Passage de la BMW M3 à la Mégane réussi

Recordman du nombre de victoires en Groupe N, détenteur de six Trophées de Groupe en début de saison, Pascal Cat partait cette année en quête d’une septième couronne. Il la coiffe au terme d’une année riche en rebondissements, qui l’a vu délaisser sa mythique BMW M3, contre une toute nouvelle Mégane RS.

C’est en rallye que Pascal Cat a fait ses premières armes en compétition à la fin des années 70. Tout d’abord en qualité de copilote, avant de s’installer rapidement derrière le volant. Très vite, il alternait entre rallyes et courses de côte, accumulant dans les deux disciplines d’excellents résultats. A la fin des années 80, il disputait le Challenge Renault Diac sur lequel il accrochait la troisième place en 1987.

A cette époque, c’est sa compagne qui officiait dans le baquet de droite. Mais le jeune couple devenait parents, et décidait d’un commun accord de laisser Pascal seul, pour poursuivre sa carrière sportive. Au volant d’une Ford Escort Groupe N, Pascal disputait alors en 1998 et 1999 deux saisons dans le cadre du Championnat de France de la Montagne. Par la suite, la Ford laissait place à une BMW M3, au volant de laquelle il allait devenir, au fil des épreuves, la référence du Groupe N.

C’est au volant de cette même BMW M3 que depuis 2000 Pascal enchaine les saisons, et les succès. Recordman de victoires de groupe avec 76 succès à son palmarès, il devance le regretté Bernard Etienne Grobot, qui s’est imposé à 54 reprises en groupe N. Pascal compte également à ce jour sept Trophées de Groupe acquis en 2005, 2010, 2012, 2013, 2014, 2015, et le dernier en date en 2016.

En manque d’opposition pour 2016
Si Pascal Cat avait évoqué la possibilité de délaisser sa BMW pour la saison 2016, c’est finalement au volant de cette légendaire M3 qu’il débutait une nouvelle campagne. Une campagne qui s’annonçait difficile, non pas parce que d’éventuels rivaux auraient pu affûter leurs armes, mais parce que Pascal se retrouvait seul engagés dans son groupe. Il faut avoir alors une bonne dose de pugnacité pour aller chercher la motivation dans de telles conditions, et Pascal savait qu’il risquait rapidement de tomber dans un faux rythme : « Bien évidemment j’avais comme objectif de remporter le groupe N dans le cadre du Championnat, mais lorsque j’ai vu que je n’avais aucune opposition, ça devenait pour le moins inintéressant », se désole le natif du Jura, qui se pose des questions sur la désaffection des animateurs de son groupe. « Je ne sais pas si cela provient du nombre d’épreuves, de l’éloignement de certaines d’entre elles. Il est toujours difficile d’expliquer les raisons qui poussent des concurrents à ne pas s’impliquer. Quoi qu’il en soit, il serait judicieux de tirer des enseignements et de faire un état des lieux pour l’avenir. »

En 2005, à la demande de la FFSA, Pascal avait dû démonter sa BMW pour procéder à un contrôle technique. Il avait alors profité de l’opportunité pour effectuer une révision complète. Depuis, rien n’a été modifié sur la M3 qui méritait, 10 ans plus tard, que l’on s’occupe d’elle : « C’est pour cela que j’ai fait durant l’intersaison une révision de l’autobloquant et des suspensions. A mon âge, la lassitude peut entrainer une certaine démotivation, j’ai donc tenu à préparer avec soin ma saison pour ne pas avoir l’impression de tomber dans une routine. »

Accumulation de succès pour débuter la saison
Vainqueur du Groupe N à Bagnols-Sabran, Pascal ne veut pas évoquer une victoire qui n’a pour lui aucune espère d’importance : « J’ai vécu le drame qui nous a touché comme une injustice, et j’ai du mal à l’accepter », confie-t-il.

