
En cette année 2025, Stéphane Maréchal découvrait le Championnat de France de la Montagne au volant d’une Tatuus Formule Renault. Le Suisse, qui avoue avoir vécu une magnifique saison, termine à la troisième place du Challenge Open DE/7.
Amoureux de belles voitures et de compétition automobiles, Florian Maréchal, le père de Stéphane, ne manquait pas de suivre les différentes épreuves qui bénéficiaient d’une couverture télévisuelle. Formule 1, Dakar, Stéphane suivait en compagnie de son père et de son frère Christophe les prestations des pilotes sur la piste et dans le désert. A Bière, à quelques kilomètres de la résidence de la famille Maréchal, était organisée chaque année une course de côte que père et fils ne rataient sous aucun prétexte : « L’occasion de voir des voitures de courses dans la réalité tout en faisant un pique-nique sur les hauteurs de la route », se souvient Stéphane. « Avec mon frère nous motivions notre père pour qu’il participe à cette épreuve, en nous disant que si lui ne voulait pas, nous ne manquerions pas pour notre part de réaliser ce rêve. »
En attendant de pouvoir s’installer derrière le volant, Stéphane Maréchal se passionnait pour le football et jouera en tant qu’attaquant durant une quinzaine d’années, avant qu’une blessure au genou ne l’empêche de poursuivre alors qu’il venait de passer les sélections départementales pour évoluer à plus haut niveau : « Je me suis alors tourné vers une autre sorte de compétition, sur des jeux vidéo, avant de retrouver les terrains de foot puis de football américain. »
En 2016 Christophe Maréchal faisait l’acquisition d’une Renault Mégane R26R avec laquelle il s’engageait sur quelques slaloms avant que, à l’occasion du dernier slalom de l’année, Stéphane ne le rejoigne pour se tester au volant de sa Citroën Saxo VTS. Une expérience concluante pour le jeune Suisse qui la saison suivante se portait acquéreur d’une Clio 3 RS. Dans le même temps, avec son frère, ils achetaient une Clio 2 pour leur père : « Cela nous a permis pendant plusieurs saisons de courir ensemble, tous les trois, et c’était plutôt très sympa. » La Clio 3 RS sera par la suite remplacée par une Clio 4 RS Trophy qui animera bon nombre de slaloms : « La réglementation Suisse nous permet d’évoluer dans une catégorie qui s’apparente chez vous à du ''loisir'' et dans laquelle on retrouve toutes sortes de voitures, du moment qu’elles sont homologuées pour la route », explique Stéphane.
A la fin de l’année 2022, Stéphane Maréchal faisait l’acquisition d’une Formule Renault avec l’intention de la faire évoluer en slaloms lors de la saison 2023 : « Depuis toujours je rêvais de rouler en monoplace et je me suis retrouvé à une période où tous les paramètres étaient en place pour que je puisse concrétiser ce rêve. Je me suis lancé. » Durant cette saison, Stéphane alignera sa Formule Renault sur cinq slaloms, mais également sur sa toute première course de côte. Pour sa saison 2024, le Suisse apportait quelques modifications à sa monoplace pour la rendre plus performante. « Je suis alors reparti pour une campagne en Suisse, et je suis venu faire un petit tour en France à l’occasion de la Course de Côte de Chamrousse. » Cette première apparition permettra à Stéphane de s’imposer dans la classe DE/4 : « Nous n’étions pas nombreux », rappelle-t-il humblement. En fin de saison on le retrouvait à Limonest où une sortie de route l’obligeait à renoncer avant le terme du week-end.
