Troisième du Championnat de France Production

Sur le papier, la BMW M3 E92 avec laquelle évolue Yannick Poinsignon sur le Championnat de France de la Montagne, fait figure de Petit Poucet face à des GTTS qui affichent des performances nettement supérieures. Dans ces conditions, dévoiler des prétentions au podium pouvait paraitre présomptueux, et c’est pourtant l’objectif que parviendra à atteindre le Vosgien en fin de saison…

Cela fait maintenant plus d’une décennie que Yannick Poinsignon compte parmi l’élite du Championnat. Vice-champion de France de la Montagne Production en 2011 et 2012, il a remporté, au volant de la Simca CG Turbo dédiée aujourd’hui à son jeune frère Christophe, quatre Trophées du Groupe FC. Un palmarès qui fait du Vosgien un pilote attendu par ses adversaires.

Toutefois, si son talent derrière le volant est incontestable, Yannick peut difficilement prétendre accrocher le titre, car si le look de sa BMW M3 E92 attise les convoitises, les performances de la belle allemande restent en deçà de ses rivales. Pour pallier ce handicap, le Team Poinsignon Compétition, et en tête de liste Guy le père de Yannick, a travaillé intensément durant l’intersaison pour rendre l’auto la plus compétitive possible : « Nous nous sommes surtout attachés à réduire le poids au minium », confie Yannick. « Nous avons donc conçu des pièces en carbone pour ’’gratter’’ des kilos parce qu’avec le changement de règlement qui est intervenu il y a deux ans, nous sommes assez fortement pénalisés. Nous avons donc travaillé sur les pare-chocs, les bas de caisse, tous les éléments sur lesquels nous pouvions intervenir. Nous avons également fait refaire des suspensions chez Alp Racing Suspension et modifié l’autobloquant. »

Pour cette saison 2018, la BMW allait également bénéficier d’un ABS Bosch Compétition : « Cela me permettait d’aller chercher les freinages plus tard et de disposer d’une marge de sécurité. Pour le reste, nous avons changé le boîtier électronique pour bénéficier d’une meilleure gestion lors des changements de rapports, ce qui nous a permis d’avoir un temps de coupure moins important. »

Pour ce qui est de l’ABS, c’est la première fois que Yannick courait avec une auto dans cette configuration. Reçu tardivement, la système ne sera pas immédiatement opérationnel, et nécessitera un temps d’adaptation sur les premières épreuves de la saison.

Soucis techniques et pneus inadaptés
On le voit, rien n’avait été laissé au hasard du côté de la famille Poinsignon, qui se rendait à Chambley, une semaine avant le coup d’envoi de la saison, pour valider les réglages de la voiture. Ensuite, cap sur le Sud, direction Bagnols-sur-Cèze pour prendre part à la première confrontation de la saison, la Course de Côte de Bagnols-Sabran : « On avait un problème avec l’ABS qui ne fonctionnait pas, et de ce fait il ne faut pas se focaliser sur le résultat, même s’il n’est pas si mauvais. Tout s’est joué sur la première montée avant que la pluie ne fasse son apparition, et je finis cinquième. Et si Pierre (Courroye) est loin devant nous, je suis dans le sillage des autres GTTS, donc c’est plutôt satisfaisant. »

La pluie sera encore de la partie sur le Col Saint-Pierre, samedi, alors que se déroulait la première montée de course. Mais ce n’est pas tant la météo qu’un incident technique qui allait perturber Yannick Poinsignon : « Lors des essais, mon accélérateur s’est bloqué, ce qui ne met pas réellement en confiance. Mais pour le reste, j’améliore mon chrono de l’an dernier en course, et le fait d’être en progression me satisfait », confie Yannick que l’on retrouvait au quatrième rang, derrière Pierre Courroye, Nicolas Werver et Philippe Schmitter.

Et c’est le même tiercé gagnant que l’on retrouvait sur le podium de la Course de Côte d’Abreschviller, où les trois hommes devançaient une nouvelle fois Yannick Poinsignon : « J’avais commandé des pneus neufs que je n’ai malheureusement pas reçu, et ça prendra pas mal de temps par la suite avant que je n’en dispose, ce qui est un peu regrettable. Finalement j’ai dû composer avec des gommes dures qui ne convenaient pas. A Abreschviller j’avais également un problème de sous-virage, et puis sur cette épreuve, la puissance et primordiale, et là je ne peux pas lutter. »

