Le pilote du TracKing en constante progression

En manque de roulage depuis l’acquisition de son TracKing en 2019, Emilien Thomas avait la ferme intention cette année de s’aligner sur huit épreuves du Championnat de France de la Montagne. Et si les annulations du début de saison remettaient en cause son calendrier, il a toutefois pu démontrer sa progression en alignant les bons chronos à l’occasion des derniers rendez-vous de 2021.

C’est donc en 2019, à l’âge de 35 ans, qu’Emilien Thomas s’installait pour la première fois derrière le volant d’une voiture de course – en l’occurrence un TracKing – après avoir passé ses jeunes années à exprimer ses talents de pilotes en karting. Des talents qu’Emilien a hérité de son père, Serge Thomas, animateur durant de nombreuses saisons du Championnat de France de la Montagne, et unanimement reconnu comme un des hommes forts de la classe CN/2.

Onze courses seulement en trois ans
S’il commençait sur le tard, Emilien avait la ferme intention de rattraper son retard en enchainant les épreuves. Malheureusement, la crise liée à la Covid-19 ne lui laissera pas la possibilité de mener à bien les calendriers initialement prévus : « En l’espace de 3 ans, je n’ai participé qu’à onze courses, soit le programme de ce que devrait logiquement représenter une seule saison », explique-t-il. Et lorsqu’il parle de onze participations, il inclut manches du Championnat de France de la Montagne et épreuves régionales. « Bien évidemment avec aussi peu de kilomètres passés derrière le volant, il est très difficile de progresser », ajoute le Loirétain, qui de ce fait n’a pas encore eu la possibilité de découvrir l’ensemble des épreuves inscrites au calendrier du championnat.

Ce manque de compétition ne permet pas à Emilien d’exploiter pleinement son TracKing. Il espérait donc consacrer cette saison 2021 à la découverte de nouveaux tracés et à accroitre son expérience : « Les conditions face auxquelles nous avons dû nous adapter me pénalisent, et de ce fait il me parait évident que je vais conserver mon TracKing la saison prochaine et peut-être même celle qui suivra car je suis loin d’en avoir fait le tour. »

Ce TracKing, auto performante au look des plus attrayant, évoluait préalablement sur le championnat entre les mains expertes de Fabien Bourgeon : « Il avait eu l’occasion de faire la saison 2018 avec ce TracKing, et depuis nous n’avions pas eu l’opportunité d’apporter la moindre amélioration. Il avait donc besoin, notamment du côté de la motorisation, d’une remise à niveau afin de bénéficier des dernières évolutions. C’est le seul domaine sur lequel nous avons travaillé durant l’intersaison. Pour le reste, ma voiture conservait exactement la même configuration dont elle bénéficiait l’année dernières. »

Au mois de mars, une demi-journée de roulage sur le circuit du Bourbonnais permettait de valider le travail effectué sur le moteur durant la pause hivernale. Dans le même temps, Emilien se familiarisait à nouveau avec le maniement de son TracKing, « même si les essais en circuit n’ont absolument rien à voir avec l’environnement que l’on retrouve par la suite sur les épreuves. »

Deuxième du Challenge Open CM à l’issue de la saison 2020, Emilien Thomas aurait pu afficher des prétentions pour cette nouvelle saison. Mais le pilote du Loiret gardait à l’esprit qu’il allait devoir découvrir bon nombre d’épreuves, et de ce fait qu’il lui était difficile de réellement afficher de grosses prétentions : « Mon seul objectif était de rouler, j’étais vraiment en manque dans ce domaine. De plus je savais que Yves (Tholy) serait une nouvelle fois intouchable, et que de nouveaux adversaires performants et certainement plus expérimentés allaient rejoindre la classe CM. Je n’avais donc pas de réelles ambitions. Je voulais faire de mon mieux, sans viser de résultat final. »

Début de saison en demi-teinte
Au calendrier prévisionnel d’Emilien Thomas figuraient les épreuves d’Abreschviller, de Thèreval – Agneaux et de Saint Gouëno. Trois rendez-vous qui seront malheureusement annulés en 2021. Il lui restait donc à découvrir La Pommeraye, Dunières et Marchampt : « Je devais être au départ de huit courses, je n’en ferai finalement que cinq puisqu’aux trois que j’allais découvrir s’ajoutaient le Mont-Dore et Turckheim où j’étais déjà venu en 2020. »

