Paul Reutter 4ème du Challenge Open GTTS/4

Lors de sa dernière apparition sur le Championnat de France de la Montagne, en 2018, Paul Reutter avait remporté l’Open GT de Série au volant d’une Porsche 997 GT3. Fidèle à Porsche, il faisait cette année son retour au volant d’une 991 Cup avec laquelle il accrochera plusieurs podiums sur le championnat, avant de conclure la saison par un succès sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne, comme il l’avait déjà fait en 2018.

C’est en rallye que Paul Reutter a acquis ses lettres de noblesse en inscrivant son nom au palmarès de nombreuses épreuves de l’Est. A six reprises il s’imposera sur le Rallye de l’Alsace Bossue, remportera par cinq fois le Plaine et Cimes, à trois reprises le National de la Plaine. On retrouve également à son palmarès le Rallye de Nancy, de Franche-Comté, le Mouzon Frézelle, le Centre Alsace, l’Avallonais, le Printemps, le Thur et Doller et le Rallye du Florival.

Mais ’’Polo’’ ne s’est pas contenté de participations en rallye. On a pu le voir à plusieurs reprises à Turckheim où il s’imposait régulièrement en GT de Série. En 2018, pour sa première participation sur le Championnat de France de la Montagne, l’Alsacien allait se permettre d’enchainer les succès en GT de Série tout en découvrant les tracés. En 2019, des évolutions dans ses investissements professionnels obligeaient Paul Reutter à mettre sa carrière sportive entre parenthèse. L’année suivante, la crise sanitaire affectait l’ensemble des compétitions sportives, et ’’Polo’’ n’aura pas l’occasion de rouler. En 2021, il vendait sa Porsche 997 GT3 et devait donc, avant de songer revenir à la compétition, trouver une nouvelle monture.

Une 991 Cup pour remplacer la 997 GT3
Son choix se portait alors sur une Porsche 991 Cup : « La question ne se posait pas en ce qui concerne la marque de la voiture. Il était clair que je resterais fidèle à Porsche. Il restait alors à trouver le modèle. Je connais parfaitement les Porsche, leur mode d’exploitation, leur comportement, et même si j’avais jeté un œil sur une Lamborghini Huracan, je reste persuadé que cette auto, plus typée circuit, ne correspond pas à mon pilotage. Au final j’ai fait l’acquisition d’une 991 Cup qui je l’espérais serait performance. Il s’est avéré que si elle était compétitive, il était impossible de jouer la gagne face à des voitures disposant de beaucoup plus de chevaux. »

Paul pouvait estimait avoir fait le tour du GT de Série, devenu entre temps GT Sport, ce qui l’incitait à franchir un échelon supplémentaire pour venir grossir une classe GTTS/4 plus imposante que jamais. La nouvelle monture allait bénéficier d’une nouvelle livrée blanche et rose, et ’’Polo’’ l’affublait du doux prénom de Rosalie : « Compte tenu de mes finances, c’est la meilleure auto dont je pouvais disposer. Bien évidemment le Graal aurait été une 991 R, mais là on est plus sur le même budget. Et puis je me faisais plaisir en passant d’une voiture très proche de la série à une vraie auto de course, disposant d’un arceau de fou, d’une ’’vraie’’ boîte, et qui affichait de belles performances. Preuve en est que sur certaines montées j’ai amélioré mes chronos du GT de Série de plus de neuf secondes… »

C’est à la fin de 2021 que Paul Reutter prenait possession de sa nouvelle voiture. Mais il n’aura pas réellement le temps d’en juger les performances : « Je me suis contenté d’une séance d’essais sur l’Anneau du Rhin, mais au bout de quatre tours, j’ai un cardan qui a cassé », explique le pilote alsacien. « J’ai réparé durant l’hiver, j’ai changé les réglages de trains et je suis retourné sur l’Anneau du Rhin au mois de mars, juste avant le coup d’envoi de la saison. En clair je n’ai pas pu faire énormément de kilomètres. Malgré tout, les sensations étaient bonnes immédiatement et j’étais sûr d’avoir fait un bon choix. Ce n’était pas évident après huit années passées avec la 997. »

On l’a vu, le plateau du GTTS/4 n’a jamais été aussi imposant que lors de cette saison 2022. Paul Reutter savait qu’il allait être confronté à des pilotes qui ont une longue expérience du championnat et qui disposaient d’autos particulièrement performantes : « Malgré tout j’espérais bien pouvoir tirer mon épingle du jeu et venir inquiéter les meilleurs pilotes de la catégorie. »