Découverte du Championnat de France
Cette découverte du Championnat de France de la Montagne laissera un excellent souvenir à Stéphane : « J’ai découvert une discipline où prime l’aspect humain, l’entraide, un aspect qui n’est pas aussi développé en Suisse et c’est ce qui me motivera à revenir en 2025 pour partager la convivialité de la course avec des gens totalement passionnés. » C’est en compagnie d’un autre pilote Suisse, Ruben Paiva, son binôme qui évolue également au volant d’une Formule Renault, que Stéphane abordait cette saison dans l’hexagone en affichant des prétentions mesurées : « Ruben et moi savions avant que ne débute la saison que Marvin (Garampon-Brunet) n’évoluerait pas dans la classe DE/7. Nous perdions un sacré challenger, mais pour autant on était conscient que parmi les huit pilotes qui animaient la classe on allait retrouver des adversaires de taille. Dans mon esprit, en découvrant l’ensemble des tracés à l’exception de celui de Limonest, terminer sur le podium de la classe serait synonyme de réussite. Mais comme le seul adversaire que je connaissais c’était Ruben, je ne me faisais pas réellement d’illusion. »

A l’heure d’aborder la Course de Côte de Bagnols-Sabran, manche inaugurale de la saison, Stéphane Maréchal n’était pas totalement serein : « Nous étions une dizaine de Formule Renault au départ, et je me suis dit que si je terminais huit ou neuvième, cela remettait en cause mon choix de m’être engagé sur le championnat. » Le Suisse sera rapidement rassuré puisqu’il accrochait la troisième place de sa classe derrière les deux pilotes qui tout au long de la saison se livreront un duel, Romain Pezot et Flavien Rognon : « Pour quelqu’un comme moi qui vient du slalom, le tracé de Bagnols-Sabran n’est pas le plus difficile Ce type de parcours sinueux et technique me convient bien », confie Stéphane. « Après je reconnais que c’est vraiment étroit, mais je me suis senti rapidement à l’aise, notamment avec des pneus Pirelli d’occasion que j’utilisais pour la première fois. Ce fut pour moi une bonne prise en main et j’étais content de me retrouver au troisième rang, ce qui me met en confiance »
C’est en Moselle, sur la Course de Côte d’Abreschviller que Stéphane Maréchal poursuivait sa saison. Sur le court tracé lorrain les écarts sont toujours dérisoires, et le Suisse allait décrocher une nouvelle troisième place à sept dixièmes de Flavien Rognon et à deux dixièmes de son compatriote et ami Ruben Paiva : « On sait que l’on a pas le droit à l’erreur sur ce tracé, et j’en ai commis. J’ai notamment loupé un freinage sur une montée et j’ai fait deux ou trois autres petites erreurs. Je ne disposais pas d’une boîte de vitesses réellement bien étagée pour cette course. J’étais malgré tout leader à l’issue des essais, et je regrette un peu de ne pas avoir pu pleinement m’exprimer parce qu’à mon sens il y avait un coup à faire. »
C’est à nouveau sur le podium de la classe DE/7 que l’on retrouvait Stéphane Maréchal à l’arrivée de la Course de Côte de La Pommeraye alors qu’il découvrait le parcours angevin : « Je pense avoir connu là mon week-end préféré, même si je loupe ma première manche de course à cause de pneus que je n’avais jamais utilisés et qui s’avéreront absolument pas performants », se souvient-il. « Mais je me suis senti bien sur ce tracé et dimanche, considérant que j’avais tout à gagner, j’ai tout donné, surtout sur la dernière ascension où même si je me fais la plus grosse frayeur de ma vie, je signe un chrono en dessous de la minute, le seul du week-end pour moi. C’est enthousiasmant parce que d’après ce que l’on m’a dit, il y a peu de pilotes de Formule Renault qui sont descendus sous la minute. Vraiment j’ai roulé en maxi prise de risque et en maxi confiance… C’était génial. »
C’est un abonnement au podium de la classe DE/7 que souscrivait Stéphane Maréchal sur sa première partie de saison. A Saint Gouëno il sera une nouvelle fois troisième d’un week-end breton qui avait très mal débuté : « J’ai un support du porte moyeu qui a cassé juste à l’approche du ''Fer à Cheval'', m’a jante s’est découpée et je suis parti dans le rail sans pouvoir rien faire. » Les dégâts étaient limités et Stéphane passait sa soirée à réparer, « grâce à Antonin (Saintmard) qui m’a gentiment passé la pièce pour la remplacer. J’ai terminé la réparation à minuit et demi, je me suis levé à six heures avec l’envie d’en découdre parce que je n’avais jusque-là pas de chrono. Je me mets en confiance sur la première montée du dimanche et ensuite j’ai augmenté le rythme alors que je me suis élancé en slick sous la pluie qui faisait son apparition… Je me retrouve alors bon dernier de la classe et je pensais qu’il ne me serait pas possible de faire mieux compte tenu des prévisions météorologiques. Mais en consultant avec Baptiste Thomasset les sites météos, on s’est rendu compte qu’il y avait peut-être une fenêtre exploitable. Je suis reparti en essayant de me mettre en confiance et finalement j’accroche la troisième place. Là encore il y avait certainement mieux à faire, mais compte tenu du début de week-end je ne peux que me satisfaire du résultat. »
La sortie de route contre les rails à Saint Gouëno sera à l’origine d’une certaine remise en question de la part de Stéphane : « J’étais seul en Bretagne avec ma copine, mes parents suivaient le live retransmis sur les supports du championnat et ils me voient sortir au ''Fer à Cheval''. Ça pouvait légitimement les inquiéter. En ce qui me concerne je gardais à l’esprit que ça reste du sport et que j’ai eu ma part de chance parce que l’incident survient à un endroit où les risques sont mesurés, et que ça aurait pu être nettement plus grave sur une autre portion. C’est en ayant en tête cette prise de risque et tout ce que cela implique pour mes proches et moi-même que je suis arrivé à Marchampt. Autant dire pas dans les meilleures dispositions. »
Dans les vignobles du Beaujolais, Stéphane Maréchal aura du mal à se mettre en valeur, d’autant plus qu’il débutait le week-end avec un souci mécanique : « Dès la première montée, dans le dernier droite, je me suis retrouvé avec le moteur bloqué à 6000 tours avec en plus un souci de frein. Je n’étais déjà pas réellement en confiance, ça a fini de m’achever. » Réparation effectuée, le Suisse tentait de retrouver l’envie d’en découdre mais voit à ce moment-là son ami Ruben être victime d’une casse : « La confiance n’y était plus du tout. Je considère que c’est le week-end loupé de ma saison », analyse Stéphane qui termine cinquième de sa classe.
