Le pilote de l’Audi R8 LMS a de sérieux atouts en mains

Vainqueur du Challenge Open GTTS/4 en 2018 au volant d’une Porsche 997 GT3 Cup, Ronald Garcès faisait cette année son retour sur le Championnat de France de la Montagne avec une flamboyante Audi R8 LMS. Son principal objectif était de jauger la compétitivité de son Audi face aux hommes forts du Championnat Production. Le pilote natif de l’Aude peut être rassuré, en terminant la saison en position de Vice-champion sur le Championnat et la 2ème Division, il sait disposer de sérieux atouts pour l’avenir.

Ces dernières années, Ronald Garcès avait fait du Championnat de France de la Montagne 2ème Division Production sa chasse gardée. Triple Champion de France de cette 2ème Division, il avait à cœur pour 2020 de retrouver ’’la cour des grands’’ avec l’intention de se mettre en valeur. Des prétentions d’autant plus justifiées qu’il disposait depuis l’an dernier d’une Audi R8 LMS plus performante que la Porsche avec laquelle il évoluait précédemment.

Ronald Garcès l’avait annoncé en début de saison, son programme était cette année constitué des treize épreuves inscrites au calendrier du Championnat de France de la Montagne. Son Audi était donc prête à en découdre fin mars, à l’heure où logiquement aurait dû être donné le coup d’envoi de la saison à Bagnols-Sabran : « Quand est intervenu le confinement, l’auto était prête et à ce moment là je n’ai rien fait dessus. Elle est restée sagement au garage. »

Une Audi R8 pour se jauger face aux ténors du GTTS
Mais l’Audi ayant connu un problème d’embrayage durant la saison 2019, au printemps, à la sortie du confinement, Ronald se devait de prendre part à une séance de roulage : « Je me suis donc rendu sur le circuit de Pau-Arnos. C’était l’occasion pour moi de retrouver le volant puisque je n’avais pas eu l’opportunité de rouler depuis l’été dernier. »

Sur le papier, une Audi R8 LMS est donnée comme plus performante qu’une Porsche 997 GT3. Pour autant, Ronald n’avait pas eu l’occasion de se mesurer aux meilleures GTTS, et ne pouvait donc pas raisonnablement afficher des prétentions au titre : « J’ai participé à la Course de Côte de La Broque l’an dernier, mais Nicolas Werver et Yannick Poinsignon étaient absents et ma seule référence c’était la Renault R.S 01 de Philippe Schmitter. Difficile donc de se faire une idée précise des performances de mon Audi. Je n’avais pas eu l’occasion de rouler sur une manche du Championnat de France avec la R8 LMS, il m’était donc impossible de comparer les chronos avec ceux réalisés avec la Porsche. De ce fait, mon principal objectif pour cette saison était d’être au contact des cadors du GTTS, de pouvoir me mesurer avec eux. »

Un cumul de deuxième place
Pour débuter ce court championnat 2020, au Mont-Dore, Ronald Garcès avait opté pour des pneus achetés d’occasion en début de saison dernière. Il savait donc qu’il lui serait difficile de réaliser un super chrono lors des essais : « Je n’avais pas de second jeu de jantes et j’ai disputé l’ensemble de la saison dernière, où je n’ai pas pris part à énormément de courses, avec les mêmes pneus. Lors des essais je suis donc assez loin, et finalement j’ai monté un jeu de pneus neufs pour la course, ce qui m’a permis une nette amélioration de plus de huit secondes. » Deuxième à 2’’4 de Pierre Courroye, Ronald était pleinement satisfait de son résultat. « Même si j’ai eu du mal à me faire au regain de performance, gagner autant de temps veut dire que l’on roule nettement plus vite, l’adaptation après une si longue pause n’était pas évidente. »

La satisfaction du samedi allait même laisser place à un réel enthousiasme quand dimanche, à l’issue de la course, l’écart avec la McLaren du Franc-Comtois se réduisait à 706 millièmes : « Là je suis ravi du résultat, terminer aussi près de Pierre et de sa McLaren ne peut être que très réjouissant. »

Le rendez-vous du Mont-Dore avait permis à Ronald Garcès de tester son Audi avec des gommes neuves, et de prendre conscience qu’il devait de ce fait modifier certains réglages : « C’est pour cela que le week-end suivant je me suis engagé sur la Course de Côte de l’Ile-sur-têt », explique-t-il. « Au Mont-Dore, j’étais en délicatesse avec le train arrière de l’Audi et je voulais trouver les réglages pour améliorer le comportement de la voiture. »

Afin de faire des comparaisons, Ronald alternait entre gommes neuves et usagées pour évaluer les différences de comportement de son Audi : « J’ai bien senti sur une montée que le train arrière m’échappait, et sur la montée suivante elle a carrément décroché et j’ai tapé le mur de face à environ 90 km/h », explique-t-il.

Un choc violent, et si Ronald s’en tirait avec quelques courbatures, l’Audi en revanche laissait apparaitre de lourds stigmates qui ne présageaient rien de bon pour la suite de sa saison : « Dans mon esprit ça se terminait là… J’étais persuadé qu’il serait impossible de réparer avant Turckheim. » Sur le chemin du retour, il laissait son Audi à la carrosserie de Nicolas Granier, lui-même animateur du Championnat cette saison, et qui depuis plusieurs années prend en charge les voitures de Ronald. « Nous avons fait le point, lui pour voir ce qu’il pouvait faire, alors que je bloquais ma semaine pour trouver les pièces nécessaires à la réparation. »

Trouver des pièces pour un modèle aussi peu répandu n’est pas une sinécure, « et les acheter neuves représente un coût exorbitant. Il a donc fallu que je consacre toute la semaine à essayer de trouver les éléments indispensables pour pouvoir réparer. »

Ce qui paraissait impossible devenait réalisable, et c’est en travaillant comme des forcenés que Ronald et Nicolas parvenaient à remettre la voiture en état : « Être à Turckheim était déjà pour moi une victoire », reconnait-il.