Succession de podium sur le CFM
La saison de Paul Reutter débutait à Bagnols-Sabran où l’Alsacien viendra chercher un premier podium en plaçant sa Porsche derrière la Lamborghini Huracan ST de Ronald Garcès et la BMW M3 E92 de Yannick Poinsignon : « J’ai un regret, parce que je pense que j’ai loupé le coche sur ce premier rendez-vous… Nous avions fait faire un réglage de train chez un copain, mais je pense que sa machine n’était pas adaptée à une auto aussi basse que la mienne. Les valeurs n’étaient pas bonnes et lorsque je suis arrivé à Sabran, je me suis rendu compte que les roues étaient tordues, qu’il y avait un souci. En vérifiant à la ficelle, nous avons bricolé un réglage de train, mais en étant loin de l’optimiser. C’est dommage parce que sur un tracé typé rallye comme celui de Bagnols-Sabran je pense que j’aurais pu me battre pour la deuxième place », estime ’’Polo’’ qui termine à trois dixièmes seulement de Yannick Poinsignon.

Sur le Col Saint-Pierre, c’est Yannick Poinsignon qui sort vainqueur de la confrontation cévenole devant Ronald Garcès, et on retrouve une nouvelle fois Paul Reutter sur le podium : « Mais là encore j’ai un regret car je loupe d’un dixième le podium de la catégorie 1 sur la manche du Championnat d’Europe. En clair même si les résultats peuvent être satisfaisants, je reste un peu déçu des deux premières confrontations de la saison. La voiture ne tenait pas le pavé comme je l’espérais et le plus frustrant et de ne pas parvenir à attaquer comme j’aurais pu l’espérer. »

Troisième course et troisième podium pour Paul Reutter que l’on retrouvait une nouvelle fois en excellente position à Abreschviller : « Mon père m’a fait un réglage de train avant que je rejoigne la Lorraine. De ce fait la voiture avait un meilleur comportement et là j’ai pu attaquer et contenir les attaques de Philippe Schmitter. » Même s’il n’était pas pleinement satisfait de son début de saison, on notera que ’’Polo’’ est monté à trois reprises sur le podium lors des trois premières manches.

Pour Paul Reutter, professionnellement il était impossible de prendre part à la campagne de l’Ouest qui se déroulait cette saison sur trois week-ends consécutifs. On retrouvait donc l’Alsacien à Vuillafans où il accrochait la cinquième place derrière Yannick Poinsignon, Ronald Garcès, Nicolas Werver et David Meillon : « Si on fait exception de Nico Werver, qui n’était pas engagé sur le championnat, je termine au quatrième rang en ayant signé de très bons chronos. A mon sens, pour aller chercher un podium sur cette épreuve, il faut plus de deux participations et je souffrais donc de la méconnaissance du terrain. De ce fait le résultat est plutôt bon. »

Dunières allait permettre à Paul Reutter de retrouver le podium en plaçant sa Porsche au troisième rang : « Dès que les routes sont typées rallye ou ’’délicates’’, j’arrive à tirer mon épingle du jeu, je le démontre une nouvelle fois à Dunières. Et c’est pour moi une belle satisfaction de montrer que je suis là et que je peux contrarier les plans de mes adversaires. »

A Marchampt, si une nouvelle fois Yannick Poinsignon et Ronald Garcès étaient intouchables, Paul Reutter allait devoir défier un autre alsacien en la personne de Philippe Schmitter. Au final, le pilote de la Renault R.S. 01 prendra l’ascendant : « Je savais que sur un tracé rapide comme celui de Marchampt, je devrais être désavantagé face à des autos plus puissantes. Finalement je suis tout de même parvenu à me mettre en valeur et à rester menaçant pour les hommes de tête. »

Paul Reutter n’a pas pour l’habitude de jouer les seconds couteaux, et à l’issue de la mi-saison il devait se rendre à l’évidence… Il ne serait pas en mesure cette saison d’aller chercher une victoire. N’ayant plus rien à espérer, c’est sans réelle déception qu’il se voyait contraint de renoncer à aligner sa Porsche sur le Mont-Dore : « Je me suis fait mal au dos, et après deux passages chez l’ostéopathe je n’étais pas totalement remis. J’ai donc déclaré forfait pour le Mont-Dore et dans le foulée pour Chamrousse. »