Vuillafans est l’épreuve la plus proche de sa Suisse natale, et Stéphane Maréchal allait retrouver sur le tracé Franc-Comtois l’envie d’en découdre. Une nouvelle motivation qui se traduira par une nouvelle troisième place derrière Flavien Rognon et Thomas Clausi qui pour l’occasion alignait une Formule Renault : « J’avais entendu dire que le tracé était rapide et que c’était une course pour ''gros cœurs'' et je suis arrivé avec une petite appréhension. J’avais pu m’entrainer devant un écran puisque cette épreuve figure sur un jeu vidéo, et j’ai bien aimé », reconnait Stéphane. « Le seul souci c’est que j’ai dû revoir les réglages de la voiture durant le week-end parce que sur la première montée la voiture avait tendance à ''chasser''. Par la suite je m’en suis pas trop mal sorti, même si depuis Saint Gouëno je conservais une petite appréhension et qu’une panne totale de dashbord durant l’essentiel du week-end ne m’a pas facilité les choses. »

La Course de Côte de Dunières sera la théâtre de la plus grosse déception de la saison pour Stéphane Maréchal qui ne rejoindra pas l’arrivée de l’épreuve auvergnate : « La frustration est d’autant plus grande que c’est le tracé que j’avais le plus travaillé », confie le pilote Suisse. « J’avais pu bénéficier des conseils de Baptiste Tognet-Bruchet qui m’avait fait visionner ses caméras embarquées, nous avions beaucoup échangé, j’ai beaucoup analysé, j’avais fait de très bonnes recos avec Sarah (Bernard-Louvet), c’était vraiment ce que je considérais comme la course de ma saison, celle sur laquelle à mon sens je pouvais être devant… Mais dès la deuxième manche d’essais, en rejoignant le départ je sens que je n’ai plus de motricité. En investiguant on se rend compte que la panne provient du couple conique de la boîte de vitesses qui était cassé. J’ai tout démonté, Stéphane Krafft est venu me conseiller avant de m’expliquer que ce n’était pas réparable. Je suis alors contraint d’abandonner sur le rendez-vous que je considérais comme le plus favorable pour moi. »
A l’heure d’aborder la Course de Côte de Turckheim, Stéphane Maréchal se présentait au départ de l’épreuve alsacienne dans un esprit moins compétiteur, plus en gestionnaire de sa position au championnat. L’objectif alors était de conserver sa troisième place au Challenge Open DE/7 : « Pour la découverte de la plus longue épreuve du championnat je considère que les chronos que je réalise lors des essais ne sont pas ridicules. Mais à l’heure de me présenter au départ de la première manche course, en quittant les paddocks, j’ai du mal à démarrer la voiture. J’étais victime d’une casse d’alternateur et je ne pourrai pas m’élancer sur cette première montée. Une nouvelle fois ''l’ange gardien'' Antonin (Saintmard) me donnera la pièce qui me permettra, avec l’aide du papa de Ruben (Paiva) de réparer. Mais je savais que dimanche j’allais devoir assurer deux montées pour faire un cumul. »
Mais dimanche matin, sur la première montée dominicale, a l’approche de l’arrivée, Stéphane sera stoppé par un drapeau rouge suite à une sortie de route : « A ce moment-là, je sais que c’est Ruben qui s’est élancé devant moi qui est sorti, et même s’il sort indemne de cet accident, ça met un coup au moral. C’est jamais cool de voir un de tes adversaires partir à la faute, d’autant plus quand c’est un ami. » Contraint de se reconcentrer Stéphane repartait à la lutte pour dans la dernière montée assurer un bon chrono et terminer deuxième derrière Romain Pezot et cinq dixièmes devant Nicolas Weisbecker.
