Lafosse était de se battre pour le podium dans le cadre du Challenge Open A/3, et ses résultats du début de saison laissaient présager qu’il était en mesure d’atteindre cet objectif. Mais à mi-saison, Elodie Lafosse était en passe de coiffer une couronne de Championne de France, et Laurent fera preuve d’abnégation en reportant ses efforts vers la quête du titre de sa fille.

Après avoir assisté en spectateur à plusieurs Courses de Côte à la fin des années 80, Laurent Lafosse s’est mis en tête de prendre à son tour le volant d’une voiture de course. Le pas entre la genèse et la concrétisation du projet sera rapidement franchi, puisqu’en 1990, il s’alignait, avec les moyens très limités dont peut disposer un pur amateur, sur sa première épreuve.

Une Renault 8 Gordini pour les débuts
C’est au volant d’une Renault 8 Gordini rachetée à son copain Jean-Louis Trayaud que Laurent Lafosse s’alignait sur plusieurs épreuves régionales. Ce nouveau loisir devenait rapidement une passion, et Laurent ne tardait pas à se présenter comme un animateur assidu du Groupe F, puis du groupe FC : « La Renault 8 a évolué au fil des ans, et j’ai dû prendre part avec elle à sept ou huit courses chaque année », se souvient Laurent qui enchaînait les victoires en classe 1600. Son palmarès s’enrichissait de quelques victoires de groupes, d’une troisième place au scratch, et de sa première participation à une manche du Championnat de France, le Mont-Dore.

En 2004, Laurent se séparait de sa vénérable Renault 8 pour faire l’acquisition d’une Simca CG Turbo : « Cette auto disposait d’un moteur 2 Litres Toyota, et avec elle j’ai pris part en 2005 à pas moins de vingt-trois courses. »  Un calendrier conséquent, sur lequel étaient inscrites notamment les épreuves de La Pommeraye (où Laurent termine troisième des 2 Litres) et Limonest. Côté résultats, sur vingt-trois courses, Laurent remportait le groupe F à dix-sept reprises.

Malheureusement, la saison 2006 sera marquée par une grosse sortie de route sur la Course de Côte d’Issoire. Malgré tout, il parvenait à reconstruire la voiture en un temps record et à s’aligner sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne où il terminait troisième du Groupe FC.

Mais profondément marqué par sa violente sortie de route, Laurent Lafosse ne parvenait plus à retrouver ses automatismes au volant de sa CG : « Je n’étais plus en confiance, je n’arrivais plus à rouler aussi vite. J’ai donc décidé de vendre l’auto et de faire une pause. »

Le coup de foudre pour le BRC
Une pause qui durera trois ans, avant qu’en 2010 Laurent n’ait un véritable coup de cœur pour une nouvelle voiture :  « Je me suis rendu en spectateur sur la Course de Côte de La Tardes qui se situe à côté de chez moi. Sur cette épreuve, Dominique Carifi évoluait au volant d’un Proto BRC, et quand j’ai vu passer cette voiture, je me suis dit : ’’Je veux la même !’’. Un mois après, j’achetais par téléphone mon Proto BRC qui se trouvait aux Iles Baléares », se souvient-il. « Une semaine plus tard, elle m’était livrée à Barcelone. J’ai profité de la pause hivernale pour faire quelques ajustements sur la voiture, afin d’être prêt pour la saison 2011. »  

Une saison durant laquelle Laurent participait à une douzaine d’épreuves, dont deux manches du Championnat de France, le Mont-Dore et Limonest. L’année suivante, il poursuivait sur des épreuves régionales, avec en point d’orgue une victoire en CM sur la Finale de la Coupe de France disputée à Cassel.

Pour 2013, Laurent allait mettre en place un calendrier composé d’épreuves régionales, et de quelques participations au Championnat de France, qui lui permettent d’accrocher une troisième place finale au challenge Open. En 2014, on le retrouvait à nouveau engagé en Open, avec un calendrier initial de six épreuves à son programme. Mais l’accumulation de problèmes mécaniques allait contraindre Laurent à ne prendre part qu’à quatre manches du championnat.

Evoluer en CM représente un budget que Laurent Lafosse ne voulait plus assumer, il préférait donc faire une pause dans sa carrière sportive pour étudier la possibilité de revenir au volant d’une auto moins onéreuse. Durant cette période de réflexion, on le retrouvera tout de même au départ d’une édition du Mont Dore, au volant d’une Clio Cup 3 qui lui était prêtée. L’expérience s’avérait plaisante, puisque la voiture correspondait aux attentes du pilote de Saint-Domet.

Du Proto CM à la Clio Cup…
De ce fait, à l’occasion des fêtes de Noël 2018, Laurent se faisait un beau cadeau en déposant au pied du sapin une Clio Cup : « J’ai porté mon choix sur une Clio venue du circuit car c’est une voiture abordable et réputée fiable. » La réglementation stipulant que l’auto doit rester dans sa version circuit, Laurent se contentait durant l’intersaison d’ajuster quelques réglages : « J’ai travaillé sur le châssis, monté quatre pneus et j’étais prêt pour rouler. »

Engagé au sein d’un Challenge Open A/3 très relevé qui accueillait des pilotes expérimentés et de jeunes talents ayant soif de succès, Laurent Lafosse savait que la concurrence serait rude : « Mais j’avais bon espoir de viser un podium final, je savais que ma Clio me permettait de prétendre à cette position. »

