
La première saison d’Arthur Barralon sur le Championnat de France de la Montagne VHC se solde par un premier titre de Champion de France. Le Ligérien impose en effet sa Ford Cortina Lotus en tête du Championnat VHC à l’Indice de Performance.
Le classement du Championnat de France de la Montagne VHC à l’Indice de performance tient compte de plusieurs critères, et notamment d’un coefficient attribué à chaque voiture engagée. Une simple erreur de coefficient peut fausser un classement et à l’heure d’établir le classement final, cette simple erreur peut entraîner comme répercussions de modifier les positions… Ça sera le cas cette année, et c’est le Championnat de France VHC Production, Alexandre Chamagne, qui était également leader de ce classement à l’Indice de Performance, qui aura l’honnêteté d’alerter sur cette erreur. En fin de saison la rectification de cette erreur privera Alex d’un titre supplémentaire. La FFSA ayant révisé le classement final, c’est donc Arthur Barralon qui succède à Philippe Vernay, une Ford Cortina Lotus succède à une… Ford Cortina Lotus !
La Ford Cortina Lotus pour Arthur Barralon c’est avant tout un héritage familial. C’est son arrière-grand-père, Romain Morel, qui était propriétaire de cette voiture, et Arthur possède encore des photos sur lesquelles on le voit, enfant, trôner aux côtés de cette vénérable anglaise. Plus tard, c’est la grand-mère d’Arthur, Lorette, qui aura la chance d’embarquer ses enfants dans la Cortina pour s’évader l’été vers leur lieu de villégiature. La passion, comme la Ford Cortina Lotus, est transmissible et touchera Philippe, le père d’Arthur : « Enfant je l’accompagnais très souvent sur des circuits où nous allions voir évoluer tout particulièrement d’anciens modèles venus d’Angleterre », se souvient Arthur. Et si Philippe Barralon n’aura jamais l’occasion de courir sur quatre roues, il participera à des compétitions de motocross et de trial. Le sport auto est une passion bien ancrée dans la famille puisque Pascal Barralon, l’oncle d’Arthur, officiera pour sa part en qualité de copilote en rallye durant les années 70 et 80.
Pour les octogénaires d’aujourd’hui, la Ford Cortina Lotus qui a connu ses heures de gloires dans les années 60, s’apparente aux GTI des années 80. Et très tôt germera dans l’esprit d’Arthur l’envie de s’exprimer au volant de cette voiture. L’auto familiale qui sera le moyen de transport des vacances, devait devenir une sportive qui offrirait au jeune Arthur Barralon de toutes nouvelles sensations.
La Ford Cortina Lotus soigneusement conservée dans un coin du garage était strictement d’origine, et avant même d’avoir le permis de conduire, Arthur partait à la recherche de pièces qui permettraient de rendre cette auto plus compétitive : « J’ai fait le tour des sites internet où je pouvais trouver mon bonheur et c’est comme cela que nous avons débuté la préparation de ma voiture. Dans le même temps, je me suis renseigné sur les possibilités qui m’étaient offertes pour la faire évoluer, sur la manière dont on obtenait un PTH. Un travail de longue haleine qui m’a pris une quinzaine d’années », explique Arthur.
Il y a trois ans, Arthur Barralon tombait sur un interview accordé par Philippe Vernay qui se confiait sur son implication en course avec une Ford Cortina Lotus. La lecture de cet interview allait accélérer les choses : « Je me suis dit qu’il disposait de la même voiture que moi, il résidait à proximité de Lyon, ce qui pour le Stéphanois que je suis n’est pas si éloigné, et il évoquait la course de côte, de nombreux éléments qui me parlaient. » Arthur rentrait en contact avec Rétro Course, journal sur lequel était diffusé l’interview, avec l’espoir d’avoir les coordonnées de Philippe Vernay : « Et finalement c’est lui qui m’a rappelé, en me confiant qu’il était particulièrement emballé par notre projet. On s’est rencontré et il m’a été d’une aide précieuse en me faisant profiter de son réseau, et notamment en me permettant de rentrer en contact avec Didier Bonnardel qui prendra en charge la préparation mécanique de la voiture. Alors qu’initialement je pensais me diriger vers le circuit, c’est Didier qui m’a motivé pour venir sur le Championnat de France de la Montagne en m’expliquant que les coûts seraient moindres et surtout que j’allais bénéficier d’un accueil et d’une exceptionnelle convivialité au sein d’un club dédié aux Véhicules Historiques de Compétition. »
Alors que Didier Bonnardel prenait en charge la préparation moteur, Philippe Vernay dirigeait Arthur vers Bernard Degout, préparateur renommé dans la périphérie lyonnaise, et qui s’occupera de l’assemblage, des trains roulants, de l’ensemble de la préparation finale de la Cortina : « Je n’avais plus qu’à faire quelques essais sur piste à Château-Gaillard et ensuite, accompagnés de mes parents (Jeanne et Philippe), totalement investis dans le projet, et qui prendront en charge la logistique tout au long de la saison, je pouvais m’élancer sur le championnat. »
Découvrir et apprendre
Cycliste assidu, adepte de courses à pied et passionné de Montagne, Arthur Barralon s’adonne au ski, et allait découvrir en 2025 le sport automobile. Sa saison débutait sur la Course de Côte du Col Saint-Pierre, certainement pas le tracé le plus facile pour un apprentissage : « Il est clair que c’était compliqué de se lancer dans un univers totalement inconnu où j’avais tout à découvrir. Mon emploi du temps professionnel m’a contraint à des reconnaissances très limitées, exclusivement de nuit, et le premier sentiment que j’ai eu c’est de m’être lancé dans quelque chose de costaud et un peu stressant. » La météo capricieuse n’allait pas aider pour abaisser le niveau se stress, mais le jeune Stéphanois se sortait très bien de cette épreuve qu’il terminait au cinquième rang d’un groupe 2 particulièrement fourni, et deuxième à l’Indice de Performance derrière la Marcadier Barzoï d’André Tissot.