La saison de Stéphane Maréchal s’achevait sur la manche de clôture du championnat, la Course de Côte de Limonest, seule épreuve que le Suisse avait déjà eu l’occasion d’affronter, mais dont l’unique participation s’était soldée par un abandon consécutif à une sortie de route : « Chamrousse ayant été annulée, Limonest m’offrait la seule opportunité de retrouver un tracé que je connaissais. J’avais donc beaucoup d’attente. La météo était très capricieuse et suite à la sortie de Romain (Pezot) je me retrouve en tête de la classe avec une avance confortable. Le manque d’adhérence sur la seconde montée de course m’a incité à faire preuve d’énormément de prudence, mais Kevin (Dauga) en a profité pour me repasser devant. Cela m’obligeait à attaquer pour aller chercher la victoire, et sur la dernière montée je me fais surprendre et je sors. Je ne fais pas de dégâts mais je n’ai pas de chrono sur cette manche, et Kevin s’assurait donc de la victoire. Je termine la saison comme la précédente, sur une sortie à Limonest, il ne faut pas que ça devienne une habitude », plaisante Stéphane.
« Incontestablement ma plus belle saison »
La saison de découverte du Championnat de France de la Montagne laissera d’excellents souvenirs à Stéphane Maréchal qui atteint ses objectifs en accrochant la troisième place du Challenge Open Formule Renault : « C’est incontestablement ma plus belle saison depuis que je fais du sport automobile », confie le Suisse. « C’était génial de rivaliser dans une classe dans laquelle il n’y a que des Formule Renault, même si les plus récentes sont certainement plus performantes que la mienne. Mais cela change de la Suisse où on se retrouve dans une catégorie en confrontation avec l’ensemble des monoplaces. Il est clair que durant cette saison j’ai enchainé des courses en Suisse et en France, et au bout d’un moment j’ai dû faire face à la fatigue. Rajouté à cela les soucis mécaniques, ça devient vite épuisant », reconnait Stéphane. « Humainement ce fut une année exceptionnelle, faite de belles rencontres, de moments de partage, de convivialité et d’entraide sur des épreuves magnifiques où l’on bénéficie d’un accueil exceptionnel. Juste génial ! »

Pour parvenir à prendre part au Championnat de France de la Montagne, Stéphane Maréchal a pu compter sur de nombreux soutiens que le pilote suisse tient à remercier : « Un immense merci à l’organisation du CFM, aux différentes ASA et structures organisatrices, aux bénévoles et bien évidemment aux copains du DE/7. Un immense merci également à mes parents, Florian et Olivia, mon frère Christophe, mon pote Daniel, mon binôme Ruben (Paiva) et sa famille. Je n’oublie évidemment pas de remercier mes partenaires, le Garage du Col, la Carrosserie Castellicar, Rabtar Composite, Carrelages Julien Bertola, MikaSolar, MXM Peinture, The Sixteen Barbershop et GT2i Suisse. Une mention spéciale pour Dorine, ma compagne, qui m’a soutenu et aidé pour l’assistance sur l’intégralité du CFM, à mon ami et pilote suisse Lionel Ryter, qui a réalisé un travail incroyable en set-up, mécanique et conseils durant l’hiver 2024-2025 et tout au long de la saison. Bien évidemment un immense merci à Antonin Saintmard, qui m’a sauvé plus d’une fois et m’a permis de marquer de précieux points au championnat et de terminer troisième. »
C’est donc avec des souvenirs plein la tête que Stéphane Maréchal tourne la page de cette saison de découverte du Championnat de France de la Montagne : « J’ai vécu une saison géniale mais qui m’a contraint à d’énormes investissements, tant humains que financiers, et je ne peux pas faire ça chaque année », estime Stéphane. « Je ne serai donc pas au départ du championnat en 2026, mais j’ai l’intention de revenir un jour, certainement en Formule Renault, pour concrétiser les résultats de cette saison de découverte. Et si je reviens ça sera au sein d’un team et non plus seul avec ma voiture. L’année 2026 sera donc consacrée à une saison en catégorie loisir, en Suisse, et je vais essayer de faire un peu de monoplace pour ne pas perdre la main », conclut le sympathique Stéphane Maréchal que l’on espère retrouver très rapidement sur notre championnat.
©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com
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