C’est par la campagne de l’Ouest que Laurent Lafosse débutait sa saison. La Course de Côte de Thèreval – Agneaux était le premier rendez-vous de son calendrier 2019. Une épreuve sur laquelle il se classait troisième de sa classe derrière la Nissan Almera de Michel Bineau et la Clio de Philippe Ledouit : « J’étais là en phase d’apprentissage de ma voiture, et je reconnais que ce fut un peu compliqué. Je découvrais son comportement, son maniement, et je manquais cruellement de roulage puisque je n’avais pas roulé depuis le Mont-Dore 2018. Malgré tout je suis totalement satisfait de mon premier week-end, de mon résultat final et du ressenti avec la voiture sur laquelle j’avais trouvé de bon réglages. » Des réglages optimisés puisque pour le reste de la saison, Laurent n’apportera aucun changement à sa Renault…

Présent à La Pommeraye, c’est cette fois au pied du podium de sa classe que l’on retrouvait Laurent Lafosse, dimanche soir, à l’heure de faire le bilan d’un week-end angevin très compliqué. La Course de Côte de La Pommeraye sera en effet le théâtre d’une sortie de route d’Elodie, la fille de Laurent, qui devait renoncer après être partie en tonneau : « Bien évidemment, sur le moment j’ai été très perturbé, mais on m’a rapidement informé qu’elle était indemne, et j’ai pu le constater moi-même en la retrouvant, ce qui est très rassurant », se remémore-t-il. « Ensuite, j’ai pu me replonger dans ma course, mais il est clair que je n’étais pas totalement serein. J’ai pu rouler, c’est moindre mal. »

Le podium de la classe A/3 allait accueillir Laurent Lafosse à Saint Gouëno, où sur l’épreuve bretonne il terminait à la deuxième place derrière une autre Clio, celle de Elie Théophile : « Les sensations avec la voiture étaient de mieux en mieux, et de ce fait je suis parvenu à augmenter un peu plus la cadence. Je suis donc pleinement satisfait de mon week-end. »

Les épreuves se succédaient, les podiums également… A Marchampt Laurent accrochait la troisième place derrière Stéphane Martinet et Jean-Pierre Pope, et il coiffait au poteau Jimmy Ermann que l’on retrouvait à un dixième : « Le fait d’enchainer les épreuves me permet de progresser et d’améliorer mes résultats. Là encore je suis content de mes chronos et de ma position, sachant que Stéphane (Martinet) était intouchable. Et puis j’adore ce tracé rapide et technique. »

Stéphane Martinet, Elie Théophile et Laurent Lafosse, c’est dans cet ordre que se concluait l’édition 2019 de la Course de Côte de Dunières en ce qui concerne la classe A/3 : « Le revêtement est réellement au top à présent. Les sensations sont excellentes, une nouvelle fois j’ai connu un week-end sans problème. »

Entre deux manches du Championnat, Laurent Lafosse prenait part à la Course de Côte de La Tardes, épreuve disputée pour lui à domicile, et sur laquelle il remportait sa classe : « Là je suis à la maison, je roule vraiment pour le plaisir. Je connais par cœur et je suis un habitué des victoires de classe. C’est toujours plaisant, mais le résultat n’a rien d’exceptionnel », confie-t-il en toute modestie.

Au Mont-Dore, il faudra aller chercher au fin fond du classement pour retrouver Laurent Lafosse qui, piégé par la pluie, ne parviendra pas à tirer son épingle du jeu : « Pour moi, il y a eu deux courses, samedi et dimanche. Samedi, je termine les essais en tête de ma classe. Et de ce fait, dimanche je suis parti dernier, au moment où ça a commencé à pleuvoir. Je perds énormément de temps, c’est comme ça, c’est la course, je n’aurais pas dû rouler fort samedi », plaisante-t-il.

Pour Laurent Lafosse, ce Mont-Dore sera sa dernière épreuve de l’année 2019. Le Creusois décidait en effet de mettre un terme à sa saison, pour se consacrer pleinement à sa fille Elodie qui, à ce moment-là, était en lice pour coiffer une couronne de Championne de France Production : « Il est évident que ça devenait pour nous une priorité. Elodie avait la possibilité de remporter le titre, je voulais qu’elle mette toutes les chances de son côté. Et comme il est parfois difficile de gérer deux voitures sur une épreuve, j’ai préféré me concentrer sur la sienne », confie ce papa attentionné.

L’abnégation dont fera preuve Laurent portera ses fruits en fin de saison, puisqu’Elodie remportait le titre : « Ne serait-ce que parce qu’Elodie est Championne de France, la saison est pour moi totalement positive. A titre personnel, je suis satisfait de mon année au volant de cette Clio. L’apprentissage est réussi, je n’ai pas commis d’erreur et n’ai pas connu de panne, je ne peux être que très content. »

Le duo père – fille sera présent en 2020 sur le Championnat de France de la Montagne, Elodie remet en effet son titre en jeu et Laurent viendra à nouveau défendre ses chances au sein de la classe A/3 : « Je repars avec la même auto qui doit subir une petite révision durant la pause hivernale. Nous allons essayer d’être au départ de Bagnols-Sabran et du Col Saint-Pierre, histoire de débuter la saison avec les autres, et de ne pas faire notre entrée en lice alors que nos adversaires sont déjà dans le rythme en ayant disputé deux ou trois épreuves. »

Il y a de fortes chances que pour sa prochaine campagne de France, Laurent retrouve ceux qui l’ont accompagné et qu’il tient à remercier : « Un grand merci aux amis, à l’entourage familial, à ceux avec qui nous avons partagé nos week-ends, Florian Bartaire et Raphaël Buxeraud, grâce à qui nous avons pu évoluer dans une excellente ambiance. »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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