Pour sa dernière saison avec sa Peugeot 106

A l’heure d’entamer une nouvelle campagne de France, Elodie Lafosse avait comme objectif de remporter à l’issue de cette saison 2021 un troisième titre consécutif de Championne de France de la Montagne Production. Mais en devant renoncer à aligner sa nouvelle Lotus Exige, la Creusoise devait défendre ses chances avec sa Peugeot 106, moins performante. Au final, si elle ne parvient pas s’imposer, elle coiffe tout de même une couronne de Championne de France, celle du Championnat 2ème Division.

En 2019, Elodie Lafosse prenait part à sa toute première campagne sur le Championnat de France de la Montagne. Une saison d’apprentissage qui se concrétisait par une première consécration, puisque c’est elle qui remportait le titre de Championne du côté des Production. En 2020, la Creusoise remettait son titre en jeu et parvenait à accrocher un second trophée consécutif. Consciente que la concurrence n’allait pas manquer d’affuter ses armes, Elodie prenait la décision de laisser au garage la Peugeot 106 qui lui avait permis de s’illustrer, pour s’installer derrière le volant d’une Lotus Exige plus performante. Mais tout n’allait pas se passer comme elle pouvait l’espérer.

« Nous avons fait l’acquisition de cette Lotus Exige alors qu’elle n’avait pas de moteur. Il nous fallait donc juste trouver un moteur, refaire une peinture et je pouvais logiquement débuter la saison », explique Elodie. « Et si nous avons finalement trouvé un moteur, nous avons dans le même temps rencontré de gros problèmes de boîte de vitesses qui nous ont beaucoup retardé. » Finalement, la préparation de la belle anglaise sera finalisée à quelques jours de la Course de Côte du Mont-Dore : « Mais la boite neuve que nous avions fait faire s’est bloquée. Nous devions donc repartir de zéro. A ce stade de la saison, nous avons préféré reporter la réparation durant la pause hivernale et terminer le championnat avec la 106. »

La Lotus au garage, la 106 en piste
Les efforts de Laurent Lafosse, le père d’Elodie, étant concentrés sur la Lotus, durant l’hiver la Peugeot d’Elodie végétait paisiblement au garage sans bénéficier de la moindre attention. Et à l’heure de débuter le championnat, elle était dans son exacte configuration de la fin de saison précédente : « Nous l’avions rentré au garage après la course de Bagnols-Sabran par laquelle se terminait la saison 2020, et depuis nous ne l’avions absolument pas touché. Donc pas de révision, pas d’ajustement dans les réglages, je suis juste remontée dedans lorsque nous sommes arrivés à La Pommeraye. »

Si en 2019 et 2020 Elodie Lafosse estimait légitimement pouvoir prétendre à la couronne de Championne de France Production, elle savait pertinemment que l’obtention d’un troisième titre serait nettement plus difficile : « Voire impossible. La 106 manque cruellement de puissance, et je savais qu’il serait compliqué de contrer Aurore (Dodille) dans sa quête. Si j’espérais disposer de la Lotus au Mont-Dore, c’était dans l’objectif de rattraper quelques points, ça n’a pas pu se faire. »

Sans réelle pression, Elodie abordait donc le championnat 2021 avec la ferme intention de se faire plaisir, « et si possible d’améliorer mes chronos par rapport aux deux années précédentes. Le but était avant tout d’accroitre mon expérience. »

Victoire de classe sur chaque épreuve
On se souvient qu’en 2019, à La Pommeraye, Elodie Lafosse avait été victime d’un choc contre un rail qui s’était terminé en tonneau. Et si elle sortait indemne de cet incident de parcours elle ne pouvait s’empêcher, à l’heure de retrouver le tracé angevin, de se remémorer cet accident : « Psychologiquement, j’avoue que débuter à La Pommeraye n’était pas évident, je dirais même que ce fut très compliqué. La pluie ne m’a pas aidé. Tous les ingrédients étaient là pour que ça soit difficile », confie Elodie qui termine l’épreuve en remportant la classe A/1, comme elle le fera sur toutes les courses inscrites au calendrier de cette saison.

Plus à son aise sur le parcours de la Course de Côte de Vuillafans, Elodie Lafosse terminait dans le sillage de sa rivale, mais néanmoins amie, Aurore Dodille : « Je découvrais cette épreuve sur laquelle j’ai rapidement pris conscience que la 106 n’allait pas être à la fête. C’est rapide, technique, avec beaucoup de relance, pas de quoi enthousiasmer ma voiture », plaisante Elodie. « Mais au final les chronos ne sont pas si mauvais. Sur le mouillé je me suis retrouvée dans les mêmes chronos qu’Aurore, et pour une première participation je suis vraiment très satisfaite. »

Le duel entre Elodie Lafosse et Aurore Dodille allait prendre une intensité supplémentaire à Dunières. A l’issue d’un combat ininterrompu, Elodie se voit devancée par sa rivale de seulement quatre millièmes. Un écart qui incitera Aurore à demander à Elodie de l’accompagner sur le podium où elle méritait selon elle de figurer : « C’est pour moi l’une de mes meilleures courses de l’année en termes de performances. Avec Aurore on s’est toujours bagarrée à coup de dixièmes, mais là c’était particulièrement intense et honnêtement hyper satisfaisant. »

