Succès de groupe et de classe pour l’octogénaire

Les plus de 50 ans d’implication dans le sport automobile de Michel Bineau n’altèrent en rien ses performances et sa motivation. Durant la saison 2022, le Normand s’est une nouvelle fois illustré au volant de sa Nissan Almera Kit-Car, en allant chercher des podiums de groupe et des victoires de classe.

Le 15 février de cette année 2023, Michel Bineau fêtera ses 80 ans. Le Normand, qui affiche au compteur plus de 50 ans de compétition, se présente aujourd’hui comme le vétéran des pilotes évoluant sur le Championnat de France de la Montagne. Et s’il est le plus âgé, il n’en est pas pour autant le moins motivé. Michel reste en effet un compétiteur qui, même s’il est conscient qu’il devient à présent difficile de rivaliser avec les ’’gamins’’ qui animent sa classe, prend un malin plaisir à venir les contrarier.

Michel Bineau a connu la glorieuse époque où l’on s’affrontait aux volants de voitures démunies d’arceaux et de ceintures de sécurité. Dans les années 60, les règles et l’approche du sport automobile était bien différentes et Michel se souvient avoir fait ses débuts lors d’un rallye touristique auquel il prenait part au volant d’une Renault Floride. Par la suite, il poursuivra son implication dans le sport auto avec une Matra Djet, en circuit avec une Renault 8 Gordini avant de se tourner vers le rallye avec une Alpine A110.

Comme de nombreux pilotes de sa génération, il ne manquait pas de s’installer derrière le volant d’une Simca Rallye II. Pour Michel Bineau ce sera dans le cadre du Simca Racing Team (SRT). Detomaso Pantera, Porsche Carrera S 2,4 litres, Sunbeam Lotus, BMW M3, Nissan Sunny GTI-R en quatre roues motrices 2 litres turbo, Michel Bineau s’illustrera dans diverses disciplines aux volants de diverses voitures. En 2008, nouveau retraité, le Normand décidait de se consacrer exclusivement à la course de côte et faisait pour cela l’acquisition d’une Nissan Almera Kit-Car avec laquelle il court encore aujourd’hui.

Homme fort de la classe A/3
Ces dernières années, Michel Bineau a encore joué les premiers rôles, puisqu’à l’issue de la saison 2019 il terminait troisième du Challenge Open A/3 avant d’accrocher la deuxième place de ce même Challenge en 2021. Et en toute logique, le Normand relançait sa Nissan Almera sur le championnat 2022 avec la ferme intention de venir une nouvelle fois disputer le podium de cette classe A/3.

Et pour défendre au mieux ses chances, Michel ne manquait pas de présenter une auto qui avait pu bénéficier d’une révision complète : « J’avais refait le moteur qui était à bout de souffle, ce qui m’a permis de faire une saison sans connaitre la moindre défaillance mécanique », explique le Normand. « Mais j’avoue avoir la chance de disposer d’une voiture qui ne demande pas énormément d’entretien. »

Après avoir terminé deuxième du Challenge Open A/3 en 2021, Michel Bineau pouvait légitimement prétendre à un nouveau podium : « Mais avec les jeunes talents qui animent la classe ça devient difficile. Mickael Bonnevie est tout simplement intouchable, Sébastien Starck est un pilote très rapide et un garçon comme Laurent Lafosse reste toujours très compétitif. »

C’est sur la Course de Côte Régionale des Teurses de Thèreval qu’au mois de mars Michel Bineau débutait sa saison. Une première épreuve sur laquelle il terminait septième des Productions, troisième du groupe A et deuxième de classe : « Ça s’est bien passé, sans problème, idéal pour se remettre en route », confie-t-il. Au mois d’avril, à Saint-Pierre-de-Varengeville, Michel accrochait la deuxième place du Production derrière la Supercopa de Julien Dupont, et signait un succès dans sa classe : « Là j’ai réellement pu tester la voiture et me rendre compte qu’elle fonctionnait parfaitement. De quoi être en confiance pour la suite. »

Pour ce qui est du Championnat de France de la Montagne, le premier rendez-vous de Michel Bineau pour sa campagne 2022 se tenait sur le tracé des Teurses de Thèreval – Agneaux. Et là encore il allait se mettre en avant en terminant troisième du groupe A derrière le même Julien Dupont, et à seulement 183 millièmes de Sarah Bernard-Louvet : « Je remporte ma classe et c’est le meilleur résultat de ma saison. Mais il est clair que c’est ma course à domicile, que je connais par cœur et que je peux prendre des risques que je ne prendrais pas ailleurs », relativise le Normand. « Mais terminer dans le sillage de Sarah c’est une belle satisfaction. » Si le moral de Michel Bineau était au beau fixe, il s’assombrissait lorsqu’il apprenait qu’il lui serait impossible de trouver des gommes neuves pour la suite : « Là je savais que ça serait très rapidement compliqué. »