Au Col Saint-Pierre, Pascal Cat réalisait une performance de tout premier ordre, en remportant non seulement le Groupe N, mais en se classant par la même occasion à la neuvième place scratch : « Ça me permet de marquer de gros points au Championnat et j’ai le souvenir que par la suite, j’occuperais à un moment la troisième place du Championnat. Mais je savais que ça n’allait pas durer », plaisante-t-il. « Ce que je retiendrais avant tout de ce Col Saint-Pierre, ce sont les excellentes sensations sous la pluie avec les nouveaux pneus Michelin. J’ai toujours roulé en pneus mixtes, c’est la première fois que je tentais les pluies, et je pense que j’aurais dû le faire bien avant. »

Pascal Cat allait briller une nouvelle fois sur les pentes d’Abreschviller, où il positionnait à nouveau sa BMW à la neuvième place. Côté groupe N, c’est avec plus de deux secondes d’avance qu’il s’imposait face à Bertrand Simonin : « J’améliore le record du groupe, ce qui est toujours un motif de satisfaction. Pour ce qui de l’écart que je creuse sur Bertrand, je crois savoir que psychologiquement, il n’était pas au mieux sur cette course, ce n’est donc pas très représentatif. »

A Hébécrevon, c’est avec plus d’une seconde d’avance sur la BMW de Jean-Claude Brazey que Pascal accrochait un nouveau succès : « J’ai passé un très bon week-end, en réalisant une bonne course », reconnait-il. Mais Jean-Claude Brazey allait prendre sa revanche à La Pommeraye, où il devançait cette fois Pascal : « Celle-là je ne méritais pas de la gagner tellement j’ai mal conduit », avoue-t-il humblement. « Les conditions météorologiques ne m’ont pas avantagé, mais j’assume parce que je n’étais pas vraiment dans la course. Je me souviens avoir dit à Jean-Claude qu’un des virages avant la passerelle devait être abordé en quatrième et non en troisième, comme il le faisait précédemment. Et moi, bêtement, dans celui-là, j’ai mis la trois… »

On retrouvait ensuite Pascal Cat à Saint-Gouëno où il était devancé de six dixièmes par Bertrand Simonin : « J’ai eu du mal à être à mon aise. Il me semble que c’est une des rares épreuves où je n’ai pas le record. Je ne pourrais pas expliquer pourquoi, si c’est l’éloignement, le fait de ne pas disposer de mon équipe d’assistance, mais je ne suis pas à mon affaire sur ce tracé. »

Sur la Course de Côte de Marchampt en Beaujolais, Pascal allait être contrarier dans sa quête d’un nouveau succès par Antoine Uny, qui le devance de huit centièmes de secondes : « Là, j’avoue avoir ressenti une petite frustration, parce que j’estime que les choses en se sont pas passées comme elles auraient dû », confie Pascal.

Adieux M3, bonjour Mégane
A l’issue de cette épreuve, Pascal allait connaitre un changement radical, vivre une toute nouvelle expérience, puisque sa fidèle BMW M3 laissait place à une toute nouvelle Renault Mégane RS. C’est au volant de sa nouvelle monture qu’il prenait part à la Course de Côte de Vuillafans : « Je n’avais pas eu l’occasion de mener à bien des essais comme je l’aurais souhaité, je savais que la configuration de la voiture était loin d’être optimale. Mais je tenais à participer à cette épreuve de Vuillafans, et je dois avouer que c’est une sorte de caprice que de vouloir être au départ avec la Mégane », confie Pascal, qui abordait cette épreuve avant tout comme une séance de mise au point.

La rupture d’un fil dans le faisceau électrique contraignait Pascal à faire l’impasse sur les épreuves auvergnates, Dunières et le Mont-Dore, et c’est donc à Chamrousse que Pascal faisait son retour au volant de sa Mégane RS. Retour triomphal puisqu’il signait son premier succès avec la Renault sur l’épreuve alpine : « Il n’y avait pas énormément de concurrence », avoue-t-il humblement. « Pour moi, le signe le plus encourageant, c’est que je suis à deux secondes du record détenu au volant de la BMW. Ce qui pour une auto en pleine phase de développement est plutôt prometteur. »

Pascal sait en effet qu’il a encore une marge de progression sur les suspensions, avec cette auto qui initialement était en configuration rallye : « On doit également pouvoir travailler sur la docilité de l’accélération, parce que pour le moment le dosage est assez délicat. »

Pour terminer la saison, Pascal Cat se rendrait à Turckheim, où il classait sa Mégane à la troisième place du Groupe N : « Ce n’est pas tant la troisième place qui me déçoit, mais plutôt les écarts. J’ai le sentiment d’avoir été un peu largué sur cette épreuve, et de n’avoir pas fait ce qu’il fallait. »