Le défi était de taille car non seulement Turckheim représente un gros déplacement, mais également parce que Ronald reconnait qu’il a toujours eu du mal à se mettre en valeur sur ce tracé que pourtant il affectionne : « Je suis parti un jour avant, et nous avons décidé d’aller faire un saut sur le circuit de l’Anneau du Rhin pour valider les réglages. Et là, je me suis rendu compte que dès que je prenais de la vitesse la voiture rebondissait dans tous les sens. J’avais un problème au niveau du splitter, qui créait un phénomène aérodynamique qui engendrait ces rebonds. »

Arrivé à Turckheim, une fois installé au parc, Ronald et ses acolytes devaient à nouveau démonter pour tenter de solutionner le problème : « Mais samedi matin, lors de la montée d’essais, j’ai eu à nouveau les mêmes sensations, et je suis devancé par Pierre et Polo (Reutter). » Dans l’obligation de se lancer en course dès la seconde montée inscrite au programme de l’épreuve alsacienne, Ronald s’attelait dans un laps de temps réduit à solutionner son problème. Malgré tout, comme au Mont-Dore, il accrochait samedi soir la deuxième place des Productions.

Dimanche, il réduisait une nouvelle fois l’écart qui le séparait de la McLaren de Pierre Courroye pour monter à nouveau sur la deuxième marche du podium : « Je ne peux être que satisfait de mon week-end alsacien, même si nous avons dû travailler sans relâche durant les deux jours. Je suis surtout très content de mes chronos qui démontrent que je suis réellement dans le coup. Je suis parvenu à battre le record que Pierre (Courroye) venait de réaliser, et même s’il a par la suite à nouveau amélioré, c’était pour moi particulièrement enthousiasmant. »

Bagnols-Sabran n’est pas la course la plus facile à aborder. Le tracé étroit de l’épreuve gardoise n’est pas toujours des plus engageant, notamment quand la pluie s’invite à la fête. Et cette année, la météo sera pour le moins capricieuse : « Je n’avais jamais eu l’occasion de rouler avec l’Audi sous la pluie, c’était donc une découverte, et Bagnols laisse peu de place à l’improvisation et la découverte », rappelle Ronald.

D’ailleurs, lors des essais disputés sur une route humide, Ronald Garcès avait quelques peu de mal à entrer dans les débats : « Mais malgré tout j’étais content car pour une première sous la pluie, les sensations étaient plutôt bonnes. Ensuite, lors de la première montée de course, le route s’est asséchée et je me suis complétement planté dans mes réglages. Mais sur la seconde montée, réellement sur le sec, j’avoue qu’au volant de l’Audi c’était impressionnant, et je suis vraiment content de mon chrono », avoue Ronald qui accroche la deuxième place.

Dimanche les débats reprenaient sur le sec avant que la pluie ne fasse son apparition : « La journée à bien commencé puisque pour la première fois de la saison, lors des essais, je suis devant Pierre », se souvient Ronald. « Malheureusement, sur la première montée de course, le me suis loupé sur la première épingle où l’auto m’a totalement échappé. J’ai lâché là un temps précieux et je ne suis pas parvenu à améliorer mon chrono de la veille. »

La pluie faisait son apparition alors que les concurrents du Production allaient en terminer avec la seconde montée. Mais ce n’est pas pour cela que Ronald ne prenait pas part aux débats : « Sur la prégrille, j’ai entendu un bruit suspect à l’arrière et j’ai compris que c’était un souci de transmission. Il a donc fallu que je renonce à prendre part à la montée. » Mais sa prestation lors de la première montée de course lui permettait de se positionner une nouvelle fois à la deuxième place.

Vice-champion sur les deux Championnats
Vice-champion de France de la Montagne Production, et second également de la 2ème Division, Ronald Garcès est pleinement satisfait du résultat alors qu’initialement il n’avait pas d’ambition particulière : « Je voulais savoir où j’en étais, et je me suis rendu compte que j’étais dans le coup, ce qui est pour moi rassurant pour l’avenir. Je sais que j’aurais une carte à jouer si je suis en capacité de m’aligner sur le Championnat cette saison. »

Cette saison 2020 aura donc permis à Ronald Garcès de prendre conscience qu’il dispose avec l’Audi R8 LMS d’une arme redoutable, et qu’il sait parfaitement manier son bolide. A l’heure de tourner la page d’une saison largement positive, il ne manque de remercier ses soutiens : « Avant tout un grand merci à Anouk, ma compagne, à la carrosserie Granier et tout particulièrement à Nicolas grâce à qui nous avons pu remettre la voiture en état. Merci également à Stéphane Garcia et à la société R.S Events, à tous les copains de l’assistance, Bertrand, Gaëlle, Mika et Agnès. Un immense merci à mes partenaires, les Assurances Lestienne, le Garage Amirouche à Bram et Villasavary, Top Garage Ramon à Alzonne. »

Bien évidemment, le souhait de Ronald Garcès est de disputer le Championnat de France de la Montagne 2021 au volant de son Audi : « La période est difficile, les partenaires ont du mal à s’engager, ce qui est compréhensible. Mais évidemment je vais tout faire pour être présent sur l’intégralité du Championnat. D’autant que je repartirai dans un autre état d’esprit, en ayant la certitude que j’ai une carte à jouer. »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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