A la lecture de la liste des engagés de la Course de Côte de Thèreval – Agneaux, la victoire semblait promise à Yannick Poinsignon, seul représentant de la classe GTTS/4. Et comme on pouvait s’y attendre, le Vosgien dominait très largement les essais. Malheureusement, il était écrit que si un Poinsignon inscrirait cette année son nom au palmarès de l’épreuve Normande, ce ne serait pas Yannick : « J’ai été victime d’une rupture de l’arbre de transmission, entre la boîte et le pont », explique-t-il. « Nous avons tout fait pour réparer, mais ce n’était pas possible. C’est évidemment une grosse déception, car même si je n’avais pas de réelle concurrence, c’était une opportunité de marquer de gros points. Il est clair que sportivement, ça n’aurait pas été la plus belle des victoires, mais elle aurait tout de même été appréciée. » La victoire restait tout de même dans la famille, puisque Christophe signait là son premier succès sur une manche du Championnat de France de la Montagne, en imposant sa Simca CG Turbo.

Succession de podiums en seconde partie de saison
Le week-end de La Pommeraye débutait mal pour Yannick Poinsignon. Lors des essais libres, il constatait que la rangée de cylindres à droite, s’était désynchronisée par rapport à celle de gauche. Un souci qui nécessitait une intervention, et qui le privait de la première montée de course : « J’avoue qu’au départ je voulais tout plier et rentrer chez moi. Après avoir connu un souci au Saint-Pierre, puis à Eschdorf et Thèreval, on avait encore un problème et ça commençait à devenir pesant. » Mais chez les Poinsignon on ne renonce pas aussi facilement, et une nouvelle fois, Guy aidé de Stéphane Kieffer et Richard Hervieu, mettaient les mains dans le moteur pour trouver l’origine du mal et y remédier. Réparation effectuée, Yannick pouvait se relancer et savourer pleinement son premier podium de la saison : « Après un week-end de galère, parvenir à accrocher la troisième place permet d’aborder la suite de manière plus sereine. »

Une suite qui aura lieu à Saint Gouëno où l’on retrouvait une nouvelle fois Yannick Poinsignon sur le podium : « Nous avons été épargnés par les problèmes, le seul hic c’est que je n’avais toujours pas reçu mes pneus, ce qui me pénalisait. »

Cela n’empêchait pas Yannick de poursuivre sur sa lancée et d’accrocher un nouveau podium à Marchampt : « Aller chercher les deux premières places, face à une concurrence très pointue m’est impossible, donc terminer à nouveau sur le podium me va très bien, d’autant que je n’avais toujours pas les bons pneus. »

Vuillafans sera vécu par Yannick comme une victoire à titre personnel, puisqu’il plaçait sa BMW M3 E92 au deuxième rang, derrière l’intouchable McLaren MP4 12C de Pierre Courroye : « La présence de Pierre nous interdit de prétendre à la victoire, pour moi il est inatteignable. Je ne compte donc pas sa place, et cette deuxième place est pour moi un succès », avoue Yannick dans un large sourire.

Il s’en fallait de peu pour que Yannick se retrouve à nouveau deuxième à Dunières. 82 millièmes exactement, puisque c’est l’écart qui le séparait à l’arrivée de la Lamborghini de Philippe Schmitter, et de la deuxième place : « Là j’avais reçu des pneus. A l’avant tout allait bien, mais dès que j’ai mis ces pneus sur l’arrière, la voiture partait dans tous les sens. En fait, les gommes étaient beaucoup plus dures que ce qu’elles auraient dû être. Apparemment, il y avait eu un problème à la fabrication. Après, le résultat est là, donc ça reste une satisfaction. »

Troisième sur le Mont-Dore, derrière Pierre Courroye et Nicolas Werver, Yannick s’avouait enchanté par son week-end dans le Massif du Sancy : « J’ai amélioré mon chrono par rapport à l’année précédente, c’est une progression positive. Mais depuis le début de saison, nous rencontrions par moment, de manière intempestive, des soucis de sous-virage. Ça survenait sur un ou deux virages, mais ça affecte bien évidemment la confiance. »

Le souci sera encore présent à Chamrousse, où une nouvelle fois Yannick Poinsignon se hissait sur le podium : « Je termine derrière Pierre (Courroye) et Nico (Werver) je ne peux guère espérer mieux. »

Mais l’espoir, Yannick l’aura tout au long du week-end de Turckheim. A l’issue des deux premières montées de course, c’est en effet lui qui pointait au sommet de la hiérarchie, avant d’être devancé par la Porsche de Nicolas Werver sur l’ultime confrontation : « Je m’attendais à son retour. A la régulière, il devait être devant. C’était enthousiasmant pour moi de mener les débats, mais je ne me faisais guère d’illusion sur le dénouement de l’épreuve », reconnait Yannick. « Mais il est clair que ça se joue à pas grand-chose, et que nous étions en droit de conserver l’espoir jusqu’au bout. »

