
Le premier objectif de Gilbert Payneau, lorsqu’il s’engage sur le CFM, est de prendre du plaisir au volant de sa Peugeot 205 GTI. Une approche qui ne l’empêche pas de se battre aux avant-postes du groupe F2000, dont il remporte cette année le Trophée FFSA en y ajoutant le Challenge Open F2000/3.
Lorsque l’on grandit à Bournezeau, on peut difficilement ne pas s’intéresser à la course de côte organisée dans ce petit village de 3000 âmes. Gilbert Payneau découvrira donc très tôt cette discipline grâce à un autre Gilbert, son père, passionné d’automobile au point de fonder un garage de réparation mécanique et de s’impliquer dans l’organisation de l’épreuve que propose l’Écurie Bournezeau Sport Mécanique..
Gilbert suivra le chemin tracé par son père, et au milieux des années 80, fera ses premiers pas en compétition. Fils d’un agent Peugeot, il se tournait alors en toute logique vers une 104 ZS qu’il retapait avant de lui offrir un moteur de Talbot Samba Rallye groupe B. Les années 80 sont, pour les quinquagénaires et sexagénaires, les ''années GTI'', l’époque où faisait rage la lutte entre les adeptes de la Golf et les fans de la 205. Fidèle à Peugeot, Gilbert troquait rapidement sa 104 ZS contre une 205 GTI qui animera le groupe N sur quelques rallyes et de nombreuses courses de côte. Mais en succédant à son père à la tête du garage familial, Gilbert Payneau ne disposait plus de temps à consacrer à la course et se voyait contraint de raccrocher casque et gants.
Ne plus courir ne veut pas dire renier sa passion, et 25 ans plus tard, Gilbert retrouvera le volant d’une Peugeot 205 GTI, cette fois en groupe F2000. Avec cette voiture il prendra part en 2016 à plusieurs courses de côte régionales et à des épreuves mythiques du Championnat de France de la Montagne comme le Col Saint-Pierre, le Mont-Dore, Chamrousse, ou les manches de la campagne de l’Ouest.
En 2022, Gilbert Payneau s’inscrivait pour la première fois sur le CFM, et à l’issue d’une saison durant laquelle il abordera les épreuves avec une Citroën Saxo (sa 205 n’étant pas prête) puis avec sa ''Lionne'', il accrochait la troisième place du Challenge Open F2000/3. Il fera mieux la saison suivante en terminant deuxième de ce même Challenge Open, avant de retrouver la troisième place à l’issue de la saison 2024.
Pour 2025, Gilbert Payneau décidait de relancer sur le Championnat de France de la Montagne sa vénérable Peugeot 205 GTI, avec comme principal objectif de se faire plaisir et de venir s’immiscer dans les combats que ne manqueraient pas d’engager ceux qui se présentent comme les références du F2000. La soixantaine venue, le Vendéen sait qu’il devient difficile de contrarier notamment les jeunes talents, mais son esprit de compétiteur le pousse à aller les défier.
La Peugeot 205 GTI a offert à Gilbert Payneau de belles satisfactions, et le Vendéen reconnait avoir du mal à se séparer de cette auto devenue légendaire : « C’est ma voiture de jeunesse, celle qui nous a fait rêver quand on avait 20. Excepté mes débuts avec la 104 ZS j’ai toujours couru avec des 205 et ça reste vraiment une voiture de cœur. » Une auto sur laquelle il n’est plus réellement possible d’apporter des améliorations, Gilbert ayant offert à la voiture tous les développements possibles. « Maintenant c’est le bonhomme qu’il faudrait préparer pour pouvoir aller plus vite », plaisante-t-il.