Pour débuter sa campagne de France, Emilien découvrait le tracé rapide et technique de La Pommeraye : « Les conditions étaient mitigées avec par moment une piste humide, puis sèche, ce qui est loin d’être l’idéal pour se familiariser avec un tracé aussi complexe. Ce n’était vraiment pas évident », confie Emilien qui, sur cette course a eu le sentiment d’être un peu passé à côté. « J’ai fait un tête-à-queue sur l’une des montées, ce qui n’aide pas à se mettre en confiance. Les sensations n’étaient pas optimales et j’avoue que j’avais le sentiment de partir de loin face à Julien (Français), Yves (Tholy), Denis (Pilet) et Maxime (Dojat). » En aucun cas Emilien ne remet en cause sa voiture, « pas plus que l’organisation qui était top. C’est juste moi qui ne suis pas parvenu à retrouver le feeling que j’avais eu en fin d’année 2020 à Turckheim. »

Les sentiments mitigés ressentis par Emilien à l’issue de la Course de Côte de La Pommeraye, seront identiques à ceux qui allaient le suivre durant sa participation à Dunières. Là encore il devait découvrir un tracé qui requiert une approche spécifique et sur lequel il avait du mal à rentrer dans la course : « Là aussi les conditions étaient compliquées, nous n’avons quasiment pas roulé durant la journée de samedi. En schématisant, j’ai presque débuté cette épreuve par les montées de course. Et à la fin de la première montée, face à Jérôme (Jacquot) et à Yves (Tholy) je prends conscience qu’il me sera impossible de faire jeu égal. Je devais être cinq ou six secondes derrière. De plus ce tracé est court, et je ressentais une frustration d’en avoir déjà terminé alors que j’aurais bien voulu aller plus loin. A mon sens, il faut compter plusieurs participations avant de pouvoir réellement se sentir à son aise à Dunières. Je retiendrai toutefois que nous avons bénéficié d’une super organisation qui nous a permis de rouler malgré les conditions météorologiques difficiles. »

Emilien Thomas quittait donc Dunières avec un petit goût d’inachevé, le sentiment de n’avoir pas pu pleinement exploiter son TracKing… Cinquième à La Pommeraye, quatrième à Dunières, Emilien Thomas allait mettre à profit la Course de Côte de Marchampt en Beaujolais pour se hisser sur le podium du CM : « Là encore, les conditions climatiques du début de week-end n’étaient pas fabuleuses et j’avais le sentiment que j’allais connaitre à nouveau des journées difficiles », confie-t-il. « J’ai adoré ce tracé, mais j’ai eu du mal à me mettre dedans assez rapidement. Il m’a fallu du temps avant d’aborder correctement ’’Le Portail’’ ou le ’’Tarrès’’, des virages sur lesquels j’étais beaucoup trop prudent. En clair je n’ai pas su me libérer assez vite, j’avais trop d’appréhension. » Il faut toutefois garder à l’esprit qu’Emilien, qui jusqu’alors n’avait que peu couru avec son TracKing, ne pouvait se permettre le luxe d’aller à la faute. Se souvenir également qu’il découvrait le tracé de Marchampt. Des conditions qui expliquent en grande partie que le résultat ne soit pas tout à fait à la hauteur de ses attentes : « Il est vrai que je ne suis pas largué non plus, c’est même plutôt encourageant quand tu prends du recul. Je ne suis pas si loin de Maxime Dojat, je peux donc estimer que je parvenais à me remettre dans le bain. »

