Vainqueur du Challenge Open DE/1

Initialement, c’est sur les épreuves du Championnat de France de la Montagne que Martial Conte comptait se battre lors de la saison 2021. Mais le destin en décidait autrement, et c’est finalement contre la maladie que le Franc-Comtois devait mener un difficile combat. Une épreuve dont Martial sortait vainqueur et qui lui permettait d’aborder la saison 2022 comme une véritable renaissance, en savourant pleinement la chance de pouvoir à nouveau s’exprimer derrière le volant de sa Dallara F394.

Ce n’est qu’en 2017 que Martial a pris part à ses toutes premières courses de côte au volant de sa Dallara F394. Pour autant, le Doubien ne découvrait pas la discipline, on peut même dire qu’il disposait d’une sacrée expérience dans le domaine. Durant 25 ans, Martial Conte fut en effet un animateur assidu de la catégorie 600 cm3 et 1300 cm3, mais pas dans l’habitacle d’une auto de course, mais derrière le guidon d’une moto de compétition. Une carrière sportive qui le verra s’attaquer à plusieurs reprises aux célèbres 24 Heures du Mans Moto et au légendaire Bol d’Or.

En 2005, à l’approche de la cinquantaine, Martial remisait les motos de course au garage et devenait spectateur. Mais le goût de la compétition allait l’inciter à revenir affronter les tracés des courses de côte, cette fois sur quatre roues, mais toujours avec une monture propulsée par un moteur de moto. C’est en 2018 qu’il disputait à Gaschney sa toute première course sur quatre roues. Une première participation, et une première victoire dans la classe DE/1. Par la suite, sur la Course de Côte des Monts du Jura, il accrochait la septième place au scratch et remportait à nouveau sa classe.

Le programme de Martial Conte s’étoffait pour la saison 2019 avec des apparitions à Chamrousse et à Turckheim et une participation à Saint Ursanne – Les Rangiers. Et en 2020, il sera un des animateurs de la courte saison du Championnat de France de la Montagne, perturbée cette année-là par la Covid. Une saison qui se concluait par une sortie de route à Turckheim, mais durant laquelle Martial avait pu apprécier l’ambiance du championnat, ce qui l’incitait à se relancer en 2021.

Malheureusement, à quelques jours du coup d’envoi de la saison, une excroissance sur le cou l’incitait à consulter un médecin. Le verdict tombait, tumeur cancéreuse qui nécessitait un lourd traitement et qui hypothéquait son engagement sur le championnat… Martial est un battant. La gravité du diagnostic l’obligeait à se lancer dans un nouveau combat : « Malgré l’anxiété, la lourdeur du traitement, je gardais en point de mire mon retour derrière le volant, aucun doute n’était permis dans mon esprit, j’allais revenir. » Et au mois de septembre 2021, les résultats des examens permettaient à Martial de pousser un ouf de soulagement, il était en rémission totale de son cancer. « Pour autant je savais que je ne pourrais pas reprendre la compétition immédiatement. Il me fallait l’autorisation des médecins et je ne l’aie reçue qu’au mois de juillet 2022. »

Le plaisir décuplé !
Après de longs mois difficiles, et une prise de conscience due aux bouleversements que peut engendrer une telle épreuve, Martial abordait la vie en ayant la faculté de savourer pleinement les choses : « Ce fut une renaissance, je voyais mon retour à la compétition comme une revanche sur la maladie. Les petits tracas n’ont plus aucune importance, et les sensations comme le goût, l’odeur sont décuplés, les plaisirs simples offrent un réel bonheur. J’avais vraiment envie de mordre la vie à pleine dents. » Ce bonheur Martial allait le partager avec Nadine, sa nouvelle compagne rencontrée début 2022.