Avant de remiser la Mégane au garage pour l’hiver, Pascal Cat a pris part aux FIA Hill Climb Masters qui se tenaient cette année en République Tchèque. Un rendez-vous attendu par les Montagnards, que Pascal abordait en toute décontraction : « C’est super sympa comme manifestation et je m’y suis rendu un peu en touriste car je ne pouvais afficher aucune prétention face à des concurrents qui, en Groupe N, n’ont pas la même réglementation que nous », explique-t-il. « Le seul bémol c’est le manque de temps entre deux convois. Lorsque comme moi tu es seul, ça ne te laisse que peu de temps pour intervenir sur la voiture. »

Aussi surprenant que cela puisse paraitre, Pascal Cat a toujours affirmé que s’il savait conduire une propulsion, il considérait qu’il ne savait pas vraiment la piloter. Son palmarès, acquis au volant de sa BMW, aurait tendance à démontrer l’inverse, mais personne n’est mieux placé que lui pour définir ses sensations au volant : « Ça se confirme dans le sens où j’ai le sentiment de plus glisser avec la Mégane. Ça aurait été le cas avec la BMW, je me serais posé des questions, mais là c’est assez naturel. J’ai rapidement retrouvé mes sensations de pilote de traction, la seule chose à laquelle il faut que je porte encore attention, c’est le dosage de l’accélération. »

Pour la septième fois de sa carrière, Pascal Cat remporte donc le Trophée FFSA Groupe N, assorti d’une victoire dans le Challenge Open Hors Catégorie Production. De quoi tirer un bilan positif d’une saison riche en nouveauté : « C’est certainement le titre qui a le moins de valeur pour moi du fait que je sois seul en Groupe N. Pour le reste, je suis plutôt content de mon début de saison, et j’ai un sentiment plus mitigé sur la fin. » Difficile pour Pascal d’évaluer les causes d’un certain manque de motivation : « Je ne sais pas si je dois l’attribuer au fait de ne pas avoir de réels adversaires au championnat, ou si cela provient de l’usure due à l’âge. Il va falloir que je fasse attention à cela. »

Une chose est sûre, pour Pascal, le plaisir d’évoluer sur le Championnat de France de la Montagne est toujours là. Le partage avec ceux qui l’accompagnent, les partenaires qui le soutiennent sont autant de sujet de contentement : « Je remercie pour leur soutien, la Carrosserie Gérard Rendu à Gex, Yacco lubrifiant, le Groupe Patrick Metz BMW - Mini, Christian Mercier de Aviva Assurances, Mag Auto à Bellegarde, Alain Pneu à Oyonnax, Auto sécurité à Cessy, Enseigne Eric Bonnavent, Mottet moteur à Villeneuve les Maguelone », Pascal remercie également ses soutiens techniques : « Bernard et Lydie Roch, ma fille Morane et mes parents, Rdm Daniel Fasano et l'équipe technique de Renault Sport qui met en œuvre des moyens considérables pour configurer ma voiture en spécification côte. Je ne peux oublier Sylvie et Philippe, mes soutiens logistiques. »

L’avenir a pour nom Mégane… Et Morane !
S’il ne s’est pas fixé d’objectif en termes de record de victoires ou de Trophées, Pascal souhaite à nouveau animer le Championnat de France de la Montagne la saison prochaine au volant de sa Mégane RS, « en espérant qu’il y aura plus de concurrence. » Si Pascal n’a pas du tout l’intention de mettre un terme à sa carrière, il confiait l’an dernier que l’avenir, il le voit dans la succession que Morane, sa fille, ne manquera pas de prendre. Championne de France en Ski Alpin Universitaire, elle a également eu l’occasion de s’illustrer en karting et derrière le volant d’une Groupe N. Morane Cat Mackowiak ne tardera pas apparemment à animer certaines épreuves, la BMW rouge dont la réputation n’est plus à faire, est en effet restée dans le giron familial puisque c’est elle qui en est devenue propriétaire : « Je lui ai conseillé avant tout de faire quelques courses en circuit pour prendre le rythme avant de rouler en côte. Mais elle a disputé en fin de saison la Course de Côte du Circuit de Bresse où elle termine juste derrière moi. J’ai le sentiment qu’elle est plus apte que moi à rouler en propulsion. C’est tout ce que je lui souhaite… »


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