La suite de la saison d’Arthur Barralon se poursuivait dans le Sud, plus précisément dans l’Aude, puisque c’est à Quillan que l’on retrouvait la Ford Cortina Lotus : « Cette fois la météo était idéale et le tracé magnifique. Je commençais à avoir mes repères, à me sentir plus à mon aise que sur le Saint-Pierre. J’ai pris le temps de bien reconnaitre et ce fut un excellent week-end. J’ai le sentiment alors que ma saison débute réellement à Quillan », estime le Stéphanois.
Arthur Barralon alignera ensuite sa Ford Cortina Lotus sur la Course de Côte de Marchampt : « Je suis content parce que la voiture s’est bien comportée sur ce tracé rapide et technique. Je commençais à bien exploiter la Cortina et je me suis fait plaisir en passant vraiment vite sur deux ou trois portions », se souvient Arthur qui terminait en tête du classement à l’Indice de Performance.
Dans l’esprit d’Arthur Barralon, la Course de Côte de Vuillafans lui a proposé, « deux salles, deux ambiances… D’une part le passage dans la parabolique, les épingles avec les relances, c’est vraiment le tracé typique course de côte et j’ai passé un excellent début de week-end... Mais d’autre part les fortes chaleurs et les réglages qui n’étaient peut-être pas les mieux adaptés ont fait que dans la dernière montée du dimanche, sur la dernière épingle, la voiture s’arrête. Je suis parvenu à redémarrer mais j’étais très déçu parce que j’étais en bagarre avec la Volvo de Pierre Nowaczyk et que je n’ai pas pu défendre mes chances jusqu’au bout, et il me passe devant. » Arthur parvenait à remporter le classement à l’Indice de Performance, mais découvrait qu’il avait un problème moteur sur sa Cortina, ce qui pouvait compromettre la suite de sa saison.
Didier Bonnardel et Bernard Degout replongeaient les mains dans le moteur, pour effectuer un travail exemplaire et permettre à Arthur d’être au départ de Dunières : « Je les remercie, et je remercie également Jean-Marc Charvin qui m’a aidé pour trouver les pièces. Sans eux je n’aurais pas pu poursuivre la saison. Ça aurait été rageant de ne pas pouvoir être au départ de Dunières, sur une course qui se situe à dix minutes du village où résident mes parents, et que ma famille, mes amis et mes partenaires devaient être présents. »
Cette Course de Côte de Dunières offrira de belles satisfactions à Arthur Barralon qui s’imposait en tête du classement à l’Indice de Performance : « C’est une épreuve qui nécessite une approche particulière, sur un tracé court qui interdit toute erreur et sur lequel il ne faut pas louper les relances. Et même si la voiture était réparée, on s’aperçoit qu’il reste un petit couac qui nous inquiétera tout le week-end. »

De nouveaux travaux sur le moteur de la voiture seront entrepris après ce premier rendez-vous auvergnat afin qu’Arthur puisse se rendre au Mont-Dore dans les meilleures conditions : « Ce fut certainement un des plus beaux, pour ne pas dire le plus beau souvenir de ma saison », confie Arthur. « Cette course est mythique, le tracé exceptionnel et j’ai eu de supers sensations, avec notamment quelques glisses contrôlées qui offrent un plaisir fou. Je suis content du résultat parce que je termine quatrième du groupe 2 et que le fini 72 millièmes devant Anthony Blanchot. Avec ma Cortina Lotus de 1964, terminer devant une Peugeot 205 GTI de 20 ans sa cadette, c’est enthousiasmant », confie le Stéphanois, deuxième à l’Indice de Performance derrière la Lotus Elan de Malivai Castelli.