Avant le début de saison, Martial Conte se rendait sur le circuit de Pouilly-en-Auxois pour une séance d’essais en vue de retrouver ses sensations derrière le volant : « Ce fut une joie totale ! Simplement le fait de m’installer à nouveau derrière le volant m’a procuré un plaisir intense. » Martial retrouvait pour l’occasion une Dallara F394 reconstruite : « Ma sortie de route à Turckheim fin 2021 avait laissé de lourds stigmates et il a fallu réparer. Nous avons donc reconfiguré l’avant de la voiture et je disposais dès lors d’une monoplace à nouveau compétitive. »

Martial Conte avait programmé deux journées d’essais sur le circuit de Pouilly, et si la première se déroulait sur le sec, durant la seconde la pluie viendra perturber sa séance : « J’ai roulé pendant quasiment deux heures sous la pluie, et ce fut une fabuleuse expérience. J’ai adoré ça, et les sensations sont rapidement revenues. Toutefois, j’étais bien évidemment incapable de dire où je me situais par rapport à la concurrence lorsque j’allais faire mon entrée sur le championnat. »

La classe DE/1, dans laquelle évolue Martial Conte avec sa Dallara F394, est loin d’être la plus fournie du championnat. Difficile donc de se fixer des objectifs face à une moindre concurrence : « J’espérais toutefois rivaliser durant la saison avec ceux qui comme moi roulent en DE/1. Après, je sais qu’un garçon comme Sébastien Godot, qui a un talent fou et une auto plus performante que la mienne, est intouchable, mais je ne désespérais pas de me battre avec d’autres adversaires dans la classe. »

Des sensations et des performances
C’est donc au début de l’été que le corps médical donnait à Martial Conte son feu vert pour reprendre la compétition. Le pilote Doubien pouvait donc aligner sa Dallara F394 à Vuillafans, épreuve qui se déroule pour lui à la maison et sur laquelle il s’imposait en tête de sa classe : « Mais j’étais malgré tout un peu déçu. J’avais signé un excellent chrono en 2018, et je n’ai pas été en mesure de rééditer. Alors certes je manquais de roulage, mais j’avoue que j’espérais mieux », reconnait Martial.

Pour une reprise, Martial Conte se devait de faire preuve de patience, et de ne pas vouloir d’entrée de jeu signer des performances de tout premier plan. C’est d’ailleurs le discours que lui tenait son entourage, lui expliquant qu’il serait ridicule de compromettre la suite de sa saison en commettant une faute. Mais malgré les avertissements, Martial allait connaitre une alerte à Dunières où, sur la quatrième montée de course, il partait en tête-à-queue : « J’ai imité Jean-Marc Gandolfo, au même endroit », se souvient-il. « Après le premier droit qui se passe à fond, j’ai voulu faire de même dans le suivant, mais ça n’est pas passé. J’ai endommagé l’aileron mais le pour le reste, mon week-end c’est parfaitement déroulé », poursuit Martial qui sur l’épreuve auvergnate se retrouvait confronté à Daniel Coquet qui sortait vainqueur du duel. « Mais ce que je retiendrai surtout c’est que j’ai fait durant ce week-end la connaissance de la famille Bonnevie, Mickael et son papa, qui m’ont soutenu et qui ont été adorables durant tout le reste de la saison. »

« Quel énorme coup de cœur ! » lâche Martial Conte à l’évocation de Marchampt qu’il découvrait cette saison, comme il avait découvert précédemment Dunières : « J’ai adoré cette course de Marchampt, le tracé, le village, les paddocks, l’accueil, tout était génial. Il est clair que je reviendrai sur cette épreuve », confie le pilote de la Dallara F394 qui terminait le week-end dans le Beaujolais en tête de la classe DE/1. Sur le Mont-Dore, Martial allait retrouver Daniel Coquet et ne parviendra pas à devancer son adversaire : « Le résultat importe peu finalement tant j’ai fait une énorme progression en termes de chronos. J’étais nettement ’’plus vite’’ que lors de ma dernière participation. J’avais Daniel Coquet qui me servait de lièvre et je me suis battu comme un beau diable pour rivaliser. Ce fut une énorme satisfaction. »

Une autre belle satisfaction attendait Martial Conte du côté de la Suisse, où il se rendait au mois d’août pour disputer la Course de Côte de Saint Ursanne – Les Rangiers : « Je me suis imposé dans ma classe en signant un nouveau record dans la catégorie. C’est certainement le moment le plus fort de ma saison, et j’ai pris un plaisir énorme sur cette épreuve. »