Le week-end de Limonest débutait mal pour le Team Poinsignon Compétition qui, samedi soir, se voyait dans l’obligation de changer un embrayage sur la BMW de Yannick : « Ce fut compliqué car on a bossé jusqu’à tard le soir, mais ça permet de partager un bon moment de convivialité. Finalement, ça n’a rien changé sur les performances réalisées dimanche. Après, les budgets étant limités, j’avais fait le pari de ne pas racheter de pneus pour les deux dernières épreuves, et j’ai un peu payé ce choix puisque c’est la seule course où je ne suis pas parvenu à améliorer mes chronos de la saison passée », confie Yannick qui accroche la quatrième place.

A l’issue de la saison 2018, Yannick Poinsignon sera retenu parmi les pilotes qui représenteront la France au sein de l’équipe que la FFSA envoyée à Gubbio, en Italie, à l’occasion des FIA Hill Climb Masters : « C’est bien évidemment une fierté d’être incorporé à l’équipe de France pour cet événement. Nous en garderons de fabuleux souvenirs. La course par elle-même était assez compliquée sur une superbe tracé assez technique. Mais comme on se devait de porter haut les couleurs de l’équipe, nous avions pour l’occasion acheter des pneus neufs afin de pouvoir nous battre dans les meilleures conditions. J’ai pu constater alors que le comportement de l’auto était nettement meilleur. Après, quand on voit le tracé et le plateau proposé sur ces Masters, ont prend conscience que c’est l’événement à ne pas manquer. »

La meilleure place envisageable
A l’issue de cette saison rendue compliquée par divers problèmes techniques et des pneus inadaptés, Yannick Poinsignon parvient à réaliser son objectif de monter sur le podium du Championnat : « C’est pour moi très positif, je ne pouvais pas espérer mieux. Je termine quatrième l’an dernier, troisième cette année, en sachant qu’il m’est impossible, compte tenu du plateau de prétendre à mieux. Nous avons fait progresser la voiture, j’ai également progressé en termes de pilotage, j’ai amélioré mes chronos, je ne peux qu’être content de cette saison. »

Avant de définitivement tourner la page de 2018, Yannick Poinsignon veut avoir une pensée pour tous ceux qui se sont impliqués à ses côtés : « Je tiens à remercier en priorité mon père Guy et l'ensemble de ma famille, l'équipe Poinsignon Compétition (Stéphane Kieffer, Cyril et Olivier Ricloux, Bertrand Simonin, Richard Hervieu, Bernard le Breton, Alexandre Parisse,), les amis qui nous ont aidé sur les épreuves et nos partenaires : « Epinal Express » transports toutes distances à Thaon-les-Vosges, « Fra Presse » transports, service presse à Richardménil, « Tenn-Glasz » tous types de clôtures et portails à Wisches, , « Earl Saint Wendelin » vins d’Alsace à Niedermorschwihr, Bar « Au Bon accueil » à Hébécrevon, « Barba TP » Entreprise de Travaux publics à Aube, « Redline Performance » pilote instructeur à Sailly-Achâtel, « La nouvelle Prairie » Boucherie, Charcuterie, Traiteur à Niedervisse, « HTR development » Programmation moteur à Singrist, « Eurogranulats » exploitation de gravières et sablières, extraction d'argiles et de kaolin, « Technimat » vente et réparation d'engins de chantier de la marque Hitachi à Hauconcourt , « Le vignoble Blanchereau » Domaine du Pélican à la Pommeraye», « Ets Grawey » location de véhicules à Golbey, « RT Design » impression publicitaire et marquage de véhicules à Thaon-les-Vosges. »

S’il peut considérer à juste titre que sa saison fut une totale réussite, Yannick ne cache pas que, malgré tout, ça reste pour lui frustrant de ne pas pouvoir se battre avec des GTTS plus performantes que la sienne : « Je n’ai pas spécialement envie de continuer dans ces conditions. C’est pour cela qu’aujourd’hui je mets ma voiture en vente. Le règlement joue en notre défaveur, l’échelle des poids nous pénalise fortement. Si rien ne change, il est possible que je dispute quelques épreuves l’année prochaine, mais je ne prendrai pas part au championnat », confie Yannick en guise de conclusion.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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