Arthur Barralon partait ensuite à la découverte de Turckheim, le tracé le plus long du championnat : « La difficulté majeure est de conserver le rythme de bout en bout. Mais sinon le week-end s’est particulièrement bien déroulé pour moi. Je garde à l’esprit que j’ai quelques copains du VHC qui ont étaient victimes de sorties de routes heureusement sans gravité pour eux, mais ça rappelle toujours à l’ordre. » Le rendez-vous alsacien permettra au Stéphanois de s’imposer aux commandes du classement à l’Indice de Performance.
Une dernier succès, dans le cadre de l’Indice de Performance l’attendait à Limonest où pour conclure la saison, Arthur allait connaitre un week-end qui ne fut pas des plus faciles : « La météo nous a pas aidé… Samedi matin, dès les premiers essais, je sors dans le virage du Fort. Je tape l’aile avant droite et c’est pour moi un coup dur sur la dernière course de la saison parce que je sais alors qu’après les pannes précédentes ça va mettre un coup au budget. » Arthur reconnait s’être fait un peu peur sur cette épreuve, même si les dégâts étaient limités. « De plus, depuis le Mont-Dore, Jean-Marc Charvin m’avait informé que si je poursuivais ma série de bons résultats je pouvais décrocher le titre de Champion de France à l’Indice de Performance, ce que j’avais totalement occulté. Et là tout était remis en cause même si je n’en faisais pas une obsession parce que j’étais le rookie de la saison et que j’étais avant tout là pour apprendre. »
Seule la carrosserie étant touchée, la solidarité enclenchée par les copains du VHC permettait à Arthur de réparer, de se relancer : « J’ai pu être au départ de la seconde montée d’essais, mais sur la première montée de course, j’ai bien failli repartir à la faute, à nouveau au Fort. Je reste sur la route mais je perds du temps. Dimanche, sous la pluie j’ai vraiment géré pour être à l’arrivée. Cette épreuve en terre lyonnaise fut ma bête noire pour le Stéphanois que je suis », plaisante celui qui se présente comme un ''pur cœur vert ''.
Champion de France à l’Indice de Performance
Pour sa première saison sur le Championnat de France de la Montagne des Véhicules Historiques de Compétition, Arthur Barralon parvient à rejoindre l’arrivée de l’ensemble des montées de course, à signer des performances bien plus que respectables, pour finalement remporter le Championnat à l’Indice de Performance : « Pour un rookie, c’est plutôt une réussite. Le bilan est extrêmement positif sous deux aspects. D’abord sportif parce que je remporte un titre alors que je n’avais comme seul objectif que de terminer les courses pour apprendre un maximum. Et ensuite sur l’aspect humain, nous avons fait énormément de rencontres, visité de magnifiques régions, bénéficié d’accueils fabuleux. J’ai énormément apprécié la manière dont nous avons été intégrés au sein du paddock VHC, la solidarité qui règne, l’ambiance conviviale et les moments de partage. Quand un pilote de la renommée de Jean-Marie Almeras te demande lorsque tu termines une montée si tu as bien roulé, ça ne te laisse pas indifférent. »

Cette saison particulièrement enthousiasmante, Arthur Barralon l’a partagé avec tous ceux qui furent des soutiens et que le jeune pilote veut remercier : « Avant tout, je veux dire un immense merci à mes parents (Jeanne et Philippe) qui m’ont accompagné sur les épreuves. Sans eux il n’y a pas de course possible parce qu’ils gèrent toute la logistique. Je n’oublie pas la mascotte, notre chien », sourit Arthur. « Un immense merci à Coralie ma copine, et à ma grand-mère Lorette qui a eu la chance de partir en vacances avec la Cortina qui appartenait alors à son papa Romain Morel. Un immense merci à mes partenaires : Trans Logistique Services Frères (TLS Frères) Guillaume Perdriat et Julie Murris, à l’Agence WOW Marie Breton, à Transport Fauvet Daniel et Fabien Fauvet, à l’atelier bois Elliot Martin et à, RS Conception Damien Enguix. Merci bien évidemment à Philippe Vernay, Didier Bonnardel, Bernard Degout, Viviane Bonnardel, Alex Chamagne, Daniel Louis, mon ami le snipper du VHC Jean-Michel Godet, et tous les membres du VHC le Club, ainsi que mes futurs voisins Varois Greg Mollon, Anthony Blanchot et David Baracco. »
Son évolution professionnelle va contraindre Arthur Barralon à quitter la région stéphanoise pour s’installer dans le Var : « Il est clair que ça va pas mal rallonger mes déplacements pour aller sur les épreuves. Mais pour autant je ne vais pas délaisser le championnat et l’an prochain je serai là avec l’envie de débuter la saison dès Lodève et d’être également présent à Bagnols-Sabran. Et ensuite faire globalement le même programme que cette année en ajoutant Chamrousse. » On retrouvera donc en 2026 la Ford Cortina Lotus sur les épreuves du Championnat de France de la Montagne.
©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com
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