Gilbert se relançait donc en 2025 pour une nouvelle campagne de France avec l’exacte configuration qu’il avait adopté sur sa 205 pour la saison 2024. En termes d’objectif, le Vendéen n’avait pas de réelles ambitions : « Je voulais avant tout me faire plaisir, et si possible terminer dans le top 5 du F2000 sur les épreuves et ne pas être trop mal classé au sein de la catégorie Production. »
Succès et podiums de groupe
Gilbert avec comme espoir de terminer dans le top 5, c’est une victoire qui viendra s’offrir à lui sur la manche d’ouverture du championnat, la Course de Côte de Bagnols-Sabran : « Je suis content parce que nous étions une vingtaine de pilotes à évoluer dans le groupe F2000, et parvenir à m’imposer c’est plutôt sympa », reconnait Gilbert. « C’est la meilleure des manières de débuter la saison, un succès à l’issue d’une belle bataille face à la BMW d’Edouard Drouillat. Et puis j’ai la satisfaction de me rapprocher des meilleurs chronos du groupe signés sur cette épreuve. »

Au Col Saint-Pierre, Gilbert devra, comme ses adversaires, composer avec la pluie. A l’issue d’un week-end complexe il plaçait sa Peugeot 205 GTI au troisième rang de son groupe derrière la Ford Focus de Dominique-Alexandre Martino et la Renault Clio de Guillaume Jeanne : « A domicile, Martino est un véritable extra-terrestre, impossible à aller chercher, quant à Guillaume (Jeanne), nous nous sommes battus jusqu’à la dernière montée sur laquelle, sous la pluie, j’ai fait un freinage un peu trop appuyé. Je suis parti en glisse et je n’ai pas forcé par la suite parce que je pensais que c’était terminé pour moi. Guillaume me passe devant, mais comme je lui ai dit, il méritait cette deuxième place parce qu’il s’est super bien battu. »
Le Vendéen attaquait ensuite la campagne de l’Ouest et à Hébécrevon il se voyait proposer un duel pour le gain de la victoire. Duel d’où sortira vainqueur Ophélie Poitevin qui place sa Peugeot 106 quatre dixièmes devant la 205 de Gilbert : « C’est la seconde année que je participe à Hébécrevon, et je reconnais avoir beaucoup de mal sur ce tracé. On s’élance sur une portion très étroite, ensuite on aborde une ''autoroute'' et je ne parvenais pas à trouver les bonnes trajectoires. De plus, après le Col Saint-Pierre il n’était pas évident de passer d’une course de plus de cinq kilomètres à un tracé de seulement deux kilomètres », confie Gilbert. « Et puis il faut avouer qu’Ophélie est un ''avion'' et qu’elle mérite amplement cette victoire avec sa petite 106. »
Même si à La Pommeraye Gilbert Payneau termine une nouvelle fois deuxième, il se satisfait pleinement de son résultat car il pointe au final à seulement une seconde six de la Honda Civic de Samuel Durassier, référence en F2000 : « Je me dis que ça commence à se rapprocher de Samuel, même s’il débutait là sa saison et qu’il n’était peut-être pas encore au top de ses capacités. Mais je parviens à rendre la monnaie de sa pièce à Ophélie (Poitevin) en terminant devant elle », lâche Gilbert dans un sourire.
A Saint Gouëno, Samuel Durassier viendra chercher une nouvelle victoire, à nouveau devant Gilbert Payneau. Le Rochelais, vainqueur du groupe F2000 devancera un autre Payneau, Tommy, le fils de Gilbert, qui était présent au volant d’une Mitjet : « Ce fut un week-end difficile, mais pas spécialement sportivement… A Saint Gouëno on était quatre ou cinq pilotes de Bournezeau, et on connait l’ambiance festive qui règne sur l’épreuve bretonne. Autant dire que les soirées furent longues, les nuits courtes et les lendemains compliqués », reconnait Gilbert dans un éclat de rire. « Ce n’était pas évident de prendre le volant dans ces conditions, avec l’estomac qui gargouille. »
A Marchampt, le plateau du groupe F2000 laissait apparaitre des pilotes de talent. Confronté à la Peugeot 306 Maxi de Sébastien Rochatte et à la Honda Civic de Samuel Durassier, Gilbert Payneau parvenait à accrocher la troisième place : « Le week-end s’est plutôt bien passé même si depuis ma sortie de route sur cette épreuve j’ai toujours une petite appréhension. Je pense que je pouvais aller plus vite, mais j’ai le sentiment que cette année ce fut le cas de presque tout le monde. Et puis je ne suis pas en mesure d’aller chercher des garçons comme Sébastien (Rochatte) ou Samuel (Durassier). »
La Course de Côte de Vuillafans se soldera pour Gilbert Payneau par un abandon à la suite d’une sortie de route. Pour autant, le Vendéen considère que ce fut sa plus belle course de l’année : « Même si j’ai terminé dans le rail, j’avais fait auparavant une superbe montée et une fois passé la ligne d’arrivée j’étais super content parce que je me suis dit que j’étais encore capable de faire ça. Je signe vraiment un excellent chrono. » Mais un problème de frein viendra gâcher cette belle prestation : « C’est survenu à un endroit qui passe ''à fond'', et ça a tapé. » Gilbert devait alors passer par la case garage pour changer un demi-train avant qui avait souffert dans le choc.