On retrouvait donc par la suite Paul Reutter chez lui, en Alsace, à l’occasion de la 66ème édition de la Course de Côte de Turckheim – 3 Epis. Au terme d’un week-end mouvementé, on retrouvait ’’Rosalie’’ à la cinquième place : « Ce que je veux retenir avant tout c’est que samedi, à l’issue des essais, j’occupais la deuxième place derrière Nicolas Werver. Sur un terrain que je connaissais bien, avec l’intervention de la pluie, j’ai pu démontrer qu’il faudrait compter avec moi… Je me retrouvais en tête des pilotes du championnat dans la hiérarchie des essais, c’était particulièrement valorisant », confie Paul. « Dimanche, le soleil était de la partie et ça ne m’a évidemment pas aidé. Je savais que sous la pluie j’avais des atouts en mains, sur le sec ce n’était plus la même histoire. C’est dommage que la météo des deux jours n’ait pas été inversée, j’en aurais inquiété plus d’un. »

Vainqueur Production sur la Finale de la Coupe de France
La saison sur le Championnat de France de la Montagne s’arrêtait pour Paul Reutter à Turckheim. Absent à Limonest il s’alignait ensuite sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne où il se présentait en favori. Vainqueur du Production en 2018, il viendra cette année encore inscrire son nom au palmarès de cette finale : « Le mercredi précédent la finale j’ai ressenti des vives douleurs aux ventres qui ne s’estompaient pas. Heureusement, durant le week-end, avec les montées d’adrénaline dues à la course ça allait mieux. » Mais s’il était le plus rapide lors des montées d’essais, dimanche sous la pluie ’’Polo’’ se voyait devancé par les Supercopa MK3 de Nicolas Granier et Julien Dupont : « Sur la première montée, j’étais en retrait sous la pluie parce que j’ai voulu rouler trop propre, éviter de glisser. Sur la seconde montée, toujours sous la pluie, j’ai roulé comme je le fais habituellement, et j’ai repris l’avantage. Ensuite, j’ai confirmé avec le retour du soleil et j’ai fait la différence… Ce fut compliqué, mais la victoire n’en est que plus belle. »

Quatrième du Challenge Open GTTS/4 et huitième du championnat, Paul Reutter inscrit à son palmarès la Finale de la Coupe de France de la Montagne : « Le bilan est positif ne serait que pour le plaisir que j’ai pris au volant et la victoire sur la finale. Pour le reste, ce fut une saison un peu frustrante pour moi qui suis un compétiteur et qui ai toujours eu l’habitude de me battre pour la gagne avec la 997. Là je devais me rendre à l’évidence, il m’était impossible de concurrencer face à des bolides qui font plus de 600 chevaux » analyse ’’Polo’’ qui dispose de 480 chevaux sur sa Porsche. « Je devais donc relativiser et accepter les troisième places que j’ai pu obtenir. Avec le recul, je me rends compte que signer de telles performances, avec une nouvelle auto, pour seulement ma seconde saison sur le championnat et face à des voitures bien plus performantes, c’est un bon résultat. »

S’il s’est fait plaisir, ’’Polo’’ a également fait très plaisir aux spectateurs qui apprécient particulièrement son style de pilotage. Il a de par ses prestations fait plaisir à ceux qui lui sont d’un précieux soutien : « Un grand merci à mes partenaires : Kovacic, Jet Carrosserie, Faac Fournitures Automobiles, Motul. Je veux également remercier ma chérie, Stephanie Bechtold, pour son aide, son soutien et ses jours de congés pris pour me suivre. Merci à Jean Pierre pour son aide ainsi qu'à Olivier et Robert. Merci à mon papa pour ses coups de mains mécaniques et ses réglages de trains. Enfin merci à Alain pour son aide précieuse et à tous ceux qui me soutiennent, amis, fans et supporters. »

L’achat d’une Porsche 991 Cup représente un investissement important, et Paul Reutter espérait bien, pour rentabiliser son acquisition, louer sa voiture sur plusieurs courses : « Ca n’a pas pu se faire en 2022, mais j’espère que ça sera le cas en 2023. De ce fait, je donnerai la priorité à la location, ce qui se fera au détriment de mes participations. Si tout se passe comme je le souhaite, cela me permettra de disposer d’un budget plus important et de pouvoir courir dans de meilleures conditions. J’espère donc être présent sur les épreuves qui me plaisent bien, mais sans me fixer pour l’heure un objectif particulier », conclut Paul Reutter.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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