Jean-Claude Hector, plus de 50 ans de sport automobile

Figure incontournable du Sport Automobile, Jean-Claude Hector a rapidement délaissé le volant pour se consacrer à des fonctions d’encadrement. Directeur de course depuis près de cinq décennies, il est de plus Président de la Commission Montagne des Véhicules Historiques de Compétition. En plus de 50 ans, il a fut le témoin privilégié de l’évolution de la Course de Côte, et conserve un regard aussi objectif que passionné sur la discipline.

En 1958, Jean-Claude Hector n’avait que 14 ans lorsqu’il assistait pour la toute première fois en spectateur au Rallye de Lorraine. Une première approche qui fut pour lui une révélation : « La neige est venue perturber cette édition du rallye » se souvient-il. « J’étais gamin, et j’attendais sur la place de Vittel où mes parents avaient un commerce, de voir passer les autos. Au final, seuls trois concurrents ont rejoint l’arrivée, et parmi eux le vainqueur de l’épreuve, Paul Spillmann, qui par la suite sera président de l’Asac Lorrain et qui m’a précédé à ce poste. »

De la Dauphine à la Direction de Course
A la vue de la Citroën DS de Paul Spillmann, Jean-Claude se découvrait une passion pour le sport auto. Lycéen, le jeune Lorrain restera un temps éloigné de la compétition, mais dès ses premiers salaires en poche, il faisait l’acquisition d’une Renault Dauphine 1093 : « C’était une auto mythique, avec laquelle j’ai couru pendant un an en prenant part à différents rallyes. Par la suite, je m’en suis séparé pour acheter une Opel Kadett que j’ai également gardée une saison. »

Contraint de satisfaire à ses obligations militaires, Jean-Claude Hector mettait entre parenthèses le sport auto. Mais dès son retour de l’armée, il se rapprochait d’autres passionnés de belles mécaniques : « J’ai intégré l’Ecurie Lorraine et je suis revenu sur les courses, mais cette fois en qualité de commissaire. » Rapidement, le jeune lorrain allait gravir les échelons pour devenir, à moins de 30 ans, Directeur de Course : « L’année où je suis devenu Directeur de Course, je me souviens avoir été le seul à réussir le diplôme. »

C’est principalement en rallye que ’’Achille’’, puisque c’est là le surnom que lui-même revendique, allait exercer ses talents. « A mes débuts, je dirigeais également la Course de Côte de Bourbach-Le-Haut, ensuite j’ai eu l’occasion d’officier à Fouchy et à Turckheim. »

Le Sport Automobile aura permis à Jean-Claude Hector de faire le tour du Monde. Car si aujourd’hui il officie principalement dans l’Hexagone, il a eu l’occasion de s’impliquer sur des manifestations d’outre-mer et hors de nos frontières : « Durant 14 ans, j’ai été Directeur Sportif de l’Opération Rallyes Jeunes, bien connue de l’actuel Promoteur du Championnat de France de la Montagne », confie-t-il dans un large sourire. « J’ai eu l’occasion grâce à cela d’aller à la Réunion, la Martinique et le Guadeloupe. Sinon, j’ai même officié en Allemagne et en Pologne. » Jean-Claude se souvient avoir dû aller jusqu’en Nouvelle Calédonie pour satisfaire aux exigences de la FFSA : « Jacques Régis, alors président de la FFSA, nous avait demandé de constituer une équipe ’’d’anciens’’ du sport auto, pour aller suivre le Rallye de Nouvelle-Calédonie, qui comptait alors pour le Championnat Asie-Pacifique, et d’étudier s’il y avait la possibilité d’accroitre sa renommée à l’international. »

Aujourd’hui, s’il y a un événement que ’’Achille’’ ne louperait pour rien au monde, c’est le Tour Auto : « Cela fait 12 ans que j’ai la confiance de Peter Auto. J’ai la chance d’évoluer sur cette épreuve dans l’habitacle de la voiture tricolore, juste derrière le ’’000’’. C’est pour moi mon bâton de maréchal, car j’avoue que lorsque j’ai débuté en qualité de commissaire, je n’aurais jamais rêvé d’accéder à cette fonction. C’est vraiment un honneur que l’on me fait. »