A La Pommeraye, sur un tracé qu’il connait bien et qu’il affectionne, Michel Bineau ne parviendra pas à se hisser une nouvelle fois sur le podium de sa classe : « Ça n’a pas fonctionné, j’ai fait de mon mieux mais je termine quatrième. » A Saint Gouëno, Michel retrouvait le podium en plaçant sa Nissan derrière les deux Clio de Laurent Lafosse et Sébastien Starck : « Je n’ai pas eu de soucis particulier, je me suis donné à fond, mais les autres sont devant moi, il faut l’accepter », commente Michel dans un large sourire.

Il faudra attendre le Mont-Dore pour retrouver Michel Bineau qui avoue n’avoir jamais connu la réussite dans le Massif du Sancy : « C’est une épreuve sur laquelle ça n’a jamais voulu fonctionner. Je suis incapable d’expliquer pourquoi, d’autant que quand je suis derrière le volant j’ai le sentiment d’être plutôt bien, et arrivé en haut, quand je vois le chronos, je suis loin du compte. Cette année encore ce fut une déception », avoue-t-il alors qu’il doit se contenter de la huitième place d’une classe très fournie sur l’épreuve auvergnate.

Mais à Chamrousse Michel retrouvait le podium de la classe A/3 et s’avoue satisfait de sa prestation : « La voiture fonctionnait très bien, c’est juste le pilote qui doit essayer de faire mieux. Après, si bien évidemment le bonhomme vieilli un peu plus chaque année, il est clair qu’avec des pneus très usés je ne pouvais pas espérer des miracles. »

La Course de Côte de Turckheim était inscrite au programme de Michel Bineau, mais sans gommes neuves le Normand estimait qu’il n’était pas judicieux d’aller affronter les six kilomètres du tracé alsacien, et il préférait renoncer : « Je voulais impérativement être au départ de la Finale de la Coupe de France, j’ai donc conservé un train à moitié usé de pneumatiques pour pouvoir participer à cette manifestation de fin de saison. J’ai donc déclaré forfait pour Turckheim et Limonest. »

La Finale de la Coupe de France, courue en grande partie sous la pluie, permettait à Michel Bineau d’aller chercher une deuxième place de classe derrière la Honda de Patrick Ferrier : « Nous n’étions que cinq, c’est un peu décevant quand on compare aux précédentes éditions où nous étions souvent une dizaine d’engagés dans la classe. Mais Patrick Ferrier était réellement intouchable sur cette finale. »

Le plaisir toujours au rendez-vous
Si tout ne s’est pas déroulé comme il l’espérait et si le manque de pneumatique obérait ses chances de bien figurer au classement final du Challenge Open A/3, Michel Bineau se veut malgré tout positif : « J’ai pris énormément de plaisir sur les épreuves du championnat et pour moi qui cours avant tout pour le plaisir c’est une réelle satisfaction », analyse Michel. « Malheureusement, en étant dans l’impossibilité de trouver des pneumatiques, je n’ai pas pu être au départ de l’ensemble des épreuves du Championnat de France que j’avais initialement prévues à mon programme. J’ai dû me rabattre sur des épreuves régionales, plus courtes et sur lesquelles je pouvais rouler avec des gommes passablement usagées. Mais cette saison 2022 reste très positive d’autant que les résultats sont au rendez-vous puisque je termine premier de la Ligue de Normandie sur 160 participants. »

Dans la rubrique des remerciements Michel veut mettre avant tout en avant l’entraide qui règne parmi les animateurs du championnat : « Un grand merci à mes copains Christian (Boullenger), Jean-Jacques (Maurel), Julien et Thierry Dupont et bien évidemment à ma compagne, Françoise qui assure mon assistance et l’intendance. »

La principale inquiétude de Michel Bineau est de savoir s’il sera en mesure de trouver des pneumatiques dont les dimensions sont adaptées à sa Nissan : « C’est loin d’être gagné, je vais étudier la question et voir vers quel manufacturier je vais pouvoir me tourner. » Pour ce qui est de son programme sportif, la saison 2023 de Michel Bineau devrait être consacrée avant tout aux épreuves régionales : « Je prendrai certainement part aux trois épreuves de la campagne de l’Ouest, mais je ne pense pas être en mesure de faire des gros déplacements sur des épreuves nettement plus éloignées. Après, je suis invité à Osnabrück et j’aimerais bien être au départ de Chamrousse et de Turckheim, mais faut-il encore que je dispose de pneumatiques qui m’offriront la possibilité de me battre », conclut Michel Bineau qui a 80 ans reste un compétiteur dans l’âme.

 

Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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