Elodie Lafosse n’avait jamais eu l’occasion d’exprimer son talent sur le tracé de Marchampt-en-Beaujolais. Un parcours très rapide sur lequel la Peugeot 106 XSI n’était pas vraiment à son avantage : « J’ai vraiment fait ce que j’ai pu. J’ai donné le meilleur de moi-même sur un parcours que je découvrais, que j’ai réellement apprécié et sur lequel je suis impatiente de revenir avec une auto plus puissante. »

Avec l’entrée en lice de Sarah Bernard-Louvet et de sa Supercopa, hors de question pour Elodie et ses adversaires féminines de viser la Coupe des Dames au Mont-Dore. Mais la jeune creusoise signera une excellente performance en terminant deuxième féminine en Production, alors que six filles étaient au départ : « C’est pour moi la course à domicile. Je connais bien le tracé et j’espérais me mettre en avant et notamment devancer Aurore. Et même si je ne suis pas parvenue à améliorer mon chrono de 2020, ce qui était un de mes objectifs, je termine devant Aurore ce qui est là encore une belle satisfaction. »

La dernière participation d’Elodie Lafosse à Chamrousse, en 2019, s’était soldée par un abandon suite à une fuite d’huile sur sa Peugeot 106 : « Le fait de revenir sur une épreuve que j’avais déjà disputée en 2019 me permettait de l’aborder autrement. Je connaissais le tracé, je savais à quoi m’attendre. Je savais également que ça serait compliqué, notamment sur le milieu du parcours qui offre des portions très rapides. Mais finalement dans les enchainements de virages j’améliore mes chronos, et je ne peux donc être que contente de ma prestation. »

Le plateau des féminines s’étoffait à Turckheim avec l’arrivée de Morane Cat-Mackowiak qui évoluait au volant d’une Porsche. Difficile donc de prétendre à un podium du côté des féminines. En revanche, pour s’imposer une nouvelle fois dans sa classe, Elodie allait devoir devancer une autre 106, celle de Thibault Schmitt : « J’y suis parvenue et je remporte donc la classe en améliorant mes chronos de l’année précédente. Un excellent week-end pour moi. »

La saison se concluait à Limonest, où une nouvelle fois Elodie allait menait un combat sans relâche face à Aurore Dodille : « On s’est battue jusqu’à la dernière montée, et elle signe un excellent chrono sur l’ultime ascension pour finalement me passer devant. Mais c’est évidemment sans rancune » plaisante Elodie.

« On ne s’attendait pas à vivre un tel week-end de rêve, je pense que personne ne s’attendait à cela », confie Elodie Lafosse lorsque l’on évoque sa participation aux FIA Hill Climb Masters. « C’est la première fois que je participais à cet événement, et j’en garderai un souvenir à jamais gravé dans ma mémoire. »

Championne de France de la Montagne 2ème Division
Sur toutes les manches de la saison, Elodie Lafosse a remporté sa classe, elle a surtout amélioré constamment ses chronos ce qui démontre qu’elle est en pleine progression : « Je ne peux qu’être satisfaite de ma saison, même s’il était un peu frustrant de ne pas avoir pu disposer de la Lotus, et de ce fait de ne pas avoir pu défendre mon titre. Mais je garde d’excellents souvenirs, une satisfaction d’avoir améliorer mes chronos », commente la Creusoise qui cette année n’a commis aucune erreur et n’enregistre aucun abandon… Et qui surtout coiffe la couronne de Championne de France de la Montagne 2ème Division, Sport et Production confondus : « C’est toujours gratifiant et ça ne peut me faire énormément plaisir. Je regrette toutefois qu’il n’y ait pas plus de féminines pour concurrencer sur ce championnat. C’est réellement dommage parce que le Championnat 2ème Division propose de très beaux tracés et qu’il serait plaisant de pouvoir rivaliser avec d’autres filles. »

Si Elodie Lafosse compte à présent trois titres de Championne de France à son palmarès, elle le doit à son talent, mais également à l’implication de son père, Laurent, sans qui tout cela ne serait possible : « Un immense merci à mon père qui m’accompagne sur toutes les courses et sans qui je ne pourrais pas rouler. Merci également à mes partenaires, Damien Bru du 16th, Nono et Julie, Romain, Simonet TP, le Département de la Creuse, l'ASA Mauve dans laquelle je suis licenciée ainsi que ma Ligue de Nouvelle Aquitaine Sud. Je n’oublie pas tous les copains du paddock avec qui nous avons passé de supers moments tout au long de cette saison et qui font que le championnat est une grande famille. J’aurais une mention particulière pour Aurore et Sylvain (Dodille) avec qui j'ai partagé une très bonne saison. »

Les supporters d’Elodie Lafosse peuvent se réjouir, la Championne à la ferme intention de disputer un championnat complet en 2022 : « En toute logique ce sera au volant de la Lotus Exige, la Peugeot 106 XSI est à la vente, si elle intéresse un pilote, qu’il n’hésite pas à me contacter », conclut Elodie qui comptera parmi les féminines de talent sur le Championnat 2022.

 

Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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