Au Mont-Dore, Emilien retrouvait un tracé qu’il avait eu l’occasion d’aborder en 2020. L’opportunité pour lui de rentrer plus rapidement dans la course : « Cette année, je prenais part au Mont-Dore pour la troisième fois. J’avais donc, entre guillemets, moins d’excuses pour ne pas être dans le coup. Au final, j’en repars en étant à 98 % satisfait de ma prestation », analyse-t-il. « Mon seul regret c’est d’avoir fait preuve d’un peu trop de sagesse sur la deuxième montée en me concentrant sur le fait qu’il me fallait un chrono pour le cumul. Maxime (Dojat) ne s’est pas posé ce genre de questions, et il me devance finalement de cinq dixièmes. Ce sont ces dixièmes qui me manqueront pour lui passer devant. J’ai trop voulu assuré, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même, mais cela fait partie de l’expérience… Je termine avec un chrono en 2’38’’5, ce qui est déjà un bon chrono et qui me permet de progresser de plus de trois secondes par rapport à 2020. De quoi être réellement satisfait, d’autant que je sais où gagner encore du temps. »

Après une vraie première satisfaction sur le Mont-Dore, Emilien Thomas se rendait à Turckheim où il devait conclure sa saison : « Là encore j’adore cette course. L’organisation est au top et le tracé magnifique. Et durant ce week-end tout est allé dans le bon sens. Je suis vraiment content des chronos, de la voiture », avoue Emilien qui termine deuxième du CM en signant un chrono à trois secondes de l’intouchable Yves Tholy sur un parcours de près de 6 kilomètres. « C’est pour moi l’aboutissement de ma saison et une très belle satisfaction. Je suis juste déçu de n’avoir pas pu me jauger face à Jérôme (Jacquot) et Maxime (Dojat) qui était absents sur cette épreuve. »

En progression tout au long de la saison
A l’heure de faire le bilan, Emilien Thomas a le sentiment d’avoir vécu une saison en deux parties. Une première sur laquelle il découvrait trois courses où il lui sera difficile de trouver le rythme, et une seconde qui lui offrira de belles satisfactions : « Finalement mon regret c’est que ma saison s’achève à Turckheim, j’aurais bien aimé à ce moment-là être à mi-saison », dit-il dans un grand sourire. « Le manque de roulage est frustrant, mais c’est comme ça, on ne pouvait imaginer que la pandémie perturberait à ce point le calendrier. Mais si les sentiments étaient mitigés en début de saison, j’avoue avoir connu par la suite de belles satisfactions en prenant du plaisir au volant. »

La frustration qu’Emilien a pu ressentir vient du fait qu’il sait disposer d’une super auto, des accompagnants totalement consacrés à sa cause et finalement de tous les éléments pour connaitre la réussite : « Mais j’ai toujours le sentiment de devoir recommencer à zéro, de partir de très loin. Je n’aurais jamais pensé en 2019 faire aussi peu d’épreuve en 3 ans. » Et c’est sur ce point que l’on se doit d’insister. Lorsqu’il prend du recul, Emilien reste conscient qu’il ne compte à ce jour qu’une dizaine de courses à son actif, très peu face à des pilotes nettement plus expérimentés.

Lorsque l’on évoque la saison d’Emilien Thomas on pense inévitablement à deux hommes qui sont totalement associés à sa participation au championnat : Son père Serge, et l’ami de toujours René Leguyader, et c’est vers eux que vont les premiers remerciements d’Emilien : « Clairement, sans eux je ne serais pas derrière le volant d’une voiture de course. Un immense merci également à Espaces Atypiques à Orléans qui est mon principal soutien et sans qui je ne roulerais pas. Je tiens à remercier Claude et Sylvie, et plus globalement tous les pilotes évoluant en CM pour la convivialité et la compétition qui règne entre nous. Et pour finir à tous les bénévoles, organisateurs, officiels et commissaires qui n’hésitent pas à attendre des heures sur le bord de la route, dans toutes les conditions climatiques, pour que nous puissions assouvir notre passion. »

L’espoir d’Emilien Thomas est de pouvoir enfin disputer une saison plus complète en 2022 : « L’objectif est d’être au départ d’au moins huit courses, en prenant part notamment à la campagne de l’Ouest et en revenant sur les courses que j’ai disputées en 2021 afin de voir ma progression. Bien évidemment je repartirai avec le TracKing, en espérant que nous ayons un beau plateau en CM », conclut Emilien.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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