La Course de Côte de Dunières n’étant pas inscrite au calendrier du Vendéen, Gilbert mettait à profit le temps de pause pour réparer avant de se rendre dans le Massif du Sancy pour affronter le tracé de la Course de Côte du Mont-Dore. Sur l’épreuve auvergnate, il placera sa Peugeot 205 GTI au cinquième rang du F2000 : « J’étais sorti à cause d’un problème de frein, et il me fallait me remettre en confiance avec la voiture, ce qui ne fut pas évident du tout. Je suis resté sur la défensive et je ne suis pas parvenu à me libérer de tout le week-end. Je peux considérer que je suis passé à côté de ma course, mais il me fallait me remettre de ma sortie à Vuillafans. »
Gilbert Payneau allait retrouver le podium du groupe F2000 à Turckheim où il accrochait la troisième place derrière Sébastien Rochatte et Gaëtan Petitdemange : « Initialement je n’avais pas prévu de m’aligner à Turckheim. Mais après le Mont-Dore, je me suis dit que je ne pouvais pas terminer la saison avec une aussi piètre prestation, c’est pour cela que je me suis rendu en Alsace », confie Gilbert. « J’ai bien aimé l’ambiance avec Sébastien et Gaëtan qui sont des gars qui en plus d’être très rapides sont très sympas. En étant confronté à eux, ça me tire vers le haut et ça m’oblige à attaquer pour tenter de le suivre. Là encore j’ai eu quelques soucis de freins et si j’adore le tracé de Turckheim, je n’ai pas pu totalement me lâcher. »
Vainqueur du Trophée FFSA du F2000 et de l’Open F2000/3
A l’heure de faire les comptes de la saison, Gilbert Payneau qui, ces dernières années, avait toujours terminé sur le podium du Challenge Open F2000/3, se hisse cette année sur la plus haute marche. Vainqueur de cet Open, il remporte également le Trophée FFSA du groupe F2000 et se classe onzième du Championnat Production : « Nous n’étions pas assez nombreux dans le Challenge Open pour que je tire une quelconque gloire de ce succès, mais terminer douzième du championnat me fait plaisir, d’autant que je n’étais pas au départ de toutes les épreuves », rappelle le Vendéen. « J’ai amélioré mes chronos sur de nombreuses épreuves, ce qui était le but recherché et j’ai pris énormément de plaisir. Cette année mon fils Tommy m’a accompagné sur les courses qu’il abordait avec une Mitjet, et il est devant moi, ce qui pour moi est positif parce que ça veut dire que la succession est assurée. »

Comme chaque année les premiers remerciements de Gilbert Payneau vont vers ses proches : « Un immense merci à Céline, mon épouse, grâce à qui je peux participer au championnat parce qu’elle a la gentillesse de me laisser partir le week-end alors qu’elle travaille. Merci également à tous les employés du Garage Payneau qui savent gérer en mon absence et ont su réparer ma voiture dans un laps de temps très court après la sortie de Vuillafans, ainsi qu’à GP Compétition qui m’a permis de régler la voiture rapidement. Un merci à Sébastien Delors qui m’a donné de précieux conseils et également à la famille d’Arthur Bodin et à tous les gars de Bournezeau qui sont sur les épreuves avec moi, à mon fils Tommy avec qui je partage à présent cette passion sur les courses, et bien évidemment à tous les pilotes du F2000 avec qui j’ai partagé une nouvelle fois cette année d’excellents moments. »
On retrouvera Gilbert Payneau sur le Championnat de France de la Montagne en 2026, mais s’il ne souhaite pas se séparer de sa 205 GTI, ce n’est pas à son volant qu’il devrait affronter les manches du CFM : « Je dispose d’une Caterham avec laquelle je vais rouler dans le groupe GT Sport. C’est sympa pour moi d’essayer de rouler avec une propulsion. » Mais le Vendéen ne sait pas de quoi sera fait son calendrier : « Tommy va se marier en 2026, ce qui va me prendre quelques week-end pour organiser cet événement. Donc j’attends la diffusion des calendriers et je pense m’engager sur un minimum de six épreuves pour faire un Open », conclut-il.
©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com
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