Des souvenirs plein la tête
S’il ne peut évoquer les innombrables souvenirs qu’il a pu partager avec son complice de toujours, Bernard Deray, Jean-Claude garde à l’esprit des pilotes qui, par leur talent, leur charisme, leur implication dans la discipline, l’ont marqué : « J’ai eu la chance de côtoyer notamment Marcel Tarrès et Anne Baverey, qui ont tous deux profondément marqué leur époque. C’est très personnel, mais ils représentent pour moi l’âge d’or de la discipline, avant que Daniel Boccard et Bernard Chamberod ne prennent le relais. »

De l’époque où il fut Président de l’ASAC Lorrain, Jean-Claude Hector se souvient avoir organisé la Course de Côte de Belleau sur laquelle Marcel Tarrès et Anne Baverey avaient honoré la manifestation de leurs présences : « Ca reste un moment fort, un souvenir indélébile. »

Lorsque l’on évoque avec ’’Achille’’ l’évolution de la Course de Côte, il ne manque pas de faire le parallèle avec sa carrière professionnelle : « J’ai évolué au sein de France Télécom. A mon arrivée au sein de ce qui était alors les PTT, en 1962, j’ai connu l’époque des opératrices qui mettaient les abonnés en relation. Ensuite, j’ai connu le télégraphe, le télex, et j’ai d’ailleurs suivi durant quatre ans le Tour de France cycliste pour installer le télex dans les salles de presse. J’ai connu par la suite l’époque du minitel et les balbutiements d’internet… Je considère que pour les Courses de Côte il en est de même. J’ai été le témoin de l’ensemble des évolutions qui sont apparues dans la discipline depuis 50 ans. De Jo Schlesser qui était venu courir à Belleau, à aujourd’hui les frères Schatz, Nicolas et Geoffrey, et Sébastien Petit… »

Bien évidemment, comme beaucoup, Jean-Claude Hector a pris conscience qu’au fil des décennies la course n’avait pas lieu uniquement sur la route, mais dans l’escalade des budgets nécessaires pour être au sommet : « On peut l’encenser ou le regretter, mais c’est un fait incontournable, l’évolution logique des choses, le sport auto passe nécessairement par la quête du meilleur matériel… Entre les ’’cigares’’ qu’on lançait sur la route dans les années 60 avec des pneus qui étaient tout sauf réellement des pneus, et les Protos que l’on voit évoluer aujourd’hui, il y a deux univers totalement distincts. On peut s’en réjouir, c’est ce qui a permis de pérenniser la discipline. »

D’ailleurs s’il reconnait que la Course de Côte manque encore de médiatisation, elle peut se targuer de présenter des plateaux de qualité : « Le Championnat de France de la Montagne accueille de magnifiques autos, que ce soit en Sport ou en Production. Sur certaines épreuves, la liste des engagés est au maximum de ce que le règlement peut accepter. Il ne manque plus que les médias aient un œil plus attentif sur notre discipline et tout ira pour le mieux. »

Président de la Commission Montagne VHC
Directeur de Course, Jean-Claude Hector est également Président de la Commission Montagne des Véhicules Historiques de Compétition. Une discipline en plein essor dont l’avenir semble assuré : « J’avoue une satisfaction personnelle dans le fait que je suis à l’origine de la création du Championnat de France de la Montagne VHC qui a vu le jour en 2014. Auparavant, les pilotes évoluant en Historique disposaient d’une Coupe mais pas d’un véritable championnat. J’en suis d’autant plus satisfait que par la suite nous avons été imités par le circuit et le rallye. »

S’il considère que le VHC a un bel avenir devant lui c’est que Jean-Claude Hector sait pouvoir compter sur un soutien fédéral indéfectible : « Notre Président, Nicolas Deschaux, est conscient de l’importance des historiques et met tout en œuvre pour nous apporter son soutien. Au fil des ans, les plateaux se sont étoffés et personne ne peut contester que les VHC font partie intégrante de l’histoire de l’automobile. C’est notre patrimoine et nombreux sont ceux qui veulent le mettre en avant, c’est plutôt enthousiasmant », conclut Jean-Claude Hector.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 


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