A Turckheim, Martial Conte retrouvait une épreuve sur laquelle lors de sa dernière participation il avait dû abandonner suite à une sortie de route. Mais le Franc-Comtois s’avouait ravi d’affronter une nouvelle fois le tracé alsacien qui pourtant allait lui causer quelques tracas : « Dès la première montée d’essais, j’étais un des seuls à partir en pneus pluie. Je pensais que c’était le bon choix, mais apparemment non parce que je me fais un magistral tête-à-queue. Je touche le rail et j’endommage l’aileron. Apparemment les dégâts n’étaient pas importants et j’étais prêt à repartir. Mais Jérémy Noirat, qui était installé à côté de moi, a reçu une photo ma touchette. Il me montre le cliché sur son téléphone, et j’ai un pote qui me dit qu’il n’arrive pas à croire qu’en ayant tapé le rail de cette manière je n’ai pas fait plus de dommages. En y regardant de plus près, on se rend compte qu’une biellette était tordue. » La solidarité entre Montagnards allait une nouvelle fois jouer… « C’est Gilles Saintmard et son fils Antonin qui m’ont fourni une biellette grâce à laquelle j’ai pu repartir. La providence a voulu qu’ils soient là car ils étaient les seuls à disposer de cette pièce. Un immense merci à eux. »

Pour Martial Conte, Limonest allait être une redécouverte. Le Doubien a eu l’occasion de s’imposer sur ce tracé en moto, en terminant deuxième au scratch et en remportant sa catégorie. Mais pour son approche sur quatre roues, il ne disposait pas d’une boîte de vitesses adaptée au parcours : « Je tirais trop long, et dans ces conditions je ne pouvais pas me battre. Il n’est pas dit qu’avec des pignons adaptés j’aurais devancé Daniel (Coquet), mais je regrette de ne pas avoir pu défendre pleinement mes chances. »

La plus belle des victoires !
Au final de cette saison 2022, Martial Conte remporte le Challenge Open DE/1. Mais plus important que ce résultat, c’est ce qu’il a pu vivre cette saison qui l’enchante par-dessus tout : « J’ai vécu une saison formidable, au volant d’une auto qui n’a pas connu la moindre défaillance, qui fut exempte de problème, et c’est vraiment appréciable. J’avoue que l’ancien motard que je suis craignait que l’intégration dans le milieu du sport automobile soit difficile. Je redoutais d’être confronté à des gens hautains, imbus d’eux-mêmes parce que disposant de moyens financiers conséquents. Et ce n’est pas du tout le cas. Il règne en course de côte une ambiance formidable, une incroyable entraide, les gens ne sont jamais avares de conseils, font preuve d’une fabuleuse bienveillance. »

Pour Martial, qui en 2021 a dû travers l’épreuve la plus difficile de sa vie, 2022 fut réellement une renaissance : « On n’imagine pas à quel point on peut savourer des choses qui paraissaient auparavant insignifiantes et qui aujourd’hui ont un sens. J’ai abordé toute les épreuves avec un énorme sourire, une vraie joie intérieure et le plaisir de partager tout ça avec ma compagne. Quel fabuleux souvenir ! »

Cette saison exceptionnelle, Martial Conte a eu la chance de la partager avec ceux qui furent des soutiens inconditionnels, et qu’aujourd’hui il tient à remercier : « Un immense merci à toute l’équipe de Mickael Bonnevie pour leur soutien et leur aide, à Gilles et Antonin Saintmard grâce à qui j’ai pu rejoindre l’arrivée de Turckheim, à la famille Noirat, à mon préparateur Simon Perillat, à Jacques Chevallier qui assure les réglages de ma Dallara, et à mes amis qui été présents sur les épreuves, ’’Pierrot’’ et ’’Riquet’’, et bien évidemment à ma compagne Nadine, qui a toujours fait preuve d’un optimisme sans faille et qui fut pour moi une source de motivation dans les combats que j’ai dû mener tant sur la piste que dans la vie. Merci à mes partenaires, la carrosserie MPH à Montandon, les Ambulances Vallat à Maiche, et les assurances Didier Chardon à Maiche qui sont pour moi de véritables mécènes. »

On l’a vu, Martial Conte ne gâche pas son plaisir, et c’est avec une impatience non dissimulée qu’il attend de retrouver le volant de sa Dallara F394 pour l’aligner sur le Championnat de France de la Montagne 2023 : « Je pense être au départ de sept ou huit épreuves, en essayant d’être au Col Saint-Pierre que j’ai envie de découvrir. Il me tarde de reprendre en espérant que tout fonctionne et que j’arriverais à défendre mes chances. La seule chose dont je suis sûr, c’est que le plaisir sera une nouvelle fois au rendez-vous. »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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